Chapitre 3

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Quelques heures après, nous sommes réveillés par les enfants, et plus précisément par Enzo. Je sens sa présence si près de moi que je sursaute quand j’ouvre les yeux.

Je suis allongée sur le ventre, la jambe gauche un peu repliée. Je tourne un peu ma tête et je vois le bras d’Aiden posé sur mon dos, ses doigts se posant sur mon flanc gauche. Je sens sa respiration, son souffle chaud sur mon épaule.

Je m’autorise à le fixer quelques minutes. Il est tellement beau.

— Enzo, laisse ta mère dormir, viens déjeuner, dit Elsa.

Je l’entends rejoindre mon fils au salon.

— Ah salut, tu es réveillée ?

— Salut.

Je lui souris, un peu gênée d’être vue comme ça. Aiden se réveille aussi et il sursaute à son tour.

Elsa sourit en regardant son beau-frère.

— Vous avez bien dormi ?

Je me lève et je vais mettre ma tenue de sport. Quand je ressors de ma chambre, je vois Aiden assis en salle à manger, il boit son café.

Quand il me voit arriver, il sourit. Je lui souris à mon tour et le sourire tombe quand je réalise que Leandro est à table avec eux et qu’il me regarde avec un petit sourire en coin et un clin d’œil.

J’arrive dans la salle à manger.

— Je … je vais aller courir.

Je ne laisse pas le temps à Leandro de parler comme il avait l’intention de le faire. Je récupère mon téléphone ainsi que mes écouteurs puis je sors de l’appartement.

~ Point de vue Aiden ~

Je la regarde partir … elle est aussi magnifique au naturel que maquillée. Je ne détache mon regard d’elle que lorsque la porte d’entrée se referme et je reporte mon attention sur mon bol de café.

C’est bien la première fois que je ressens de telles choses pour une femme et pourtant j’ai eu des relations … mais je ne sais pas … avec elle, je ressens tellement de choses. Je ne la connais pas mais elle est loin de me laisser indifférent. Dois-je baisser ma garde et me laisser aller ? … je ne sais pas ce que je dois faire … J’ai tellement été déçu et abusé par les femmes … puis-je faire confiance à nouveau ?

— Allô Aiden, est-ce que tu es avec nous ? demande Leandro.

Je cligne des yeux et je regarde Leandro et Elsa.

— Excusez-moi. Qu’est-ce que vous disiez ?

Je vois que Leandro regarde Elsa.

— On se demandait comment est-ce que Caitlyn s’est retrouvée dans ton lit, interroge Elsa.

Je les regarde tous les deux. Bon ok … ils ne vont pas me lâcher et quand mon frère le saura, parce qu’Elsa va lui en parler, il ne va pas me lâcher non plus. Autant répondre.

— Je … elle est venue me voir à 4 heures pour faire son contrôle et je lui ai demandé de rester au lieu de faire les aller-retour.

— Et elle a dit oui ?

— Vous nous avez vu non ? Donc …

— Ca me surprends juste qu’elle t’ait dit oui.

— Elle … au début elle a hésité et quand elle a vu que je ne ferai rien elle a accepté.

— Ouais … c’est pour ça que vous avez fini bras dessus-bras dessous ? demande Leandro.

— Son comportement a changé une fois qu’elle s’est allongée.

— Comment ça ?

— Elle était bizarre … je l’ai sentie très mal à l’aise. J’ai voulu la rassurer mais … je ne sais même pas si j’ai fait un truc de mal.

Leandro me regarde avant de me répondre.

— Ce n’est pas toi.

— Et comment tu peux le savoir ?

Elsa et Leandro se regardent puis ma belle-sœur se lève.

— Je vais aller préparer les enfants.

Leandro attend qu’Elsa disparaisse de notre champ de vision avec les enfants.

— Caitlyn je la connais depuis l’école primaire et je te peux te jurer que tu n’as rien fait. C’est juste que … qu’elle a un passif assez compliqué et elle n’accorde pas sa confiance aussi facilement depuis ce qui lui est arrivé … elle en a beaucoup trop souffert.

— C’est en rapport avec ce qu’elle a dit hier soir avant de chanter ?

Je vois qu’il est gêné par ma question.

