Voyage en Gandhi-copter

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 Un bourdonnement annonça l'arrivée d'une sorte de drone gigantesque, presque plus grand qu'un hélicoptère. L'engin s'immobilisa au niveau du sol et Gandhi sauta dedans. Il invita ensuite nos comparses à son bord. Ils se regardèrent, hésitants, puis acceptèrent. Le Gandhi-copter reprit de l'altitude.

 — Je le dirige uniquement par la pensée, expliqua le cyborg.

 — J'en veux un pour Noël ! s'exclama Thierry.

 Le véhicule volait à une vitesse assez impressionante. Consterné par la situation, Marlowe engagea la conversation :

 — Donc comme ça... Vous êtes Gandhi...

 — Eh oui, en chair et en acier !

 — Et donc... Je ne comprends pas tout... Comment c'est possible ?

 — Je vous l'ai déjà expliqué il me semble. Des hommes de science ont récupérés mon corps et l'ont remplacés par une réplique quasi-parfaite. Alors que tout le monde pensait que je brûlais sur un immense bûcher, j'étais en réalité conservé au frais dans une cuve de préservation. Plusieurs générations de scientifiques dévoués se sont succédés pour me redonner la vie, pour que mon esprit puisse encore occuper leur monde.

 — Personne n'avait besoin de ça pour que l'esprit de Gandhi perdure, lança Lucio. Votre philosophie continue d'exister et est toujours appliquée.

 — Et j'en suis ravi. Il n'empêche que certains voulaient me voir revenir et ont tout fait pour.

 — Cazzate ! Ils voulaient pas que ça. Pourquoi vous avoir foutu des putains d'armes à la place du corps s'ils étaient réellement d'accord avec vos idées ?

 — Ce n'est pas eux qui ont pris l'initiative de me transformer ainsi. C'est moi qui leur ai demandé.

 — Pardon ?

 — Vous m'avez bien entendu. J'ai changé d'avis sur pas mal de points.

 — Vous n'avez plus rien du même.

 — J'ai changé, voilà tout.

 — Merde. Et dire que j'ai lu tellement de choses sur vous. Vous étiez mon idole.

 — Et malgré ça, fit Marlowe, tu es devenu un grand criminel ?

 — C'est pas moi qui ait fait ce choix, mierda ! Tu crois que si j'avais pu devenir quelqu'un de bien avec un boulot stable, j'aurais refusé ?

 — Je crois bien, oui. On peut toujours influencer notre vie à un degré plus élevé qu'on ne le croit.

 — Ferme-la ! C'est ce monde pourri qui m'a forcé à devenir comme ça !

 — Voilà exactement pourquoi j'ai changé, largua Gandhi. Le monde est pourri et transforme les hommes en monstres. On ne peut pas changer la mentalité des gens sans changer le monde.

 — J'y crois pas...


 Le froid était plus intense encore en altitude. Les européens affublés de leurs vêtements inappropriés frissonnaient dans le Gandhi-copter dont la préoccupation était bien plus la vitesse que l'isolation thermique. Pablo et Thierry se collaient pour tenter de se réchauffer. Marlowe et Lucio désepéraient chacun de leur côté pour des raisons propres. Le Lieutenant tentait de donner du sens à la situation qui ne lui semblait que bien trop invraisemblable.

 — J'ai des questions, déclara-t-il après quelques minutes silencieuses.

 — Nous en avons tous, répondit Gandhi.

 — Certes. Mais dites-moi, pourquoi défendre ainsi le Tibet ? N'êtes-vous pas, par ailleurs, né en Inde ?

 — Si, mais ça m'a saoulé de vivre là-bas. Le Dalaï Lama s'accaparait toute l'attention...

 — Vraiment ?

 — Évidemment ! Comment voulez-vous lutter contre ses yeux laser quand vous n'êtes qu'un simple cyborg ?

 — J'avoue, fit Pablo. Ça a pas dû être facile tous les jours.

 — Je pense qu'il plaisantait, fit Lucio.

 — Non je pense pas.

 — Bah si, trancha le Mahatma. Je plaisantais. C'est simplement que ceux qui m'ont ramenés à la vie sont tibétains. Ils m'ont expliqué leur situation et mon premier objectif sera de l'inverser.

 — Quel déconneur ce Gandhi ! lança Thierry.

