Dix-sept heures, Julie : Reprise du travail dans la salle.

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Dix-sept heures, Julie : Reprise du travail dans la salle.

C’est la reprise, Emma ne cesse de me parler, de me raconter tous les potins glanés à la pause, tout en préparant les tables.

Je ne l’entends pas, je ne cesse de penser à ma conversation avec mon frère Jules.

Comme d’habitude, il a répondu immédiatement :

« Julie? C’est l’heure de ta pause ?

— Tout à l’heure j’ai téléphoné à Maman.

— Qui t’a offert une séance gratuite, a ironisé mon frère, tu as de la chance, car consulter une psychanalyste dans le quartier latin c’est hors de prix !

— Jules, arrête, j’ai vraiment peur.

— Raconte, m’a demandé mon frère en changeant de ton. »

Je lui ai tout raconté, et je me suis mise à pleurer, en lui avouant que j’avais peur, peur de cette Allégorie, peur de sombrer dans la folie.

J’ai séché mes larmes et attendu sa réponse :

« Tu sais Julie, Maman est freudienne, tendance catholique.

— Siegmundfreudienne, ai-je ajouté, je sais ce que tu penses.

— Disons que sa grille de lecture est étroite : pile t’es bipolaire, face t’es schizo.

— Tu caricatures un peu, ai-je nuancé, mais c’est un peu vrai. Et que dirait ce fameux Jung, que tu aimes tant ?

— Habituellement, cela ne t’intéresse pas, a remarqué mon frère.

— Sauf que là je suis directement concernée ; bon accouche, je suis déjà à la moitié de ma pause. »

Jules a été adorable : lui qui adore s’écouter parler s’est montré rapide, concis et clair.

Jung n’a pas cette peur freudienne de l’inconscient. Jules m’a expliqué que ce dialogue avec l’Allégorie pouvait s’apparenter à un dialogue avec l’anima.

Je ne l’écoute pas, donc elle parle de plus en plus fort, en prenant la forme de l’Allégorie, c’est tout.

Pou Jules, cet archétype féminin est plutôt rassurant. J’ai dépassé le stade de Vénus, de la femme primitive, je suis dans un stade intermédiaire entre la femme d’action Diane (et il me rappelle ma fascination / identification avec Lady Di) et la femme de la sublimation, la vierge Marie.

Je lui ai fait remarquer :

« Mais Jules, l’anima c’est la partie féminine de l’homme, moi je suis une fille !

— Tu es surtout un vrai garçon manqué, a ironisé mon frère. La danse et le piano n’y ont rien changé !

— L’anima existe donc chez les femmes ?

— Bien sûr, a répondu Jules. Jung n’a jamais nié l’androgynie : tu sais les auteurs sont bien plus complexes que les résumés Wikipédia. J’oubliais, tu sais que la femme de Jung s’appelait Emma ? »

Soudain Emma hausse la voix :

« Cela ne t’intéresse pas de savoir toutes les cochonneries que ce porc de Roméo rêve de te faire subir ?

— Si, si raconte : c’est trop drôle ! »

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