8 Août 1940

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Aujourd'hui Martin a failli me tuer. Il fallait que ça arrive de toute façon vu que j'ai volé sa correspondance. Martin est quelqu'un de très intelligent. Il allait s'apercevoir bien vite que ce n'était pas ses collègues allemands qui le lui avait pris. Il ne reste pas donc beaucoup de possibilités. L’enquête a été très vite menée : ma mère ne s'approche plus de la grange et ils ont trop de respect pour mon père. En plus, je comptais vraiment la lui rendre et la remettre sous son lit, mais je n'en ai pas eu l'occasion, Colette étant dans les environs. Inspecteur Müller a été plus rapide à déduction. Un vrai Sherlock Holmes. A la place, il est venu la chercher tout seul.

Il est arrivé vers moi comme une furie. J'étais en train de mettre le linge à sécher quand il est arrivé vers moi déterminé. Je ne l'avais jamais vu comme ça. J'ai bien pensé à fuir mais ça aurait été très suspect en ces temps de guerre. Il m'a pris par le bras et s'est arrangé pour qu'on soit caché par les draps. Il m'a demandé si j'avais quelque chose à me reprocher. J'ai balbutié comme une enfant prise sur le fait. Je n'ai pas cherché à nier. Ça ne servait à rien. Autant tout avouer.

Ne dit-on pas « faute avouée a demi pardonnée » ?

Mais vu notre conversation qui a suivi, je ne suis même pas sûre qu'il arrivera à me pardonner, ou ne serait-ce que me parler dans l'avenir.

  • Tu as fouillé dans mes affaires ?

Oups.

Je me sentais toute penaude devant lui. Il était tellement énervé qu'il me parlait en allemand. Ses yeux me lançaient des éclairs. Mais je ne saisissais pas grand chose. Il s'agitait, ses mains partaient dans tous les sens. A un moment donné, son doigt a pointé vers ma chambre. Ce que j'ai interprété par le fait qu'il fallait que j'aille chercher ses lettres. Sa voix était cassante, dure, rêche. Très allemande en fait. Ça m'a donné des frissons. Il a même crié « Schnell ! » et ça, je sais ce que ça veut dire. Au départ, je marchais mais quand il a dit « schnell », j'ai couru. Je suis revenue la tête basse avec ses lettres.

- Je suis déçu de me rendre compte que je me suis trompé sur ton compte. Je te pensais différente. Je n'aurai jamais imaginé que tu puisses avoir l'imprudence de me trahir de la sorte ! Qu'espérais-tu trouver dans mes affaires ? Des mots d'amour à une autre ? Katarina est ma cousine et peut-être la seule famille qui me reste à cause de la folie de cette guerre dont personne ne veut !

Tous les mots que j'aurai pu lui dire n'auraient pas été assez forts pour m'excuser. Il est parti sans un regard pour moi.

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