Ce soir, la même chanson repasse en boucle dans mon casque. J'en connais chaque parole sans même avoir eu à les apprendre.
Ce n'est peut-être pas la chanson la plus adaptée à la circonstance, mais c'est celle qui me fait le plus penser à toi.
On en a bouffé du Johnny avec toi. Je te revois encore la chanter dans la cuisine, debout dans la cuisine, observant la rue en fumant ta clope.Au fond, je sais que tu ne la chantais pas pour moi. Peu importe, aujourd'hui je l'écoute pour toi.
Tu n'as jamais vraiment été un père mais je me dis que tu as fais de ton mieux. Je n'ai pas vraiment été une fille non plus alors on va dire que ça rééquilibre les choses. Je n'ai pas ton ADN mais c'est à tes côtés que j'ai grandie. Ca aurait pu être différent, on aurait pu être plus heureux, plus proches. Mais j'ai été idiote et je t'en ai voulu d'avoir pris la place de mon "père", sans savoir à l'époque que la famille ne se résumait pas uniquement aux liens du sang.
Comme disait Johnny:
"au-delà de nos différences, des coups de gueules, des coups de sang, à force d'échanger nos silences, maintenant qu'on est face à face, on se ressemble sang pour sang."
Avec les années, j'ai compris que tu n'étais pas si mauvais que je le pensais. Tu étais juste perdu et dans un sens, détruit. Tu as fais le choix de l'amour et c'est ce même amour qui t'a emmené vers le fond. Tu as essayé de t'en sortir mais je crois que ton coeur et ton âme étaient bien trop abimés pour y parvenir.
Tu es parti seul mais dans la dignité. Tu t'es battu en silence pour vivre et tu as fais taire les mauvaises langues qui t'imaginait une autre fin.
J'espère que de là où tu es, tu peux voir à quel point je suis fière de toi. Et à quel point je suis désolée de ne pas avoir été là et de t'avoir laissé tomber quand tu en avais le plus besoin.
Je n'ai jamais eu assez de courage pour te le dire et je n'en aurais plus jamais l'occasion désormais, mais sache que je t'aime, papa.