Nicolas Casta (54)

16 minutes de lecture

Dimanche 24 avril, 13h.

Il nous a dit de pas bouger. Mais je me sens chaud, et mal à l'aise, et chaud, et brûlant, et mal à l'aise. Mais je trouve que mes mains sont très bien où elles sont. Alors je les y laisse

  • On va vraiment rester dans cette position tout l’temps qu'il fasse son p'tit tour ? rit Duncan en bougeant un peu sur mes hanches pour mieux se caler.
  • S'il en a que pour une minute… j’hésite en me mordillant la lèvre.

Son pouce vient la toucher pour me faire arrêter alors qu'il continue à sourire.

  • Mais s'il en a pour trente…
  • Ça te musclera, je souris en coin.
  • Pas toi par contre, hein ?
  • Moi ça va. Tu me tiens chaud...

Il roule des yeux en riant encore.

  • Tu peux bouger si tu veux, je finis par souffler, mais mes mains refusent de le lâcher.

C'est pas souvent que je peux le toucher comme ça.

  • Tu crois qu’ça le dérangera pour son dessin ? T'as pas l'air d’vouloir me voir bouger.

Je hausse les épaules.

  • Je pense que ça pourrait le déranger, ouais...

La bonne excuse. Arrête de t'attacher à un hétéro Nico.

  • Bon. J’bouge pas alors.
  • Ça vaut mieux si tu veux un dessin réussi. Tu préférerais avoir celui qu'il m'a donné ? Ça fait moins... Tu vois. Ça fait un peu plus potes.
  • Il t’l'a pas donné. Il était à moi. Tu m’l'as volé.
  • Ouais, ouais... Non ! je réagis d'un coup. Tu me l'as donné ! je m'offusque. Tu veux le récupérer alors ?
  • Nan c'est bon. C'est pas parce que c’ui là s’ra plus réussi que t'as le droit de m’le voler aussi.

Il s'appuie sur une main le temps de me mettre une pichenette sur la joue.

  • N'importe quoi ! je ris en fermant les yeux.

Je les rouvre sur lui. Il a les yeux gris. Les gens disent que ça lui donne un air froid mais moi je trouve qu'au contraire il arrive à y mettre beaucoup de chaleur.

  • Tu prendras celui que tu veux alors. Je récupérerai l'autre. Je suis trop sympa.
  • Ça marche. Mais c'est pas parc’que t'es trop sympa, c'est parc’que ca doit se passer comme ça, il fait en me tirant rapidement la langue.

J'ai envie de l'attraper. Je sens le réflexe arriver et je me mords encore la lèvre.

  • N'importe quoi, je répète, décontenancé.

Son pouce revient tirer sur le haut de mon menton pour me faire lâcher ma lèvre de mes dents.

  • Tu me l'as volé. Tu veux plus m'le rendre !
  • Tu m'as mis un message trop mignon dessus, c'est comme une obligation de le garder, je souffle.

Il roule des yeux en souriant un peu au dessus de moi.

  • Je suis allé à l'infirmerie seul ce matin. J'y suis arrivé, je confie.

Son regard se fixe tout de suite à nouveau sur mes yeux.

  • T'avais un problème ? Tu d’vais pas y retourner si tôt normalement, si ? Non ?
  • J'avais un peu mal. Il m'a retiré des fils.

Ses sourcils se froncent, j'ai l'impression qu'il éloigne un peu sa tête pour avoir une meilleure vue sur moi.

  • Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
  • Rien... C'est juste, je voulais juste... Te dire que j'avais réussi à y aller...

Je mords encore ma lèvre et il recommence à l'enlever avec son doigt.

  • Mais t’sais pas pourquoi ça te faisait mal ? Ça a réussi à s'infecter si vite ?! C'est à cause d’la visite de l'autre jour ?!
  • Non... Non, c'était...

J'aurais jamais dû lui en parler. Il a l'air inquiet, d'un coup. Sa voix est plus faible.

  • C'était quoi ?
  • Je pensais juste que tu serais fier...

Je me décompose. Merde. Il va me détester ?

  • Non, c'est, je suis fier.

