Chapitre 2 (partie II)

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Au moment où il stabilisa son vol, j'aperçus des écailles bleues brillantes sur sa peau. Comment avais-je fait pour les rater alors qu'elles étincelaient autant ?

— Sympa son pouvoir hein ? entendis-je à côté de moi.

Je relâchais ma jambe et tournais la tête pour voir la blonde de tout à l'heure.

— Merci pour l'élastique, répondis-je aimablement.

Elle me sourit et tendit sa main.

— Pas de souci, je m'appelle Kori.

Je la serrais.

— Ludmilla mais appelle-moi Milla.

— Sympa comme nom, commenta-t-elle.

Il n'y avait aucune ironie dans sa voix. Je me tournais de nouveau vers les deux combattants.

— C'est Daze, le Diamant Bleu, ajouta Kori avec un petit sourire, il est canon avec ses ailes pas vrai ?

— Pourquoi ''le diamant bleu'' ?

Elle haussa les épaules.

— De ce que je sais, il provient d'une lignée draconique et les dragons aiment bien se donner des titres et en plus ses écailles sont bleues alors voilà.

J'étais sidérée mais en prenant du recul cela expliquait tout. Les "dragons" n'étaient pas des sortes de lézards géants mais le nom donné à une capacité très rare qui donnait des ailes, des écailles et qui crachaient du feu comme les dragons des mythes. Autrement dit, c'était des humains à l'apparence de dragons. Mais c'était vraiment très rare et je n'aurais jamais cru en voir un en vrai.

— Hé bien, lançais-je admirative, je connaissais Cokas le Silencieux et ses écailles noires mais c'était le seul.

Elle rit doucement.

— Crois-moi ils sont plus que ça. Pas autant que les simples capacitaires, mais il en existe quelques-uns.

Soudain, Daze se mit à cracher du feu. Ses écailles scintillèrent sous la chaleur. L'élèmentaire terre érigea une barrière devant lui alors le dragon se déplaça pour se poster plus haut et cracha du feu plus intensément et verticalement en englobant toute l'arène. Je ressentis son feu jusqu'à ma place.

— Bon, il est craquant mais faut s'échauffer sinon on va se faire mal, lança brutalement Kori me tirant du spectacle impressionnant.

J'acquiesçais vaguement et continuais mon échauffement.

Finalement, ce fut match nul, le temps imparti s'arrêta avant que l'un d'eux ne fut K.O ou abandonne même si, à première vue, Daze n'aurait pas pu continuer à ce rythme encore longtemps.

Les combats qui suivirent furent beaucoup moins intéressant. Les élèmentaires se succédèrent et je constatais que les élèments étaient le pouvoir le plus répandu. Il y eu un empathe qui réussit à gagner, quelques télékynésisthes... Mais aucun duel ne fut plus intéressant que le premier. Puis, le moment tant redouté arriva et ce fut mon tour d'entrer dans l'arène. Malencontreusement, Isabelle fut mon adversaire. Elle souriait en essayant de maîtriser ses tremblements. Je ne lui faisais quand même pas peur à ce point, si ? A moins que ce ne fut de l'excitation.

La voix éléctronique annonça le début et elle disparut. Je tournais la tête et l'aperçut derrière moi. Je n'eus pas le temps de l'esquiver qu'elle me donna un coup qui m'envoya valser. A priori, son pouvoir était une amélioration de ses capacités physiques. Elle courait plus vite, frappait plus fort... Je me cognais contre la paroi métallique de l'arène avant de glisser jusqu'au sol sablonneux. Je tendis la main en essayant de me concentrer.

— Tu fais moins la maligne maintenant n'est-ce pas ? siffla-t-elle d'un ton dur.

Je ne compris pas ce changement de comportement. Mais apparemment, elle n'avait plus peur de moi et comptais bien me passer à tabac devant tous les autres. Elle m'attrapa par le bras et me tira au centre de l'arène.

— Tu me détestes ? demandais-je.

Elle me fusilla du regard.

— Isabelle, pourquoi tu as fait semblant de m'apprécier, d'être timide et d'avoir peur de moi si c'est pas le cas ?

— Je m'appelle pas Isabelle.

Je levais les yeux au ciel. De mieux en mieux.

— Et comment tu t'appelles ?

— Mary.

Isabelle, alias Mary, me jeta au sol, me projetant quelques mètres plus loin et j'essayais de me relever le plus rapidement possible. Soudain, sa silhouette se mit à onduler. Ses cheveux bruns courts se rallongèrent et se noircirent. Ses traits fins devinrent plus durs, ses sourcils plus arqués. Ses yeux bleus devinrent bruns foncés.

— En fait, ton pouvoir c'est de changer d'apparence ?

— C'est beaucoup plus que ça, répliqua-t-elle avec un petit sourire qui m'inquiéta.

Ses mains se mirent à crépiter de petits éclairs. Comment elle faisait ça ? Isabe... Mary leva sa main et un éclair fusa au plafond. Son sourire s'élargit. Je fronçais les sourcils, quelque chose n'allait pas. Je me relevais le plus vite possible et érigeais un bouclier. Bien m'en prit puisque, lorsqu'elle m'envoya une charge, il s'explosa contre ma barrière sans me faire de mal si ce n'est tirer dans mes forces physiques. Je regardais le compteur et vis qu'il ne restait plus que six minutes.

