L'astronomie et moi

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J'ai toujours été passionnée d'astronomie.

Depuis toujours.

Le ciel m'a toujours fascinée, et derrière lui, LA question: d'où venons-nous, pourquoi et où allons-nous?

Ces questions, je les posais déjà étant enfant.

Ma mère y répondait par une tarte dans la tronche, cela aurait été si simple qu'elle me dise: "ma pauvre, je ne sais pas".

Mais non, une tarte dans la tronche. Du coup, moi, je me demandais ce que j'avais fait.

"Tu réflééééééééchis troooooooop, espèce d'imbécile" était l'explication qui m'était donnée.

Au moins, Mamie, lorsque nous allions au supermarché, me donnait l'autorisation, ELLE, de rester à la librairie du centre Leclerc et de temps en temps, elle m'achetait un livre, le livre de MON CHOIX et parfois, il portait sur l'astronomie ou sur l'archéologie, une autre de mes passions (eh oui, le Ciel et la Terre, déjà ....).

Ce problème du "trop réfléchir" m'a toujours poursuivie et mon directeur de thèse a l'habitude de me dire pour parler de mon travail "bon, c'est bien, c'est bien", mais sur un ton où le "mais" n'est jamais très loin ... "mais, vous êtes trop impliquée, trop passionnée par votre sujet, c'est bien mais ...".

Bon, alors, ne pas être passionnée est un problème, l'être moyennement l'est aussi, l'être trop l'est aussi, alors qu'est-ce qui n'est pas un problème? Non, mais dites-moi ...


Étant enfant, j'étais désespérée, bon je le suis toujours quelque part.

Alors, j'interpelais Dieu. 

Dieu, j'ai fait quoi au juste? Quelle faute suis-je en train d'expier? 

Celle d'être toi-même, mon enfant, mais ce n'est pas une faute, bien au contraire .... 

Et ça va durer longtemps?

Oui.

Mais pourquoi moi? Warum?

Bon, à l'époque, je ne parlais pas allemand (maintenant non plus, mais suite à une histoire d'amour -très malheureuse- avec une allemande, je connais quelques mots) parce que Mamie ayant vécu deux guerres mondiales dans sa jeunesse, et la perte d'un enfant en bas-âge pendant la seconde, elle m'interdisait de m'intéresser, de près ou de loin, à cette langue. Lorsque je tombai amoureuse de la dite allemande, la première femme de ma vie, je me rendis sur sa tombe déposer quelques fleurs pour lui demander pardon d'aimer, je ne sais pas si une femme, une allemande ou les deux....

Bref, pendant ce temps, pas de réponse ... fin de la communication avec Dieu. 

Au collège, le prof de physique, le même qui m'avais aidée pendant un devoir, propose un atelier astronomie ...."maman, je veux y aller".

"Alleeeeez, je veux y aller".

J'y vais, ma mère me conduit au collège puis s'en va. Bien sûr, tous mes camarades sont avec leurs parents et se rendent directement sur le lieu d'observation, sauf moi, donc le prof me prend en voiture avec lui.

Idem au retour.

Bon, j'ai trop kiffé l'astronomie, en plus, on a observé Orion et Sirius, qui sont ma constellation et mon étoile préférées.

Lorsque je rentre dans la voiture au retour, je suis TRÈS enthousiaste.

Qui était l'homme qui t'a accompagnée en voiture?

Ben, mon prof ... Tous les autres parents étaient là avec leurs enfants, sauf toi.

Elle pille net.

Ben, qu'est-ce qui passe?

Tu es rentrée avec un homme seul?

C'est mon prof! Et puis, tu n'avais qu'à être là ...

Il t'a touchée, j'en suis sûre!

Moi, j'étais naïve, très naïve, et je ne comprenais pas exactement ce dont elle me parlait.

Enfin, si, mais je n'y croyais pas.

Mais si, il t'a touchée, j'en suis sûre, je t'interdis de rester avec un homme seule. 

De quoi parles-tu? Il m'a ramenée en voiture, c'est tout.

Et tu arrêtes de me parler sur ce ton s'il te plait et arrête de mentir.

Mentir?

L'affaire prenait des proportions qui me dépassaient, j'avais peur en fait, sans savoir pourquoi ... 

J'ai passé une nuit blanche, en me disant que quelque chose s'était rompu en moi, ma naïveté, mon enfance, ma confiance dans la vie, quelque chose.

Curieusement, même si ma mère continua à m'inculquer une certaine haine pour les hommes (et je ne comprenais pas pourquoi dans ce cas, elle s'était choisi un homme des cavernes inculte, violent, obsédé, alcoolique et nous le verrons plus tard suicidaire), j'appris, mais à mes dépens pendant la partie de ma vie hétéro, que les hommes sont ce qu'ils sont, qu'il y en a de pas très futés effectivement, mais globalement, ceux que j'ai connus et aimés étaient gentils et bien intentionnés.

Toutefois,  une culpabilité très forte demeura après cet épisode.

Je pris mes distances avec le prof de physique et bien sûr je cessai d'aller à l'astronomie.

Pour cette fois, disons, parce que je n'avais pas dit mon dernier mot et ma fascination du ciel demeure plus que jamais.

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