Les premiers shamans vinrent de l'Est

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Parfois, si on s’aventure dans les bonnes tavernes, on peut surprendre les hommes abrutis par l’alcool se chuchoter une comptine vibrante, flamboyante, glaçante. Les shamans auront beau se démener pour l’interdire, pendre les conteurs et bruler les rares livres qui la relatent, rien n’y fera. Lanmar était tombée.

Un vent de mort balayait le royaume, et les hommes se souvenaient.

L’Ether. Les shaman avaient usé de cette force vitale avec une démesure croissante au fil des années. Aveuglés par leur orgueil, ils sont allé jusqu’à briser l’équilibre. L’Ether doit toujours être réparti équitablement dans l’univers. Et si un peuple brise l’équilibre et bien… les immaculés viendront s’assurer que le pacte soit respecté.

L’équilibre doit toujours être maintenu.

Ils ne comprenaient pas les émotions des hommes, n’avaient d’autres amante que la guerre. Ces êtres étaient incapable de différencier le massacre d’une récolte, le génocide d’une moisson. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ils avaient été façonnés dans l’unique but de rétablir l’équilibre, et ils le faisait en tuant.

C’est ainsi que les alchimistes tombèrent. L’intégralité de leurs forces armées fut écrasée en trois jours de bataille. Six jours après, plus une ame ne vivait à l’Est. Ne restait que les ruines fumantes de leurs cités de pierre.

Du moins, c’est ce que crurent les hommes.

Alors qu’elles guidaient le retour de leurs légions, chaque générale emporta un enfant, et l’éleva pendant quinze ans. C’est ainsi qu’on put voir 5 petits bouts d’hommes manier l’épée au milieu des blancs guerriers, et manipuler l’Ether sous la coupe de celles qui les avaient adoptés. Evidemment les enfants ne se rencontrèrent jamais avant la fin de leur entrainement.

Ce jour arriva au beau milieu de l’hiver.

Le froid avait rendu écarlates les joues de Rienwe. Elle pouvait sentir son corps se raidir à mesure qu’elle gelait sur place, mais elle ne bougea pas. Cela faisait deux heures qu’elle attendait au garde à vous au milieu du cercle de jeunes Ormes de la cour des généraux. Deux heure que sa mère s’était assise en face d’elle dans cette étrange chaise, et qu’elle la dévisageait de ses yeux couleur d’acier en jouant avec sa dague. La générale Me’liv.

« Parle si tu veux dire quelque chose »

Décoller ses lèvres transies par le froid donna largement à Rienwe le temps de choisir parcimonieusement la manière dont elle allait poser sa question.

- « Qu’attendons-nous depuis si longtemps Générale ? Je devrais être en train de m’entrainer ou de méditer »

- « Tu n’es pas une immaculée, ton entrainement s’arrête donc aujourd’hui »

Rienwe se glaça, regardant Me’liv dans les yeux

- « P... Pouriez vous préciser vos propos Générale »

- « Attend »

Pendant un cours instant, Rienwe put distinguer quelque chose d’étrange passer sur les traits de sa générale. La jeune fille grava cette expression dans son esprit.

Des bruits de pas se firent entendre et, peu après, un groupe pénétra dans la cour des Générales. Rienwe pouvait apercevoir une capitaine de bande maraudeur avec quelques soldats et… qu’est-ce que c’était que ça ??? Rienwe posa instinctivement la main sur son épée, cherchant dans la toile l’esprit des intrus.

- « Générale il y a des inconnus dans le… »

- « Ce n’est pas des inconnus Rienwe, ce sont des hommes, comme toi. Anara finit cette mission et arme tes hommes »

Puis, sans même un regard, Me’liv se leva et partit. Il y avait 2 males et 2 femelles comme elle. Ils s’entrejaugaient du regard comme des fauves. Ils avaient l’air forts. Pouvaient-ils aussi manipuler…

- « Ecoutez »

Tous se mirent instantanément au garde à vous et regardèrent Anara.
La femme était habillée d’une tenue de chasse noire d’où on pouvait voir les poignées de nombreux couteaux dépasser, sa longue tresse pourpre tombait jusqu’au bas de son dos.

- « Vous n’avez rien de similaire avec nous, vous êtes né au milieu des primates de l'Ouest » Son discours s’accompagnait d’images mentales qui illustraient ses propos.

Rienwe n’avait jamais vu d’hommes auparavant.

« Il y a des années, votre royaume rompit le pacte, nous mirent donc fin à son existence »

Les familles heureuses, les fermes et les jeux dans la neige laissèrent place aux champs de bataille et aux forteresses incendiées dans l’esprit de la jeune femme. C’était douloureux, plus que ce que tout ce qu’elle avait pu endurer. Les 5 orphelins tombèrent au sol, se tordant au milieu des arbustes.

« Les hommes ne peuvent pas respecter le pacte seuls, vous les guiderez donc. Vous serez des Shamans. Retournez-vous mêler à ce peuple, et faites en sorte que l’équilibre soit maintenu. »

Chacun regardait les autres avec des grands yeux.

« Gardez ce trône à l'esprit, vous échouerez peut être dans votre quête, mais pas nous. Vous êtes dès lors bannis de ces terres. Partez, puissiez-vous réussir »

Il fallut un certain temps aux jeunes pour digérer l’information, puis ils partirent. Se blottissant au milieu des effroyables blizzards, ils se dirigèrent vers l’Ouest, là où les hommes vivaient. Ils apportèrent le feu, firent prospérer les peuples qu’ils visitaient, et tentèrent de les guider. Ils étaient des shamans, et devaient maintenir l’équilibre.

Si on s’aventure dans les bonnes tavernes, on peut entendre ces contes. Les premiers shamans seraient venus de l’Est, et si la vie vient de l’Est, la mort la suivra immanquablement.

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