La littérature

13 minutes de lecture

Lorsque j'eus l'occasion d'enseigner la littérature hispanique en classe de L, je n'hésitai pas un seul instant.

Enfin un moyen d'unir ma passion pour l'enseignement et celle pour la littérature! 

Je pourrais réutiliser ce sur quoi j'avais l'occasion de travailler pour ma thèse... 

Parfait.

La classe de 1ère n'était pas spécialement réceptive, le problème de ces classes étant que l'orientation en France se fait par défaut: lorsqu'on ne peut pas aller en S, on va en ES, lorsqu'on ne peut pas aller en ES, on va en L et le pire du pire de tout, c'est la STMG, donc en fait, les élèves de 1ère L n'étaient pas littéraires en fait. 

J'avais eu une classe européenne espagnol il y a quelques années, et je m'étais dit: ouaaah, ça va être de bons élèves, motivés, intéressés ...

Que nenni!

Ils connaissaient à peine leurs conjugaisons!

J'en fis part à la réunion parents-profs ... En retour, je me suis pris une avoinée, que j'étais trop dure lorsque je soulignais à leurs petites chéris leurs difficultés. Difficultés? Mais c'est pas des difficultés, c'est pire que ça !!!!

Mais il faut mettre les formes pour signaler les difficultés à un élève ... rajoutaient-ils sur un ton condescendant. 

Vous voulez quoi? Que je sois hypocrite?

Bien sûr, omerta chez mes collègues, qui, en privé, m'avouaient être très admiratifs de ma façon de mettre les points sur les I, mais en public oubliaient mon existence.

Et bien sûr, au second trimestre, TOUS les profs trouvèrent que FINALEMENT, cette classe n'était pas aussi prometteuse qu'elle n'y paraissait, un classique ...

En fait, les élèves n'étaient là que par arrivisme et désir d'être dans une classe d'élite, ce qui me confirmait bien ma haine des classes d'élite.

Je leur avais donné une liste de ressources à utiliser seuls, des liens vers des émissions de télévision, des journaux, des exercices, à travailler seul-e-s chez eux, lorsque je les interrogeai à ce sujet, rien, en fait l'espagnol ne les intéressait pas, tout simplement.

Bon, c'était pareil en L.

Des élèves qui refusent de lire les textes.

Je le ferai chez moi.

Oui, mais c'est moi qui décide en fait, pas toi.

Et de bons élèves en plus, enfin très relativement, bons élèves lorsqu'on leur demande de réciter, mais mauvais lorsqu'on demande de réfléchir.

Et vus les résultats que ces élèves obtenaient dans les autres matières, je me dis que réfléchir, ils ne devaient pas le faire bien souvent.

Et lorsqu'on les obligeait à le faire, des mécanismes de défense se mettaient en place. 

Malgré tout, certains élèves se détachaient du lot.

Joseph par exemple qui pour ses fiches de lectures allait chercher des auteurs originaux que je ne connaissais parfois et parfois pas.Un bon élève, un peu imbu de lui-même, mais bon élève, réfléchi.

Kerrian, un original celui-là, silencieux mais très prometteur.

Et puis il y eut Chloé, en Terminale. 

En fait, j'avais prévu de travailler l’autobiographie en première séquence, j'étais justement en train d'approfondir ce thème pour mes recherches universitaires.

Donc au programme: un article sur le thème de la mémoire (le sujet était une hypothèse selon laquelle la mémoire sélectionnait voire inventait les souvenirs selon son bon gré), puis trois textes, trois regards différents sur sa propre histoire.

L'article sur la mémoire ne marcha pas du tout, enfin si il marcha très bien mais pas selon les critères habituels où un document marche lorsque les élèves répondent aux questions du professeur et c'est tout.

Les élèves étaient bousculés par le document que j'avais proposé, et cela me fit peur.

Une vague impression de ne pas contrôler ce qu'il se passait. 

Chloé vint me voir à la fin de l'heure. 

-"Madame, ce que nous venons d'étudier est intéressant, parce qu'en philo, justement, le prof a parlé de Freud ..."

-[Oh, putain, les pauvres, pensai-je intérieurement] "Oui ... Et"

-"Et en fait, il a dit que selon Freud, la personne était déterminée par la sexualité et la conception qu'elle en avait étant enfant."

