III . L'Aventurier Intrépide

11 minutes de lecture

 — Law ?
 Le jeune homme acquiesça, indulgent.
 — C’est mon nom.
 Law était allongé sur une table de saule au centre de la pièce et contemplait une représentation des constellations qui recouvrait la totalité des combles de notre gloriette. Celle-ci oscillait au grès des vents ascendants et descendants. Le plafond donnait sur une alvéole de vitraux qui laissait apprécier les lueurs de la nuit, pénétrer les rayons du soleil, contempler la formation des étoiles et étudier les cycles du ciel.
 Aliénor avait soulevé les équipements du jeune homme, dégagé son bliaud céruléen et retiré les nippes de son torse. Sa blessure était rebutante. Elle prenait naissance sur son flanc gauche et traversait son abdomen d’une veine anormalement large, terne et sinueuse. Le jeune aventurier haleta, contraint.
 — Ce n’était qu’une lésion infime, au début.
 Mais la simple marque s’était largement déversée sur l’épiderme. Elle en avait mordu une partie, brûlée la suivante et se propageait encore.
 Aliénor se hâta vers sa bibliothèque étourdissante, non de livres sinon de fioles. Elle classifiait précieusement les sels curatifs que nous élaborions et les ordonnait dans une rigueur vertigineuse parmi les quantités astronomiques d’étagères de chêne. Le visage enfoui derrière les flacons du quatrième carcan, elle articula.
 — Kalia, prépare une eau de troisième degré.
 Je m’exécutais, échangeant des yeux compatissants envers notre patient. Les bains du troisième degré représentaient les plus corrosifs pour le corps. Cependant, couplés aux sels mystiques d’Aliénor, ils se faisaient rédempteurs. Subsistait néanmoins notre effet de surprise. Celui dont n’osions proférer mot durant l’auscultation. Les rayons du soleil se concentraient sous les pilotis de notre gloriette durant le jour, happés par un miroir irisé qui les dirigeaient vers une cuve de rubidium et ce, jusqu’à ce que nous déployions ce bain singulier. Au mercure de notre thermomètre, nous savions si les eaux étaient opportunes. Aliénor empoigna précieusement sa fiole de sels mystiques et la déversa dans un conduit de jade. Elle affleura ensuite la table de saule sur laquelle reposait le jeune aventurier et, de ses deux yeux inquisiteurs, désigna son bas.
 — Tu devrais retirer tous tes équipements.
Law considéra cette suggestion avec scepticisme. Avant qu’il n’eût mot à dire, j’actionnais le mât de la table centrale et déployais notre « effet de surprise ». La table de saule se divisa dans sa largeur et s’entrouvrit sur un bain béant, vomissant une vapeur suffocante sur une kyrielle de bulles de chaleur. Law plongea malgré lui dans ces eaux du troisième degré.
 Son hurlement déchira la nuit.

