Narcis Parker (17)

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Dimanche 28 février, 6h20.

On n'en peut plus. On est crevés, lessivés, on a qu'une envie et c'est de retrouver notre lit, après toute une nuit sur des fauteuils merdiques ou à rôder dans les couloirs.

  • Accélère putain Narcis... me grogne Julien à ma droite.

J'ai décidé de le ramener chez lui ce matin, du coup je passerai aussi le chercher ce soir. J'aurais peut-être pas dû, au final. Il est chiant quand il manque de sommeil.

  • Je suis crevé, j'ai envie de mon lit là, il insiste en tapotant nerveusement sur la portière.

Ma main va se poser sur l'intérieur de sa cuisse - je suis à peu près sûr que ça va le faire taire.

  • Tu veux que je te réveille ? je lui murmure dans le silence de ma voiture, le regard sur la route.
  • Je suis réveillé, je suis réveillé ! il dit d'un coup en s'asseyant bien droit sur le siège.

Ma main repart sur le volant et je m'en sers pour tourner à gauche.

  • Bien.
  • Ou pas, il grogne. On arrive bientôt ?

Il baille.

  • Le GPS dit quatorze minutes. Ouvre les yeux, tu devrais reconnaître chez toi quand même, je me moque.
  • Ouais… il marmonne.

Je saisis tout de suite l'occasion de me montrer un peu plus dragueur.

  • Pourquoi ? Tu préfères qu'on aille chez moi ?
  • T'habites au moins à une demi-heure, il grogne.

Ça me fait sourire. En arrivant, j'ai tellement sommeil que je me demande si je vais réussir à conduire jusqu'à chez moi.

  • Ça va aller ? me demande Julien. Tu veux dormir chez moi ? J'ai qu'un canapé mais…
  • Nan. Il faut que je rentre, avec Lucie à la maison, tout ça. Merci. On se voit ce soir ! je dis en me penchant vers lui.
  • Ouais. D'accord. A ce soir ! Et après congé… il dit joyeusement.

Je lui claque un baiser sur la joue et je retourne vers ma voiture. Avant de démarrer, je regarde une dernière fois dans sa direction et je le vois hébété ; ça me fait rire. Il finit par rentrer chez lui rapidement pour un type endormi et ferme la porte avec un dernier signe timide pour moi.

Et c'est parti : direction mon lit douillet !

J'arrive finalement plutôt rapidement, perdu dans mes pensées. Mon invitée dort encore et je vais me coucher silencieusement. Enfin... Je mets mon réveil pour dix-sept heures, en espérant ne pas être tiré du sommeil par une tornade avant, et je sombre, d'un coup.

Il est seize heures quarante-cinq quand je suis réveillé par une masse sur le ventre, violemment. J'ai même pas la force de crier, me plaindre ou la faire tomber sur le côté. Je sais qu'elle résistera, de toute façon. Je sais pas si elle a compris que je bossais vraiment toute la nuit, celle là.

  • Coucouuuuu ! elle crie à mes oreilles avec un gros bisou sur ma joue.

Je bouge pas d'un poil. J'aimerais juste dormir encore un peu... Elle tire sur le lobe de mon oreille avec les dents, quelle peste.

  • Arrête ça, vermine ! je m'écrie en essayant de la pousser avec mes mains sur ses hanches.
  • Jamais ! elle s'écrie en commençant à me chatouiller.

Je déteste cette fille. Je la pousse un peu plus fortement sur le côté.

  • Dégage !
  • Non !

Elle me donne des coups de pieds en se débattant et recommence ses chatouilles.

  • Tu me fais mal, sale garce ! je me marre.

Cette fois, j'y mets vraiment toute ma force et je la fais basculer. Je me retrouve assis sur elle, ses poignets attachés sur le matelas.

  • Narcis deviendrait coquin… elle minaude en remuant outrageusement des hanches.

C'est une plaie Lucie. Elle est jamais fatiguée en plus.

  • Narcis est coquin, je dis à son oreille.
  • Ouais... C'est vrai, elle susurre en tournant la tête pour m'embrasser, mais ma bouche est déjà descendue jusque dans son cou pour la taquiner.