— Disons qu’avec Lukas, si on n’avait pas été là, elle ne serait plus ici.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

— … je ne peux pas te répondre. Si tu veux une réponse, vois avec Caitlyn mais je ne suis pas sûr qu’elle te réponde.

Je regarde Leandro encore quelques secondes mais il ne dit plus rien. Qu’a-t-elle bien pu subir pour être dans l’état qu’elle était hier soir ?

Je finis de boire mon café en silence et je débarrasse la table avec Leandro pendant qu’Elsa rassemble les affaires des enfants.

— Je vais au parc avec les enfants … vous voulez venir ? nous demande Elsa.

— Je vais me préparer et je viens avec vous, répond Leandro.

— Tu viens avec nous Aiden ?

— Non je vais rentrer … j’ai pas mal de boulot.

Leandro va se préparer dans la première salle de bain et me laisse la seconde après avoir récupérer ses affaires dans sa chambre.

Pendant qu’on se prépare, Elsa met de quoi grignoter dans un sac ainsi que des bouteilles d’eau, la crème solaire et des casquettes.

Quand nous arrivons dans le salon, ils sont tous prêts et nous descendons. Nous nous disons au revoir et je monte dans ma voiture pour rentrer.

~ Point de vue Caitlyn ~

Ca fait une moment que je cours, la musique dans les oreilles, j’essaie de me vider la tête mais je n’arrête pas de penser à lui, au moment où il est entré dans la cuisine, si peu vêtu.

J’aimerais me laisser aller, j’aimerais tant … mais je ne peux pas prendre le risque de le mettre en danger. Il ne mérite pas ça, ni personne d’autre d’ailleurs.

Mais depuis notre combat, il ne quitte plus mon esprit. Je ne le connais pas et pourtant, j’ai tellement envie de le revoir.

Je sens mon téléphone vibrer sur mon bras. Je m’arrête près d’un muret et décroche à l’oreillette.

— Allô ?

— Tout va bien ?

Je reconnais la voix de Leandro au téléphone.

— Ca va … j’avais besoin de me vider la tête.

— Et ça fonctionne ?

— Pas vraiment.

— Je ne sais pas si ça va te rassurer mais de son côté c’est pareil.

J’émets un petit sourire en coin.

— Vous êtes à la maison ?

— On est au Parc Borely avec les enfants, si tu veux nous rejoindre.

Je m’apprête à lui répondre quand je vois Aiden arriver dans ma direction. Il tient un paquet dans une de ses mains. En regardant son visage, je peux voir qu’il est un peu tendu.

— Allô Caitlyn, t’es encore là ?

— Euh oui oui … désolée, je vous retrouve à la maison plus tard. Je vais courir encore un peu.

— Ok, comme tu veux. T’hésites pas à m’appeler.

— Oui, oui t’inquiète pas.

Je raccroche aussitôt et je me redresse. Aiden vient se poster devant moi pendant que j’enlève mes écouteurs.

— Salut.

— Salut.

— Comment tu as su que je venais courir ici ? lui demandais-je.

— En tout honnêteté, je ne le savais pas. C’est un coup de bol. C’est le premier endroit où j’ai voulu te chercher.

— Pourquoi tu me cherchais ?

— Hum … je voulais qu’on discute un peu.

— De quoi ?

— Qu’on apprenne à se connaître. On va être amenés à se voir souvent donc je pensais que c’était une bonne idée.

Je le regarde quelques secondes.

— C’est pour ça que tu as apporté les croissants ? lui demandais-je avec un petit sourire.

— Tu es partie sans prendre de petit déjeuner et c’est le repas le plus important de la journée.

— Ok … 1 point pour toi.

Il s’installe sur le banc à côté de nous et m’invite à faire de même. Il me regarde et sourit.

— Quoi ?

— Non rien … commence. Qu’est-ce que tu veux savoir sur moi ?

— Euh …

— Pas de question tabou, tu demandes ce que tu veux.

— Ok … alors euh … pourquoi tu étais dans la retenue hier soir et je veux la vraie raison pas celle que tu m’as donnée pour me faire taire.

Il sourit.

— Ok … ce que je t’ai dit hier c’est vrai mais il y a aussi une autre raison … dans mes précédentes relations, je suis toujours tombé sur des femmes qui voulaient profiter de ma notoriété, de mon nom.