[...]

"C'est vrai?' rajouta-t-elle.

[...]

Il fallait l'avouer: la question était intéressante.

Très intéressante.

Extrêmement intéressante. 

Et évidemment, j'avais été ciblée comme étant l'interlocutrice idéale pour parler de ce sujet.

Je pris une grande respiration.

- "C'est très intéressant, commençais-je et cela commençait bien, après, je ne sais pas si votre prof vous a dit, mais il n'y a pas que Freud dans la vie ... Certes ce qui se passe dans l'enfance est important, il y a des certitudes qui s'imposent oui, mais après les expériences de la vie viennent soit conforter soit infirmer ces certitudes ...Et puis, comme le suggère le texte que nous venons d'étudier, on se souvient de ce que l'on veut bien se souvenir en fait ... "

Je ne savais pas quoi dire d'autre ....

Chloé me regardait.

- "Je ne sais pas si je réponds à votre question, mais voilà, Freud a sa théorie, mais ... Jung, voyez du côté de Jung".

- "Si, si, si, vous répondez à ma question, merci Madame,  au-revoir."

Au-revoir.

J'étais complètement abasourdie par tout ce qui venait de se passer.

Le silence régnait dans la salle. Je restais toujours dans ma salle pendant les récréations, c'était plus reposant.

Chloé réapparut dans l'embrasure. Elle semblait essoufflée.

-"Mais Madame, par rapport aux expériences, aux choix, etc ... on n'a pas à se justifier, n'est-ce pas? "

- "Non".

"Jamais".

A la fin de la journée, je croisai le prof de philo à qui j'avais parlé de ma séquence sur l'autobiographie, je lui fis part de ma déception quant à la façon dont les élèves avaient reçu le texte. Mais c'est normal, me répondit-il, tu les bouscules dans leurs certitudes, c'est par-fait.

Je passai sous silence que je savais qu'il faisait l'apologie de Freud en classe.

Chloé devint rapidement mon élève préférée même si je ne le montrais pas, elle comprenait tout et très vite et elle avait une aptitude particulière pour l'intériorité (c'est la seule qui comprit totalement et s'appropria de façon satisfaisante le texte que je fis sur le "voyage intérieur" par exemple et c'est là que je me dis que mon conseil sur Jung était judicieux quand même), tout ce qui relevait de la sensation, de la nuance et je fus à moitié étonnée lorsque j'appris qu'elle avait une passion pour le Japon. 

De fait, pour le devoir sur l'autobiographie, je leur avais demandé à partir des textes étudiés en classe d'élaborer leur propre autobiographie et j'avais laissé le support totalement libre, le tout étant que le contenu de cette autobiographie soit rédigé en classe.

Chloé arriva avec un manga.

-"Mais Chloé, je vous avais dit que vous pouviez apporter une œuvre d'art, mais SANS écrire dessus" 

Chloé effaça fébrilement, elle n'allait pas bien, cela se voyait, et elle se sentit obligée de rédiger un texte de trois pages pour se rattraper et me montrer sa bonne foi.

-"Chloé, vous allez bien"

- "Oui, oui .."

- "Bon, n'en faites pas trop quand même" 

L'exercice donna lieu à des traitements divers, certains très scolaires sans surprise, d'autres plus originaux.

Je commençai la correction par le travail de Chloé.

Je le lus, très attentivement, son espagnol était un peu chaotique, compréhensible toutefois, mais le manga était superbe.

C'était l'histoire d'une petite fille qui avait peur du monde et pour s'en protéger, elle vivait dans son monde à elle. Une voix lui parlait parfois et la consolait, une voix très douce, alors elle était heureuse. Ça, c'était la partie manga, et dans la partie "texte", elle expliquait que cette petite fille devenue plus grande était attirée par ce même monde, un garçon en l’occurrence, mais qu'elle avait l'impression de trahir quelque chose.

J'éclatai en sanglots.

C'était MON histoire.

Je pleurai longuement.

Maintenant, je comprenais mieux sa question.

Bon, maintenant, il va falloir noter ça.

