Bon allez, cette fois-ci, c'est parti !

8 minutes de lecture

 Pablo, surexcité, criait toujours. Très rapidement, la foule se rassembla autour de lui.

 — C'est complètement dingue ! Je savais pas que ça existait vraiment ce genre de machins ! Si mes yeux ne me jouaient pas des tours, vous allez être RA-VIS !

 — Hey, ferme-la, sale nazi ! gueula une femme.

 — On veut pas entendre tes histoires ! accompagna un deuxième rescapé.

 — Je ne vois strictement rien, ajouta un homme au fond de la foule, mais je vais t'insulter quand même pour suivre les autres !

 — Du calme, du calme ! s'interposa Marlowe. Il est avec nous. Son innocence est avérée. Ça me coûte de le dire, mais il est juste débile, pas terroriste.

 — Merci ! fit Pablo.

 — هل تفهم شيئا ؟

 — لا. إطلاقا.

 — MENSONGES ! IMPOSTURE ! s'époumonna un homme, on ne sait pas trop pourquoi.

 — Montrez-nous les preuves ! réclama un trader qui passait par là.

 — Je tenais à dire que, malgré mon mutisme qui m'empêche de parler, je suis de tout cœur avec vous monsieur Pablo et je crois en votre absence de culpabilité.

 — Merci ! répéta le cuistot puis, se tournant vers le Lieutenant : Il parle drôlement bien pour un muet non ?

 — Bof. J'ai déjà vu mieux. Coupons court à toute cette agitation, qu'est-ce que tu as vu ?

 — Un truc IN-CROY-ABLE !

 — Oui, oui, ça on avait compris.

 — Une putain de jeep Ultra Hiver !

 — Oh, sympatoche ça.

 — C'est la dernière génération, elle peut rouler directement sur des énormes couches de neige ! Avec ça, on va la réussir vite fait bien fait votre mission !

 — Je ne regrette pas de vous avoir fait confiance, Pablito.

 — Oh, il m'a donné un surnom ! Ça veut dire... Qu'on est ami ?!

 — T'emballes pas non plus gros sac.

 — Ah...

 — Bon eh bien, les amis, annonça Marlowe en élevant la voix. Je pense que nous voilà fin prêts à mettre les voiles !

 Soudain, une silhouette massive et déterminée poussa les rangs qui entouraient Pablo et le détective. D'une confiance inégalée, elle s'exclama :

 — Vous aurez bien besoin d'un pilote professionnel !

 L'assemblée entière s'écria :

 — Thierry ?!

 — Lui-même ! Le héros du karting, la légende du drift, le roi de la conduite, le demi-dieu du dérapage, celui qui sait même faire atterir les avions et qui vous a tous sauvé la vie, c'est bien moi, Thierry !

 — Il se la pète un peu, non ? s'assura Pablo.

 Marlowe ouvrit la bouche pour répondre mais Thierry, muni d'un sourire charmeur, prit les devants :

 — Ah mais complètement ! Et j'ai de quoi me vanter ! Mon palmarès est vertigin...

 — Bien, bien, coupa Marlowe. Mais vous savez les conduire, ces jeeps ?

 — Ah ! Quelle question ! Il est vrai que ces bolides ne se laissent pas manier par le premier ziggoto venu, mais vous savez, quand on sait à la fois conduire un avion ET un kart, tout est possible.

 — Entendu. Bienvenue dans l'équipe.

 Thierry se serra lui-même les mains, les bras en l'air, comme célébrant une victoire sportive aux Jeux Olympiques. Il mima ensuite au public de cesser ses exclamations. Exclamations qui, évidemment, n'existaient que dans sa tête.

 Magalie s'approcha du policier, son regard désapprobateur habituel fixé sur son visage.

 — T'es sérieux là ? Tu vas laisser ce gugusse venir avec nous ? Et nous transporter, même ?

 — Il a fait ses preuves.

 — Vraiment ?

 — En fait c'est surtout qu'il a l'air d'être un gros lourd et ça me plaît bien.

 — Pfff, si on s'encadre de l'équipe des plus incompétents du coin, on ira pas bien loin, c'est moi qui te le dit !