— Je suis vraiment désolée.

— Ne le sois pas … certaines ont essayé de prendre ma place, de tout me faire perdre et du coup, j’ai appris à me méfier de tout le monde. Alors je suis un peu dans la retenue quand je ne connais pas la personne.

— Je te comprends. Je suis un peu dans la retenue aussi.

— Hum … ce n’est pas ce que j’ai pu constater depuis hier.

Je souris.

— Le combat c’est mon défouloir, là où je peux me libérer.

— D’ailleurs, j’aimerais bien que tu m’apprennes 2-3 trucs que tu as fait hier.

— Quand tu veux.

— Et la danse alors ? T’as appris ça où ?

— Je danse depuis l’école primaire et j’ai entraîné Leandro dans mon délire comme il dit et j’adore ça. C’est comme la boxe, un échappatoire, ma bulle.

— Tu as décidé d’en faire ton métier du coup ?

— Euh oui … j’ai passé mon diplôme à Lyon et me voilà professeure de danse et de fitness.

— Pourquoi à Lyon ?

J’hésite à lui répondre. Qu’est-ce que je dois lui dire ?

— J’ai … j’ai dû partir quelques temps avec mon fils et j’ai atterri à Lyon. Quand j’ai eu mon diplôme, j’ai eu envie de revenir.

— Tu as bien fait … à toi de me poser une question.

Je réfléchis.

— Ton entreprise consiste en quoi ?

Il se redresse et se tourne vers moi.

— Je dirige une entreprise de construction d’hélicoptère. J’ai des contrats avec des milliers de structures que ce soit en France ou dans d’autres pays. Je dirige aussi certaines actions humanitaires dans certains pays et j’ai des parts dans pas mal d’hôpitaux.

— Comme celui de le Timone ?

— Oui.

— Ca fait longtemps que tu as créé ton entreprise ?

— 6 ans. J’ai ouvert ma boîte dès que je suis sorti de mon école de commerce.

— Tu parles d’actions humanitaires … est-ce que tu y participes pleinement … je veux dire, est-ce que tu vas dans ces pays pour les aider ou … ?

— Je mets la main à la pâte si c’est ça que tu demandes. Être au contact avec ces populations m’aide à garder les pieds sur terre, et ce n’est pas parce que j’ai réussi que je dois fermer les yeux sur ce qui se passe autour de nous.

— Tu es quelqu’un de très humble.

— Je sais surtout d’où je viens. Mon père était un joueur de basket international et … il n’a jamais oublié ce qu’il a enduré pour en arriver là où il était. Rester soi-même malgré le succès est le plus gros travail qu’une personne ait à faire. Il m’a fait découvrir le monde et pas que le côté florissant … Depuis qu’il nous a quitté, j’ai continué à aider les personnes dans le besoin.

— C’est très impressionnant. Tu fais des actions dans Marseille ?

Il me regarde en souriant.

— Oui. Je sers des repas dans des associations 1 à 2 fois par semaine et chaque année pour fêter l’anniversaire de l’entreprise, j’organise une soirée caritative où toute personne peut faire un don et à la fin de la soirée, chaque association a une partie de ce qui a été récolté. Ca peut être du matériel, de l’aide humaine, de l’argent, de l’aide alimentaire.

Je suis très impressionnée par ce qu’il me dit. J’ai toujours rêvé de faire de l’humanitaire, d’aider les gens dans le besoin.

— Je pense que quand tu verras mes projets, tu seras plus qu’emballé.

— Est-ce que je pourrais savoir de quoi il retourne ?

— Tu auras tout le loisir de consulter mon dossier demain mais je peux t’assurer que ça te plaira.

— Tu es tellement sûre de toi.

— Je sais que mon projet marchera alors je suis confiante.

— C’est bien d’être confiante … je peux te poser une question ?

— Ouais, vas-y.

— Si tu ne veux pas y répondre, tu n’y es pas obligée.

— Pose ta question.

— Ok … j’aimerais comprendre ce qui s’est passé hier soir.

— A quel moment ?