 — Et ensuite ? demanda Marlowe.

 — Je sauverais le monde, très certainement.

 — Eh ben ! s'exclama Pablo en désignant Marlowe et Lucio. Vous devriez bien vous entendre vous trois, vous avez les mêmes ambitions !

 — Vous avez d'autres questions ?


 Un silence accompagné de plusieurs hochements de tête horizontaux. La confusion empêchait Marlowe et Lucio de formuler les questionnements pourtant si nombreux qui proliféraient dans leurs cerveaux. Soudain, Pablo brisa le calme avec sa question qui le démangeait :

 — Oui, c'est quoi vos petits lunettes rondes là ? Ils vous ont ressucités mais ont pas pu vous donner une vue correcte ?

 — Si, je les garde pour le style.

 Lucio désirait comprendre qui était réellement ce cyborg entouré de si nombreuses zones de flous, toutefois, une affaire le démangeait plus encore.

 — L'apocalypse, énonça-t-il. Savez-vous comment arrêter l'apocalypse imminente ?

 — On ne peut pas l'arrêter, répondit Gandhi. Vous le savez bien. Si ça doit arriver, ça arrivera.

 — D'ailleurs, fit Marlowe, peut-être que vous pouvez nous éclairer. Vous devez sans doute être au courant de l'existence du nuage noire qui dévore tout sur son passage. Je ne parviens pas à trouver d'explication logique... Qu'est-ce que c'est ?

 — Ah ! s'exclama Cyborg Gandhi à la manière de Denis Brogniart. C'est gênant ça... Je dois vous avouer mon ereur. Il s'agit d'une de mes armes. Je possède une armée de microbots. Ils sont capables de moult exploits, et peuvent notamment libérer un gaz toxique. Mais voilà tout, j'ai perdu le contrôle sur eux et de temps à autre ils se regroupent et envoient ce gaz à des endroits aléatoires.

 — C'est tout ce que ça vous fait ? s'agaça le Lieutenant, remarquant l'impassibilité de l'androïde.

 — Ils avancent naturellement dans le territoire chinois et sème la terreur, ce n'est que du positif finalement.

 — J'en reviens pas !

 Pablo s'interrogea alors, d'une candeur telle que la tension en redescendit :

 — C'est moi ou ben Gandhi vient de violer la convention de Genève ?

 — Certes, mais j'ai pas fait exprès hein !

 — Ça change tout... soupira Marlowe.

 — Et puis c'est pas ma faute non plus, le gaz mortel s'est malencontreusement libéré sans que je n'en donne l'ordre.

 — Bien sûr que c'est de votre faute, c'est vous qui avez demandé des nanobots qui crachent du poison gazeux !

 — Non, c'est microbots, pas nanobots, rectifia le Mahatma.

 — En quoi ça change quelque chose ? On comprend de quoi on parle, détournez pas le sujet, c'est la même chose !

 — Houlà non ! Pas du tout ! Ça se voit que vous n'y connaissez rien en nouvelle technologie mon brave !

 — Mon brave ? Et c'est quoi la différence alors ?

 — Aahahaah ! Oh le con ! Il confond microbot et nanobot ! C'est pas du tout pareil ! Au secours, je m'éfouffe ! Aahahaah, quand je vais leur raconter ça, ils vont éclater de r...

 — Oui bon ça va, arrêtez de vous foutre de ma gueule et réponde-moi !

 — Aahah, oh pardon, j'en ai la larme à l'œil ! Eh bien, c'est très simple, les microbots ont une taille de l'ordre du millimètre, tandis que les nanobots mesurent plutôt quelques micromètres.

 — Wow je capte rien, avoua Marlowe, c'est super confus.

 — Oui ben c'est la science hein, fit Gandhi. Faut se mettre à la page mon vieux.

 — Mon vieux ? s'éberlua le détective en se tournant vers Lucio. Hey, regarde qui vient de me traiter de vieux ! 

 — Ouais c'est clair ! répondit Thierry qu'on avait pas sonné.

 — Tiens, voilà le mont Kailash, remarqua le pilote du Gandhi-copter.

 — Déjà ? s'étonna Diceni.

 — Comment ça déjà ? s'énerva Marlowe. Ça fait plus de trois mois qu'on est en suspension dans l'air !

 — Quoi ? Tu disjonctes, mon gars, tu disjonctes.


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