 Magalie s'éloigna d'un pas énervé, sous l'œil amusé du détective. Après tout, ce n'était que partie remise, elle qui avait accepté le cuisinier fou...

 — Mon œil était pas si amusé que ça mais bon, si vous le dites.

 — À qui tu parles ? demanda Pablo.

 — À Dieu.

 — Oh, stylé.

 Tout en insistant pour qu'on lui jette des fleurs dessus – sans trop d'épines, de préférence – Thierry accompagna Pablo jusqu'au hangar. Ils déblayèrent la neige se trouvant devant le portail, puis le forcèrent à l'aide d'outils improvisés dénichés parmi les jouets pour enfants.

 Le véhicule était imposant. Thierry pleura littéralement de bonheur en admirant les courbes si parfaites mais si négligées à la fois de la voiture. Pour une obscure raison, elle avait été intégralement repeinte en fushia, ce qui ne dérangeait nullement le pro du karting ET du tunning. Ses portes, mal refermées, s'ouvrirent toutes seules, et ils s'installèrent sur ses dossiers confortables.

 — Une aubaine que les clés soient encore sur le contact ! se pâma de joie Thierry.

 — Non tu confonds, le contredit Pablo, c'est le levier de vitesse ça.

 — Ah, effectivement, maintenant que tu le dis... Quoique, ça ressemble quand même pas mal à...

 — Tu es sûr que tu sais conduire ?

 — Et comment ! Pour qui me prends-tu ? Les bagnoles, c'est toute ma vie monsieur ! Nan mais avoue que ce levier ressemble beaucoup à...

 — Mais pas du tout ! Je vais leur dire moi aux autres que tu n'y connais rien !

 — S'il te plaît, non ! Je t'en prie... Écoute... Je t'avoue un truc, ok ? J'ai perdu mon permis y'a cinq ans maintenant – Peut-être plus, le temps n'a plus d'importance pour moi depuis. – tout ça parce que je roulais "soi-disant" trop vite. Mais je t'assure que je contrôlais parfaitement ma trajectoire !

 — Je crois que t'as mal mis tes "guillemets", répliqua Pablo en mimant les mêmes guillemets que Thierry avait fait avec ses mains.

 — Quoi ?

 — Bah tu les as mis sur "soi-disant", mais normalement tu devrais les mettre sur "trop vite". Ça a pas de sens sinon.

 — Ah ok, je viens d'apprendre un truc là. 'Fin bref, tu vois, j'ai plus le droit de toucher à une caisse depuis. Ça me manque tellement, j'en deviens fou ! C'est pour ça que je me sens déboussolé là. J'ai essayé de compenser en faisant du karting ou en me jettant dans des cadies sur des voies légèrement en pente, mais c'est pas du tout pareil... Par contre, je t'assure ! Je t'assure que dès que j'aurais remis les mains sur le volant et appuyé sur les pédales... Je t'assure que tout va me revenir d'un coup et que tu découvriras le meilleur pilote qui n'ait jamais piloté !

 — Ça se tient, je veux bien te croire. Mais ça ne règle pas le problème des clés...

 — Quoi ?

 — Bah comment tu veux démarrer sans ?

 — Avec ça pardi !

 — Non, toujours pas, c'est encore le levier de vitesse...

 — Ah, je m'y ferais jamais !

 Lucio fut alors appelé et il s'occupa de bidouiller les fils électriques de la jeep pour la faire démarrer. Ce fut alors le moment de vérité pour Thierry. Il ajusta les rétroviseurs, règla son siège, positionna ses mains moites sur le volant, enleva le frein à main. Une goutte de sueur perla sur son crâne où des rides de nervosité naissaient. Il actionna la pédale et ! Et rien. Pablo lui indiqua qu'il devait se mettre en première avant toutes choses. Évidemment ! Tout lui revenait maintenant ! Il actionna la pédale et ! Et bah toujours rien figurez-vous. Pablo lui expliqua brièvement la différence entre le frein, l'embrayage et l'accélérateur.

 — À quoi ça rime, tout ça ? s'impatienta Lucio, allongé sur la banquette arrière. Vous savez pas conduire, Thierry ?

 — Oh que si ! cria-t-il finalement.