— Quand je t’ai demandé de rester, tu as … tu t’es refermée comme une huître. Au début, j’ai pensé que j’avais dit quelque chose que je n’aurais pas dû mais …

— Ce n’est pas toi … tu n’as rien fait de mal.

— Alors qu’est-ce qui s’est passé ?

Je relève la tête, mâchoire serrée.

— Je ne peux pas en parler.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne veux pas en parler.

Il me regarde un court instant.

— Ok … tu le feras quand tu te sentiras prête.

— Je … je ne sais pas si je pourrais en parler un jour.

— Ca ne fait rien.

Il sourit et prend un croissant dans le sac avant de le porter à sa bouche.

~ Point de vue Leandro ~

Avec Elsa et les enfants nous sommes arrivés au Parc Borely. J’ai eu Caitlyn au téléphone, elle dit aller bien mais je sens qu’elle ne me dit pas tout. Je sais qu’elle a souffert il y a 3 ans … j’ai même failli la perdre … je pense que je ne m’en serais pas remis si ça avait été le cas. Je sais qu’elle en souffre encore mais elle ne le dira pas.

Je relève la tête pour surveiller Enzo qui est parti jouer avec les enfants d’Elsa et de Lukas.

— Tiens donc, regarde qui était submergé de travail et qui se retrouve ici.

Elsa suit mon regard et sourit.

— Tu crois qu’il a une chance pour qu’elle baisse sa garde ?

— Il peut y arriver mais il va lui falloir de la patience.

Je continue de les regarder en silence.

— On pourrait les aider un peu.

— Quoi ?

— Caitlyn et Aiden …

— Terrain glissant … si elle se rend compte de ce que tu fais, tu as conscience qu’elle va t’arracher les yeux ?

— Parfaitement conscient mais elle me remerciera après. Tu marches avec moi ?

Elsa me regarde en fronçant les sourcils.

— Non mais t’es un grand malade.

— Aaaah allez, c’est pour la bonne cause. T’aimerais pas voir Aiden heureux.

— Tu joues la carte des sentiments là … tu sais très bien que je ferais tout pour qu’il le soit mais là tu veux forcer la chance.

— C’est pas forcer la chance, c’est leur donner un coup de pouce.

Enzo revient vers nous.

— Elle est où maman ?

— Elle est allée courir … dis-moi, est-ce que ça te plairait que maman ait un amoureux ?

Je sens la main d’Elsa s’abattre sur mon bras.

— Nan mais t’es un vrai malade, tu vas emmener ton fils dans ton délire ?

— Tu tapes pas mon papa. T’as pas le droit.

— T’entends ça, t’as pas le droit … alors mon lapin, t’aimerais que maman elle ait un amoureux ?

— Oui, comme ça elle sera plus triste.

— Pourquoi tu dis ça ? lui demande Elsa.

— Maman elle sourit quand elle danse et quand elle boxe sinon elle est toujours triste.

Je passe ma main dans les cheveux de mon fils.

— Tu m’aiderais à trouver un amoureux à maman ?

Il me regarde, un grand sourire sur son joli visage d’enfant et lève la tête de haut en bas.

— Et que dirais-tu si je te disais que j’ai trouvé le candidat idéal ?

— C’est qui ?

Je jette un œil rapide à Elsa qui nous regarde en souriant.

— Si je te dis tonton Aiden, t’es content ?

— Ouais.

Enzo se met à sauter sur place, content.

Quand je vois du mouvement devant moi, je relève la tête et donne un coup de coude à Elsa. Elle regarde dans la même direction que moi. Caitlyn et Aiden se sont levés du banc sur lequel ils étaient assis.

Ils partent ensemble dans la même direction. Nous les suivons du regard jusqu’à ce qu’ils ne soient plus dans notre champ de vision.

Nous restons au parc, à prendre du bon temps une bonne partie de la journée.

Quand nous rentrons à la maison avec Enzo, je retrouve Caitlyn assise à la salle à manger sur son ordinateur. Elle a mis ses lunettes, elle doit bosser. Je file donner la douche à Enzo et nous revenons au salon. Enzo s’installe pour colorier avec ses affaires. Caitlyn est toujours en train de bosser.

Après avoir mangé, nous couchons Enzo et on s’installe au canapé devant un bon film.

