Chapitre 3 (partie II)

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Lorsque j'arrivais, certains étudiants présents dans la salle me reluquèrent avec des yeux qui semblaient dire "bien joué !", comme si j'avais eu raison de brutaliser cette pauvre rouquine qui ne s'assumait pas. Mon casier était pile à la bonne hauteur et je pus déposer certains cahiers et livres qui ne me servaient pas. Puis, n'ayant aucune idée de quoi faire d'autres, je décidais de travailler un peu. J'avais un peu de retard sur les autres dans certaines matières comme Légendes et Mythologie ou Langues anciennes. Je ne comprenais pas l'intérêt d'apprendre les runes magiques si on était incapable d'utiliser la magie ou d'apprendre des histoires mythiques sur l'archipel. En fait, je voulais surtout apprendre à me contrôler pour arrêter de créer des grands brûlés. Même si, à mes yeux, certains le méritaient amplement.

— Alors, comme ça on envoie sa camarade à l'infirmerie ? me nargua une voix que je connaissais.

Je levais la tête et eut un sourire faux.

— Parle pour toi Naïm, si je me souviens bien c'est toi qui as poignardé ton pote ce matin, répliquais-je.

— Sauf qu'il ne gardera aucune cicatrice lui, contrairement à la pauvre fille que tu as brûlée !

Je serrais mon stylo.

— Dis-moi Naïm, tu n'as rien d'autre à faire que d'empêcher les gens de travailler ?

Ce crétin sourit et m'arracha mon cahier des mains. Il éclata de rire lorsqu'il lut mes réponses aux exercices de Runes.

Soudain, une aura menaçante entra dans la salle. Plusieurs étudiants reculèrent en déglutissant.

— Ra... Raven ? murmura l'un d'eux.

Il ne le regarda pas et se dirigea vers nous.

— On dirait que ton maître est arrivé, murmurais-je à Naïm.

Ce dernier pâlit et je sus qu'il avait compris de qui je parlais. Au moins ce crétin avait conscience de n'être qu'un chien. Il lâcha mon cahier qui s'écrasa bruyamment au sol et se retourna avec un sourire forcé.

— Raven... mon pote !

— Dégage ! gronda celui-ci.

Bonjour l'ambiance, pensais-je avec cynisme en ramassant mon cahier. Naïm n'hésita qu'un instant avant de déguerpir suivi par tous les autres. En une seconde, la salle fut vide à l'exception de moi et du tyran de la classe. A mon grand désarroi, il s'assit à l'envers sur sa chaise et posa ses bras sur le dossier avant de me regarder avec un sourire dangereux.

Je clignais des yeux plusieurs fois avant de dire :

— Tu veux quelque chose ?

— Je pensais pas que t'irais aussi loin, tu caches bien ton jeu en fait.

Je fronçais les sourcils.

— Je peux savoir de quoi tu parles ?

— Ce matin tu aurais pu te protéger face à mon feu mais tu ne l'as pas fait, éluda-t-il.

— Et alors ? questionnais-je en levant un sourcil.

Il se mit à rire d'une voix grave.

— Tu as un pouvoir défensif mais tu peux brûler les gens avec. Je me demande... de quels pouvoirs as-tu hérité ?

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? sifflais-je.

— T'excites pas, c'était une simple question, répondit-il en levant les mains.

Je croisais les bras.

— Pourquoi ça t'intéresse déjà ? toi, le type qui a voulu me frapper parce que j'étais assise à une table vide au petit-déjeuner ?

Son air se renfrogna. Je supposais que j'étais allée trop loin. Puis, contre toute attente, il explosa de rire.

— Hé bien, c'est la première fois que quelqu'un me parle comme ça.

J'eus un rictus.

— Tu veux dire plutôt dire que je la seule à te parler, raillais-je, tu m'excuseras de ne pas compter ceux qui te suivent, tu dois probablement te douter qu'ils se servent de ta puissance pour jouer aux caïds quand t'es pas là.

Ses yeux se plissèrent et j'eus la conviction qu'il allait me faire ravaler mes paroles mais il baissa les yeux vers sa paume qu'il enflamma. Sous la peur, je ramassais mes affaires le plus rapidement et discrètement possible avant de prendre mes jambes à mon cou. En ouvrant la porte, j'aperçus Éden. Il me regarda avec des yeux ronds.

— Salut, le saluais-je, tu vas mieux ?

Il secoua la tête et sourit.

— Ouais, Mika m'a bien soigné.

Puis il leva la tête et pâlit brusquement. Je me retournais mais il n'y avait rien de spécial. Juste Raven les yeux dans le vague contemplant ses flammes.

