Chapitre 2 La requête du Doyen p3

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Nemeth…

Le cœur de Vellin avait bondi dans sa poitrine en voyant le jeune femme dans la pièce. Malgré leur rupture un mois auparavant, Vellin en demeurait encore fou amoureux. Nemeth appartenait aussi à la même promotion que Vellin. Elle faisait également partie des premiers enfants issus des anciennes Cités Libres à pouvoir s’engager chez les magistères. Son parcours avait été semé d’embuches. Facilement identifiable par sa peau claire, son nez droit et ses cheveux châtain doré, elle avait subi la cruauté de nombreux élèves et professeurs au cours des années d’enseignements. Mais sa motivation en restait intacte. Mieux, les difficultés n’avaient fait que consolider son mental et accroitre sa volonté. Elle en gardait toutefois une étrange haine de ses origines, que Vellin peinait à comprendre, ainsi qu’un amour absolu pour la Reine Semira. Sa place au sein de la Maison des Cultes s’imposait de lui-même.

Les relations entre individus de différentes Maisons étaient tolérées tant qu’elles ne nuisaient pas aux implications de leurs membres. Leur histoire avait duré le temps des trois dernières années, et puis Nemeth avait brusquement rompu. Leurs ambitions avaient fini par diverger…

La blessure dans le cœur de Vellin saignait encore de cette rupture, et voir la jeune femme venait de rouvrir un peu plus la plaie.

Lorsque Vellin eut fini de s’installer, le Doyen se racla la gorge afin de gagner l’attention, puis il reprit ses explications.

- Je disais donc que vous allez devoir vous rendre à la colonie du Drull, à la frontière des Terres Sauvages. Une fois là-bas Maitre Eloas, ce sera alors à vous de rentrer en contact avec le capitaine Tithus afin de planifier la suite de la mission.

Le Maitre tout de blanc vêtu se fendit d’un sourire affable.

- Mais certainement Monseigneur.

- Pour ce qui est du voyage, je vous rappelle qu’il est primordial que vous soyez le plus discret possible, votre mission ne doit pas s’ébruiter, continua le vieil homme. Pour cela vous voyagerez par voie conventionnelle. Des places vous seront réservées dans le cortège de la prochaine Grande Caravane, qui repart Ircania dans cinq jours. Ainsi, vous n'aurez pas trop à vous préoccuper de la sécurité, Maître Abthonas, car elle sera assurée par les caravaniers. Je vous fournis néanmoins dix Myrmhides, parmi nos soldats les plus aguerris, pour vous accompagner. Cela vous convient-il, Maitre Abthonas ?

- Très bien Monseigneur, répondit le mage guerrier, sa main jouant nerveusement avec le pommeau de son épée, visiblement contrarié par cette décision. Ce sera bien plus que nécessaire.

- Pour ce qui est de votre mission, de manière officielle j’entends et Maitre Aseph vous le confirmera aussi, nous avons convenu que vous soyez des Maitres Magistères envoyés à la frontière afin de porter main-forte au développement de nos chères colonies et également en vue d’en apprendre plus sur les tribus locales de Sylvestres.

D’un geste de main, il invita la dame en noir à prendre la parole. Elle poursuivit, les yeux toujours rivés sur ses notes.

- C’est exact. Notre Reine insiste sur l’importance de s’en tenir à la version officielle. Les tribus Sylvestres de la forêt de Rultis posent de gros problèmes de sécurité à nos colons et interfèrent avec la prospection de minerais et de bois nobles. Ainsi notre présence à Drull ne devrait pas trop alerter les sympathisants de Tyr.

Vellin se tortillait sur son inconfortable chaise en bois et tâcha de remettre de l’ordre dans ses pensées face au flot d’informations.

Il s’agit donc d’une mission impliquant l’ensemble des Maisons. S’ils tiennent tant à garder l’objectif secret, l’enjeu doit être des plus important. Maudit suis-je, moi et ma foutue habitude d’être en retard !

Et que vient donc faire ce Tyr dans cette histoire ? Je croyais qu’il n’était qu’un rebelle sans importance, une simple épine dans le gigantesque pied de l’empire. Ce pourrait-il que les choses aillent plus mal que l’on pense dans les villes de l’Ouest ?

- Vous avez été sélectionné pour la toute confiance que je vous porte, reprit le Doyen. Et il en va de même pour vous et vos apprentis, ajouta-t-il, en regardant tour à tour chacune des personnes présente dans la pièce. Mais il va sans dire que cette confiance à un prix. Si cette mission venait à s’ébruiter, vous seriez tous soupçonnés de haute trahison. J’espère que vous en mesurez les conséquences.

Ils hochèrent la tête en silence. Tous le savaient, trahir la reine équivalait à un sort pire que la mort. L’exemple récent de Denatrius, un magistère suspecté de fournir des informations aux renégats de Tyr restait encore frais dans les mémoires. L’homme avait agonisé à la vue de tous pendant des jours, crucifié sur le grand obélisque central d’Ircania et maintenu en vie par l’unique volonté de la magie. On disait que seul l’intervention nocturne de quelques sympathisants avait permis la fin de son calvaire.

Mon destin est donc lié à présent à celui des autres personnes présentent dans cette salle. Notre succès me placerait en bonne position pour devenir un Maitre, mais dans le cas contraire, il est peu probable que la Reine ne tolère le moindre échec… Et encore faut-il que je sache ce qu’elle attend de nous !

Ce fut de la bouche du Doyen que prirent fin quelques instants plus tard, les interrogations de Vellin.

- Si les choses sont bien claires pour tout le monde, je vais alors vous laissez vous préparer. Le départ étant prévu pour dans cinq jours, je gage que vous aillez encore beaucoup de préparatifs à accomplir. Après tout, ce n’est quand même pas tous les jours que l’on se lance à la recherche d’un prétendu Dieu.

Chers Maitres, je vous reconvoquerez ultérieurement afin d’approfondir individuellement vos prérogatives spécifiques. Il est préférable que certaines informations demeurent confidentielles. N’y voyez pas un manque de confiance, mais plutôt une mesure de sécurité supplémentaire.

Ce sera tout. Vous pouvez disposer.

Cette dernière révélation laissa Vellin coite, ses bras ballants stupidement le long de son corps alors que tous se levaient déjà autour de lui.

Par le Néant, est-ce une plaisanterie ? Retrouver un Dieu !?

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