Elle frissonne et gémit de façon très sexy. J'adore ça, les gémissements. Alors je continue encore, au moins un peu. Je m'arrêterai à temps.

  • T'es tellement doué avec ta langue Narcis... Montre-moi où tu sais t'en servir d'autre...

Je ris contre sa peau. Ça doit être le signal pour m'arrêter, alors je me relève en position assise sur elle, les poignets relâchés.

  • Tu fais quoi ? Arrête pas ! T'as pas le droit de me chauffer et de t'arrêter après, salaud ! elle tape mon torse. Je suis trop en manque Narcis…
  • Ça c'est pas ma faute chérie. Demain. Demain tu le seras plus, je murmure à son oreille.

Quand je me redresse, elle a encore un air dépité.

  • Oh, allez ! Je t'ai pas chauffé longtemps, je ris.
  • C'est suffisant quand c'est un Dieu, elle siffle. Ou le diable, plutôt. T'es un vrai diable Narcis.

Je me marre et dépose un baiser sur son front avant de rouler sur le côté.

  • Sale con, elle grogne. Tu me dois le repas d'aujourd'hui.
  • Comme toujours, princesse.

Je trouve la motivation au plus profond de moi et pars me doucher. J'avais prévu de l'emmener dans un resto ce soir, mais je crois que je suis trop crevé pour sortir et la soutenir enivrée. Je vais cuisiner quelque chose plutôt.

Elle, en attendant, elle se prélasse sur le canapé, tête à l'envers et jambes - ses jambes longues malgré sa petite taille - sur le dossier. Elle bouquine un truc qu'elle a trouvé sur une étagère. Je la laisse faire, pour une fois qu'elle est calme.
Rapidement quand même, quand j'ai fini ma douche, autour de dix-huit heures, elle s'impatiente et me demande de faire à manger en pointant sa bouche du doigt.

  • T'as envie de quoi ? je lance depuis la cuisine, devant mes fourneaux.

Y'a pas énormément de choix de toute façon.

  • Une salade avec pleins de trucs dedans, de telle sorte qu'elle aura plus rien de light, elle sourit malicieusement.

Je m'y mets tout de suite. Je sors les avocats, le surimi, le pamplemousse, la salade, le comté et la crème. J'ai l'habitude de ce genre de trucs, et ça donne un résultat génial. Elle se lèche déjà les lèvres en me regardant tout couper du canapé.

Vingt minutes plus tard, le plat est posé sur la table. J'ai mis de la musique pour cuisiner, du coup je danse un peu en amenant les couverts jusque là-bas.

  • Ay caramba ! elle crie en tapant dans ses mains. Viens me voir mon amour !

Elle tend les bras. Je roule des yeux en marchant jusqu'à elle et je chante faussement comme si elle était mon public.

  • Donne-moi mon amour, crétin, elle siffle en attrapant ses couverts pour se servir.

Je me marre.

  • Morfale va.
  • Ouais, mais tu cuisines trop bien aussi… elle dit la bouche pleine.
  • Avale, malpolie ! je l'assène.
  • T'as toujours rêvé de me dire ça, avoue ! elle rit comme une baleine.

Elle déguste un long moment et on finit qu'à dix-neuf heures trente, entre rires et anecdotes. Repue, et crevée - parce qu'elle, contrairement à moi, elle est debout la journée et de l'énergie, elle en dépense - elle vient s'installer, tête sur mes genoux. Comme l'a déjà fait Jordan...
Je me demande ce que ça veut dire. Mes genoux sont accueillants ? Je caresse distraitement ses cheveux.

  • Tu veux aller où, demain soir ?
  • Baiser quelque part. Qu'importe, elle souffle.
  • Non, je veux dire, dans quelle boîte je ris.
  • Je sais pas. Le cavo ?
  • Si tu veux. Je suis gentil de te laisser ramener quelqu'un, hein ? je dis en tortillant ses cheveux.
  • Ouais, trop. Adorable.
  • Pourquoi t'es si ironique, méchante ? je siffle en tapotant sa joue, puis je passe à un tout autre sujet. Tu crois que c'est de l'abus de pouvoir condamnable, de coucher avec un détenu ?
  • De- quoi ?! elle s'étrangle en se redressant d'un coup.

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