Comme le tissu d’une trame au bout de mes doigts, j’aime filer le silence d’une musique que je suis la seule à ressentir. Le son n’est pas qu’oreille et bouche, il est corps, il est mouvement, il est sensation. Une danse intérieure que je laisse filer au bout de mes doigts, filaments d’énergie qui façonnent le monde. Ces liens qui nous relient tous dans une valse complexe, dans une théorie du papillon-ouragan. Ces filaments que je perçois plus que je ne les sens, à moins de laisser mes doigts danser, s’émerveiller de la texture du vivant, du monde, d’un univers si vaste que jamais personne ne pourra le saisir dans son immensité. Sauf peut-être ce nouveau-né, plein encore des secrets du monde, ouvert et sensible à tout ce qui l’entoure. Jusqu’à ce qu’un doigt vienne imprimer la marque de l’oubli sur ses lèves, afin que du savoir, il passe à la découverte.