V

La nuit est là, épaisse et chaude. Sous les scialytiques violents, déployés sur une surface d’une vingtaine de mètres carrés, Mélanie Myrthon pose sous les flashs des techniciens de la police scientifique serinoise.

— Il s’est acharné, cette fois-ci, lâche LaClue, qui grimace depuis son arrivée.

Personne ne s’aventurerait à le contredire. Les yeux grand ouverts, le visage boursouflé dans un rictus à frémir, le ventre décoré de trois flèches bien droites, la peau coloriée en nuances de violet et de rouge : le cadavre de l’occupante de la chambre 22 diffuse une ambiance inconfortable.

Équipé de sur-chaussures et de gants en nitrile, Dorian s’accroupit près du cadavre, et entreprend une fouille minutieuse. Rien dans les poches du short, rien autour du corps. L’inspecteur abaisse son masque, renifle, et fronce le nez.

— Il s’est lâché sur l’essence, commente-t-il en se relevant.

Il recule de quelques pas, retire gants et masque, puis fixe ses collègues.

— Il a tué quelqu’un de l’hôtel, lâche-t-il pour lancer le jeu des hypothèses.

— Et pas n’importe qui : il a descendu notre principale suspecte pour le meurtre de Royand, avance Samia.

— Et un témoin potentiel du meurtre de Gautrois, conclut LaClue.

Dorian acquiesce :

— En effet : si le chasseur avait un doute sur ce que Mélanie Myrthon savait, le voilà débarrassé du problème.

— On dirait qu’il a rencontré plus de résistance avec elle, observe Samia. J’ai l’impression qu’il y a pas mal de blessures défensives. Ou bien des signes de torture ? Il a pu chercher à savoir si elle avait lâché un truc sur le meurtre de Gautrois.

— Peut-être, abonde son équipier. En tout cas, il n’y a pas de mutilation à la main cette fois-ci. Mais le légiste trouvera peut-être une blessure post-mortem à l’autopsie.

Le silence, tout relatif dans le grouillement des travailleurs de scène de crime, retombe, jusqu’à ce que LaClue, mal à l’aise depuis leur départ du commissariat, lance :

— Il faut que je vous parle de quelque chose.