Il réussit à s'enlever de la prison que formaient mes bras et s'assoit sur mon bassin.

  • Mais qu'est ce qu'il s'est passé pour que ça te fasse mal ? C'est parce qu'il avait pas pris ses précautions la dernière fois, l'infirmier ?

Son visage est plus rouge lorsqu'il dit ça. L'idée a l'air de l'énerver.

  • Non. C'est, tu connais Duncan. Tu connais la prison. C'est normal.
  • Je comprends pas, il souffle.
  • Ça a recommencé…
  • RECOMMENCÉ ?! il se relève aussi vite sur ses pieds. CE CONNARD DE BECKETT ?! ALORS QUE T'ÉTAIS MAL ET EN CELLULE ?! J'vais l'défoncer.

Il prend déjà son tee-shirt sur le bout du lit de Dan.

  • Arrête, Duncan arrête !

Je me lève aussi d'un coup.

  • Ça va maintenant ! C'était pas lui d'accord ?!

Il se fixe sur ses pieds et tourne la tête vers moi. Il a l'air furieux.

  • Comment ça c'était pas lui ?

Je me recule d'un coup.

  • Y a pas que lui. Tu le savais pas ?
  • Qui ?! Il, putain !
  • Calme-toi… je supplie. J'aurais pas dû te parler de ça… je dis plus pour moi-même. Maintenant tu recommences, tu me fais peur... Je veux pas que tu t'énerves, je veux que tu sois... Content…
  • CONTENT QUE DES CONNARDS ABUSENT DE TOI ?!

Je me retrouve collé au mur à force de reculer.

  • Je sais ce que tu penses. Je suis trop faible pour me défendre.

Il secoue fort la tête, j'ai l'impression qu'il va se l'arracher.

  • Je pense que c'est des putains de gros connards de... ! il souffle fort en fermant les yeux, puis une fois qu'il commence à se calmer il approche de moi. Qui ? il répète quand il est à moins d'un mètre.

Je baisse les yeux aussitôt.

  • J'ai pas le droit de le dire.

Sa main vient prendre mon menton pour relever ma tête et alors je le vois froncer les sourcils.

  • Pas le droit ? C'est un putain d’surveillant ?!
  • N-, co, non... Laisse tomber Duncan... Laisse tomber ça... Je vais bien…
  • Putain Nicolas, quand est-c'que tu vas comprendre qu'on est là pour ton bien ?! Parle-nous bordel !
  • Je sais, d'accord ? Je sais. Mais y'a des trucs contre lesquels même toi tu peux rien. Alors... Juste sois... Sois content, je préfère vraiment quand t'es content…
  • Dis-moi qui c'est... il me murmure en laissant sa tête approcher, son front vient s'appuyer au mien.

Je ressens tout un tas de trucs mélangés. Je passe les bras autour de sa nuque, comme dans le lit. Je secoue doucement la tête.

  • S'il te plaît... Dis-moi…
  • Je peux pas… je chuchote. Tu ferais quoi si je te le disais ?
  • Dis-le moi Nicolas…
  • Tu ferais quoi ?

Son corps se rapproche d'un pas.

  • Tu sais ce que je ferais. S'il te plaît.
  • Tu te mettrais en danger juste pour moi ?
  • Peut-être.

Ses mains se posent sur le mur de chaque côté de mon corps.

  • Pas juste pour toi. Pour toi. Dis-moi.
  • Alors raison de plus pour pas te le dire... Je veux pas que tu prennes de risques pour moi. Je m'en voudrais.
  • Nicolas. Dis-moi qui c'est.

Je secoue encore la tête et je l'attire contre moi. J'enfouis mon visage contre son cou. Ses mains glissent dans le creux de mon dos et il me serre en soupirant fort. Ça fait du bien. Ça fait longtemps que je me suis pas laissé aller comme ça. Je me sens entouré et protégé. Je fais toujours tout pour pas ressentir ça mais là j'en ai besoin... Et si ça peut aussi lui permettre d'oublier.

  • Qu'est-ce qu'il en a dit, l'infirmier ? C'était pas trop moche ?
  • Ça allait.

Ma voix est un peu étouffée par sa peau.

