Jour 6 (partie 1)

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- Bon on a un problème.

- Ah ?

- Ouais. J’ai regardé là, 60000 mots ça fait quand même beaucoup.

- Oui mais bon on le savait non ?

- On le savait mais c’est quand même beaucoup ! Et vu le rythme on n’est pas prêt de s’en sortir !

- Il a quoi le rythme ?

- Bah il est pas terrible.

- Ça me semblait plutôt correct moi. On les fait nos deux mille mots par jour non ?

- Mais c’est poussif et ça décolle pas. Regarde, on a fait plus de 10000 mots là. On en est où de l’histoire ?

- Heu…

- Exactement ! Y en a pas !

- Bah c’est notre faute aussi, on n’arrête pas de parler ! Peut être qu’il faudrait qu’on se taise un peu tu crois pas ?

- Peut être ouais. Mais on va bien devoir échanger à un moment quand même non ? Au moins pour se dire si on voit des trucs qui fonctionnent pas ?

- Faut vraiment qu’on respecte ça. On peut pas continuer à intervenir à tout bout de champ. Ça ressemble à rien là.

- Ouais t’as raison. Bon on reprend ? Henri ?

- Ouais Henri.

 Henri s’était rhabillé à la hâte, sans prendre le temps de se changer. Il n’avait pas osé demander à Sarah où ils allaient. Il n’avait plus la force de parler. La sensation de nausée était devenue si forte qu’il n’arrivait plus à desserrer la mâchoire, de peur de se rependre sur le parquet de son salon. La pression exercée lui provoquait des maux de tête violents. Mais il ne pouvait pas s’en plaindre. Il était bien incapable de faire autre chose que d’obéir à sa tortionnaire. Une angoisse violente s’était alors emparée de lui. Est-ce qu’il avait joui ? Et si oui, est-ce qu’il avait joui en elle ? Pris de panique, il s’était mis à scruter la pièce dans l’espoir d’y trouver les restes d’une quelconque protection contre ce qu’il redoutait. Rien. Pas la moindre trace d’un emballage de préservatif, et l’angoisse qui reprenait de plus belle.

 Sarah l’observait, l’air amusée. Elle savait très bien ce qu’il cherchait. Elle l’avait compris. Le sourire aux lèvres, elle s’était lentement levée en gardant sa jupe relevée, laissant apparaitre un filet blanchâtre qui avait coulé depuis l’intérieur de ses cuisses sur le canapé d’Henri. Il était pétrifié.

 - T’inquiètes pas j’ai un stérilet.

 Il était tout autant soulagé qu’écœuré. Son cerveau s’était peut être éteint, mais son corps était allé jusqu’au bout de l’acte forcé. Comment avait-il pu éjaculer ? Comment avait-il pu prendre du plaisir avec cette femme qui le répugnait ? Non, il ne devait pas diriger sa colère contre son corps. Il leur avait permis de s’en sortir. Il s’était sacrifié pour eux. La véritable coupable, c’était Sarah. Et elle allait payer. Il ne pouvait en être autrement.

 Il s’était levé pour prendre une éponge à la cuisine, afin de nettoyer les taches laissées sur son canapé, mais elle l’avait interrompu.

 - Laisse ça. Laisse là. J’aime l’idée que tu gardes une trace de ce qu’il s’est passé sur ton canapé.

 La garce ! Henri avait senti toute son impuissance en libérant ces mots dans son esprit. Elle le tenait en laisse comme un vulgaire bâtard, et il ne pouvait absolument rien faire d’autre qu’obéir, sans même pouvoir aboyer. Elle avait rabattu sa jupe, reboutonné son chemisier et avec glissé quelque chose dans la poche d’Henri. Sa culotte ! Sa culotte encore humide. La preuve de ce qu’il venait de vivre. Les restes de son calvaire. Nouveau haut-le-cœur.

 - Je veux que tu la gardes avec toi ce soir.

 Elle lui avait susurré ces mots à l’oreille, et un frisson de dégout l’avait saisi. La soirée s’annonçait bien trop longue pour ce qu’il se sentait encore capable de supporter. Il devrait boire. Beaucoup. Il ne voyait pas d’autre solution. Boire et espérer une perte de connaissance, ou au mieux une perte de mémoire.

- Donc maintenant on en fait un alcoolique ?

- De quoi ?

- Ça suffisait pas qu’il se fasse abuser ? On va le faire boire jusqu’au coma là ?

- Non mais abuse pas non plus ! Il va boire et on va bien voir. Et on avait dit qu’on se coupait pas !

- Non mais là c’est n’importe quoi. Il va pas se défendre au bout d’un moment ? Il va accepter longtemps de se faire promener là ?

- Bah pour la soirée au moins ouais. Il a pas trop le choix là…

- Il pourrait quand même dire un truc !

- Mais tu veux qu’il dise quoi ? Il va pas la buter quand même hein ! Ça aurait aucun sens ! Il a peur de perdre sa place dans le journal par contre la prison c’est ok ?

- Ouais nan t’as raison.

- Bien sûr que j’ai raison. Non, là il va faire murir le truc pendant la soirée et il va bien finir par avoir une idée pour se venger.

- Une idée qui va le conduire dans l’appartement de Francis enveloppé d’un drap souillé de merde ? Bah ça risque d’être une riche idée qu’il va nous trouver là !

- Ça va peut être pas se passer comme prévu hein.

- Bah non je confirme.

- Bon je termine ?

- Ouais vas-y.

 Le cauchemar avait duré jusqu’au matin pour Henri. Sarah l’avoir d’abord emmené dans un restaurant proche de chez elle, dans le XIème arrondissement, avant de le faire monter chez elle. Là, ils avaient bu un verre. Elle avait allumé des bougies, fait bruler de l’encens et s’était déshabillée entièrement. Elle s’était ensuite couchée sur son canapé, le ventre vers le ciel, et lui avait ordonné de la masser. Henri était paniqué. L’alcool n’avait aucun effet. Tous ses sens étaient restés éveillés, et son corps tremblait autant que son esprit. Il s’apprêtait à vivre en pleine conscience chaque moment de son supplice.

- Bon petite pause.

- Comment ça ?

- Bah je préfère couper un peu là. Ça risque de pas être super marrant ce qui arrive.

- Ok c’est toi qui vois.

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