Le temps de la post-douleur

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Tu commençais ce journal pour rétablir une vérité que l’enchevêtrement de tes cadavres a corrompu. Tu te regardais, regardes-toi, ressemblais-tu seulement à une portion de ton premier corps ? Que restait de toi sous les coutures ? C’est ridicule. Tu acceptais les cendres du passé, tourné seulement vers un présent de chair torréfiée – tu sentais cet arôme de percolation, ton arôme de nouveau-né !

Tu mens. Tu avais pris ces notes pour redonner sens à la douleur. Tu voulais un herbier pour le sang, les fractures ouvertes, et ta vanité. Que foutais-tu ici ? Tu t’es posé la question plusieurs fois il te semble. Aujourd’hui en tout cas. Et aujourd’hui. Et maintenant. Tu es tombé sur le journal suffisamment vite cette fois, peu après ta sortie du percolateur. Les souvenirs – ah ! – sont frais : un univers qui patauge, ton peuple – tu t’imagines leur peau sans grumeaux – qui s’ennuie de la guerre. L’univers est bien géré. Ton peuple a payé avant ta naissance. Tu regrettais de ne pas pouvoir répertorier les sensations de la naissance dans ton herbier. Tu ne te souvenais pas trop du reste. Aujourd’hui tu t’en souviens. Menteur, comment pourrais-tu te souvenir ? Qu’as-tu de commun avec les souvenirs ? Tu étais ingénieur, plutôt bon. Tes mains douces sont passées sur cette relique, le percolateur. Un des derniers encore en état de marche, « oublié » au moment de la destruction globale des communications extrasolaires. Les fameuses sanctions reeniennes. C’était comme condamner ton monde à la vase. C’est tout ce dont tu te souvenais pour cette fois. Tu es parti avec la machine. En écrivant cela, tu frappais le sol terne qui était ton quotidien, depuis que la version la plus pure de toi a pris cette décision. Absurde. La poussière grise volait, volait. Encore, elle vole. C’est par les percolateurs que les vivants transitaient. Transitent ? Ils inscrivent les coordonnées, ils entrent dans le percolateur, ils sont détruits. Les organes et la chair mixés, les fibres récupérées : tout va resservir. Rien ne transite que les données du voyageur ; mensurations, fierté, conscience, du mieux possible, et il sort à un autre point de l’univers, tout propre, bâti de la viande des départs les plus frais. Physiquement, parfaitement le même – il n’y a qu’ici que tu es rabougri, patchwork, parce que tu es clandestin et que la peau se fait rare. Quant à la conscience… Les souvenirs sont injectés, tous jusqu’au moment où tu t’es senti endolori par la piqûre et sur le point de te faire trucider. C’est tout. Difficile de dire si le tas de chairs à l’entrée est le même personnage que celui à la sortie. Ça n’a pas beaucoup d’importance, les données perdurent. Bien sûr, parfois, les données se perdaient, étaient piratées. Tout moyen de transport comporte ses risques… Toi tu as de la chance : tu ne peux pas utiliser les percolateurs légitimes. Tu programmais ta réapparition au même endroit. Ici. Ton seul risque de mourir est de manquer de barbaque. C’a dû être catastrophique de retirer le voyage à ton peuple. Cette mouture de toi ne se souvient pas de comment actualiser les données du percolateur. Tu as bien peur de vivre cette vie pour du beurre, alors tu écris un peu n’importe quoi.

Tu avais visité la surface de cette petite planète. De ce satellite ? Tu mises aujourd’hui sur une planète. Tu n’étais plus bien sûr de toi après approfondissement de tes observations. Tu te rends compte que tu perds ton temps à t’en soucier. Il n’y a pas grand-chose que toi, la poussière, une petite réserve de nourritures signalée par des tracés dans le grain du sol et un parc de vaisseaux plus ou moins gros, plus ou moins défoncés. Tu t’étais amputé net d’une main en tentant de démarrer le grand, couleur bleu nuit. Tu t’es tranché trois doigts sur le grand couleur bleu nuit à trois étages, tu détestes la carcasse précédente qui s’était bien passée de préciser plus avant. L’amputation était une douleur vive, vraiment, comme on l’imagine. Une vibration dans les os, comme un arrêt dans le cerveau et une pointe bien, très bien lancée dans le cœur. Tu avais salopé le journal avec ton sang pour écrire ton ressenti. Cela compte donc tant pour toi ?

