Tarte (1/3)

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V

Dorian se glisse dans la salle à manger du gîte – qui ressemble davantage à un réfectoire –, attrape un bol, puis se rend jusqu’à la table collée au mur de la cuisine pour se servir du café frais. Bien présentés, la bouilloire, les sachets de thé, le lait chaud, le lait froid, les céréales et le cacao l’attendent sagement.

Son bol rempli aux trois quarts, Dorian prend place à leur table habituelle. Dessus, une corbeille de pain, du beurre, de la confiture, des couteaux plats et des petites cuillères.

Il confectionne ses tartines quand Samia entre à son tour. Le visage chiffonné par le sommeil, les cheveux fauves, le pyjama lâche sur les épaules et les hanches, elle tire la chaise face à Dorian, s’y écrase, puis enfouit sa tête dans ses avant-bras.

— Pas bien dormi ? l’interroge Dorian en attrapant la confiture.

— Pas assez, rectifie Samia, la voix étouffée dans ses bras.

— Tu veux du café ?

Un léger marmonnement le fait se lever une fois de plus, un bol propre déjà en main. De retour au buffet, Dorian empoigne de nouveau la cafetière, et noircit le bol jusqu’au rebord. Prudent, il rejoint la table où Samia comate, dépose la dose de caféine, puis repart aussi sec, pour découper une part de tarte aux pommes, qu’il dispose dans une assiette extirpée d’une parfaite pile juste en face.

Samia raffole des tartes. Et le cuisinier varie les plaisirs : chaque matin, un nouveau parfum les attend, que sa collègue déguste sans faute.

Cette dernière émerge doucement, attirée par les odeurs caféinées. Après trois gorgées du nectar noir, elle salue son équipier. Lorsque le bol est vidé à moitié, elle lui demande s’il a bien dormi.

C’est tout naturellement qu’après avoir englouti sa part de tarte aux pommes, et son bol entier de café, Samia aborde l’affaire.

— Toujours rien sur m’sieur Maigrelet. Il est pas fiché avec le reste du gang des apothicaires, en tout cas. La photo est plutôt nette : s’il était dans la base, on l’aurait trouvé.

— Il n’a pas non plus l’air d’un touriste en vacances, souligne Dorian, qui finit de siroter son café.

— Mmm. La fille non plus.

— Laquelle ? Mélanie ?

Samia acquiesce.

— L’autre, la grande brune, on n’a pas de retour sur son identité non plus ? s’enquiert Dorian.

— Nope. M’enfin, sans entretien, sans contrôle de leurs papiers, et sans recherche d’empreintes, c’est compliqué de mettre un nom sur un visage.

— Pas faux. Je suppose que, concernant l’autre type, c’est pas mieux.

— Bien vu, inspecteur Dorian. On pourrait essayer de mettre la pression au gérant, ça a marché avant-hier.

— On n’était pas censés rester dans les clous ?

— Y paraît. Bon, faut que j’aille m’habiller. On décolle à et quart ?

Dorian opine. Il est sept heures cinquante. À huit heures treize, le siège de la police judiciaire de Serins-sur-Lacs contacte Dorian en urgence. Le redirige vers le commissariat de Pavonis. Quatre minutes plus tard – légèrement en retard –, Samia apparaît en bas de l’escalier qui mène aux chambres du gîte, bataillant avec l’étui de son Sig Sauer.

— T’en fais, une tête, commente-t-elle, fronçant ses sourcils.

Dorian baisse les yeux, le visage effectivement fermé.

— La Verrière a appelé, indique-t-il. On nous attend à l’hôtel.

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