La Masse

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Matin brumeux, horizon sombre sous la clarté des lampadaires. La rue s’éveille peu à peu, la masse de personne s’extirpant progressivement de la torpeur naturelle. Le ton maussade, elles se saluent par convention, grimaçant douloureusement un simili de souvenir. Figure étrangement humaine que le début d’une journée de travail, tellement humaine qu’elle en est intemporelle, hors du temps malgré les différences de masse et la diversité de celles-ci. Femmes et hommes se confondent aux débuts, même foulée, même esprit maussade, même difficulté à émuler les obligations sociétales. D’un point de vu élevé, cette fourmilière pourrait proposer un ensemble chatoyant de couleur ; il n’en est aucunement le cas, l’état des individus s’amalgamant au sein de cette masse devient si importante qu’il englobe tout, changeant toutes perceptions, odeur, apparence, aura… Au lieu d’observer plusieurs singuliers c’est un marécage rance, terne, les crânes, lorsqu’ils ne sont pas couverts de feutre, laissent apparaître la pilosité capillaire qui malgré des soins répétés ne ressemble qu’à des mauvaises herbes malades. Au niveau du sol, nul ne regarde devant soi à proprement parler, chacun vise un pavé plus ou moins distant afin d’organiser son parcours, évitant au mieux ses congénères. Nul regard vers le ciel, le brouillard obstrue la vision est leur pensée, vissant alors leur être à leur condition terrestre et à leur état d’âme pauvrement utile.

L’amour du prochain… Surement le principe le plus rappelé par la masse mais aussi le plus gros sarcasme de la société. Lorsqu’on y appartient « l’autre » n’est qu’un dégénéré soit trop chanceux pour qu’on soit à son niveau soit trop stupide pour ne pas avoir être nivelé au notre. Si ce principe était seul, il serait appliqué, cependant elle ne peut miner et ruiner l’essence de l’humanité avec un atout si faiblard.

Non, son vrai tour de force a été de créer l’idée de principe dans sa globalité, de faire l’égérie d’une homogénéisation des mœurs et pensées, mais de surcroit en laissant croire à la liberté. En effet, s’appliquer des principes n’est rien de plus humain. Une personne va se fixer une conduite mais cela après une expérience, quel qu’en soi le dénouement, à ce titre on ne peut être « bourré de principe » comme de nos jours étant donné que l’on ne peut tout vivre. C’est cela qui différencie les personnes des gens, l’un est principalement son expérience, l’autre est profondément la leur.

On peut croire qu’elle s’est initiée durant nos premiers regroupement, s’imposant telle « la » solution ; mais est-ce réellement ainsi qu’elle est arrivée ? Question judicieuse lors de nos premiers âges, dorénavant c’est un questionnement stérile du fait qu’une pincée de personne ont conscience de sa présence et qu’une pincée de celles-ci a choisi de la fuir. On ne peut en sortir me dira t on mais il n’est pas bien compliqué d’effacer une variable d’une banque de donnée où seuls les plus gros chiffres comptent. Alors un ou deux de moins, tout n’est qu’une question d’organisation…

Il tout de même étonnant d’observer une forme de résistance vis-à-vis d’elle alors qu’elle a assujettie le reste du monde à coup de religion, science et gouvernement. Si vous qui lisez ces mots ne voyez pas de quoi il s’agit cela est la meilleure preuve de votre soumission, volontaire ou non. Un petit indice pour comprendre ces lignes, l’intégration forcée des principes qui n’ont pas lieu d’exister est l’une des chaines qui entravent votre liberté d’existence.

Reste à savoir si son fonctionnement peut cesser ou non

Partie 2

Si je devais la comparer à un système lui étant semblable ce serait à un parasite. Elle a tout d’abord « infecté » un groupe qui sous son égide s’est amplifié et a traqué de nouveaux adhérents jusqu’à avoir suffisamment de force pour affronter des groupes encore libres. Commençant par les moins bien préparé, elle joua d’une chance insolente pour ne pas tomber sur un adversaire pouvant l’écraser dans l’œuf. Le pire, mais le plus probable, est qu’elle a surement séduit ses plus gros concurrents qui se sont ralliés à elle sans se débattre. Ainsi, elle instaura un roulement dans la vie de ses captif ignorants, d’abord l’un ou une très faible partie d’entre eux devenait de violent oppresseurs afin d’extraire le suc même de la vie des autres, puis tel la sécurité d’une cocotte-minute, elle laissait s’évacuer la pression en permettant un changement où un plus grand nombre (restant toujours une petite partie mais « choisie » par les autres, elle fait preuve d’une perversité sans nom tout de même) prendrait les rênes. Ensuite elle s’arrange pour créer des conflits aboutissant à la remise en place de la première situation et la boucle est bouclée à l’infinie. Grâce à cette méthode elle a étendu les liens de son emprise au travers des terres et des mers, mais le plus beau (de son point de vu) à travers l’esprit des humains qui jamais plus ne se risqueront à vouloir sortir de la boucle.

Fait pour le moins amusant lorsque l’on est un observateur cynique est la tendance que ces êtres, frustrés astralement (il faut au moins qu’ils le soient sur un autre plan pour ne pas s’en rendre compte !) de s’être laissé piéger, répète sur le congénère la privation barbare du droit d’exister par soi-même, c’est pourquoi il s’est succédé d’abord l’esclavagisme actif et établi puis ensuite (car oh lala ce n’est vraiment pas bien l’esclavagisme) l’exploitation physique et morale au travail, très très différente du premier et tellement meilleure.

Aujourd’hui, comme dirait un certain Smith d’un certain scénario, « elle est partout, elle est notre ennemi. Quand on est à l’intérieur, que voit-on ? des hommes d’affaires, des professeurs, des avocats, des charpentiers... en attendant ils font tous partie de ce système. Certains sont si dépendant d’elle qu’ils se battraient pour la protéger ». En effet elle partout et ne peut plus s’approvisionner ou se renouveler en matière totalement nouvelle, elle laisse donc l’humain macérer dans cet atmosphère vicié continuellement. En outre, il n’y a plus d’opposant dans notre monde donc plus de véritable activité. Alors, la macération aidant, les conflits éclatent à l’intérieur pour savoir qui la défend le mieux, chaque groupe scandant que lui seul la protège. C’est ainsi qu’elle s’installe confortablement dans son hégémonie, vampirisant ses captifs comme s’il s’agissait d’une taxe sur l’existence à laquelle chacun consent tacitement.

Le plus amusant maintenant est qu’elle se croit tellement supérieur à ceux qui dépendent d’elle qu’elle est désormais certaine d’en être détachée. Elle oublie que l’existence d’un parasite dépend de celle de son hôte, en dotant l’humanité de moyen de se détruire conflictuellement elle n’a pas pris gare à les limiter sur le plan de la guerre, elle (l’humanité) a donc le moyen de se détruire et conséquemment, de la détruire. Mais tout ceci n’arrivera pas, n’est-ce pas ?

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