2 Passage à l'acte

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La semaine fut un enfer. Côtoyer les gens dans la rue, au travail, dans les commerces m'épuisait nerveusement. J'avais une peur bleue de perpétrer un massacre, peur finalement injustifiée. Je marchais la tête basse, les mains dans les poches, sur le qui-vive en permanence.

Le premier dérapage eu lieu le vendredi soir en rentrant de mon travail. Je m'étais arrêté dans la supérette de mon quartier pour acheter de quoi manger le soir même. J'avais aussi une raison un peu moins avouable de le faire : Mademoiselle Antonin ! C'était la caissière du magasin et surtout une personne adorable. Mignonne, souriante, patiente, enfin bref ! Vous m'avez compris. Elle avait un seul défaut hélas. Si elle était avenante avec tout le monde elle faisait semblant de prendre comme une plaisanterie toute tentative de « rapprochement ».

J'essayais de résoudre un grave dilemme à savoir choisir entre un paquet de spaghetti et un paquet de fusilli lorsqu'un guignol fit irruption dans la boutique, masque sur le visage et capuche sur la tête. J'ai dit guignol car il ressemblait à une figure de carnaval mais l'arme qu'il brandissait semblait bien réelle. Cris, début de panique, vous voyez le tableau. Il agita son arme à feu devant le nez de la caissière en lui hurlant de lui donner l'argent de son tiroir. La pauvre femme s'exécuta en tremblant comme un feuille.

Malheureusement pour le malfrat la récolte fut mince. De nos jours les clients payent par carte voire avec leur smartphone, il aurait intérêt à se recycler ! Il se remit à hurler de plus belle, convaincu de la mauvaise foi de l'employée. Il était temps de le calmer et qui sinon moi pouvait le faire ? Je n'allais quand même pas laisser cet escogriffe terroriser mademoiselle Antonin !

Accroupis derrière une gondole je risquais prudemment un coup d’œil. Je voyais l'homme de profil. Ses chaussures attirèrent mon attention. C'étaient des boots noires avec des talons un peu trop hauts à mon goût. Je décidais d'en raccourcir un pour voir. Je me concentrais pour ne pas faire trop de dégâts. J'avais eu raison de m'entraîner en forêt car mon tir fut précis. Il s'effondra, d'abord déséquilibré par l'absence de talon puis il se mit à hurler en se tenant le pied. Hum j'avais peut être mésestimé les conséquences de mon acte qui n'avait pas eu d'effet délétère que sur la chaussure. Bah, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Son pied n'avait pas été arraché c'était le principal.

Je me mêlais aux derniers clients qui fuyaient et sortit incognito. J'étais déjà à cinquante mètres du magasin lorsque la voiture de police se pointa, gyrophare tournant et sirène hurlante. Je suivis la scène de loin, au milieu des badauds. Les pompiers débarquèrent ensuite et le malfrat fut évacué sur une civière. Le lendemain le journal régional évoquait le mystère de la chaussure explosive et je fus soulagé d'apprendre que la victime ne souffrait que de brûlures au pied. Je passais le week-end entier à réfléchir à ses événements. Étais je devenu une sorte de super-héro ? Mon devoir était-il de jouer à « Superman » ? J'avais un don certes mais cela ne m'autorisais certainement pas à faire n'importe quoi. La police n'aime pas les justiciers autoproclamés.

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