Quelques jours plus tard, il y eut une exposition dans les couloirs du lycée.

Un manga attira mon attention.

C'était sensiblement le même que celui de Chloé, mais avec une vignette en plus. Au moment où elle parlait de la fameuse voix de son enfance, là où sur "mon" manga, on ne voyait que deux fillettes qui conversaient gaiement, sur ce manga-là, les deux fillettes étaient sur le point de s'embrasser sur la bouche.

-"Qui est l'auteur de ce dessin?" demandai-je.

- "C'est Chloé, une élève de Terminale L."

Je restai longuement devant ce dessin et je me vis, enfant, m'agenouiller devant ma meilleure copine, c'était la plus belle fille de l'école primaire, je me souviens, c'était sous les platanes de la cour de récréation, je me souviens, je me suis agenouillée devant elle, j'ai pris sa main et je lui ai dit: "Imagine que je suis un garçon, aujourd'hui, j'ai l'honneur, le grand honneur de te demander en mariage, ô mon aimée."

Je me souvins de son petit rire, très légèrement dédaigneux.

- "Mais c'est vrai, je t'aime!"

Je me souvins d'une tarte dans la tronche par ma mère, pour cette raison ou une autre.

Ma tête tournait, je me souvins aussi que j'avais cours et qu'il fallait que j'y aille.

Je croisai Chloé, elle ne me vit même pas, elle était en train d'embrasser goulûment un garçon.

Ben, voilà, elle faisait ses expériences.

L'année poursuivit son cours et moi je poursuivais mon enseignement.

Un texte de Sainte Thérèse fit son petit effet, quoi, tu fais du Sainte Thérèse en classe? me dit la prof de latin, qui était catho pourtant, catho dans le sens intégriste du terme.

Mes collègues avaient du mal à me cataloguer, et les élèves aussi.

Ben, oui, on peut être d'extrême-gauche et lire Sainte Thérèse! J'expliquai comment j'avais appréhendé son étude en classe. "Putain [tu me réciteras trois Notre-Père, s'il te plaît], tu te fous pas de leur gueule, toi !!!" fut la réaction.

Et pourquoi je me foutrais de la gueule des élèves, hein, pourquoi?

En l'occurrence, je leur disais aux élèves, moi je suis pas spécialement catho, l'écriture de Sainte Thérèse, elle vaut ce qu'elle vaut, on vous demande pas d'aimer les textes, mais de réfléchir à ce qu'ils ont à vous dire. Cette femme en l'occurrence a une enfance difficile, ses parents se débarrassent d'elle en l'envoyant au couvent, et là, elle voit Dieu, et le plus beau, c'est qu'elle ne dit pas Dieu, elle dit "la Lumière". Mais c'est pas beau, ça? Elle trouve sa voie, vous imaginez ça, un peu? Et je mettais en lien le fait qu'elle ne dise pas Dieu mais la Lumière par une possible origine juive qu'elle voulait cacher bien sûr, bon il n'y avait plus de juifs à l'époque en Espagne, mais blablabla, et là j'étais intarissable.

Un élève vint me voir. "En fait, je suis d'origine juive, bon mais c'est très compliqué (la question des origines est toujours compliquée, rétorquais-je), et c'est la première fois qu'on me parle de ce lien à la judaïté en cours d'espagnol" 

Eh ben, faut un début à tout mon petit.

Luc vint me voir.

- "Madame, je comprends pas, avec l'autre prof, en classe entière, j'ai 14 de moyenne et avec vous j'ai 9" 

Mais oui, vous avez deviné qui est l'autre prof.

-"Luc, je ne sais pas ce que vous faites avec mon collègue, mais avec moi, on est en cours de littérature, je vous le rappelle, vous ne savez pas rédiger une phrase correctement, c'est assez simple ... Vos phrases sont mal construites, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? "

J'appris un peu plus tard que Luc était allé voir mon collègue, qui lui aurait répondu que lui, il lui mettait 14 mais que cela n'engageait que lui, qu'il n'était pas Dieu sur Terre (mais ça, on le savait déjà) et qu'il ne serait pas responsable de la note qu'il obtiendrait au bac.

Luc comprit ce que cela sous-entendait, et se mit à travailler.

