Chapitre 2 (partie I)

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La matinée s'est passée dans une lenteur effroyable. Mais ce n'était pas les cours le problème. C'était la classe. On était une petite trentaine, la plupart était des garçons et je me retrouvais avec Raven et son toutou Naïm, le manieur de verre. Durant tout le premier cour, j'étais tellement effrayée qu'ils se vengent que j'ai érigé un bouclier autour de moi. Mais je n'ai pas l'habitude d'utiliser autant ce pouvoir alors j'étais épuisée au bout de l'heure. Le professeur m'a interpellé à la pause alors je lui ai expliqué brièvement l'altercation de ce matin mais ça n'a pas eu l'air de lui faire le moindre effet. Il m'a tapé sur l'épaule et sourit avant de me dire :

— T'inquiète pas Ludmilla tout ira bien.

Mais son sourire sonnait atrocement faux.

Ce qui fait que j'étais sur mes gardes toute la matinée et à l'heure du déjeuner, je ne m'installais plus à la table vide. J'avais compris le piège. Même si mon pouvoir défensif était très pratique, je ne voulais pas tester sa résistance alors je mangeais entre deux personnes au hasard qui me snobèrent dès que je fus assise. Ils parlaient entre eux, s'appliquaient à ne pas me regarder. Puis lorsqu'ils eurent terminé, ils partirent rapidement.

— Bonjour l'accueil, marmonnais-je en enfournant une fourchette pleine de légume.

Un rire me parvint et un garçon vint poser son plateau en face de moi. Je levais les yeux, surprise. Il avait les cheveux bruns et un regard noisette. Sa silhouette était fine, taillée pour la vitesse et les attaques fulgurantes. Je la reconnus, c'était l'élémentaire air de ce matin.

— Leur en veux pas, lança-t-il, ils ont juste peur de Raven et de sa bande et vu ce qu'il s'est passé ce matin...

— C'est quand même pas de ma faute, grommelais-je en détournant le regard.

Il s'esclaffa.

— Bien sûr que non, Raven aurait très bien pu faire l'impasse surtout qu'ils avaient déjà petit-déjeuné. Ils viennent assez tôt le lundi matin.

J'en restais bouche-bée.

— Alors il m'a attaqué pour le simple plaisir de battre une nouvelle ?

L'élémentaire haussa les épaules.

— Je sais pas pourquoi mais il ne veut pas que quelqu'un d'autre que lui ou ses larbins touchent à cette table.

— C'est stupide, commentais-je.

Il but son verre d'eau.

— Laisse tomber, il est déjà allé trois fois dans un centre de redressement et il est dans la classe 5.

Instinctivement je me crispais.

— Je peux te poser une question ?

Il hocha la tête.

— C'est vrai que, dans la classe 5, il n'y a que des élèves qui sont passés dans un centre de redressement ?

L'élémentaire acquiesça.

— Oui c'est vrai, au fait, tu es dans quelle classe ?

J'étais coincée. Soit j'avouais tout dès maintenant, soit je mentais en espérant qu'il ne soit pas dans la classe que je citerai, soit je détournais la conversation discrètement.

— Et toi ? répliquais-je en priant que la diversion fonctionne.

— Je suis dans la classe 1, répondit-il avec fierté.

Je supposais que plus le niveau de la classe était bas, mieux c'était. Je ne voulais pas m'attarder plus sur ce sujet alors je mangeais en silence.

— Tu vas aux arènes cette après-midi ? demanda-t-il innocement.

Surprise, je faillis cracher l'eau que je venais de boire. J'avalais avec difficulté avant de m'écrier :

— Aux quoi ?!

Il me regarda comme si j'étais folle.

— Bah aux arènes ou le centre d'entraînement si tu préfères, tout les étudiants de l'école y vont trois fois par semaines pour travailler sur leur pouvoir, et apprendre à se battre et à la fin de chaque semestre, toutes les classes sont réunis pour une sorte de tournoi.

Je déglutis. Malgré mon pouvoir défensif, j'allais me faire défoncer. Sébastien remarqua mon effroi et sourit pour me rassurer.

— T'en fais pas, je suis sûr que tu vas assurer.

Je levais un sourcil, pas du tout convaincue. Regardant mon portable, je constatais que l'heure tournait plus vite que ce que j'avais prévu.