  • Il a enlevé des fils qui servaient plus à rien, mais c'était déjà bien cicatrisé.
  • C'était deux semaines normalement, il grogne en me serrant beaucoup plus fort, mes talons se décollent un peu du sol.
  • Ouais. Je sais. C'était par précautions. Mais ça va. Il m'a dit de revenir la semaine prochaine pour enlever le reste si ça tombe pas tout seul.
  • Je suis content que t'y sois allé de toi-même.
  • Merci.

Je souris. Ses mains frottent mon dos puis il fait mine de s'éloigner. Je veux pas. Je m'accroche à lui, on s'éloigne du mur tous les deux.

  • Qu'est-ce que tu fais ? il me lance.
  • Je sais pas.
  • On va pas sur le lit ?
  • Oh. J'ai cru... Non rien. Ouais sur le lit, je le lâche finalement.

Et je me sens exactement comme je le pensais. Vide. Lui il fait passer son tee-shirt par dessus sa tête et ça me laisse le temps d'entrevoir son torse musclé où ses tétons pointent légèrement. Il pose ensuite son habit là où il était précédemment. Moi je me rallonge sur le dos, toujours torse nu. Il grimpe comme un félin sur le lit avec un air un peu coquin - mais amusé. Puis il rampe par dessus mon corps pour reprendre sa position.

  • C'est bizarre, je chuchote avec un petit rire.

Il hausse les épaules.

  • C'est Dan.
  • Mais il est pas là…
  • Ah. Je croyais, de quoi tu parles ?
  • On était pas obligés de s'y remettre tout de suite…
  • Oh.

Du coup il se relève et il va s'asseoir plus loin.

  • Ok.
  • Mais je voulais pas que tu partes...

Son sourcil se relève.

  • J’croyais que c'est toi qui disais on est pas obligé de s'y remettre maintenant, il fait en croisant les bras sur sa poitrine.
  • Non, je voulais juste dire tu vois... Qu'on en avait pas besoin mais... J'avais envie. Reviens...

Il me scrute un moment, puis il soupire en souriant à la fois. Et il revient en marchant à quatre pattes pour être au-dessus de moi, avec une pichenette sur mon ventre au passage. Je tends mes abdos et ris.

  • On a même pas regardé comment était son dessin, il me fait remarquer en s'asseyant en plein sur mes hanches.
  • On aura la surprise, c'est bien aussi.

Je pose les mains sur sa taille par réflexe et il me répond d'une vague des sourcils.

  • On devrait être payés pour poser comme ça.
  • C'est clair. Mais comme il le fait parce que Monsieur voulait un joli dessin… je ris.
  • J'ai pas dit que je voulais du porno sur papier non plus !
  • T'aimes pas le porno sur papier ?
  • Là je suis dans le porno, il se marre.
  • T'aimes pas ça alors ?

Je ris aussi en bougeant sous lui pour mimer l'acte. Un sourire s'affiche sur son visage quand il me regarde faire, mains sur mon torse sans bouger pour sa part.

  • Nan ? Si ?

Je fais une moue provocante.

  • On dirait qu'à toi ça te plait, il murmure, le regard plongé dans le mien.

Je garde les yeux mi-clos, le regardant entre mes cils.

  • Bien sûr que ça me plaît. Un mec canon sur moi, que rêver de plus ?

Duncan fait un petit sourire en coin en regardant mon torse, puis il hausse les épaules en tapotant dessus avec ses doigts.

  • Quoi ? À quoi tu penses ?
  • Je sais pas. Je sais pas ce dont tu pourrais rêver de plus.

Je le regarde de biais.

  • Rien.

Je souris. J'oserais même pas rêver de quoi que ce soit. Je suis content de ce qu'il me donne, de l'attention qu'il me porte. Alors que je l'observe encore et que lui a les yeux rivés sur mon nombril, la porte se rouvre lentement sur Jordan.

  • Vous avez pas bougé j'espère, il se marre.
  • Pas d'un poil, répond Duncan en me donnant un coup de bassin malicieux avant de se recoucher par dessus moi.

Ça me ferait presque bander. Et mieux vaut que j'évite.