Très dur.

Il fit des progrès considérables, il voulait être journaliste, il voulait y arriver.

Luc est aujourd'hui en école de journalisme et je suis fière de lui.

Pendant ce temps, l'année suivait son cours.

Joseph continuait son approfondissement de la littérature argentine, Kerrian prenait de l'assurance.

Je dus mettre un zéro à Gabriel qui me rendit une fiche de lecture sur Les Fourmis d'un certain Bernard Werber. Quel est le lien avec la matière, Gabriel?

J'aimais bien Gabriel. L'année précédente, je l'avais eu en classe aussi et à la fin de l'année, en collaboration avec la prof d'anglais, on avait projeté Land and Freedom de Ken Loach qui est en anglais ("I fuck your ass" est répété toutes les trois répliques environ) mais qui parle de la guerre d'Espagne.

-"Una bomba, esta pelicula", s'était-il écrié à la fin de la projection.

Un jour, une réunion fut organisée par l'inspection au sujet du cours de littérature.

On nous rappela les instructions: donner le goût de la lecture. Faire lire les textes, que les élèves sachent résumer l'intrigue, vaguement rattacher le texte à un courant littéraire, et voilà.

J'intervins.

- "Une problématique ?!? Oh, my god" 

Mais non ...

Vous n'avez rien compris aux instructions officielles, nous sommes là pour obéir, nous sommes fonctionnaires!" 

Ma grand-mère m'avait toujours dit de me méfier si quelqu'un disait quelque chose comme ça, elle ne croyait pas si bien dire.

Pendant ce temps, l'année suivait son cours.

Je finis, avec les élèves de 1ère, le catalogage des ouvrages en espagnol ou d'auteurs hispaniques qui se trouvaient au CDI. J'en parlai à une collègue, qui, soi-disant, avait enseigné la littérature à l'université en Espagne. 

- "Non, rien ne m'intéresse dans TA liste."

- "Oui, c'est sûr, sur une liste de 200 ouvrages, ne rien trouver qui t'intéresse, c'est étonnant quand même."

Lorsque cette collègue vint me voir pour me dire qu'elle avait apporté des livres de SA bibliothèque personnelle et les avait entreposés au CDI, je répondis que cela ne m'intéressait pas.

Lorsque cette collègue se rendit compte que je ne la saluais plus, elle se demanda pourquoi ...

Entretemps, nous apprîmes que la réduction des heures allouées au lycée allait être très importante et la lutte s'organisa.

Depuis quelques années, le ministère avait décrété l'autonomie des lycées, diviser pour mieux régner, chaque lycée se voyait attribué un certain nombre d'heures, qui étaient elles-mêmes réparties entre les matières, ce qui pouvait donner d'âpres luttes entre collègues.

Les élèves se sentirent concernés, c'était très positif et ils organisèrent leur lutte.

Joseph et Kerrian furent les leaders. Moi je n'intervins pas, mais comme je les avais en classe, ils étaient assez habiles pour me poser des questions, souvent indirectes, je m'en suis rendue compte plus tard, et moi, j'étais trop passionnée par ces sujets pour ne pas y répondre.

Une manifestation à Paris vit la convergence entre la lutte de plusieurs établissements d'Ile-de-France, mon lycée était représenté: une trentaine de profs et ... plus de 200 élèves. C'était le triomphe.

Au syndicat, j'étais la star, bon, moi je n'étais pas intervenue, mais j'étais la star quand même, un jour, une camarade m'appela en me disant qu'un syndicat lycéen cherchait à se mettre en contact avec mes élèves et qu'il fallait que je rappelle le gamin en question.

- "Euuuh, je n'appelle pas un mineur sur son portable.

En revanche, je peux faire passer le numéro. " 

Ce que je fis.

Quinze jours plus tard, je reçois une convocation de la part de mon administration.

- "C'est à quel sujet?" 

- "Oh, le bac blanc .." 

Le bac blanc, mon cul, oui ... "En fait, nous avons appris par hasard ( = nous avons interrogé les élèves et ils nous ont dit que ...) que vous aviez donné un numéro de téléphone aux élèves d'une ... organisation."

- "Et?"

- "C'est interdit. " 

- "Quelle loi?" 