҉

 Le jeune aventurier persista, des heures durant, à plaindre sa peau « cramoisie ». Il en avait élaboré une complainte très détaillée et peu avantageuse pour nos sels mystiques. Il est vrai que son corps brûlant avait rejeté une vapeur cotonneuse jusque sur son crâne et ce, de nombreuses minutes suivant son bain curatif. L’eau avait été excessivement bouillante. Néanmoins, sa lésion s’était bel et bien estompée de son abdomen. Réduite sur elle-même jusqu’à ce qu’elle se désagrège en cendres. Aliénor en préleva une escarbille qu’elle considéra savamment. Elle l’enferma dans une fiole et la porta sous l’alvéole de constellations de son laboratoire. Sa voix s’étiolait.
 — C’est une forme de mystique très ancienne. Antique. Comment est-ce possible ? C’est pourtant bien une forme astrale...
 Elle étudia cette énigme la nuit durant.
 Diligemment, je conduisis Law jusqu’à la plateforme d’observation des astres qui surplombait notre gloriette. Là, il serait soumis aux vents des mers et aux Notos qui soufflaient en permanence à cette altitude. Le soulagement de sa peau caressée par les airs eut le son d’une dépression gazéifiée. La vapeur fuyarde s’épaississait en une fumée blanchâtre tandis que son épiderme recouvrait une carnation adéquate. Il adossa son torse nu au pilier de bronze soutenant la plateforme d’observation puis se laissa choir au sol, ses cheveux blonds cendrés balayés par les vents. Devant nous s’étendait l’Océan Sélénite, ses vagues puissantes et son bleu profond. La naissance de l’aube dessinait des stries éclatantes à sa surface en peignant l’horizon et ses nuages paisibles de teintes rosâtres. Plus proche de nos plages, les plaques terrestres étaient creusées d’un demi-croissant de lune dans lequel les courants de l’océan venaient s’engouffrer et frapper les bas-reliefs : la Baie de Cysée. Puis par-delà les terres s’étendaient les plaines à perte de vue, étourdies d’une végétation sauvage et enivrées d’une flore merveilleuse. Prospéraient également nos cultures, douces et disciplinées, qui côtoyaient la fresque de nos marais salants. La brise de l’océan emplissait nos poumons en cette naissance de l’aube. Law souffla, songeur.
 — Alors, c’est ici que tu vis.
 J’acquiesçai.
 — Et toi, d’où viens-tu ?
 Le jeune aventurier considéra un instant de plus l’horizon. Ses yeux mordorés s’intensifiaient sous le soleil souverain. Il délia à nouveau ses lèvres.
 — Je viens de la Cité d’Elldell. D’ici, elle se trouve à plusieurs dizaines de jours de voyage, dans le centre du continent.
 Je l’observais, perplexe.
 — Alors, tu as fait tout ce voyage pour rencontrer Aliénor ?
 L’aventurier se crampa.
 — Pas seulement.
 Je m’interrompis, suspendue au silence tandis que Law braquait ses pupilles loin vers l’horizon. Ses yeux scintillaient.
 — Je suis en quête du Crépuscule.
 Sa voix martela mon esprit. J’articulai avec hébétude.
 — En quête du… Crépuscule ?
 Law contemplait l’océan majestueux s‘éveiller au jour. Puis il trancha.
 — Je veux devenir le prochain Roi.
 Le silence, balayé par le vent des mers, se saisit de nous de longs instants. Je n’entendais pas le sens de ses propos, ni la raison pour laquelle ils eurent tant d’impact dans mon esprit. Un orbe brûlant se formait sous ma glotte. Encore cette prescience. Celle de vouloir sillonner l’Atlas des terres explorées. Aussitôt, il poursuivit.
 — Les étoiles de la Cité d’Asphalte ont déjà réparti la nouvelle à travers les terres. Les vents la répandent encore jusqu’au-delà des mers. Le Crépuscule cherche son nouveau souverain.
 J’absorbai ses mots silencieusement. Puis songeuse, j’interrogeais.
 — La Cité d’Asphalte ? Je ne l’ai entendu que par des légendes.
 Law secoua la tête, indulgent.
 — Nous vivons des légendes. Et elles vivent à travers nous. Ici-bas, il n’en est pas une seule qui n’eut été réalité.
 À ces mots, il se redressa et pointa du doigt l’Océan Sélénite, éclatant à l’horizon.
 — Là-bas, à l’autre bout du monde, la Cité d’Asphalte nous appelle. Les étoiles nous guident dans la direction d’Opale, des Grottes d’Azur et des Déserts Arides, pour enfin atteindre les Portes du Crépuscule.
 À mon tour, je contemplais l’océan aux milles reflets. Puis dubitative, je jaugeais le bras de Law et la direction qu’il pointait de l’index. D’un mouvement ferme, je le réorientais dans la direction Nord-Ouest, vers les terres qui s’étendaient aussi loin qu’il fut possible de voir.
 — Tu voudrais plutôt dire par là-bas ?
 Il tomba un silence sourd sublimé par le cri d’une pervenche et le rire moqueur de la brise. Law blêmit en considérant cette nouvelle information.
 — Tu veux dire que je me suis trompé de direction ?!
 Je chassai mes yeux au ciel. Cette fois, son hurlement déchira l’aube.