— Bon, ajoutais-je à l'intention d'Éden, j'y vais à plus !

— A plus, me répondit-il par automatisme.

J'allais partir quand je me retournais.

— Oh et... fais attention à toi, le prévins-je en désignant discrètement son maître.

Puis je filais.

* * *

Debout dans la salle du réfectoire, mon plateau dans les mains, je cherchais une place de libre dans ce lieu bondé. J'aperçus la "table interdite" et, pendant une seconde, j'eus envie de jouer avec le feu. Mais je me retins, j'avais déjà attiré suffisamment l'attention. Et puis, Raven allait sérieusement m'en coller une si je continuais de le provoquer. Je voulais terminer ma journée de manière paisible.

— Hé ! entendis-je, viens t'asseoir !

Instinctivement je regardais autour de moi pour savoir qui avait appelé même s'il n'y avait que très peu de chance que je sois la concernée... enfin, jusqu'à ce que j'aperçoive l'élémentaire air qui me regardait en secouant la main. Il semblait être entouré de ses amis, deux garçons dont l'un qui avait des écailles bleues sur le cou et à la base de la mâchoire. Je le reconnus, c'était Daze le Diamant Bleu. Je m'approchais. Il restait une place de libre au bout et il m'invita à prendre place. Je le remerciais d'un sourire.

— Bah t'avais l'air perdue et ce serait dommage que Raven vienne encore te chercher des noises, s'expliqua-t-il.

Je soupirais.

— Malheureusement, ça, je ne risque pas de lui échapper.

Ils me regardèrent, surpris.

— Bah... pourquoi ? me questionna ce dernier.

— Bon, soupirais-je, autant arrêter de créer du mystère inutile : je suis dans la classe 5 donc, avec Raven.

Ils me regardèrent sans y croire puis ils explosèrent de rire.

— Tu rigoles pas vrai ? ajouta l'écaillé entre deux crises de rire.

Je la fixais de manière à ce qu'il comprenne que je ne plaisantais pas. Il s'arrêta de rire brusquement.

— Oh... euh... tu es déjà allée dans un centre...

J'opinais.

— Ouais, pas très agréable comme endroit d'ailleurs.

— Comment c'est arrivé ? m'interrogea le troisième.

— Mon amie se faisait agresser, je l'ai défendu, je suis allée un peu trop loin et hop, une semaine de centre de redressement, racontais-je le plus brièvement possible.

L'élémentaire sourit :

— Bon... on va dire qu'il y a pire que toi.

— Heureusement d'ailleurs, ajoutais-je en plaisantant.

Il se frotta le bras.

— Au fait, je m'appelle Sebastian.

— Erwan enchanté !

— Daze.

Je les regardais en tâchant de mémoriser leur visage mais j'avais vu beaucoup de personne d'un coup.

— Oui je sais, lâchais-je en désignant ce dernier, tu es en classe deux.

Il fut étonné que je le sache et haussa un sourcil.

— Comment tu le sais ?

— Le centre d'entraînement, lui répondis-je.

Il me dévisagea un instant puis ses yeux s'écarquillèrent.

— Hé mais ! C'est toi !

Les autres le regardèrent bizarrement.

— C'est toi qui a brûlé Isabelle !

Je hochais la tête, un peu honteuse.

— Elle s'appelle pas Isabelle, ni Mary d'ailleurs. Je connais pas son nom, mais j'ai pas fait exprès, je voulais pas la crâmer, me justifiais-je alors qu'ils commençaient à me trouver un peu trop violente.

— Bah, pour une fois que quelqu'un la remet à sa place, je vais pas me plaindre de la façon dont elle l'a été pas vrai ? déclara-t-il en regardant Sebastian et Erwan.

Étonnament, ils acquiescèrent tous.

— Moi c'est Ludmilla, mais vous pouvez m'appeler Milla, ajoutais-je.

Ils sourirent puis reprirent leur conversation en m'incluant dedans. Je ne parlais pas beaucoup mais je les appréciais. Ce n'était pas des génies mais ils n'étaient pas non plus des abrutis de première comme certains dont je ne citerai pas les noms.

Le dîner se finit trop vite à mon goût mais il fallait avouer que j'étais épuisée et je fus ravie de retrouver mon lit. Je m'effondrais sur ce dernier avant de repérer une valise qui n'était pas la mienne. Tiens, pensais-je en fermant les yeux, ma colocataire est arrivée, encore un nom et un visage que je devrai retenir...

Ce fut le claquement de la porte qui me fit ouvrir les paupières.

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