Présentation générale

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Voilà un mois que je teste l’application Show.me, « l’application ultime » comme l’appellent des chercheurs de Google qui l’ont mise au point. Il est donc temps de dresser un bilan complet de cette expérience qui m’a réservé bien des surprises et m’a convaincu d’acheter la version Hack.me malgré son coût exorbitant comme nous le verrons… Mais n’allons pas trop vite en besogne et rappelons de quoi il s’agit. Couplée à un fin bandeau métallique à porter autour du crâne (Brain.me) et un bracelet biologique au poignet (Bio.me), la version « gratuite » (hors équipement) de cette application ne promet rien de moins qu’une analyse cérébrale et biologique totale de celui ou celle qui l’utilise.

Surnommée « l’œil de Dieu » ou encore « le Code source », Show.me propose en effet de plonger au cœur de soi-même pour découvrir et évaluer les paramètres de fonctionnement de son cerveau et les réglages de son propre corps, grâce aux capteurs ultra-sensibles des récepteurs : détail du génome, sérologie instantanée, fluctuations hormonales, connexions synaptiques, évaluation d’intelligence, réponses émotionnelles, pour ne citer que les fonctionnalités d’analyse principales, le tout pour moins de 500 euros.

Hack.me, la version payante de l’application, est surnommée quant à elle « le doigt de Dieu »… Un nom et un usage qui prêtent forcément à controverse puisqu’il est alors question d’intervenir soi-même directement sur les paramètres de base de sa propre biologie et de ses flux cérébraux, pour en améliorer les performances ou corriger les éventuels dysfonctionnements ! Un postulat qui pourrait faire sourire, mais qui dispose pourtant d’arguments solides pour convaincre les sceptiques dont je faisais partie. À condition d’y mettre le prix et d’accepter de se fournir en ligne sur des sites « spécialisés » de la face cachée du Net.

Révolution médicale, sociétale et philosophique du « connais-toi toi-même » de Socrate pour les uns, pierre angulaire de la dictature de Google, du contrôle des individus et mise à mort de l’anonymat pour les autres. Qu’en est-il à l’usage ?

Commençons par l’installation qui ne pose pas de difficulté particulière, si ce n’est qu’il vous faudra au minimum la puissance d’un smartphone de la génération Samsung S12 ou iPhone 10C pour la faire tourner à plein régime. Avec moins d’un gigaoctet d’occupation de la mémoire, l’application est finalement peu gourmande par rapport à la richesse des fonctionnalités qu’elle propose, tant dans la visualisation que l’analyse de données.

Le lancement quant à lui est rapide, mais avant de pouvoir explorer votre « code source », vous devrez passer par la phase initiale d’étalonnage et d’identification. Il s’agit d’enregistrer votre empreinte biologique personnelle unique (PBS pour Personal Biological Signature) via les capteurs, afin de calibrer les analyses à votre identité. En théorie, il est possible de créer des profils d’exploration différents sur le même équipement, mais il est recommandé d’acheter un jeu de capteurs par personne pour éviter les erreurs d’analyse dues aux microrésidus d’une part, et la surcharge de vos téraoctets de stockage d’autre part.

Pour l’étalonnage, on commence par enfiler le bracelet biologique Bio.me, qu’il est nécessaire de serrer fermement sur le poignet. À première vue, il ressemble à n’importe quel autre bracelet de suivi des données personnelles et fournit d’ailleurs toutes les fonctionnalités qu’on retrouve chez la concurrence en matière de couplage à l’appareil (notifications, emails, SMS, horloge, etc.) et de capteurs biologiques ultrabasiques (pouls, température, sudation, etc.). Mais ce simple bracelet d’apparence, dont le design n’a pas à rougir avec sa finition chromée, s’avère un incroyable bijou de technologie. Ce qui le différencie d’abord des autres, c’est l’ensemble des nanoaiguilles et nanopores qui recouvrent le dessous de l’attache. C’est grâce à ces senseurs indolores et à la microcartouche physiologique remplaçable qu’il est possible d’évaluer la sérologie et de réaliser les prélèvements pour le décryptage du génome… Non, vous ne rêvez pas, ce petit boitier renferme un laboratoire miniature et un véritable séquenceur d’ADN humain, à une nuance près sur laquelle nous reviendrons.

Une fois le bracelet en place, on peut le mettre en marche et l’appairer avec le smartphone via une connexion Bluetooth tout ce qu’il y a de plus classique et l’étalonnage proprement dit peut commencer. Il suffit pour cela de suivre les étapes de l’assistant particulièrement bien fait de Show.me. Il est possible de ressentir une légère démangeaison au poignet à la première utilisation, mais pour ma part, je n’ai rien senti. Le processus d’enregistrement de la PBS nécessite environ deux minutes de traitement. Il garantira que vous serez la seule personne à pouvoir accéder à la visualisation de vos données, à moins d’en ouvrir l’accès à des tiers…

Comme vous vous en doutez, Google sera bien entendu le premier tiers à avoir accès à vos données biologiques et vous ne pourrez pas y couper. Concrètement, cela signifie que vous ne pourrez utiliser l’application Show.me qu’en associant votre PBS à votre compte Google. Au-delà d’un aspect marketing et moissonnage de données évidemment, la raison principale de ce couplage est surtout technologique : les analyses biologiques, l’interprétation du génome ou encore les évaluations d’activités cérébrales détaillées plus loin sont en fait réalisées en grande partie dans le cloud de Google, les récepteurs faisant office de récupération et de compression des données brutes avant leur envoi aux serveurs du géant de la Silicon Valley.

Le bandeau de tête Brain.me quant à lui, ne fera pas de vous une icône de la mode, mais il est possible de le commander en cinq coloris différents et d’en personnaliser la finition. Toujours est-il que ce bandeau constitue un autre miracle de la science puisqu’il est capable de cartographier et d’évaluer l’intégralité de votre activité cérébrale en direct ! Mais le véritable miracle est encore ailleurs puisque l’application Show.me, couplée à la puissance du Cloud de Google, vous permet surtout d’interpréter et d’analyser toutes ces données de façon fine : mémoire, cognition, émotions, etc. Grâce aux innombrables tests psychologiques proposés par défaut dans l’application, vous allez pouvoir en apprendre plus sur vous-même qu’en passant des centaines d’heures de psychanalyse ! Tout un programme…

Le bandeau Brain.me s’appaire de la même façon que le bracelet Bio.me et l’étalonnage initial vient compléter le PBS, sachant que, selon l’utilisation que l’on souhaite en faire, il est possible d’acheter l’un ou l’autre de ces capteurs séparément.

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