  • Tes mains autour de sa nuque Nico...

Duncan se dandine encore pour être mieux positionné puis il attend, les yeux sur mon visage. Qu'il arrête de bouger, pitié... Je passe les bras autour de lui.

  • C'est bon ? il demande à Dan, puis d'un coup sa tête descend sur moi et il pose un rapide baiser sur ma joue avant de se replacer.

Je papillonne des yeux. Pourquoi il fait ça ? Ça va me donner des signaux...

  • Ouais, c'est bon, répond Twist. Bougez plus.
  • À vos ordres chef, ricane le brun sur moi.

Je caresse sa nuque du bout des doigts, distraitement. Et il frissonne. Ça me surprend un peu ; pas tant que ça en fait. C'est normal d'aimer le contact humain quand on est en taule. Je continue, amusé. Il me fixe en plissant les yeux, puis il montre les dents comme un chien.

  • Quoi ? je chuchote en riant.

Duncan gigote pour m'embêter.

  • T'as fini de me tripoter ? il murmure.
  • Jamais, je susurre.

Je me demande jusqu'où il me laisserait aller. Merde. Je commence à bander. Lui ça le fait marrer. Je vois bien qu'il essaye de pas trop bouger quand même, mais il finit par secouer la tête en souriant. Il continue tout légèrement ses mouvements de bassin de droite à gauche et ça me fait presque bouger sur le lit tant il a de force.

  • Jamais ?
  • Jamais.
  • Mes bras commencent à fatiguer, Dan !
  • Ouais ouais, j'ai bientôt fini… répond l'autre d'un air nonchalant.
  • T'en mets un temps, grogne mon grand brun qui me surplombe.
  • Je fais pas du tout exprès, ricane Twist.

Ok, s'il arrête de bouger maintenant il remarquera rien. Sa tête se tourne vers Jordan pour le regarder, ou plutôt lui envoyer un regard bizarre. Lui hausse un sourcil. Et le brun bouge encore sur moi. Bon sang. Il a remarqué ou pas ?

  • Bon, t'as fini là… je commence en essayant de me redresser.

Les yeux de Duncan reviennent aussitôt sur moi, main plaquée sur mon torse.

  • Quoi, t'es pressé maint'nant ?

Je baisse les yeux en rougissant. Je veux pas qu'il sente ça. Ça le dégoûterait.

  • Tu l'as dit toi-même, t'as mal aux bras à force…
  • T'as fini Dan ? Il est parfait’ment fini ?
  • Il sera pas fini avant des heures, là je fais toutes les esquisses que je peux faire qu'en vous regardant.

Duncan se redresse juste en me laissant prisonnier.

  • Ouais, mais c'est fini ça ?
  • Pas tout à fait...

Dan a l'air d'hésiter.

Là, c'est sûr, il a remarqué. Il peut toujours croire que, que j'ai un truc dans ma poche… D'ailleurs ses yeux tournent lentement vers moi, il me regarde de mon nombril à mon visage, d'un air indéfinissable. Et après ce qui me semble être une éternité, il se penche à nouveau.

  • Je veux un beau dessin. C'est ok de continuer un peu ? il me demande en attrapant mon bras pour le replacer de lui-même.

J'avale difficilement ma salive.

  • Ouais... Juste, juste un peu...

Je resserre mon emprise autour de sa nuque pour me donner contenance. On se place bien. Pendant plusieurs minutes que dure le dessin, on entend seulement des coups de crayons, si bien que j'ai l'impression que Duncan s'est rendu compte de rien. Enfin, jusqu'à ce qu'il ouvre à nouveau la bouche pour chuchoter tout près de mon oreille.

  • Je suis sûr que là, t'aurais bien aimé avoir quelque chose en échange de la fellation que tu me promets.

Je rougis d'un coup et mes yeux s'agrandissent. Je les baisse, ce qui me donne une super vue sur son torse. Génial.

  • Je te demande rien… je souffle.
  • Mhmh…
  • Si tu m'offres quelque chose c'est différent… j'ose quand même, lèvre mordue.

Son pouce vient tout de suite la dégager puis sa main se repose sur le matelas.

