Trop facile

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Lucas, vous avez un zéro.

Cela vous apprendra à ne pas respecter la consigne numéro un qui est celle d'être silencieux pendant un devoir.

Mais Madame !!!!!!!!!!!!

Il n'y a pas de "mais Madame!" .

Je maintiens ma position.

Ça marche.

Le devoir se déroule (plus ou moins) dans le silence.

Lucas qui semblait s'être mis dans une attitude de boycott finit par faire le devoir.

Le cours suivant, j'ai environ trois pages à lire rédigées par la mère de Lucas sur son carnet de correspondance m'expliquant que mettre un zéro est interdit blablablabla.

Je réponds succinctement que comme je l'avais notifié sur la copie de Lucas, si Lucas se tient tranquille jusqu'à la fin du trimestre, il aura la note que vaut son devoir, sinon je compterai le zéro. 

L'administration me recommande d'appeler le parent, comme elle me le demande, pour la "rassurer".

Oh la grave erreur! Mais rassurer de quoi?

Bref, la conversation ne fut pas inintéressante, mais comme une imbécile, je lui expliquai que fondamentalement, mettre un zéro ne me faisait pas palpiter de joie mais que c'est un stratagème comme un autre pour obtenir le silence en classe.

Visiblement, elle a tout raconté à son fils qui au cours d'après n'est pas bavard, il est infernal.

C'est décidé: je compte le zéro et rompt toute communication avec la mère.

Qui du coup se met à harceler le secrétariat du lycée.

Le conseil de classe arrive et ... surprise! Le parent représentant est la mère de Lucas.

Je m'en prends plein la tronche.

Je suis défendue à demi-mot par mon administration, mes collègues font l'autruche.

Et là, je rentre dans la COLÈRE du siècle, je ne m'étais vue comme ça et tout ça à cause de la difficulté croissante qu'ont les élèves de rester tranquilles sur leur chaise pendant plus de cinq minutes ...

Je me sens bien après mon coup de gueule, très bien même ...

A la fin du conseil de classe, le parent me suit dans la cour, elle me demande un rendez-vous, veut s'expliquer ... mais expliquer quoi? Je vois le moment où je ne vais pas pouvoir rentrer chez moi.

Bon, écoutez là, je n'en peux plus, il est 20:30 et je veux rentrer chez moi.

La mère répond qu'elle ne veut pas que je tombe malade (oh elle se souvient que je suis un être humain!) et que finalement, en fait, j'ai raison, c'est vrai que Lucas est insupportable.

Tout ce raffut pour finalement réaliser que j'ai raison, c'est ça? 

Lucas ne m'a plus jamais posé de problème, en revanche, au conseil de classe suivant, il s'en est pris plein la tronche, que c'était une tête à claque, que son comportement n'était pas correct, etc ... etc ...

En revanche, personne ne s'est souvenu que j'avais été la première à le dire, c'est trop facile de faire l'autruche, de laisser les autres s'en prendre plein la tronche et après d'oublier de reconnaître qu'ils avaient raison.

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