Chapitre 1 - Altercation

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- Comment ça, vous ne pouvez pas le réparer avant demain soir? Et comment suis-je censé me rendre au bal du gouverneur, je vous le demande?

Le jeune homme frappait machinalement sa canne sur le sol pavé de l'atelier. Ses mains se crispaient sur le pommeau, faisant s'étirer le cuir de ses gants luxueux. - Vous pouvez en louer un, nous avons quelques adresses de nos partenaires, si vous le désirez, lui répondit la jeune fille en tentant de le calmer, le visage assombri de tâches de charbon.

- Beaucoup de fiacres ont été déposés avant le votre, ils sont donc prioritaires, monsieur. Je suis sincèrement désolée.

La pauvre mécanicienne tentait tant bien que mal de calmer son client, en vain. Elle réajusta machinalement ses lunettes de protection sur son front avant de finir de remplis les papiers pour la réparation.

- Vous pouvez être désolé, lui aboya-t-il à la figure. Vous avez de la chance d’être le dernier garage ouvert aujourd’hui, sinon j’irai directement ailleurs, et je ne vous parle pas de la mauvaise publicité que mes relations sont capables de vous faire!

Lysandre signa le bon de réparation et jeta les clés de son véhicule hybride dernier cri à la figure de la technicienne avant de s'éloigner en grommelant. Alors qu'il s’apprêtait à sortir du garage, il s'écria, plus pour lui même que pour la jeune fille:

- Vous ne savez pas qui je suis! Sinon, vous ne me traiteriez pas de la sorte!

Une fois ce désagréable client suffisamment loin, le sourire forcé par le professionnalisme de Mélody s’effaça instantanément. C'était exactement le genre de personne qu'elle détestait. Alors qu'il devait avoir vu le jour au sein d'une famille riche où importante, où les deux, il se croyait absolument tour permis, profitant de chaque instant pour faire savoir à tout un chacun qu'il leur serait toujours supérieur. Heureusement que Le gouverneur Bayron ne se comportait pas de la sorte, pensa-t-elle.

- Merci! dit-elle à contrecœur. Et passez une bonne soirée chez le gouverneur! continua-t-elle à mi-voix, une pointe de moquerie dans ces mots.

Le fils de Bayron se trouvait justement trop loin pour entendre ces dernières paroles. Lysandre héla un taxi pour rentrer chez lui afin de se préparer pour le bal. Il n'aurait pas eu l'utilité de son propre véhicule puisque la réception se déroulerait dans l'immense propriété de sa famille, mais il voulait faire chercher tout ses amis par son chauffeur personnel, afin de bien leur montrer à quel point il était bon et généreux. Une panne au mauvais moment lui avait fait revoir ses plans, et le manque de professionnalisme de la jeune femme n'aidait en rien.

Pendant le trajet, la tête appuyée contre la vitre, il repensa à son court échange avec la jeune fille. Elle aurait pu être jolie, si elle ne passait pas sa vie le nez au fond de machines en tout genre. Et puis pour qui elle se prenait? Il avait vu son regard excédé quand il avait commencer à s'énerver. Elle aurait du réparer son fiacre en priorité, car personne ne devait le faire attendre. Après tout, il était Lysandre Eudon, Son père, en plus d'être le gouverneur du dôme 348, possédait de nombreuse usine qui faisait travailler une énorme partie de la population! Même la jeune mécanicienne qu’il venait de rencontrer gagnait sa vie en réparant les machines de son père. Elle devait lui en être reconnaissante!

Mais Mélody ne l'avait pas reconnu. Tout ce qu'elle savait de Lysandre, c'est qu'il était un brillant jeune homme destiné à prendre un jour la place de son père. Elle ne regardait ni les écrans d'information, préférant les bons vieux journaux en papier recyclé, et ne savait donc pas à quoi ressemblait le garçon.

Lorsqu'il arriva chez lui, toute trace de cette altercation s’était évaporée de son esprit. Lysandre devait maintenant se préparer pour le grand bal. L’événement était donné en l'honneur du jeune homme, ainsi se devait-il d'être irréprochable. On ne pouvait y entrer que sur invitation, même si une grande partie du dôme était convié, surtout les jeunes filles.

Car le but était bien évidemment de trouver une future Madame Eudon, avant que Lysandre ne prenne ses fonctions de gouverneur. Outre la prestance sociale que d'être accompagné d'une jeune fille de bonne famille, cette dernière devenait indispensable afin d'offrir un héritier à cette importante famille. La tâche était donc capitale, bien que le procédé soit vieux comme le monde, digne des contes de fées les plus connus.

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