Aucun de ces vaisseaux ne dépasse la vitesse de la lumière. Tu as établi un inventaire des machines fonctionnelles et de celles que tes toi précédents, plus lisses et moins purulents, s’étaient amusés à désosser. Ils ont quasiment tous un système de cryogénisation. Le « quasiment » te fait beaucoup rire : parmi tes corps antérieurs, quelques-uns au moins ont dû mourir de faim sur le voyage du retour, programmant un vaisseau qui transporterait leur cadavre, puis leur squelette, tout cela pour apporter un semblant de denrées congelées et autres matériaux durables nécessaires à la bonne tenue de ta percolation. Ton toi, tout neuf et déjà avarié, ingrat des souffrances de tes autres toi, démobilisé des siècles, de la vie, de ton prochain. Et tu pariais que les Reeniens, au gré de tes petites ponctions dans le vif de l’éternel, étaient toujours là, régnant, finalement, sur une galaxie pas moins démâtée que toi. Arrête de t’apitoyer, tu paries que tu t’apitoies depuis plusieurs enveloppes déjà. Il y a sans doute des tombes sur cette bicoque – plutôt des tertres, comment voudrais-tu creuser ici ? – qui recouvrent les strates les plus absolues de ton désespoir : une balle dans la tête, et le sale boulot laissé au toi de, quoi, dix minutes ? Soixante ans plus tard ?

Globalement, de ce que tu avais compris, le percolateur est réglé pour te générer au bout d’un siècle. Suffisant pour aller visiter des systèmes environnants et revenir, avec le bon vaisseau. À partir de cette entrée, tu as conclu que le système dans lequel tu végètes n’était pas habité. Tu devrais y faire un tour, quand même, par principe. Si tu avais écrit ce journal plus tôt… tu étais sur le point de parler de temps perdu, mais…

Tu ne peux pas t’empêcher de te dire qu’il doit y avoir d’autres toi, plus vieux, infiniment plus vieux peut-être, qui gravitent dans les alentours. Tu trouvais qu’un seul suffisait amplement. Au-delà de ses réglages de base, ton infime contrôle sur la machine était de choisir une génération alternative, plus rapide, de ta carcasse. Dix minutes, donc. Quelques mois, années. Tu notais qu’il était nécessaire de bien vérifier, à chaque percolation, les entrées de ce réglage alternatif : tu t’étais retrouvé avec un autre toi généré un mois après ta percolation. C’est l’autre toi, le plus frais, qui t’as buté. Il n’y avait pas eu de négociations. Juste des explications, des éclaircissements, pour aller un peu plus loin que toi. Et la remise de ce journal. Tu avais expliqué que les coups de couteau multiples donnaient des informations contradictoires. Tu avais demandé si, par conséquent, les douleurs s’annulaient. La réponse était non.

Souvenirs du percolé de frais : les cours d’histoire galactique, quand tu apprenais que le percolateur était une machine antique, plusieurs millions d’années d’améliorations, capable de durer beaucoup trop longtemps, y compris sans maintenance. Technologie reenienne, bien sûr. Sachant cela, sachant que l’éternité s’offrait à ton calvaire, tu étais surpris de la voir encore intacte. Pourquoi ne pas l’avoir détruite ? En fait, c’était simple : ceux parmi toi qui se désespéraient au point de se tuer ne songeaient qu’à leur souffrance immédiate et au moyen d’y échapper. Tu confirmais. Tu y voyais une forme révolutionnaire d’égoïsme. Au mieux, tu pouvais toujours programmer ta renaissance un peu plus tard, comme un châtiment : dix mille ans, cent mille ? Tu y as déjà pensé ; l’état de certains vaisseaux, à quelques kilomètres de ton camp, plaident pour cette conclusion.