҉


 Aux instants suivants, nous dévalions la plateforme d’observation des astres à allure ingambe pour nous retrancher dans l’atelier cartographique. Si nous avions quadrillé un Atlas des étoiles, Aliénor et moi-même possédions également une cartographie des terres. Je déployai la feuille vieillie de merisier géant sur laquelle j’avais tracé la mienne tandis que Law ânonnait.
 — Mais comment est-ce possible ! Tu en es sure ?
J’acquiesçais, formelle, en décachetant ma boussole.
 — C’est une carte du Continent. Nous l’avons tracé avec Aliénor, lorsque j’étais enfant. Les proportions sont exactes.
 Law appuya lourdement ses poings contre la table en alisier, aux deux extrémités du planisphère d’enfant. Il rehaussa son sourcil d’exaspération et balaya d’un regard irrité les illustrations candides qui égayaient, par crayonnés colorés, l’itinéraire précis qu’il devait rejoindre. Puis il délesta son crâne sourdement contre la nitescence du bois. D’une voix exsangue, il largua.
 — Je suis maudit.
 Son visage se rembrunit d’un accablement sans nom. Son corps lui-même ne semblait plus soutenir le poids de ses équipements.
 — Law ?
 Il émit un gémissement las et souffla une mèche de ses cheveux clairs venue saborder son visage.
 — Pourquoi souhaites-tu devenir Roi ?
 Cette question le raviva. Son regard devint ferme. Il se redressa hâtivement, gonflé de noblesse.
 — Je dois protéger la Cité d’Elldell ainsi que tous les autres bourgs de la carte. Les protéger du fléau qui les menace.
 Il s’adressait au loin, contemplant de deux yeux rivés les plaines et les champs qui prospéraient derrière l’oriel de notre atelier cartographique.
 — Le Roi du Crépuscule a le devoir de protéger la Cité d’Asphalte, et par là même toutes les autres bourgades. De la plus prospère à la plus recluse. Il doit maintenir les Portes du Crépuscule closes afin qu’elles ne déversent plus leur Chaos sur le monde.
 Attentive à sa voix trempée d’émotions, je scrutai son visage. Emporté d’hardiesse, il poursuivit.
 — Trop d’entre nous en ont subi les conséquences. La blessure que tu as vue sur mes flancs n’en était qu’une bribe.
 J’endiguai mon souffle en entendant ses mots. Puis il ajouta, absorbé par ses propres aspirations.
 — Il y a en chacun de nous cet attrait insatiable qui nous guidera jusqu’aux seuils de nos destins. Ce désir que nous pourchassons de tout notre être. Le mien est celui d’atteindre le Crépuscule et de devenir son Roi.
 L’écho de ses paroles émergeait de visions confuses dans mon esprit. Le visage de Sail affleura subitement mes tempes. Ses yeux rutilants s’éveillaient sur son sourire chaud. Les réminiscences de nos derniers instants sous la nouvelle lune du printemps déchirèrent ma glotte.
 — Law ?
 À nouveau, l’aventurier rehaussa les sourcils par-dessus son épaule.
 — Les légendes racontent que ce Roi est un point de contact entre le Monde des Vivants et le Royaume des Esprits.
 Le jeune aventurier hocha la tête savamment.
 — Alors penses-tu que ce Roi puisse voir ceux de l’au-delà ?
 — Probablement.
 — Qu’il puisse leur parler ?
 — Assurément.
 — Qu’il pourrait les faire revenir ?
 L’aventurier se crampa d’égarement. D’adrénaline, je réitérai.
 — Penses-tu que ce Roi puisse faire revenir un esprit ?
 Le silence chut dans la pièce aux multiples atlas. Des syllabes hâves s’égarèrent de ma gorge.
 — Car si c’était le cas… J’aurai moi aussi un désir à pourchasser de tout mon être.
 La mansarde aux cartographies sembla décontenancée par de pareils propos. Law abdiqua, d’une voix résolue.
 — Je l’ignore. Mais toutes les légendes sont vraies. Alors pourquoi ne pas y croire ?
 Il toisa la carte de merisier vieilli intensément.
  — D’ailleurs, je ne sais pas non plus lire cette carte.
 Subitement, l’aventurier écarquilla deux yeux ignés sur un sourire exaltant.
 — Tu n’as qu’à venir avec moi !
 Mon souffle se fractura dans mon thorax. Law poursuivit, extatique.
 — Si tu venais avec moi, tu trouverais la réponse. Je partirai à l’aube. Il te suffira d’interroger la nuit.
 Ces mots s’évanouirent dans les ombres.