  • C'est différent ?
  • Je te demande rien. Mais tu fais ce que tu veux...
  • J'espère que tu dis ça qu'à moi.
  • Ouais. Ça te rendrait jaloux sinon ? je murmure.
  • Ça te rendrait surtout très con. Si tu commences à dire ça aux autres, c'en est fini de toi. Surtout la partie tu fais ce que tu veux. Qu'est-ce que tu veux dire, pour moi ?
  • Rien. Rien du tout.

Ses deux sourcils se lèvent sur son front.

  • Je dis pas ça aux autres.

Je tourne un peu la tête pour regarder ailleurs.

  • J'espère bien.
  • Ok.

Je me tais. Il rajoute rien non plus, mais je vois son bras trembloter en passant le regard dessus.

  • On arrête, je dis pour Dan en me redressant ; tant pis si Duncan sent tout maintenant. Fini ton petit jeu.
  • Quel jeu ? demande l'autre faussement surpris.

Le brun lui est un peu bousculé et va s'asseoir à côté, sur le matelas. Je me colle contre le mur sur le lit de Dan et remonte mes jambes sur moi.

  • Alors ?
  • Ce sera prêt d'ici une ou deux heures. Je pense.

Le plus âgé de nous hoche la tête, puis je sens son regard sur moi.

  • Alors... tu vas faire quoi maint'nant ? il me demande.
  • Je sais pas... Pas rester seul en tous cas. On bosse pas cet aprem…
  • On a qu'à rester là... il hésite, puis la porte s'ouvre à nouveau.

C'est sur le chef Parker, cette fois.

  • Pas sûr qu'on y soit invités… je soupire.
  • Nicolas, Duncan. Dan, fait le nouveau venu en fermant derrière lui.
  • Chef Parker, je marmonne en me levant du lit.

J'attrape la main du brun.

  • On va y aller.
  • Vous pouvez rester. Je fais que passer, fait le surveillant en donnant un petit coup de genou dans le dos de Dan derrière lequel il est. Tu me dis plus bonjour ?

Le chef se baisse. Je vois Twist se retourner avec un sourire comme on en voit jamais chez lui. Il l'embrasse. C'est bizarre. Je suis un peu jaloux. Ils ont au moins la décence de pas trop faire durer le moment devant nous, enfin surtout pour Parker, parce que Dan suit un peu le mouvement de ses lèvres quand il s'éloigne.

  • Tout s'est bien passé ce matin ?

J'ai l'impression qu'il s'adresse à un peu tout le monde. On hoche tous la tête.

  • Et toi cette nuit, pas trop dur le réveil ensuite ?

Twist entrelace leurs doigts.

  • On y va, je répète en grommelant ; j'ai toujours pas lâché Duncan.

Celui-ci se lève finalement du lit, lentement.

  • Mais si il repart... il me fait tout bas.

Pendant ce temps, Parker et Twist se répondent.

  • T'as peur d'être seul avec moi ?
  • Quoi ? Non ! Mais t'as pas envie de rester ici ?
  • Pas s'ils passent leur temps à se bécoter, je grogne.

En même temps, je vois le surveillant se relever du coin de l'oeil.

  • Je repasserai vous voir plus tard, ok ? il fait à Jordan. Faut que je m'occupe de quelques trucs avant.

Twist lui fait un petit sourire contrit et l'embrasse une dernière fois avant que le chef s'en aille. Dès que la porte se referme, Duncan s'assoit sur le matelas et tire sur mes doigts pour m'inciter à faire pareil. Alors je suis le mouvement. Nos jambes se touchent, jusqu'à nos cuisses. Je me demande si lui il s'en rend compte. Sûrement puisqu'il s'éloigne jusqu'à s'asseoir dos contre le mur ; et qu'il tire sur ma taille pour me faire le rejoindre. Je suis encore et m'assois à côté de lui, toujours collé. Son contact a un truc rassurant. C'est sa force peut-être.

  • Alors, qu'est-ce qu'on fait maint'nant Dan ?
  • On fait un cercle pour appeler les morts ? il s'amuse en voyant qu'on se tient toujours la main.
  • T'es con, râle le brun.