Ton journal contient plusieurs pages de coordonnées, assorties de commentaires. Tu indiques les systèmes les plus riches en viandes. C’est ça, ton principal problème, ou ta principale planche de salut : si la machine manque de viandes, de tissus, bref, du nécessaire vital, tu ne peux pas être recomposé. Ou tu peux l’être, partiellement. Tu n’as pas envie de le savoir. Il te faut chercher des sources de chair pour continuer ton agonie. À propos : ne perds pas ton temps à chercher dans le voisinage de ce taudis, tu viens d’y passer une vie entière et il n’y a rien, les deux étoiles qui mènent la danse ici sont stériles. Tu t’es demandé si tu ne bluffais pas, parfois. Uniquement pour te rendre la tâche plus pénible. Tu es retourné une deuxième fois – au moins – explorer le système, par acquit de conscience. Tu n’as rien trouvé non plus.

Les Reeniens pourraient te trouver si tu t’aventures au mauvais endroit. Tu te dis que ton rapport avec le danger a un peu changé ces derniers temps, de toute façon. Tu te dis aussi que tes vaisseaux ne sont pas assez biens pour être considérés. Les Reeniens ne ferrent que les bâtiments qui en valent la peine. Tu te décidais à partir en expédition, car les réserves s’amenuisaient. Tu notais les coordonnées dans le journal, un toi antérieur te les recommandais chaudement. Tu laissais le journal sur la planète, il te semblait que c’était ce que tu devais faire – le journal était là avant ta percolation, et tu n’avais pas trouvé de corps. Pas de récent, du moins. Tu pensais revenir d’ici deux siècles, à peine plus vieux grâce à ton véhicule et à son module de cryogénisation. Tu réglais la génération alternative pour trois siècles, histoire d’avoir un peu de marge. Tu tombes seulement sur le journal, cela fait cinquante ans que tu as été percolé. D’autres toi sont sans doute passés à côté de ton petit carnet secret, car la machine à viande se porte à merveille : il n’est plus question de pénurie.

Tu t’interroges : la somme des récits de tes toi suffit-elle à former une expérience ? Es-tu légitime à agir ? Quand tu dis cela, c’est ton souhait de détruire la machine qui ressort, tu en es convaincu.

Tu penses qu’il existe une scission parmi toi : ceux qui utilisent le journal quand ils le trouvent et ceux qui refusent de l’utiliser. Différents éléments te mettent la puce à l’oreille, en premier lieu l’inventaire des denrées, famélique lors que les coordonnées ne manquent pas pour t’approvisionner. Tu es allé vérifier et les indications étaient bonnes. Où niches-tu, foutu obscurantiste ? Quelque part, imbécile, entre les ourlets râpeux de ton être en circuit court.

