Baby 2 : Emprisonnement

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 Pendant que son fils assistait, impuissant à l'incendie de sa maison, Marie Rose se blottissait dans un coin du transport de troupe comme une bête aux abois. Les quatre soldats affectés à sa surveillance ne semblaient pas s'en préoccuper. Ils bavardaient à voix basse. De temps en temps, ils se mettaient à rire.

 Elle était à la fois rassurée et inquiète. Rassurée de savoir que son petit avait réussi à s'échapper. Inquiète parce qu'elle se demandait ce qu'il était devenu. Elle espérait de tout son coeur qu'une bonne âme le prenne en pitié et l'aide à passer ces moments difficiles. Son sort personnel l'indifférait. Son garçon était trop jeune pour rester seul, même s'il se montrait débrouillard en braconnant sur les terres du Duc. À onze ans, il développait déjà une pensée très mature. Elle l'avait toujours entouré d'amour et de tendresse. Il ne connaissait pas le mal et devrait affonter le monde cruel et pervers.

— Madame, nous sommes arrivés. Il faut descendre, annonça un des soldats.

 Il l'aida à sortir du véhicule.

— Madame ! Comment tu lui parles ! Ce n'est qu'une délinquante ! le reprit un de ses coreligionnaires.

 Le premier soldat la conduisit dans une des cellules du bâtiment des interrogatoires comme l'avait ordonné le Directeur général. Elle resta ainsi jusqu'au soir. Elle put se laver. À la sortie de la douche, ses vêtements avaient disparu : à la place, la tenue prévue pour les prisonniers à savoir un pantalon et une chemise grise avaient été déposées.

 Après la relève de la garde pour la nuit avec un effectif réduit de quatre soldats, Mahoré apparut pour l'inspection. Il devait avoir la tête bandée mais il refusa le bandage qui lui rappelait son impuissance sans compter que son autorité en prenait un coup avec une bande blanche qui faisait le tour du crâne. Il tendit la main à ses subordonnées et prit le lieutenant Felipe Phasma à part.

— Effectif ?

— Juste une prisonnière. Qu'a-t-elle fait ?

— Elle m'a sauvagement agressé, expliqua Mahoré

— Et pourquoi elle a fait ça ?

— Qu'en sais-je ? C'est une folle.

— Je l'interrogerai demain. Elle a sans doute une explication.

— Inutile, le coupa Mahoré. J'ai déjà envoyé mon rapport. Sauvage ou pas, je vais la dompter cette mégère.

 Il demanda aux deux gardes de fermer après lui et pénétra dans la cellure. Le mobilier consistait en un gros bloc de béton sur lequel on avait placé un matelas. Dans un coin, un trou servait aux besoins pressants. Au-dessus un robinet pour la toilette.

 Marie Rose, en l'identifiant, se tassa sur elle-même, terrifiée d'être à sa merci.

— Tu fais moins ta maligne maintenant ? ironisa-t-il. Tu n'es plus aussi fière. Je vais te faire regretter de m'avoir repoussé.

 Mahoré se jeta sur elle comme un sauvage. La jeune femme endura son corps musculeux l'écraser contre le lit et l'enjamber, ses bras lui bloquant les poignets, supporta avec dégoût ses baisers mordants dans le coup et sur le visage, ses lèvres descendre ouvrir les boutons pression de sa chemise et ses dents râper sa peau fine. Ses membres s'agitaient dans tous les sens. Les poings du capitaine eurent raison de sa résistance acharnée. Laissant libre cours à ses pulsions, il la tripota de façon répugnante. Vaincue, elle ne réagissait plus, le laissant faire son affaire. Elyas découvrit sa nudité, une âpreté sadique dans le regard. Avec horreur, elle sentit qu'il déchargeait toute sa brûlante puanteur.

 Il sortit, s'étira en soupirant.

— Ah ! Ça fait du bien, commenta-t-il. Je vous la laisse. Profitez-en !

 Les deux gardes ne se laissèrent pas prier et poursuivirent le supplice pendant une bonne partie de la nuit. Mahoré fixa le lieutenant Phasma.

— Tu n'y vas pas ? En tout cas, celle-là, on pourra dire qu'il n'y a que le Duc qui ne lui aura pas passé dessus. Ah pardon ! Le Duc et toi.

