Semaine 17- Une histoire pas drôle

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Ce jour-là, pour son grand malheur, Ducky devait jouer les baby-sitters avec ses neveux Pascual, le bambin pleurnicheur et Lucas, le turbulent tête à claques. Gloria, sa sœur, avait enfin réussi à convaincre son mari de l'emmener dîner, en tête à tête, et revoir pour l'énième fois son film préféré, L'accordéoniste.

En bon tonton, Ducky avait commandé des pizzas et tous les trois s'empiffrèrent devant un slasher d'une violence hallucinante, inadapté au pauvre Pascual. Celui-ci tremblotait encore à l'heure du coucher et notre héros palmipède commençait à regretter de leur avoir fait voir ce film que lui, égoïstement, avait envie de voir.

Alors, il eut une bonne idée, pour les aider à se relaxer et s'endormir : un jeu ! Car Ducky ne voulait pas rater le début de son émission préférée « Danse avec les canards », présentée par Laëtitia Canarda.

Tandis que Lucas continuait à se moquer de son petit frère en racontant avec luxe de détails les scènes les plus sanglantes, Ducky proposa un jeu de devinettes et des blagues Canardbar - des histoires drôles archilles écrites dans l'enveloppe d'un bonbon gluant.

De fil en aiguille, Ducky se souvint de la meilleure blague qu'il avait entendue dans son enfance. Celle que tante Gertrudis de Shiwawa lui avait racontée. Il s'en rappelait encore, tellement elle était géniale. En plus elle était si longue que, avec un peu de chance, ses neveux s'endormiraient avant d'avoir écouté la fin.

— Les enfants ! je vais vous raconter une superbe histoire. En fait c'est une blague, une histoire-blague...

— C'est quoi une histoire-blague ? l'interrompit Pascual.

— C'est nul ! renchérit Lucas avant que Ducky n'ait pu répondre.

— Chut ! Sinon je vous enferme dans la cave... à nouveau.

Les deux canetons hochèrent la tête négativement, dans une fausse supplique.

— Bien, bien, bien. Il était une fois Pepito, un enfant très turbulent, le cancre de l'école. Bref, c'est comme le Toto des blagues, sauf qu'il s'appelle Pepito.

— Et pourquoi tu ne l'appelles pas Toto ? s'enquit Lucas.

— Parce que dans la blague il s'appelle Pepito !

— Et pourquoi tu nous parles de Toto ? intervint Pascual.

— Ben pour que vous compreniez ! répondit Ducky, énervé.

— Mais son nom, c'est important ? poursuivit le petit et innocent Pascual.

— NON ! Bon, tu vas me laisser continuer ? Parfait ! Donc, il était une fois Pepito qui arrive encore en retard à l'école et se fait gronder par la maîtresse...

— Bah ! quand on arrive en retard déjà c'est les surveillants qui nous grondent avant, intervient Lucas.

— Mettons qu'il n'y avait pas de surveillants, OK ? Donc, Pepito arrive en retard et se fait gronder par la maîtresse. Celle-ci lui demande la raison de son retard et Pepito lui répond qu'il a trébuché et trouvé un papier par terre...

— Et il arrive en retard pour avoir trébuché et ramassé un papier ? Elle ne tient pas la route ton histoire !

— Chut ! C'est comme ça. Donc, la maîtresse demande à Pepito le papier. Elle le lit et s'offusque, devient rouge et hurle « Pepito, va voir Monsieur le Proviseur ! ».

— Il dit quoi le papier ? demandèrent les deux petits.

— Tutute ! Écoutez l'histoire ! Donc Pepito va voir Monsieur le Proviseur qui l'interroge sur sa visite. Pepito s'explique et, curieux, Monsieur le Proviseur demande à voir le papier. Lorsqu'il le lit, il s'offusque, devient rouge et hurle « Pepito, tu es expulsé de cette école ! Rentre chez toi ! »

— Mais il y a quoi d'écrit ?

— Chut ! Attendez la suite, pardi ! Donc Pepito rentre chez lui et sa maman est étonnée de le revoir si tôt...

— Elle ne travaille pas la maman ? intervint Lucas.

— Non ! Donc...

— Il aurait fait quoi si elle travaillait ?

— Chut ! Laissez-moi poursuivre ! Donc Pepito rentre chez lui et sa maman lui demande pourquoi il est là. Pepito lui raconte sa mésaventure avec la maîtresse et Monsieur le Proviseur. Intriguée, sa maman demande à voir le papier. Lorsqu'elle le lit, elle s'offusque, devient rouge et hurle « Pepito, tu n'es plus mon fils ! Pars de cette maison ! »

Les deux canetons semblent effrayés.

— Ah bon ? Les parents peuvent faire ça ? demanda le petit Pascual.

