4 août 1940

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Alors que je revenais de la boulangerie, pleine de farine, j'ai croisé Colette sur le chemin. M. JEAN a eu besoin de nous ce dimanche. Elle m'a doublée à vélo. J'ai trouvé ça surprenant sur le coup, puis je ne m'en suis plus occupée. Je l'ai retrouvée bien vite, Journal, puisque son vélo était abandonné dans la cour de la ferme. Colette, elle, est appuyée contre le mur de la grange. Je me méfie de cette grande perche de 20 ans. Elle est à fuir comme la peste. Je ne l'aime pas.

Elle est toujours devant la grange au moment où j'écris ces lignes, en l'ayant dans ma ligne de mire. Je ressemble à un soldat en embuscade. Il ne me manque plus qu'un fusil. Elle n'est pas seule, penses-tu ! Elle est entourée de trois allemands. Rien de plus normal comme situation !! ça parle allemand et je n'y comprends rien. Je comprends quelques mots mais rien de plus. Et, depuis quand Colette parle allemand ? Cela m'étonne et me laisse sans voix. Pantoise. Les bras m'en seraient tombés s'ils n'étaient pas bien accrochés. Journal, à la minute où je t'écris ces lignes, mes yeux sont fixés sur elle. Enfin, sur elle, les allemands et mon crayon.

Ah la garce, elle a ouvert un bouton de sa robe ! Mais c'est pas vrai !!! Voilà qu'elle cambre son dos maintenant. Elle le cambre ! Oh non, Müller se ramène.

Martin qui se passe la main dans le cheveux. Mais arrête de montrer sur ton meilleur jour en face d'elle enfin !!! (Et pourquoi je relève ce genre de détails moi?). Manquerait plus qu'elle le touche. Si tu t'avises de le toucher... Mais non, elle le touche !! ELLE LE TOUCHE !!! Mais déshabille le tant qu'on y est ! Mais pourquoi elle touche son bras ?

Je suis folle...

Je serai capable de lui botter les fesses, je crois. Et lui, il en joue. Regardez le comme il en joue. « Je m'appelle Martin Müller, j'ai des muscles saillants. Il fait tellement chaud que ma transpiration fait luire mon corps ». Et Colette, elle plonge dedans... SALE AGUICHEUSE ! J'hallucine !!!!Même dans mes rêves les plus fous, je n'aurai oser imaginer ce qu'elle est en train de faire. MAIS REAGIS MARTIN, ESPECE D'IDIOT ! S'il vous plait, faites la taire. Qu'elle s'étrangle avec son rire niais ! Elle n'est pas que sur Martin en plus. Von Mark ne se fait pas prier, et nous avons Dunkel qui n'est pas en reste. Mais à quoi elle joue ?

Excuse-moi, Journal, de t'avoir jeté à travers la pièce.

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Pourquoi je réagis comme ça ? Penser que Martin s'intéresse à elle, il n'y aurait qu'un pas. Que je franchis avec une facilité déconcertante. C'est sur, il est intéressé par elle. Elle est grande, brune, et a des yeux de biche, des formes généreuses. Elle parle allemand et paraît expérimentée en garçons. Et moi ? Moyenne, blonde, des yeux ronds et moins de seins qu'elle.ou pour ainsi dire : pas de seins. Je ne parle pas allemand pour un sou. Je comprends à la rigueur des mots par ci, par là. Je n'ai aucune expérience avec les garçons qu'ils soient français ou allemands. Je suis fade à côté de Colette. Martin a 25 ans, elle 20 ans et moi 17. Qui suis-je pour lui au final ? Une adolescente ? Il se faut se rendre à l'évidence, on se parle mais il doit être loin d'être attiré par moi...

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