Jour 6 (partie 2)

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- On reprend ?

- Tu peux prendre le relais un peu ? J’en ai marre d’écrire là.

- Ouais ça me dérange pas. De toute manière c’est devenu un peu flou tu trouves pas ?

- C’est parce qu’on manque de discipline. Regarde, on avait dit qu’on arrêtait de se couper, et on peut pas s’en empêcher !

- C’est vrai. Peut être qu’il faut simplement qu’on se laisse porter tu crois pas ?

- Ouais je pense aussi. Bon on en est où ?

- Ils viennent de rentrer chez Sarah là…

- Ah. Ouais. Ok…Bon bah on y va hein.

 Henri avait saisi les pieds de Sarah entre ses doigts. Elle lui avait ordonné de commencer par là. Fermement, avec ses pouces, il avait entrepris de dessiner des cercles sous leur voute. Sarah avait poussé un léger soupir satisfait. La nausée d’Henri reprenait de plus belle.

 - Plus haut maintenant !

 Il s’était exécuté sans broncher. Avec ses paumes ouvertes, il était remonté le long de ses pieds, jusqu’à ses chevilles qu’il avait légèrement serrées avant de venir souligner la forme de ses mollets. Nouveau soupire. Nouvelle nausée.

 - Plus haut…

 Cette fois-ci ce n’était plus un ordre, mais une demande. La voix de Sarah s’était faite plus douce, plus suave. Elle se laissait porter. Les mains d’Henri étaient remontées le long de ses cuisses, évitant soigneusement de toucher ses fesses ou son antre. Il redoutait l’instant où elle lui soupirerait de remonter encore un peu. Il ne voulait pas la toucher davantage. Il ne voulait plus aucun contact avec elle. S’il avait pu le faire, il se serait tranché les mains pour s’extraire de ce piège avant d’aller se terrer dans un recoin en attendant qu’elles repoussent. Mais il n’avait rien d’un lézard, et son sang n’était glacé que par la situation.

- Heu attend elle est nulle cette formulation là.

- Pourquoi tu me coupes ?!

- Bah parce que ton truc avec les lézards là ça marche pas.

- Comment ça « ça marche pas » ?

- Bah non, ça marche pas. En fait le lézard, il est à la fois poïkilotherme et ectotherme.

- De quoi ?

- En gros ça veut dire qu’il aura le sang froid que s’il est à un endroit où il fait froid. Et inversement. La température dépend du milieu tu vois ?

- Et donc tu t’es dit que ça valait le coup de me le dire c’est ça ?

- Bah oui. Mais maintenant que tu me le fais remarquer peut être que c’était pas nécessaire t’as raison.

- Bien sûr que j’ai raison ! Je peux reprendre c’est bon ? Ou bien tu veux aussi préciser que le lézard il se coupe la queue et pas les mains ?

- Non c’est bon.

- Merci ! Donc…

 Sarah avait fini par lui soupirer de la caresser. Il s’était exécuté. Sans aucune résistance. Il n’était plus qu’un pantin sans âme gesticulant au gré de celle qui depuis le début de l’acte agitait au dessus de lui la croix servant à le faire bouger. Il était doué avec les femmes. Il l’avait toujours été. Du moins c’était ce qu’elles lui avaient toujours dit. Il se maudissait de l’être. Il maudissait jusqu’au fait qu’il ait jamais touché le corps d’une femme. Il ne voulait plus jamais avoir à le faire. Ses doigts le brulaient. Sa peau semblait prête à fondre sous la cyprine qui s’y rependait.

 Elle n’y tenait plus. Sarah l’avait attrapé par les cheveux et lui avait ordonné d’entrer en elle. De nouveau il avait prié pour que son corps ne l’abandonne pas. De nouveau il avait répondu présent. Mais cette fois, il avait gardé l’esprit d’Henri avec lui. Il avait déjà vécu une scène similaire quelques heures plus tôt, et il ne se sentait pas capable de l’affronter à nouveau seul. Ils devaient faire front tous les deux. Ils devaient se montrer solidaires face à la bête. Henri lui devait bien ça. Dressé face à elle, ils étaient prêts. Sarah l’avait saisi entre ses doigts pour le conduire jusqu’à l’intérieur de ses cuisses, déjà trempé. Le reste n’avait été qu’une série désagréable de mouvements de bassins, de râles et de transpiration. Un moment interminable. Jusqu’à la délivrance. L’orgasme. Celui de Sarah d’abord, puis le sien. Un orgasme honteux, chargé de colère et de mépris pour celle qui l’y avait conduit. Puis une nouvelle nausée, non contenue cette fois. Henri s’était tourné et avait vomi sur le parquet de Sarah. Elle l’avait regardé un instant, puis elle avait éclaté d’un rire épouvantable.

 - Tu as trop bu ! Tu crois que je n’ai pas fait attention ? Tu devrais vraiment apprendre à te surveiller !

 La salope !

- Et voilà le travail !

- Ah oui vraiment c’était super.

- Tu le penses ?

- Bah non ! C’est quoi ces horreurs sérieusement ? C’était vraiment obligé tout ça ?

- C’était soft quand même non ?

- C’est un viol hein !

- Bah un viol soft.

- Mais qu’est ce que tu racontes bordel ?! Un viol soft ? Un gentil meurtre ? Un mignon génocide ? T’arrives à entendre que tu dis n’importe quoi là ?

- Non mais je voulais dire que ça s’était plutôt bien passé quoi.

- Bien passé ? Mais tu débloques complètement !

- Mais l’écriture quoi ! Pas pour Henri !

- C’est vraiment ce que tu voulais dire ?

- Bah oui. Je suis pas sadique non plus hein !

- Je me demande parfois…

- Ah bah super !

- Non désolé je voulais pas dire ça.

- Bah trop tard c’est dit !

- Bon il est tard je vais me coucher. On revient un peu sur Francis demain ?

- Faudrait quand même qu’on explique comment Henri est arrivé chez lui non ?

- Ah ouais c’est vrai. Bon bah encore Henri demain alors.

- Haha ouais le pauvre Henri !

- Mais putain ça te fait marrer en fait ?!

- Non mais ça va c’est un personnage hein on peut bien faire ce qu’on veut avec !

- Taré…

- De quoi ?

- Bonne nuit !

- Ah oui merci. Bonne nuit à toi aussi !

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