— OUI ! Donc le pauvre Pepito déambule dans les rues, seul et abandonné et Monsieur le Gendarme s'étonne de le voir. Il lui demande pourquoi il n'est pas à l'école. Alors Pepito lui raconte ses mésaventures avec la maîtresse, Monsieur le Proviseur et sa propre mère. Incrédule, Monsieur le Gendarme demande à voir le papier. Lorsqu'il le lit, il s'offusque, devient rouge et hurle « Pepito, en prison ! »

— Il dit quoi le papier ? insista le petit Pascual.

— N'importe quoi, on ne peut pas mettre un enfant en prison ! renchérit Lucas.

— CHUT ! Vous voulez connaître la fin ? OK ! Donc Pepito va en prison en attendant d'être présenté devant Monsieur le Juge. Enfin, c'est le jour de l'audience et Monsieur le Juge s'étonne d'avoir à juger un enfant. Il lui demande des explications. Alors Pepito lui raconte ses mésaventures avec la maîtresse, Monsieur le Proviseur, sa mère et Monsieur le Gendarme...

— Tu peux éviter la redite, ça m'endort ! s'insurgea Lucas.

— C'est le but ! Ahem, donc, incrédule, Monsieur le Juge demande à voir le papier et...

— Lorsqu'il le lit, il s'offusque, devient rouge et hurle..., le devancent ses neveux.

— Oui, c'est ça ! Il le condamne à mort !

— OH ! Il peut faire ça ? s'interrogèrent les deux canetons, affolés.

— Ben dans l'histoire oui ! Donc il est condamné à mort et...

— Comment on peut condamner à mort un enfant ? s'enquit Lucas. C'est n'importe quoi !

— Bref, c'est l'histoire, c'est comme ça ! Vous voulez que je continue ?

— Oui !

Les deux répondirent à l'unisson, mais le petit Pascual gardait un visage d'inquiètude. Il s'aventura à poser la question qui le troublait :

— Mais il va mourir comment ?

— Découpé en morceaux avec une corde de piano, comme dans le film ! Ou on va lui arracher son cœur avec une petite cuillère ! avança Lucas.

— Chaise électrique, répondit Ducky. Bref, ce n'est pas le point ! Donc, Pepito va au ciel et aux portes du Paradis, Saint Pierre s'étonne de le voir si tôt...

— C'est qui ce Pierre ?

— Saint Pierre, le gardien de l'immeuble, OK ? Donc Pepito lui raconte ses déboires avec...

— On sait ! La maîtresse, bla, bla, bla. C'est bientôt fini ? s'interrogèrent pour l'énième fois les deux canetons.

Ducky semblait ne pas les avoir entendus.

— Avec la maîtresse, Monsieur le Proviseur, sa maman, Monsieur le Gendarme et Monsieur le Juge, vous voyez ? Ce n’était pas long ! Bref, donc Saint Pierre lui demande à voir le papier et...

— Comment peut-il avoir le papier alors qu'il est mort ?

— Parce que ! Donc Pepito lui montre le papier et Saint Pierre...

— S'offusque, devient rouge et hurle : « Pepito, va en enfer chez le Diable », ajoutèrent les deux canetons.

— Bravo ! Vous suivez ! applaudit Ducky. Donc finalement, Pepito va en enfer et le Diable est tout content de le recevoir, d'ailleurs il attendait une si bonne recrue...

— Pourquoi ?

— Parce qu'il est un vilain petit canard ! Comme vous ! Bref, donc Pepito lui explique pourquoi il est là et ses déboires avec... tout le monde. Le diable est intrigué, « Pepito, lui dit-il, montre-moi ce papier ! Vite ! » et Pepito...

Ducky observait ses deux neveux. Ils retenaient leur respiration. Ducky avait les joues qui gonflaient et ne pouvait pas reprimer son fou rire. Les deux enfants s'attendaient à une fin explosive.

— Donc, reprit notre héros, Pepito vide ses poches et répond « Ben, le papier a pris feu quand je suis entré aux enfers ! ».

Ducky éclata d'un rire à se tordre et se rouler par terre, tandis que les deux petits canetons restèrent sur le bord de leur lit, le cou bien étiré, les yeux pétillants, ils attendaient le grand final.

— Et ?

— Et quoi ? demanda Ducky.

— La fin de l'histoire !

— Ben, c'était ça la fin de l'histoire, répondit notre héros, tentant de reprendre son souffle.

— Elle est nulle ton histoire ! éructa Lucas.

— Mais il y avait quoi d'écrit sur le papier ? demanda tendrement Pascual.

— Ben, c'était ça la blague, on ne le saura jamais ! rétorqua Ducky.

— Mais pourquoi ? renchérirent les deux.

— Parce que ! C'est ça la chute de l'histoire !

Les deux canetons demeurèrent perplexes. Ducky soupira. Il ne comprenait pas pourquoi sa blague produisait toujours le même effet.

*** Oui, oui, cher lecteur, au Mexique Toto devient Pepito :) https://fr.wikipedia.org/wiki/Blague_de_Toto

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