CHAPITRE III : La bataille de la vallée d’Oroki (2/2)

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CHAPITRE III : La bataille de la vallée d’Oroki

La bataille poursuivait son cours. Les deux armées se battaient pour la moindre parcelle de terrain, le moindre centimètre. Le front s’étendait désormais sur plusieurs kilomètres et les hommes commençaient doucement à montrer des signes de fatigue. Le flanc droit de l’armée de Satoshi, où se tenait Nanako tenait bon malgré les charges répétées de Shota qui cherchait une faille pour s’engouffrer directement au QG adverse. Aki, quant à lui, attaquait le flanc gauche, où était positionné Satoshi en personne. Malgré ses attaques répétées, il ne parvenait pas à avancer, et dès lors qu’il réussissait, il se faisait repousser.

Jun regardait la bataille se déroulé en souriant. Il se tourna vers un homme :

— Va voir mon frère. Dis-lui d’arrêter de soutenir Shota avec les archers et qu’il attaque directement la position de Satochi avec tous ses hommes. C’est le moment de mettre fin à cette bataille. Si Satoshi est vraiment malade, alors le plus dur sera de l’atteindre, pas de le tuer.

— Bien, mon seigneur ! s’écria l’homme en s’éloignant.

— Une dernière chose ! cria-t-il. Je ne veux pas de prisonniers !

L’homme prit un cheval et partit au triple galop. Il descendit à une vitesse folle jusqu’aux lignes arrière. Il s’aventura alors entre les fantassins, se protégeant avec son bouclier lorsque des flèches pleuvaient en trop grande quantité près de lui, puis, il arriva enfin sur la ligne de front. Aki se battait au premier rang avec ses hommes lorsque le messager arriva enfin, et lui donna les ordres de son frère.

— Que tout le monde se replie ! Replie général ! Reculez ! cria le général.

— Vous avez entendu ?! Replie ! s’écria un autre cavalier.

— Replie ! hurla un troisième plus loin.

La marée humaine se détacha progressivement des troupes de Satoshi qui resta en position afin de reformer les lignes.

— Regardez les s’enfuir ! La victoire est pour nous ! Il faut charger !

— Oui ! Attaquons-les !

— Restez-en position ! ordonna un chef.

— On a l’avantage !

Plusieurs soldats commencèrent alors à charger, entraînant ainsi d’autres personnes. C’est finalement tout le flanc gauche qui chargea sur Aki, qui fut surpris de se revirement de situation. Ordonnant à ses hommes de se remettre en place, il chargea à son tour avec ses cavaliers. Face aux hommes à pied, ils avaient un net avantage et le choc fut brutal. Les lanciers se faisaient ainsi faucher les uns après les autres, incapables de se remettre en ordre de bataille. La confusion était si grande qu’aucune réelle résistance n’entrava les mouvements de la cavalerie. Les soldats du tigre se mirent alors à charger, découpant et tuant tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. C’est à ce moment-là qu’une charge de cavalerie arriva de l’arrière des troupes de Satoshi : c’était Kazuma. À la tête de son armée, il portait une armure légèrement teintée de bleu. Son visage étant caché par un casque qui représentait une tête de monstre souriante, inspiré la peur parmi les hommes qui était à l’arrière garde. Prenant de court les hommes et Satoshi, le général traversa toutes les lignes adverse en un instant laissant derrière lui des montagnes de cadavres. Arrivé devant son ancien maître, Kazuma lança sa lance et le chargea ensuite à l’épée. Evitant sans grande difficulté le projectile, Satoshi para ensuite le coup de son nouvel ennemi. Les deux hommes se faisait face, et les soldats autour se décalèrent naturellement, afin d’assister au duel qui se préparait.

Shota, voyant la situation, attaqua férocement les lignes ennemis qui se retrouvaient sans moral. Réussissant alors à passer, un coup vif le stoppa dans son élan. Sa sœur se trouvait devant lui. Ils se regardèrent durant de longues secondes. Shota se mit à sourire et il s’écria :

— Cela faisait bien longtemps petite sœur !

— Fermes-là ! Je ne suis plus ta sœur ! Tu n’es plus de ma famille !

— Pourtant tu devrais me remercier ! Regarde-toi ! Une femme à la tête d’une armée ! C’est si rare de nos jours ! Je t’ai laissé en tant que putain et te voilà désormais sa maîtresse ! Si ça, ce n’est pas une belle évolution !

— Fermes-là ! Tu m’as abandonné pour avoir un peu plus de pouvoir ! Tu n’es qu’un monstre ! Maudit sois le jour où je suis née dans cette famille qui est tienne !

— Et quoi alors ? Que comptes-tu faire ? Me tuer ? Vraiment ? Tu n’en es pas capable, se moqua l’homme.