 La voiture fut alors propulsée à toute vitesse à travers le mur du hangar. Les pneus roulaient sur la couche de neige supérieure avec une facilité déconcertante grâce à une technologie avancée que nous ne décrirons pas ici.

 — Wouhou !! s'extasia le pilote. C'est qui le patron ?

 Le véhicule s'arrêta brusquement à ce moment-là. Les pneus s'enfoncèrent dans la neige.

 — Putain Thierry, soupira Pablo. Me dis pas que t'as calé !

 — Euh, ca-quoi ? Non, pas du tout, je testais simplement ce que le bolide avait dans le ventre.

 Le redémarrage fut plus long et compliqué une fois la jeep Ultra Hiver déjà enfoncée dans les couches glacées, mais Thierry, par miracle, parvint à l'effectuer. Avec une aisance désormais insoupçonnée, il se gara en faisant un petit créneau des familles devant l'entrée principale du supermarché. Les plus curieux – et les moins frileux – se réunirent devant le magistral engin.

 — Eh ouais, c'est pas d'la gnognotte ma bécane ! se vanta Thierry en abaissant sa vitre. Et devinez qui conduit cette beauté ? Eh ouais, c'est bibi !

 — N'en fais pas trop, je suis au courant de tout moi, le rappela Pablo.

 — Deux secondes, marmonna Thierry tout en essayant de se la jouer cool devant les autres, c'est mon moment de gloire là !

 Tandis que le chauffeur saluait la foule, Marlowe traversa le regroupement et s'assit à l'arrière, à côté de Lucio.

 — Tu viens m'aider à récupérer les affaires ? lança-t-il. J'ai tout mis dans des sacs.

 — J'arrive.

 Ils transportèrent donc leur matériel jusque dans le large coffre de la jeep futuriste. Une fois tous installés, le gangster demande au détective :

 — Et ta go au fait, elle est où ?

 — Nathalie ? Bah elle ne vient pas.

 — Nan, Magalie.

 — Ah, elle... J'en sais rien je l'ai pas revu depuis que vous êtes parti. Oh nan, me dit pas qu'elle me fait une autre de ses crises de colère et que je vais devoir aller la récupérer...

 Comme pour répondre à la protestation, le coffre de la voiture s'ouvrit, puis fut claqué. Framboise apparut alors dans le rétroviseur de Thierry.

 — On t'attendait, signala Marlowe. Tu faisais quoi ?

 — Je sais, pardon, j'étais partie prendre des affaires supplémentaires.

 — Espérons que ce ne soit pas trop lourd et que cela ne nous empêche de rester au dessus de la neige.

 — C'est assez lourd, en effet, mais je pense que ça ira.

 — Bien. Tu préfères t'asseoir où ?

 — J'aimerais bien être à côté d'une fenêtre de préférence, je me sens toujours un peu malade quand je suis sur la place du milieu.

 Ainsi, Magalie rejoignit la place du milieu.

 À ce moment précis, une autre personne fendit la foule pour s'approcher de la voiture. C'était la vieille voyante.

 — Prenez-moi avec vous également ! scandait-elle. Vous aurez besoin de mon expertise et de mes dons pour l'aventure que vous attends !

 — Oh nan, pas elle ! paniqua Lucio. Vite, démarre !

 — Je décèle des énergies négatives en ces lieux, et elles n'ont pas fini de vous tourmenter !

 — Trace, trace ! beugla l'Italien en frappant le siège de Thierry.

 — C'est bon, ça vient, ça vient, faut pas les presser, les beaux moteurs si précieux comme le nôtre.

 — Ils arrivent ! Je les sens ! Les esprits... !

La voiture démarra, projettant de la neige sur celle qui communiquait avec les défunts.

 — Bon ben j'aurais essayé, fit-elle en se retournant. Oh, bonjour ! Vous ai-je déjà parlé des esprits qui...

 Ainsi, nos cinq compères partirent à l'aventure dans les contrées hostiles du Tibet ! Ils devront braver de multiples dangers et combattre les éléments ! Leur objectif : retrouver Mardo, le seul homme capable de sauver le monde.

 Enfin ! Depuis le temps qu'on en parlait...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Yanyan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0