Les blessures par balles sont étonnantes : pas plus qu’une petite douleur sur le coup, un picotement sur la peau, et c’est dans les symptômes suivants que tu comprends ce qui t’arrive. Comme si l’air passait par des endroits préalablement clos de ton corps, ton sang qui coule. Bien sûr c’était un petit calibre, tu aimerais connaître la différence avec des armes lourdes. À d’autres endroits du corps. Mais tu n’avais que ça à disposition. Tu t’en excuses. Tu es rentré d’un voyage long, terriblement long. Six siècles, il te semble. Tu as ramené une quantité importante de ressources et, pire, l’envie de vivre. Tu as hésité à revenir au bercail, tu connaissais les risques que cela représentait. Mais ta place, ta place froide et de craie était à cet endroit : tu devrais régler le souci de l’autre toi en arrivant, ou dans les années à venir, mais en contrepartie, tu gagnais la paix jusqu’à tes vieux jours. Aucun autre endroit de la Galaxie ne t’offrait ce luxe. Les Reeniens quadrillent leur royaume à merveille. Tu ne sais pas trop ce qui a pu te donner goût à la survie. Le mérite, après une série de voyages éreintants ? Un caprice ? La peur de la mort ? Ne sois pas stupide. Un caprice, voilà ce que c’était : tu avais certainement tout ton temps pour un caprice ! L’ultime séjour de ce que tu fus – l’as-tu jamais été ? – il y a quelques éternités : une marotte, un but ! L’haleine consternante de l’espoir, il ne te manquait plus que ça ! Peut-être en fin de compte était-ce la rupture que tu cherchais, l’opposition. Rien de tel, pour te sentir véritable, que de t’inscrire en rupture avec ton propre charnier ! Des millénaires à considérer la mort comme l’unique espoir, et faites entrer l’original, celui pour qui la mort ne viendra pas ! Pas tout de suite. Pas selon le cycle ordinaire des choses. Mais les cycles se suivent, le sais-tu ? Tu n’es que l’original d’un temps donné, tu es celui qui se conformait il y a mille ans, et celui qui, puisque tu le décides, se conformera après ta mort. Tu contribues plus que jamais à l’éternité de ton supplice, pauvre fou ! Mène donc ta vie, regarde-toi te vider de ton sang, plusieurs balles dans le caisson ; tu étais soulagé d’avoir réglé si vite le cas de « l’autre », qui campait paisiblement sur ton monde. Evidemment tu devais te demander ce que représentaient ces munitions dans le corps, il fallait te le demander, parce que ce journal, comme une extension de ce foutu percolateur, a besoin de sa dose de viande. Tu t’es quand même achevé, tu trouvais l’agonie trop longue, tu souhaitais en finir avec ta propre intrusion, profiter de cette vie que tu avais décidé de mener jusqu’au bout. En observant ton cadavre tu te demandais sérieusement si la machine ne te rabougrissait pas avec les siècles. Tu savais qu’elle s’adaptait aux ressources en réserve, mais il était question ici d’autres choses que la fraîcheur de la venaison : un squelette plus tortueux, des membres plus au ras du sol… Ce n’était pas une évidence, juste un soupçon. Il faudrait voir au gré des siècles, mais tu n’avais aucun moyen de conserver des corps, sauf à les cryogéniser dans les vaisseaux ; c’était un mécanisme dans lequel tu ne souhaitais pas t’embarquer.

Tu penses qu’il serait préférable de fixer quelques règles, et surtout celle-ci : ne jamais être plus d’un à la fois. Tu utilisais pour te justifier l’argument des ressources gâchées par des percolations superposées, comme si l’idée, le petit frisson que représente la fin de tes réserves ne représentait pas l’unique sel de ton piètre passage sur cette terre informe.

Le percolateur disposait de suffisamment de ressources, mais tu souhaitais te distinguer en mourant petit à petit de faim, ainsi que l’avaient fait d’autres de tes « altruistes » – tu pouffes de rire en songeant à ce terme, tu crois que tu préfères encore quand tu te suicides d’entrée de jeux, indifférent à la somme des souffrances des percolations suivantes – qui revenaient d’expédition, le vaisseau rempli de denrées et de ton quasi cadavre, afin de ne surtout pas entamer l’inflammable de ta malédiction. Ton corps mort, dans certains cas précis, était plus utile à la cause que les lendemains misérables que tu t’offrais en consommant quelques kilos de barbaques. Donc, tu vivais de peu, pour cette fois, dans le refus de quitter la planète, car ta dépouille devrait vite être recyclée par la machine, ainsi le désirais-tu. Tu y étais : tu alimentais le cycle d’un peu de spiritualité.

Et puis tu t’es accordé une fantaisie : tu t’es percolé six fois d’affilée, pour avoir un peu de compagnie. Cette vie commune te convenait, sept fois plutôt qu’une. Pour quelques semaines, du moins. Tu es seul à présent. Tu ne sais trop que dire : les six autres n’ont pas eu le temps de témoigner de leurs plaies. Tu penses que tu n’es pas en mesure de te côtoyer.

Comme l’annexe de ton journal contenait une quantité phénoménale de données sur tes voyages antérieurs, tu as décidé de la faire disparaître. Tu as brûlé les coordonnées, les notes sur les points de collectes clefs, l’itinéraire des comptoirs clandestins… Tu craignais que tu n’arrives à terme à une forme de complétion et cela t’était insupportable. Réjouis-toi, toi qui découvrira ce journal après toi, et qui sera comme le premier percolé, convaincu de la sensualité de ses souvenirs par les pages vides de son journal !

