3 Août 1940

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J'ai du raconter toute l'histoire à Clara cette nuit. Tout. Absolument tout. Sans omettre aucun détail sur Martin. De la rencontre à cause d'un pot de lait au bal d'hier en passant par ses blessures et mon nouveau métier d'infirmière. Sans oublier, les balades sur le route du Pendu et ce jeu avec nos doigts. Et Thomas qui a décidé, non de son plein gré, de s’immiscer dans cette histoire dont il n'a aucune conscience. Si elle n'était pas déjà assise, elle serait tombée par terre de part toutes mes révélations. Elle ne se doutait pas une seconde de ce qui était en train de se passer. Elle comprenait beaucoup mieux ce que je vivais et pensais. Mais, elle me fit un long monologue sur la morale, qu'il soit allemand., que c'est la guerre, que c'est dangereux,... D'habitude, c'est elle qui n'a peur de rien et qui est très excessive. Je me retrouve pour une fois à jouer les filles téméraires et amoureuse de l'ennemi.

Je ne savais plus quoi penser ou faire. J'aurai voulu rester au lit toute la journée à me morfondre sur ma vie, mais ma mère en avait décidé autrement. Il paraît que je devais couper les légumes. En plus, je m'attendais à voir Martin lorsque je suis rentré à la maison mais il n'était pas là.

Pourquoi d'ailleurs serais-je sensée attendre l'espoir de le voir tout le temps ?

Clara a ouvert les volets pendant que je me levais à grand peine.

  • En fait, je comprends tout !

Je me précipitais à côté d'elle à la fenêtre, à peine réveillée et les cheveux en bataille. Une tête sûrement horrible, comme le fut ma nuit. Martin était (encore) en train de réparer les motos. Il avait du rentrer tard dans la nuit.

Oui, je suis attirée par cet homme et c'est incontrôlable.

Elle partit d'un fou rire dont elle seule à la secret, en me lançant à la figure que j'étais dans le pétrin. Je crois que ce que j'aime le plus chez elle, c'est qu'elle ne me juge jamais. Ma mère devenant menaçante, je partais vers la cuisine en vitesse vers la cuisine pour préparer le repas.

[…]

J'ai eu du temps pour l'observer. À croire qu'il devient une sorte d'obsession. J'ai remarqué qu'il le fait tout le temps, il prend son paquet dans la poche de sa chemise. Il fait une sorte de pichenette sur le bas de celui-ci pour en faire sortir une cigarette. Il vient la prendre avec ses lèvres qu'il vient d'humidifier avec le bout de sa langue. C'est une sorte de rituel qu'il suit à la lettre. Puis, il range son paquet, et vient prendre son briquet dans la poche avant de son pantalon. Il penche la tête sur le côté et protège sa cigarette du vent d'une main et de l'autre, il actionne la molette de son briquet. Quand je le regarde faire comme je fais maintenant, moi aussi, je penche la tête. Sûrement par mimétisme. J'imagine parfois ce que doit ressentir cette cigarette. Trouve-t-elle ça humide et répugnant ? Ou se consume-t-elle d'avance car elle sait qu'il va l'allumer ? J'aimerai bien être à sa place. Entre ses lèvres. Une fois allumée, il prend une grande inspiration, ses joues se creusent. Et il la prend entre l'index et le majeur de sa main gauche. Il serait donc gaucher ? Pas sûr, parce qu'il bricole souvent de la main droite et fume avec la gauche...

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