Jordan Twist (16)

3 minutes de lecture

Samedi 27 février, 23h30.

  • Si tu veux je pose les limites à une relation surveillant-détenu, comme avec les autres.

Quand il dit ça je me tends et le regarde, histoire de comprendre s'il est ou pas sérieux.

  • Non. Toi aussi t'as envie de ça.
  • Alors tu arrêtes de m'embrasser, il fait avec aplomb, sans plus me sourire.
  • Non.

Je le provoque en attaquant encore son cou, me collant à lui cette fois. Je veux pas.

  • Jordan.

Sa voix est dure, maintenant.

  • Je rigole pas. Arrête ça.
  • Non… je supplie. Narcis...

Il soupire et dit plus rien. Ses mains sont posées sur le matelas, aussi. Je prends ça comme un abandon - je prie que c'en soit un en fait parce que je sais bien que je suis allé trop loin - et je continue à embrasser son cou, remontant à son oreille. J'écoute sa respiration s'arrêter.

Curieux, je continue pour voir ce qu'il compte faire. Je tire sur son lobe.
Un long gémissement sourd franchit ses lèvres ; une seconde plus tard, je suis sur le dos dans mon lit et lui a sauté de l'autre côté de ma cellule.

Il tend ses mains devant lui pour pas que j'approche, le souffle court, et me dit qu'il va partir, maintenant. Je le regarde, sidéré, sans comprendre.

  • Narcis ? j'hésite.
  • Stop. Tu dépasses les bornes. Je t'ai dit d'arrêter.

Il se déplace lentement, les mains toujours en avant comme une protection, et va jusqu'à la porte.

  • J'arrête, je souffle en me levant, restant loin de lui. Pars pas, s'il te plaît, j'arrête…
  • Je t'ai déjà dit d'arrêter et tu l'as pas fait. Je t'ai prévenu. Je vais partir maintenant, il continue, la main sur la poignée.

Il a une expression bizarre, je vois bien qu'il est mal à l'aise maintenant, presque comme s'il avait peur.

  • Mais j'arrête, c'était juste, juste pour voir…

Je mords ma lèvre. J'ai peur, peur qu'il parte, qu'il me laisse, qu'il revienne plus.

  • Je t'ai dit d'arrêter ! Je t'ai dit de pas voir ! Pourquoi tu l'as pas fait ?! il s'énerve, encore sous le choc.
  • Je, je sais pas moi... Je voulais juste…

Je commence à trembler. J'ai fait une connerie.

Il ferme les yeux et enlève sa main de la poignée. Je le vois prendre de grandes inspirations.

Je reste debout et recule un peu pour lui laisser de l'espace. Quand il rouvre les yeux, je pense qu'il est un peu calmé.

  • Ok. J'y vais. Je reviendrai peut-être plus tard, il dit, et il actionne la poignée.
  • Reviens. S'il te plaît, je demande sans oser approcher.

Je le vois hocher la tête sans me regarder juste avant qu'il ne parte et referme derrière lui.

Et je vais à mes dessins, appuyant fort et cassant plusieurs fois les mines. Je suis en colère contre moi-même et mes conneries, mon impulsivité. J'ose même pas regarder l'heure, pour me dire qu'il reste du temps avant qu'il ne puisse plus venir. Je finis par me coucher ; dans l'attente je sais que j'ouvrirai l'œil au moindre bruit. Plusieurs fois, j'écoute des pas devant ma porte, mais ils ne font que passer, parfois seuls parfois en plus grand nombre. Je finis par m'endormir pour de bon, l'oreille aux aguets quand même. Je rouvre plusieurs fois les yeux à cause d'infimes bruits dans le couloir, mais il revient pas avant que je m'endorme dans un sommeil plus lourd.

Et quand je me réveille, il est 6h30. Il est pas revenu.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Illuni ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0