— Je me suis entraînée, tu sais. Je ne suis plus cette jeune fille fragile que tu as laissée il y a quinze ans.

— Alors, montre-moi.

D’un geste rapide, elle attaqua avec la pointe de son arme sur le flanc de Shota qui détourna d’un simple geste son coup. Profitant d’une ouverture, il lui taillada le bras et lui mit un coup de poing au visage. Chancelante, Nanako recula légèrement puis contre-attaqua, visant directement le visage de son frère. Celui-ci détourna une nouvelle fois son coup et lui donna un coup avec la garde de son katana, puis le planta dans le cou du cheval de sa sœur, le tuant immédiatement. Shota se mit à rire, puis changeant subitement de ton, il fusilla du regard sa petite sœur, préparant sa prochaine attaque, qui serait cette fois-ci décisive.

Kazuma avait beau lancer ses attaques contre Satoshi, aucune d’entre elles ne passaient. Pire encore, il avait toujours un temps de retard sur cet homme qui paraissait pourtant si malade il n’y a pas si longtemps. Le général tenta une nouvelle attaque, en envoyant son épée sur le flanc gauche de son ancien Daimyo mais celui-ci le contra une nouvelle fois et frappa son bras, le brisant sous le choc. Aki arriva à cet instant, fatigué et couvert de sang. Voyant que Kazuma était en train de perdre, il chargea avec tout ses soldats afin d’arrêter le duel. Satoshi se replia instantanément et ses hommes se mirent entre lui et Aki. Brisant leur formation à coup d’épée et de lance, le tigre d’Ukyo arriva finalement à atteindre son ennemi. Satoshi le regarda, et fronça les sourcils, prêt à en découdre. C’est alors qu’Aki envoya son épée sur le cheval de Satoshi, le faisant tomber. Puis, d’un mouvement rapide, il galopa jusqu’à lui et transperça avec sa lance. Les hommes regardèrent la scène, médusé. Kazuma baissa les yeux, défait, et ordonna à ses hommes de suivre Aki pour poursuivre l’ennemi et en finir une bonne fois pour toute avec lui. Les cris de victoire des hommes d’Aki parvinrent jusqu’aux oreilles des deux frère et sœur.

— Tu es fini, sœurette. Accepte ton destin.

— Jamais ! Viens te battre ! s’écria-t-elle.

Alors qu’elle s’avançait, Nanako fit brutalement pousser à l’arrière par ses propres hommes. Ce fut si rapide qu’elle ne vit bientôt plus Shota alors qu’il était toujours sur son cheval.

— Que faites-vous ? hurla-t-elle.

— Vous devez vous enfuir ! S’il vous tue… Alors c’est fini !

— Hors de question que je me laisse battre si facilement !

— Dame Nanako, je vous en prie ! Le seigneur Satoshi s’est fait tuer ! La rumeur se répand comme une traînée de poudre au sein des rangs, bientôt, ce sera la débâcle générale ! Si vous arrivez à vous enfuir, vous pourrez toujours nous venger plus tard ! Ne mourrez pas vainement ! Nous sommes à votre service. Nous vous protégerons et nous vous laisserons gagner assez de temps pour que vous puissiez aller le plus loin possible d’ici !

— Je ne vous abandonnerais pas !

— Vous le devez ! s’écria un autre homme. Nous vous ferons gagner du temps !

— Oui, vous devais vivre ! hurla un autre au bord des larmes.

— Non… Non… Je ne peux pas, bredouilla-t-elle.

— Ne vous en faites pas pour nous. Vous allez être leur première cible, donc c’est à vous que reviens le droit de vous échapper en premier.

— Je vous promets que cette bataille ne sera pas oubliée des hommes. Je ferais tout pour qu’elle reste gravé dans leur mémoire. Je ne vous oublierai pas.

— Nous non plus, madame.

Un des hommes apporta un cheval et Nanako grimpa dessus avant de partir à toute vitesse. Les hommes se regardèrent alors, et tous se mirent à rire :

— C’est bon, elle est partie.

— Bon, les gars, on va devoir tenir assez longtemps pour lui permettre de s’en sortir.

— Pardonne-moi, Akiko. Je ne rentrais pas à la maison.

— Ne t’en fais pas, Gaiji, je suis sûr qu’elle comprendra. Nous serons les sacrifiés de la bataille de la vallée d’Oroki. Ceux qui auront permis à leur seigneur de s’en sortir ! Ce n’est pas rien ! ria l’homme.

— À l’attaque !

Tous les hommes chargèrent l’armée des tigres dans une dernière charge. Désormais loin, Nanako se tourna une dernière fois vers la bataille, et, les larmes aux yeux, dit à haute voix :

— Merci…

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