- "Le droit de réserve."

- "Vous êtes sûres? Je regarderai ça."

[...]

- "De toutes façons, les élèves sont très déçus par cette organisation."

- "Ah, ben, parfait, cela fait partie de leur apprentissage."

[...]

- "Vous méritez un blâme, Madame Carmon."

- "Blâmez-moi, blâmez-moi."

Les élèves, déçus par l'organisation, fondèrent toutefois une cellule lycéenne dans l'établissement et un journal aussi.

C'est bien, il faut se réapproprier la parole.

Au conseil d'administration, c'était les CPE qui lisaient les noms des représentants des élèves. C'est vrai que les élèves, vous ne savez pas lire, leur avais-je dit une fois.

Quinze jours plus tard, re-convocation.

- "C'est quoi encore?"

- "Oui, Madame Carmon, vous avez ouvert une adresse mail pour les terminales L."

- "Oui, le mois de mai est truffé de jours fériés, il faut bien préparer le bac." 

- "Pourquoi l'adresse n'est pas à votre nom?" 

- "Pourquoi? Une adresse: terminaleL@laposte.net, c'est interdit?

[...]

La prochaine fois, vous contactez mon avocat, ça ira plus vite."

Au conseil de classe, Joseph en prit plein son grade. La proviseur adjoint nous expliqua qu'elle l'avait convoqué à de nombreuses reprises, lui-aussi donc, et qu'il lui avait tenu tête (bien fait pour ta tronche), et lui avait même rétorqué qu'il n'avait pas besoin des profs pour avancer.

Je souris intérieurement, je me souviens de ce texte fait avec la classe sur une jeune fille des pays de l'est qui savait parler espagnol rien qu'en regardant les telenovelas et à cette époque, les élèves de 1ère se plaignaient que nous n'étudions pas assez de vocabulaire sous forme de fiche. Je leur avais dit: "vous voyez, vous n'avez pas besoin du prof pour étudier du vocabulaire, il suffit de regarder la télé".

- "Vous n'avez pas besoin de prof en fait", avais-je ajouté.

Sauf vous, Joseph, vous méritez d'être un peu canalisé et orienté quand même et vous gagneriez à écouter les conseils qu'on vous donne". 

Je le taquinais un peu, évidemment, les autres aussi avaient besoin d'un prof, mais ça me fit trop rire qu'il ait dit ça à la proviseur adjoint, cette dernière ne me regarda même pas, ah, Joseph n'aurait pas donné mon nom cette fois? Il progresse ce petit ...

La mère de Luc me remercia publiquement en conseil de classe, mais là, personne n'entendit.

On n'annonça quelques temps plus tard que le cours de littérature en espagnol était supprimé et que les élèves étaient tous obligés de prendre anglais.

Le dernier cours, je surpris Chloé en train de lire quelque chose, c'était son manga.

J'avais envie de lui demander: "Chloé, s'il vous plait, est-ce que je pourrais garder votre manga!"

J'avais envie d'avoir un souvenir.

Je restai là longtemps à me dire: "Vas-y! Vas-y!" 

Mais je ne le fis pas.

Chloé, si vous vous reconnaissez dans ces lignes, s'il vous plait, offrez-moi votre manga!

J'appris qu'une élève avait présenté le texte de Sainte Thérèse au bac et cela me fit plaisir.

L'année suivante, quelques élèves de 1ère qui passèrent en Terminale donc, furent surpris de ne pas retrouver la littérature, Gabriel, fidèle au poste et quelques filles qui ne payaient pas de mine, mais dont l'une avait été capable de faire un lien entre la description d'un paysage latino-américain  et l'évocation du paradis perdu, pas mal quand même ... Donc, sur pression des élèves, le cours fut rétabli ... mais donné à un collègue qui voulait des heures supplémentaires et n'en avait pas. On ne m'a pas demandé mon avis, juste si j'étais d'accord. Forcément.

En fait, le prof s'en foutait de la littérature, il était con comme ses pieds. Je lui ai filé tous mes cours, il ne s'en est pas servi.

Je gardais un léger espoir que le cours soit rétabli l'année suivante. 

En vain.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Rosa Carmon ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0