҉

 Lorsque je regagnai le palier de la bibliothèque aux fioles, Aliénor s’était éveillée de ses recherches. Son regard se teignit d’opacité. Elle indiqua de son menton l’amas d’édredons épais étendus au sol et nous nous asseyions toutes deux, l’une près de l’autre. Nos yeux s’engorgèrent de larmes. Elle caressa une mèche de mes cheveux et la disciplina derrière mon oreille. D’une voix douce, elle murmura.
 — Tu te souviens de ce jour où nous avons cueilli des asters au sommet de la falaise ? Nous pouvions contempler l’océan, frapper si bas à nos pieds contre les récifs. C’était une après-midi d’automne. Tu étais une enfant.
 Elle se tut un instant.
 — Ce jour-là pourtant, je nous ai vues périr.
 Je demeurai silencieuse tandis qu’elle relâchait son souffle.
 — Au dernier point du jour, alors que les rayons du soleil s’échouaient derrière l’horizon, tu as été happée, fascinée par eux. Avant que tu ne te lances au vide, j’ai pu t’atteindre, attraper ta main, la serrer de toutes mes forces. C’est comme ça que je suis entrée dans tes yeux pour la première fois. Dans ta fascination, j’ai vu notre chute. Je nous ai vues nous étreindre, perdues dans l’effroi. J’ai senti les vagues titanesques nous engloutir avec férocité. Je nous ai vues nous écraser contre les récifs. Je nous ai vues nous perdre.
 Mon visage se tordit de troubles. Aliénor poursuivit, d’une voix étiolée.
 — Puis je me suis éveillée de cette illusion. Ton illusion. Tu avais vu l’avenir. Mais nous l’avions transformé. Toutes deux. Retenues l’une à l’autre. Tu ne t’étais pas livrée au Crépuscule. »
 Mes yeux s’embuèrent inexorablement. Elle haleta, absorbée.
 — J’ai compris ensuite que le Soleil exerçait cette fascination profonde, scellée en toi. Alors je l’ai étudié dans ses moindres mouvements, observé dans tous ses cycles, examiné à chacune de ses saisons. Mais je n’y suis pas parvenue. Je ne suis pas parvenue à desceller ce mystère. Je ne suis pas parvenue à trouver ce que tu cherches. Ce que Sail cherchait avec toi. Ce qu’il y a au fond de toi et qui te cause tant de tourment. Ce qui ne s’enfuira jamais de tes iris lorsqu’ils contemplent le Soleil, la Lune ou les Astres…
 Le silence sombra nos regrets tandis qu’Aliénor absorbait une profonde inspiration.
 — Mais peut-être, une fois de plus, parviendras-tu à le transformer. Le chemin sera long et dense. Tu devras te dépasser. Tu y parviendras. Tu me reviendras, Kalia. Promets-le-moi.
 Nous nous sommes étreintes jusqu’à ce que vibrent les premières étoiles.

 Cette nuit-là, je me rendis sur les plaines de haut-relief.
Hissée à la roche, agrippée le long de sa cascade glapissante, je m’étais élevée en amont du Lac Osas, au-delà des plateaux herbeux, à la rencontre des horizons, jusqu’à rejoindre Sail. J’interrogerai la nuit près de lui. Près de la Fleur de Neptune qui s’irradiait à chaque caresse.
 Inlassablement, je lui répétais les paroles de cette même après-midi.
 Inlassablement je l’interrogeais sur le chemin à suivre.
 Inlassablement les mots s’effaçaient dans la pénombre.
 Jusqu’à ce que perce l’aurore, radieuse et fervente. Les ombres disparaissaient furtivement à mes pieds. L’aube avait éclos. Le jour inondait placidement la Fleur de Neptune. Law s’était probablement déjà mis en route. Il partirait en direction d’Opale, la Cité des Roches. Un glorieux chemin l’attendrait là-bas, j’en étais certaine. Sa résolution n’avait pas d’égal. Pourtant, je demeurai frappée d’aphasie sous le scintillement gracieux du lac Osas. Le temps courrait son cycle, la faune diurne recouvrait son règne. C’était probablement mieux ainsi. Je ne causerai pas de disgrâce autour de moi.
 Soudain, il se décrocha. Frêle, illustre, libre. Un pétale de Neptune envolé aux vents. Mes pupilles se figèrent sur le précieux. Il était un fragment d’âme. Subitement, je m’élançai à sa poursuite, étendue sur la ligne de l’air et talonnant avec stupeur cette parcelle de vie. J’y noyais l’effroi de le perdre sous chaque enjambée. La réalité s’en fut dégorgée de toutes ses teintes. Le rythme de la vie sembla soudainement désamorcé. Ne subsistait que lui, ce pétale, fraction de vie, libre aux horizons. La stupeur me serrait la nuque. Dans l’excès de cette fièvre, je dardai mon bras et scellai le poing, sans apercevoir qu’il nous avait déjà transportés si loin.
 Lorsque je déployai ma main sur le pétale de Neptune, nous mordions les abords du plateau des hauts-reliefs. Là, présenté aux vertiges, s’étendait le paysage de nos vallées. Cysée.
 La réalité s’en fut soudainement rappelée à la cadence diurne et au déferlement de ses fragrances. Je discernai les plaines à nos pieds jusqu’aux terres qui disparaissaient à l’horizon, aussi loin qu’il fut possible de voir. Puis je contemplais le précieux fragment lové au creux de ma main. Sail. Je rabattis les paupières en apaisant les soubresauts de mon cœur. Tu m’as répondu. J’étendis mes bras à leurs apogées et gonflai mon buste de l’air pur des plateaux herbeux en accueillant la caresse du soleil. Puis j’étirai mon corps vers les reliefs des contrebas. Au bord de ces plateaux, surplombant les vertiges de la vallée, je m’en remettais à la Bise. Fougueuse, libre. Emmène-moi courir les vents.
 Je basculai doucement en regardant le ciel.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Caroline Ph ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0