 Il termina par un rire tonitruant, satisfait de sa répartie et se croyant très spirituel.

 Mais cet humour n'était pas du goût du lieutenant. Il désapprouvait totalement. Il le trouvait abject. Bien sûr, il aimait manifester un certain machisme, mais cela restait au niveau verbal. Dès que Mahoré fut parti, il demanda aux deux gardes de sortir de la cellule et d'effectuer une ronde. Il prit un verre d'eau et le déposa sur le sol.

 Marie Rose était prostrée, recroquevillée sur elle- même, les cheveux défaits et le visage tuméfié.

— Bonjour, je m'appelle Felipe, se présenta le soldat d'une voix douce. N'ayez pas peur, je ne vous ferai aucun mal.

 Elle tremblait en hoquetant.

— Je vais vous aider à vous redresser. Voilà ! Buvez un peu, cela vous fera du bien.

 La pauvre femme jeta sur lui un regard terrorisé. Il lui proposa de prendre une douche, ce qu'elle accepta. Après quoi, elle retourna dans sa cellule mais ne put fermer l'oeil de la nuit, sursautant au moindre bruit et resta assise, dos au mur avec la couverture relevé jusqu'au cou.

 Ce fut dans cette position que Phasma la retrouva le lendemain. Il l'installa à une table et lui servit du café et un gâteau au miel mais elle se contenta du café, ne pouvant rien avaler rien dans son état. Elle n'osait regarder ses tortionnaires de la veille et garda les yeux baissés sur son bol.

— C'est quoi ce bordel ? vociféra le Directeur général.

 D'un revers de main, il projeta le petit déjeuner à terre.

— Qui s'est permis ? éructa-t-il.

— C'est moi ! répondit Felipe. Je désapprouve entièrement ce qui s'est passé hier soir. Quoiqu'elle ait pu faire, ça ne nous donne pas le droit de...

— Ici, j'ai tous les droits, rétorqua Mahoré. Il n'y a qu'une loi, celle que je fais appliquer. C'est moi qui décide de la vie et de la mort pour tous ceux qui vivent ici. Alors ce qui s'est passé hier n'était qu'un détail.

 Le capitaine Phasma savait que le Messager accordait une grande autorité au Directeur général mais de là à décider de la mort arbitraire de quelqu'un.

— Tu ne veux pas me croire ? Tu veux me défier c'est cela ?

— Mais non, je veux bien te croire, insista Felipe.

— Ta bouche dit une chose mais tes yeux disent le contraire. Je vais te montrer que je ne me vante en aucune façon.

 Il prit Marie Rose par le cou et sortit un poignard.

— Qu'est-ce tu fais ? s'inquiéta le lieutenant.

— Je veux te prouver que j'ai tout pouvoir ici.

— Monsieur le Directeur, demanda une voix. J'ai trouvé ce petit qui fouinait partout dans le camp.

— Magnifique ! Il ne manquait plus que lui.

—Maman, cria Baby.

 Aussitôt, Marie Rose sembla revivre. Elle le supplia de laisser son fils en dehors de tout cela, arguant du fait qu'il n'était qu'un enfant. Il approcha le visage de son oreille.

— Tu aurais pu éviter tout cela, murmura-t-il. Tu as eu ta chance mais tu as préféré jouer les pétasses. Tu m'as humilié pendant des semaines mais moi, je ne t'humilierai que pendant deux jours. Tu as été plus que garce avec moi, pourquoi j'épargnerai ton mioche ? Tu l'as mal éduqué ma jolie. Il m'a tiré dessus avec son lance-pierre et il doit être puni.

— Laissez ma mère tranquille, cria Baby qui lui aurait arraché les yeux si le garde ne le retenait pas.

— D'accord, répondit Elyas.

— Ne regarde pas Baby, s'écria Marie Rose.

 Elle s'écroula, la gorge tranchée. Les trois gardes et le lieutenant Phasma s'immobilisèrent un temps, pétrifiés par cette mise à mort. Baby profita de ce moment d'inattention pour échapper au garde et se jeta sur le cadavre de sa mère. Il mit la tête sur sa poitrine et pleura amèrement.

— Enfermez-moi ce sauvageon. Je m'occuperai de lui cet après-midi.

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