Le lendemain matin, quand je me lève Caitlyn est en train de prendre son petit déjeuner.

— Bien dormi, princesse ?

— Ca va et toi ?

— Nickel. Tu vois Aiden à quelle heure ?

— 8h30 … je suis un peu tendue je t’avoue.

— Pourquoi ?

— J’ai l’impression de passer un oral et tu sais combien ça m’angoisse.

— T’as pas de raison d’angoisser, il a déjà signé toute façon.

— Ouais mais quand même. C’est important pour moi ce que je vais lui proposer.

— Je suis sûr qu’il va tout accepter. Je suis confiant, lui dis-je en souriant derrière mon bol de café.

Après s’être préparés, nous montons en voiture et je prends la direction de l’entreprise.

Nous déposons Enzo à la garderie et nous prenons l’ascenseur. Je l’arrête à mon étage.

— Le bureau d’Aiden est au 5ème … ça va aller ou tu veux que je vienne avec toi ?

— Ouais … ça va aller t’inquiète pas.

Je l’embrasse sur la tempe et sors de l’ascenseur pour rejoindre mon bureau.

~ Point de vue Caitlyn ~

Leandro sort de l’ascenseur et je me retrouve seule. J’appuie sur le bouton du 5ème étage et l’ascenseur reprend son ascension. J’entends le ding sonore signifiant que je suis arrivée au 5ème.

Je respire un bon coup et je sors de l’ascenseur lorsque les portes s’ouvrent.

Je suis dans un couloir. Je regarde autour de moi. Sur le mur à ma gauche, je vois les inscriptions « ANDERSON ENTREPRISE ». Je souris quelques secondes avant de m’avancer dans ce long couloir qui s’offre à moi.

J’arrive devant un hall d’accueil. Je regarde autour de moi et je suis impressionnée par le standing. Je m’avance devant un bureau qui se dresse devant moi.

— Bonjour, dis-je.

La secrétaire relève la tête vers moi et me regarde de la tête au pied en arquant un sourcil.

— Bonjour.

— J’ai rendez-vous avec Monsieur Anderson à 8h30.

Elle émet un petit rire.

— Votre nom ?

— Caitlyn Saint Laurent.

Je la vois taper sur son clavier d’ordinateur à toute vitesse puis un sourire apparaît sur son visage.

— Je suis désolée mais vous n’apparaissez pas dans son planning de rendez-vous.

— C’est un rendez-vous qui a été pris directement avec Monsieur Anderson samedi soir, peut-être n’a-t-il pas eu le temps de le rajouter. Serait-il possible de l’appeler pour lui dire que je suis là ?

Elle me regarde de nouveau de la tête aux pieds.

— Excusez-moi mais je ne vais pas déranger Monsieur Anderson pour ça, d’autant que vous n’êtes pas inscrite sur son planning de rendez-vous. Je vais donc vous demander de partir.

C’est à mon tour d’esquisser un sourire.

~ Point de vue Aiden ~

Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit. Mon cerveau tourne à plein régime et il refuse de se mettre en pause.

J’ai hâte de la voir, elle n’a pas quitté mon esprit depuis notre rencontre samedi après-midi. Même quand nous avons mangé ensemble hier midi, je ne voulais pas la laisser partir.

J’ai bien compris qu’elle cachait quelque chose sur son passé, elle ne veut pas en parler mais peut-être que si elle réussissait à le faire, elle s’ouvrirait un peu plus. Je vois bien que ça la prive de beaucoup de choses.

Je suis sorti de mes pensées par des cris qui proviennent du hall d’entrée.

J’ouvre la porte de mon bureau et je découvre la provenance de ces cris. J’ouvre des yeux stoïques par le spectacle que je vois devant moi.

Caitlyn tient ma secrétaire par le col de sa chemise et lui hurle dessus. Je m’attarde un instant sur ce qu’elle porte. Elle est très jolie, elle sait se mettre en valeur.

Elle porte une magnifique combinaison noire avec une vision parfaite de son dos grâce à la dentelle noire transparente ainsi qu’une paire d’escarpin.

— Caitlyn, je suis ravi que tu sois là.

Je la vois tourner la tête sans lâcher ma secrétaire. Elle me fixe quelques secondes avant de la relâcher.

— Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je.

— Ta secrétaire ne voulait pas t’avertir que j’étais arrivée. Elle a appelé la sécurité pour me faire partir.

Je lance un regard furieux à ma secrétaire.

— Elle n’était pas inscrite dans votre carnet de rendez-vous, monsieur.

— Il semble pourtant vous avoir expressément demandé de m’avertir lorsque mademoiselle Saint Laurent serait arrivée, non ? … C’est la seconde fois que je vous prends à mal accueillir mes collaborateurs Mlle Parondi. La prochaine fois, je vous colle un blâme.

Je la vois jeter un regard noir à Caitlyn qui le lui rend bien. Je souris.

— Je suis désolé pour cet accueil Caitlyn.

Son regard s’adoucit en me regardant. Je m’avance vers elle.

— Je t’invite à me suivre dans mon bureau.

Je passe ma main dans le bas de son dos pour lui faire signe de me suivre et je lance un dernier regard équivoque à ma secrétaire en avançant vers mon bureau.

En posant ma main dans le bas de son dos, je sens un frisson la parcourir et je ne peux m’empêcher de sourire à cette idée.

~ Point de vue Caitlyn ~

Il me fait entrer dans son bureau avant de refermer la porte derrière lui. Il est vraiment très … impressionnant. Un tel charisme ne peut laisser personne indifférent. Ses magnifiques yeux bleus me fixent et je me sens vraiment toute petite.

— Installe-toi, je t’en prie, me dit-il en me montrant une des chaises qui fait face à son bureau.

— Merci … mais tu ne préfères pas qu’on commence par le pansement ?

— Si tu veux, me répond-t-il, en souriant.

— … donc c’est à moi de te dire de t’installer même si c’est ton bureau.

Il sourit toujours et il ne me lâche pas des yeux. C’est un peu déstabilisant à vrai dire.

Il fait le tour de son bureau, s’assoit et ouvre un des tiroirs du bureau et en ressort le matériel pour que je puisse refaire le pansement.

— Tu peux prendre une chaise si tu veux.

— Je préfère rester debout pour ce genre de pansement mais merci.

Je me rapproche de lui, si proche que je sens ma jambe frôler la sienne. Je sens un courant chaud me traverser et me monter aux joues.

Allez Caitlyn, concentre-toi sur le pansement et sur rien d’autre. Je lui retire le pansement et regarde la plaie qui s’offre à moi.

— Comment ça se présente ? Je vais être défiguré ?

J’esquisse un sourire.

— Ca se présente plutôt bien. C’est propre, non inflammatoire et ça ne coule pas. Ca sera une belle cicatrice.

Je jette le pansement dans la poubelle et je me fais une friction hydro-alcoolique. J’ouvre le set à pansement et récupère le champ stérile après une nouvelle friction hydro-alcoolique. Je l’ouvre et le pose à plat sur le bureau. J’attrape une des deux pinces et dépose les cotons stériles sur le champ.

Je prends les bouteilles de bétadine ainsi que l’ampoule de sérum physiologique et en dépose quelques millilitres dans le compartiment du set.

Avant de commencer mon soin, j’ouvre l’emballage du pansement propre sans toucher l’intérieur.

— Tu es prêt ? demandais-je à Aiden.

N’ayant pas de réponse, je me retourne vers lui. Je vois qu’il me regarde.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Tu es très méthodique … comme Elsa quand elle bosse.

— Euh … l’organisation c’est ma vie. Je l’ai déjà vu faire et j’ai une mémoire photographique, dis-je.

Je refais une friction hydro-alcoolique et j’attrape la pince bleue de ma main gauche et la verte de ma main droite.

Je me retourne vers lui et joue avec les pinces.

— Alors … est-ce que tu es prêt ? lui demandais-je, en faisant claquer les pinces.

— Avec toi, je suis prêt à tout.

Je souris et me pince la lèvre inférieure.

— Lève la tête s’il te plait.

Je le regarde faire et mon regard est dirigé par ses yeux. Il me sourit encore et j’ai vraiment du mal à rester concentrée.

— Je … je peux commencer ?

— Je t’en prie.

Je commence mon soin. C’est en faisant ça que je me rends compte que ça me manque bien plus que je ne le croyais. Je le vois grimacer.

