Dix-huit heures, Emma : en Salle, préparation du service
Dix-huit heures, Emma : en Salle, préparation du service
J’ai fini par me taire, un peu vexée. Cela fait une heure que je raconte à Julie mon « journal de Guerr » ( notre nom de code pour tous les commérages du resto) et elle m’ignore totalement.
Je m’inquiète pour elle, je la sens étrange, préoccupée, absente.
J’ai, de nouveau, mal au ventre. Elle sort de sa torpeur, me fait asseoir, m’apporte un verre d’eau. Enfin, j’ai retrouvé ma Julie !
Je la sens de bonne humeur, voire espiègle.
Je sais qu’elle va me taquiner !
Je remets du sel sur les tables.
Julie dit : « Sel, or blanc ! ».
J’ajoute :
« Tu sais que Madame Guerr a hurlé, parce que Bruno a mis du safran, dans son plat ?
— Or rouge, pouffe Julie. »
Je me mets à persifler :
« Si on écoutait la cheffe, on verserait du pétrole dans les plats, cela coûterait moins cher.
— Or noir, répond Julie, très sérieuse. »
Je persiste dans mes médisances :
« Remarque la cheffe fait très fort ! Elle prend la solution la moins chère, et elle gonfle les prix, en prétendant qu’un menu végan est plus « nature » !
— Or vert, assène la douce blonde »
Bon là, je décide de ne plus me laisser faire !
« Julie, toutes tes paroles sont d’or !
— Tu ne m’as pas laissé le temps de le dire, proteste mon amie.
— Tu as des jeux dignes d’une ado !
— Oui, concède Julie. Mais, grâce à moi, tu n’as plus pensé à ta douleur et tu as bien ri.
— Ah oui, c’est vrai !!! »
On éclate toutes les deux de rire.
Julie me serre dans ses bras.
Il me semble que nos lèvres se sont frôlées, mais je prends sans doute mes désirs pour des réalités !
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