Une grimace apparut sur la figure de Mary et malgré moi je jubilais. M'asseyant en tailleur, je m'appliquais à renforcer mon bouclier et à le maintenir pendant le temps restant tout en surveillant mon adversaire qui me lançait de plus en plus d'éclair. Sa frustration et ma confiance augmentait au même rythme. Plus elle s'énervait moins elle était puissante. Mary finit par courir vers moi. Quelque chose m'interpella. Elle courait... lentement. Enfin tout à l'heure, sauf si c'était encore un de ses tours, elle avait disparut avant de réapparaître derrière moi. Je secouais la tête, m'obligeant à me concentrer. Sa main crépitante, l'élémentaire frappa mon bouclier d'en l'espoir de le briser.

Après plusieurs essais, elle posa ses mains dessus. Je sentais sa force s'affaiblir à mesure qu'elle foudroyait ma barrière. Celle-ci n'allait d'ailleurs pas tenir infiniment non plus. Ses coups me paraissaient bien plus mou qu'avant. Mes yeux divaguaient et mon stress augmentait. Pour éviter de faire une crise d'angoisse, je promenais mon regard sur les étudiants qui nous regardait et soudain, j'aperçus une fille aux cheveux bruns qui se tenait un peu en retrait. Elle me disait vaguement quelque chose. Ses traits, sa posture...

J'écaquillais les yeux. Je venais de comprendre. Mary frappait moins fort, courait moins vite. Elle avait perdu l'augmentation de ses capacités physiques ! La réponse à la question "quand ?" me parut évidente. Lorsqu'elle prenait l'apparence de quelqu'un d'autre, elle prenait son pouvoir. Peut-être son caractère aussi. Et la fille que je venais de voir était le portrait craché de Mary lorsqu'elle m'avait dit s'appeler Isabelle. Si ça se trouve, elle lui avait volé son prénom.

Étrangement, je me mis en colère. Ce genre de pouvoir était horrible. Voler l'apparence et le pouvoir de quelqu'un d'autre était abject. Elle n'avait pas eu le choix mais quand même. En plus, elle jouait avec ça. J'étais à peu près sûre que personne ne connaissait son vrai visage. Elle jouait avec les gens, avec leur personnalité. Peut-être n'était-elle pas méchante mais faire ça, ce n'était pas correct.

— Dis-moi, tu ne t'appelles pas Mary pas vrai ? questionnais-je en essayant de rester calme.

Elle eut un rictus.

— Tu comprends vite dis donc ! ironisa-t-elle.

Je serrais les dents. J'en avais assez d'elle et de son pouvoir à la noix. Je me relevais. Il ne restait plus que trois minutes et trente secondes.

— Pourquoi tu ne montres pas ton vrai visage ? persifflais-je.

— Je vois pas pourquoi je le ferais, j'aime bien celui-là.

C'est bien ce que je pensais. Elle appréciait prendre l'apparence des autres. Je tendis la main vers elle. Je voyais bien qu'elle concentrait son énergie pour lancer une déflagration. Je l'emprisonnais dans un bouclier puis détruisit celui qui me protégeait.

— Pourquoi tu restes cachée ? Tu as peur ?

— Bien sûr que non, je suis bien meilleure que la plupart des étudiantes.

— Alors pourquoi tu n'en profites pas ?

Elle sembla hésiter une seconde. Je refermais le bouclier sur elle et l'obligeais à se mettre à genou.

— Je n'abandonnerai pas, me prévint-elle, ce sera match nul !

— Je crois pas non, je peux pas perdre face à quelqu'un qui n'ose pas voir la vérité en face.

— Quelle vérité ? Tu crois vraiment tout savoir ? protesta-t-elle.

Je l'avais mise en colère. Tant mieux, elle allait déballer tout ce que je voulais savoir.

— Tu ne te montres pas parce que tu ne veux pas que les gens te voient c'est évident. Tu te dis meilleure ? Laisse-moi rire, ce n'est qu'un masque qui sert à te rassurer.

Son corps s'illumina et des éclairs sortirent de son corps. Pendant un instant, elle fut entourée d'une lumière si vive que je dus détourner les yeux.

— Abandonne tu as perdu ! criais-je.

— Jamais ! Je ne peux pas perdre face à une tarée de la classe 5 !

Je vis rouge. Elle était allée trop loin. La colère et la rage montaient sans que je ne puisse les contrôler. En refermant mon poing peu à peu, j'obligeais le bouclier à se refermer autour d'elle, la compressant à l'intérieur. Puis j'augmentais la chaleur des parois. Lorsqu'elle ne put plus soutenir la chaleur, elle se mit à gémir, à crier puis à hurler. Sa peau devint cramoisie.

— Arrête ! cria le professeur d'un ton dur.

Mais je n'obéis pas. Les souvenirs remontaient sans que je ne puisse les arrêter. Je me revis dans le centre de redressement à revivre le regard sans pitié de ma meilleure amie qui me traitait de monstre ; cette tristesse qui m'envahissait le coeur, menaçant de le faire exploser.

Une main attrapa mon poignet. Surprise, le bouclier disparut. Je relâchais ma main.

— On peut savoir ce qui vous prend mademoiselle ?!

Je clignais des paupières en regardant autour de moi. La silhouette de "Mary" changea, révélant une fille aux longs cheveux roux carottes et aux taches de rousseur. Deux filles s'approchèrent d'elle en glissant le long des parois. La plupart des étudiants chuchotaient à mon égard et me regardaient avec ce regard que je détestais tant. J'étais dans l'incompréhension totale. Ce qui venait de m'arriver... c'était exactement ce que j'avais ressenti ce jour-là. La rage qui prenait le dessus et ce sentiment de ne plus contrôler mon corps, comme si je vivais la scène de l'extérieur.

— Je... bredouillais-je avec un mouvement de recul, je suis désolée... je...

Mais le professeur n'allait pas se contenter de ça.

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