— Je dois y aller, ajoutais-je en me levant bien que mon assiette ne soit pas terminée.

De toute façon, la révélation de l'élémentaire m'avait coupé l'appétit. J'allais chercher une tenue de sport dans ma chambre. Mais quoi que je choissise, j'eus la conviction que je n'allais pas pouvoir utiliser ces vêtements deux cours de suite. Finalement j'attrapais un t-shirt ample et un legging que je fourrais dans mon sac.

Grâce au plan, je réussis à entrer dans le bâtiment où se trouvait les arènes. Je scannais ma carte devant un panneau comme j'avais vu d'autres le faire et la porte métallique s'ouvrit. Des cris se faisaient entendre jusque dans le couloir augmentant mon stress. Je trouvais les vestiaires des filles où plusieurs étudiantes se changeaient. Je reconnus Isabelle qui sursauta de frayeur lorsqu'elle m'aperçut. Je me détournais rapidement mais je l'entendis s'approcher, du moins, je supposais que ce fut elle.

— Ludmilla ? m'appela-t-elle timidement.

Je me retournais en souriant.

— Oui ?

Elle me tendit un paquet en papier kraft.

— C'est pour toi, c'est la tenue de sport de l'école.

Je haussais un sourcil sans comprendre.

— La co-directrice m'a demandé de te la remettre, c'est une tenue spéciale qui est donné à tous les étudiants de l'académie.

Je pris le paquet en souriant.

— Merci c'est gentil.

Isabelle se détendit un peu et retourna à sa place. À l'intérieur du paquet, outre une tenue de combat renforcée blanche et noire au logo de l'académie, se trouvait une clé magnétique pour un casier, le 362. Sans doute un de ceux dans la salle de la classe 5. Chaque salle possédait une trentaine de casier gris carré. Ainsi, ça permettait d'éviter de se trimballer son sac de vingt kilos sur le dos toute la journée. Ce que je faisais encore puisque je n'en avais pas.

— Hé la nouvelle ! m'interpella une fille que je ne connaissais pas.

Je levais les yeux vers elle. Elle était plutôt jolie avec ses longs cheveux blonds attachés en un chignon serré.

— Dépêche-toi ! Le prof déteste les retardataires.

Je regardais autour de moi, toutes les filles étaient parties. Elle me lança un élastique.

— Et attache-toi les cheveux sinon tu risques de les perdre !

Puis elle disparut avant que j’aie le temps de la remercier. Stressée, j'enfilais la tenue à la vitesse de l'éclair avant de tresser mes cheveux noirs. Puis je courus dans le couloir et arrivais pile au moment où le prof commençait ses explications.

— Aujourd'hui ! C'est des combats en solo. J'annoncerai les participants au fur et à mesure. Ceux qui se sont déjà échauffés commenceront, les autres, échauffez-vous !

Il avait l'air sévère. Ses cheveux gris, son regard acier, sa posture droite et ses bras croisés ne me disaient rien de bon. Il annonça les deux premiers, deux garçons que je ne connaissais pas de la classe deux. Apparemment, deux classes étaient mélangés dans le centre d'entraînement, le véritable nom des "arènes", chaque après-midi. Ils descendirent dans l'arène. Cette dernière était une sorte de creux d'environ cinq mètres en dessous du sol, aux parois incurvées et abruptes que les deux étudiants descendaient en glissant dessus ou en prenant l'échelle. Le sol était plat au fond et du sable le recouvrait. Il y en avait deux et de chaque coté, trois étages de gradin. Je pris ma jambe droite et l'étirait quelques minutes avant de faire la même chose avec l'autre.

Une voix électronique annonça le début du combat. Le premier garçon, un brun à l'allure imposante enfonça ses mains dans le sable et la terre se mit à trembler, des stalagmites sortirent du sol et je supposais que de la terre avait été placé sous le sable. L'autre, un blond, sourit et esquiva. Puis il retira son haut pour se retrouver torse nu. Si la surprise ne m'avait pas figé, j'aurais probablement souri en voyant son corps musclé. Seulement, ce n’étaient pas ses tablettes de chocolat qui m'impressionnait mais la paire d'aile qui se déployait dans son dos. Deux ailes membraneuses cyan qui le fit s'envoler au-dessus de nous.

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