Un grand vaisseau, visible au loin depuis le percolateur, est apparu ces dernières heures. Tu ne l’as pas vu se poser, tu dormais il te semble. Des traces de pas sont incrustées aux alentours de la machine, et prennent ensuite un chemin opposé au vaisseau. Les empreintes sont trop nombreuses et espacées pour un, deux ou trois toi. Bien sûr rien ne permet de dire qu’il s’agit de toi, mais la taille et la forme des pieds peuvent coller. Tu as eu peur d’avancer jusqu’au bâtiment mystérieux – pas très longtemps, juste ce qu’il faut pour que le souvenir de ton éternité te revienne – puis tu es allé voir. Il te paraît terriblement ancien, bien plus que n’importe quel bolide de ta collection. Tu n’es pas parvenu à y entrer. Aucun bruit dans les environs, pas plus de mouvements. La perspective de rencontrer tes visiteurs est excitante, mais, pour autant, tu conserves ton arme à portée de feu.

Tu t’es vu, qui d’autre était-ce que toi ? Tu t’es vu et tu as vomi, cette horreur qui avait perdu cinquante centimètres de hauteur, le dos parallèle au sol et cette tête qui était la tienne, mais sèche et jaune, cette horreur en trois exemplaires et les jambes arquées, les bras fins et qui tombent ; quelle était la recette ? Tu pouvais presque entendre les grincements des moindres articulations, les os entrechoqués par l’absence ou presque des tendons. Tu imaginais les organes à l’intérieur, réalisés avec des compromis, les poumons noirs et atrophiés, un cœur de percolation éphémère, un vide ou des insectes plutôt que les intestins. Tu n’étais plus que des moitiés. Que cherchais-tu, minoré ainsi ? Tu t’es senti profondément stupide, tu tremblais que cette nouvelle mouture ne soit désormais ton sort. Oui ! Tu t’inquiétais véritablement pour ton intégrité ! Tu t’es tué ; les trois, une balle chacun, comme on tue la vermine, et sans considération pour ton herbier, de crainte que tu ne te reconnaisses dans l’expression de ton sang.

Tu croyais en la formation d’une discipline de la percolation. L’un des éléments fondateurs à ton goût devait être le renouveau. La rupture. Tu étais heureux de lire que tu avais arraché les pages de coordonnées, c’était une idée formidable. Mais il fallait faire davantage. Aussi, tu as décidé de réécrire par-dessus le journal. Ce n’est pas comme s’il manquait de feuilles volantes. Bien sûr, tu as procédé à quelques arrangements. Tu invites tes toi prochains à en faire de même. Peut-être parviendras-tu à écrire puis détruire, de manière cyclique, les plus grands récits jamais produits par le vivant.

Percolé ce jour avec l’horizon en flammes : plusieurs vaisseaux sont carbonisés. Tu te demandes si cela, aussi, est compris dans ta doctrine. Tu te demandes, par ailleurs, si tu ne viens pas tout simplement de détruire ton empire à la faveur d’une percolation héroïque. Tu penses à un univers empli de ton toi désarticulé et tu frissonnes.

Tu viens de terminer la lecture du journal. La chute a fait office pour toi de désillusion. Tu crois ressentir la douleur qui est le socle de ton éternité. Tu avais une idée, et une certaine fièvre t’animait à l’idée de la mettre en œuvre. Tu étais passé à l’action très vite : tu avais vidé la machine à grands coups de percolations, et tu te tuais à peine sorti de la cuve. Rarement le temps de poser un pied dehors. Tu t’étais acharné à brûler les corps. La machine a cessé de produire des monstres, elle était complètement vide. Tu es désormais à la dernière étape : tu vas te tuer et c’en sera terminé, de ces absurdités. Tu as vécu une année supplémentaire, tiraillé. Tu as souvent eu envie de remplir le percolateur avec ton stock de nourriture, mais tu as tenu bon. Maintenant, tu n’as plus rien à manger. Tu es serein. La lecture de ce journal, la moisissure qui se dégage de son contenu t’ont donné un élan supplémentaire. Alors que tu plaques ton arme sur ton crâne, tu espères que ces pages maudites finiront par se désagréger sur la surface de ta planète morte.

Tu as trouvé tout de suite le journal.

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