Chapitre 2 - Invitation

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Mélody travaillait comme d'habitude sur les véhicules de ses clients, analysant chaque panne et réparant au mieux ces magnifiques machine qu'elle affectionnait tant. Après tout, elles étaient toujours bien plus sincères que les humains. Si elles ne fonctionnaient plus, c'est qu'il y avait un problème. Sinon, elles tournaient comme des horloges, c'était aussi simple que cela. Alors que chez les hommes, il y avait toujours des apparence à respecter, il fallait souvent montrer que tout allait bien alors que pas du tout. Les machines étaient bien plus faciles à comprendre.

La jeune mécanicienne s'extirpa de sous la voiture électrique qu'elle venait de réparer et essuya ses mains crasseuse dans un bout de chiffons. Il lui restait quelques soudures de carrosseries et un peu de polissage à faire avant de terminer sa journée. Elle ne s'en plaignait pas, toujours heureuse de chouchouter ses petites protégées.

Bien qu'elle travaillait seulement dans le garage de son père, Mélody était une passionnée de mécanique sous toutes ses formes. La jeune fille était capable de réparer n'importe quelle machine, de n'importe qu'elle marque, pourvut qu'on lui laissait carte blanche. Cela prenait parfois un peu de temps, mais cela en valait la peine, Mélody arrivait toujours au bout de ces casses têtes.

Alors qu'elle repositionnait ses lunettes de protection sur ses yeux et s'apprêtait à réaliser sa soudure, Simon, son père, pénétra dans le garage.

- Salut chérie, je suis rentré!

Simon avait dû s'absenter pour rencontrer des fournisseurs et revenait, le courrier entre les mains.

- Papa, arrête de m'appeler comme ça! protesta-t-elle. Tu sais pertinemment que je déteste les surnoms!

Son père haussa simplement les épaules avant de poursuivre:

- Ah! Ta soeur et toi venez enfin de recevoir votre invitation pour le bal! Je désespérais de les voir arriver.

- Ça tombe bien, repris la jeune femme, parce que je n'irais pas! J'ai encore du travail.

Simon détourna les yeux pour ne pas voir la lumière dégagée par l'arc électrique créé par le travail de sa fille, afin de ne pas se brûles les rétines. Sa voix se montrait pleine de remontrances.

- Mélody, enfin, tu ne peux pas passer ta vie avec seulement des machines! Je sais bien que c'est ce qui te plaît, mais il te faut voir du monde, et non t'enfermer ici!

Elle fit une pause dans son travail et releva ses lunettes sous ses cheveux bruns, puis planta son regard dans les yeux de son père.

- Mais je ne veux vraiment pas y aller! La soirée sera remplie de gamins pédants, de jeunes filles en chaleur devant le moindre bellâtre et les plus âgés seront seulement à la recherche du meilleur parti pour leur enfant. Alors à moins que tu ne compte sur moi pour compter les points, ma place n'est pas la bas.

La technicienne réajusta ses lunettes et repris son travail la ou elle l'avait terminé, croyant le débat clos. Pourtant, son père ajouta:

- Il faudra pourtant que tu y ailles, au moins pour accompagner ta sœur.

Léana avait trois ans de moins que sa sœur aînée mais elle était déjà en âge de se marier.

- Elle est bien assez grande pour y aller seule, intervint Mélody. Et puis au pire, tu n'as qu'à l'accompagner, toi.

- J'aurais bien aimé, mais je ne suis pas invité, répondit Simon. Et je serais bien plus rassuré si tu y vas avec elle. Vous n'êtes pas obligez de rentrer très tard, mais je suis certain que Léana sera heureuse de partager ce moment avec toi.

Malgré le grésillement produit pas l'arc électrique, Mélody entendit le ton suppliant de son père, à qui elle ne pouvait rien refuser. Depuis la mort de sa mère, quelques années plus tôt, Simon et ses filles étaient devenus très proches et veillaient étroitement les uns sur les autres. Elle termina son ouvrage et retira une ultime fois ses lunettes rondes, regardant son père dans les yeux.

- Très bien, soupira-t-elle en capitulant. J'irais avec Léana. Mais ne t'imagine pas nous voir revenir avec un mari, finit-elle par le taquiner.

- Il sera difficile de trouver un homme qui vous supporte l'une et l'autre, encore plus deux! dit-il en souriant. Je remonte annoncer la nouvelle à ta sœur, rejoins nous vite, il va te falloir te changer et te refaire une beauté!

Il s’éclipsa, remonta les escaliers qui donnait directement à l'appartement de la famille Pane, situé juste au dessus du garage.

Laissée à ses pensées, Mélody termina rapidement mais habilement son travail et rangea tout ses outils. Au bal du gouverneur, elle rencontrerait des personne de son âge mais provenant d'un tout autre milieu social, mais également des enfants issus de familles modestes, tout comme elle. Le mélange des genres promettait d'être intéressant, même si ce genre de réception ne l'enchantait guère. Se pomponner, s'habiller comme une Lady et en imiter les manière, très peu pour elle. Mais elle le faisait pour faire plaisir à son père, et surtout pour sa soeur.

Léana était bien plus féminine que sa sœur aînée. Elle avait voulut suivre les pas de sa mère et était serveuse dans un des plus grand restaurant du dôme, le Shift. La jeune femme côtoyait chaque jours les plus gros bonnets du pays et plus encore. Elle se laissait aller à rêver d'être une dame de la haute, à leur place, mais se contentait de faire son travail du mieux possible. Ce bal était ainsi l'occasion rêvée pour la jeune fille de jouer à la Lady et peut-être de se trouver un futur mari.

Mélody sourit en pensant à sa sœur virevoltant au bras des meilleurs partis du pays, mais se préparait à devoir lui annoncer la triste vérité; elles n'étaient pas assez bien nées pour prétendre à une telle union. L'aînée s'en fichait, bien plus à l'aise dans son garage, mais Léana était bien plus sensible. Il lui faudrait la ménager.

Elle termina de ranger ses outils puis se dirigea vers son appartement. Mélody pensait manger tranquillement avant de chercher une robe inexistante dans son placards, mais au moment même ou elle passa la porte, un ouragan de rubans et de tissus chatoyants s'acharna sur elle, l'emportant au fond de l'appartement.

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