— Ca va ? Je t’ai fait mal ? demandais-je.

— Non ça va. Ca me fait une sensation un peu bizarre.

— Ce sont les points qui te font ça, je peux y aller plus doucement si tu veux, lui dis-je en retirant ma main.

Il attrape mon bras en déposant ses doigts autour de mon poignet.

— Continue.

Je lève mon regard vers lui.

— Je vais juste prendre le coton pour rincer la bétadine.

Il me tient le poignet encore quelques secondes puis il me lâche. Je rince, sèche en tapotant avec le coton stérile et je finis par repasser un coup de bétadine jaune.

Je pose la pince verte sur le champ.

— Je vais faire une chose qui risque de ne pas être très agréable.

— C’est-à-dire ?

— Je vais attraper les fils de chaque point et les faire tourner, ça risque de tirer un peu.

— Pourquoi tu dois faire ça ?

— Pour éviter que le point adhère à la peau.

— C’est grave si c’est le cas ?

— Bah le point sera recouvert par la peau donc le jour où je vais t’enlever les points, va falloir faire sortir les points et je peux te dire en connaissance de cause que ça fait mal.

— Je suis capable de résister à la douleur, tu sais.

Je retiens un rire.

— J’en doute pas. Allez lève la tête.

J’attrape son menton avec douceur et le maintiens en place pour éviter qu’il bouge. Je sais que cet acte n’est pas agréable et qu’il risque de bouger la tête. Je ne veux pas lui arracher un fil et être obligée d’appeler Lukas pour lui remettre un point.

— Je vois que tu as ressorti les griffes.

J’esquisse un sourire.

— Je veux juste éviter de te crever un œil.

— Me crever un œil ? Je pensais que tu savais ce que tu faisais, me dit-il en souriant.

— Je sais ce que je fais mais si tu bouges, je risque de dévier et j’aimerais éviter de te blesser à nouveau. Tu serais beaucoup moins à ton avantage et ça serait bien regrettable.

— Regrettable à quel point ?

Je souris et m’apprête à lui répondre lorsque son téléphone sonne. Nous échangeons un regard et je me redresse, m’appuyant contre la tranche de son bureau.

— Est-ce que madame la tigresse m’autorise à répondre au téléphone ? me demande Aiden, un sourire en coin.

— Hum … madame la tigresse … reste assis jusqu’à ce que je finisse mon soin.

— … et si je me lève ?

Je sens à son ton qu’il veut jouer. Son regard confirme ma pensée. Très bien, tu veux jouer nous allons jouer. Tu ne sais pas à qui tu as à faire.

Je décale mon bras gauche sur le côté et approche mon visage du sien en souriant quand la sonnerie s’arrête.

— Si tu te lèves, je serai dans l’obligation de te faire rasseoir pour finir mon soin.

J’attends quelques secondes en le fixant dans les yeux puis je me redresse.

Il ne bouge pas pendant plusieurs secondes puis il passe sa main sur sa veste et se lève.

— J’aimerais bien voir comment tu comptes t’y prendre avec une main en moins ?

Il s’est rapproché de moi. Il est tellement prêt de moi que j’arrive à sentir son parfum boisé épicé. On arrive bien à cerner le côté élégant et le caractère de la personne.

— Je sais faire beaucoup de choses avec une seule main.

Je vois à son regard qu’il est en train de réfléchir puis je vois son bras droit se diriger vers le téléphone qui sonne de nouveau.

Je lui barre le chemin en lui attrapant le bras de ma main droite et je relève la tête vers son visage pour le regarder.

— Rapide, me lance-t-il.

Il essaie de se défaire de ma prise mais je lui fais un balayage et je le fais asseoir sur son fauteuil.

Ce que je n’avais pas prévu c’est qu’il m’entraîne dans sa chute. Pendant que je le faisais basculer, il m’a attrapé avec son autre main et j’ai fini par m’affaler sur lui, mon visage à quelques centimètres du sien.

Mon regard se perd entre ses yeux et sa bouche tout comme le sien.

Je vois son visage se rapprocher, il n’est plus qu’à quelques millimètres de moi quand la porte de son bureau s’ouvre.

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