Il vient s'asseoir à côté de nous avec son dessin.

  • Je le finis.
  • Mais et nous ? me demande Duncan en tirant sur mes doigts.
  • Vivez votre vie. Baisez, faites ce que vous voulez.

Je sens le regard de l'aîné sur moi et mes joues chauffent.

  • T'aimerais voir ça hein Dan ? je me marre pour me donner contenance.

À ma droite Duncan rit aussi.

  • Z'êtes pas mon genre tous les deux, Dan rit aussi. Mais alors.. Ça y est ? Vous l'avez enfin fait ?

Le brun penche la tête pour voir Jordan à son tour, devant mon torse.

  • Fait quoi ? il demande.

Je fais de gros yeux à ce crétin. Il a pas l'air de comprendre.

  • Bah, coucher ensemble !

Il continue son dessin tranquillement. Je vais l'étouffer avec.

  • Pourquoi on aurait fait ça ?
  • Bah...

Il a l'air de pas comprendre avant d'écarquiller les yeux.

  • Non rien ! Je me disais que t'avais tellement aimé être sucé que t'aurais voulu encore y goûter, je me suis planté !
  • C'est clair qu'il est doué, se marre Duncan en faisant une pression sur ma main.

Je rougis encore.

  • Et t'as jamais voulu savoir s'il était aussi doué pour le reste ? s'étonne Dan.

Je vais le tuer. Duncan hausse les épaules.

  • Pourquoi je voudrais savoir ça ? Sa fellation me suffit.

Je baisse les yeux. Idiot. Idiot, idiot, idiot.

  • Ouais... Ouais, bien sûr. Je me demandais c'est tout.

Dan reprend son dessin et l'autre hausse une énième fois les épaules. Le silence règne. Et ça me permet de ruminer mes pensées. Comment j'ai pu croire une seconde qu'il aurait eu envie de plus, hein ? D'un rapide regard je vois qu'il a reposé son corps et sa tête contre le mur, yeux clos. Bientôt sa main lâche la mienne. Mais la seconde passe derrière mes fesses et va tenir ma hanche de l'autre côté, ça lui permet de me rapprocher de lui ; et alors sa première main se pose sur ma cuisse et y bouge plus.

Pourquoi il fait ça ? À avoir des gestes si ambivalents ? Comment je peux savoir ce qu'il veut moi maintenant ? Un instant il embrasse ma joue, celui d'après il s'éloigne sans rien dire, et puis il me caresse le genou et ensuite il dit qu'il voit pas pourquoi il voudrait plus... Ça m'apprendra à m'attacher à des putains d'hétéros.

Et maintenant plus personne dit rien. Y a juste le bruit du crayon de Jordan sur son papier granuleux. J'ai envie de faire un truc. M'éloigner pour qu'il me touche plus, poser ma main sur la sienne, appuyer ma tête sur son épaule, quitter la cellule. Je sais plus quoi faire. Je veux pas rester là sans bouger. Pourtant c'est ce qu'ils font tous les deux. Je regarde sa main, hypnotisé. Bon sang.

  • T'as fini de t'agiter ? fait alors le concerné d'un ton calme sans bouger autre chose que ses lèvres.
  • Pourquoi ? On a le droit de, de bouger maintenant, non ?

Je sens mon genou s'impatienter. Sa paupière se relève et son oeil s'ouvre sur moi. Je baisse encore les yeux.

  • Tu veux aller faire un tour ?
  • Faire un tour ? je répète sans comprendre.
  • Ben tu veux pas bouger ?
  • Tu proposes quoi ?
  • Je sais pas. Comme tu veux.
  • Avec Dan ?
  • Non. Il finit mon dessin. Arrête d'essayer d’le gâcher, il fait avec un sourire en coin, la main sur l'intérieur de ma cuisse avant qu'il l'enlève pour se lever.

J'ai senti mon coeur s'accélérer pour une seconde. Je me lève et le suis machinalement. Quand il referme la porte derrière nous, il me demande où on va.

  • J'ai l'impression que t'as pas oublié cette histoire de services mutuels, il rajoute même en ricanant un peu, les yeux sur moi et les bras croisés.

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