CHAPITRE I : Vengeance (3/3)

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Un bruit dérangeât Yuki qui se réveilla. Le temps de reprendre ses esprits, elle s’aperçut qu’elle était seule. Alors qu’elle se levait de son futon, elle prit la peine de mettre ses vieilles sandales elle commença à marcher dans le camp. Le jour s’était levé depuis peu et l’air glacé remplissait ses poumons, la frigorifiant. Elle marcha au hasard plusieurs mètres, ne trouvant pas âme qui vive. « Il y a quelqu’un ? » s’écria-t-elle. Mais aucune réponse ne parvint à la jeune fille. Soudain, elle vit quelqu’un au loin, lui faisant signe de venir. Elle s’approcha doucement, manquant de tomber en percutant un bol qui traînait là. L’homme portait une capuche ce qui empêchait Yuki de l’identifier clairement. Il tourna les talons et commença à s’en aller. L’adolescente pressa le pas, « Attendez ! » cria-t-elle. L’individu jeta un regard en arrière et Yuki s’arrêta net. « Grand frère ? Grand frère c’est bien toi ? C’est moi… C’est Yuki ! » hurla-t-elle. La personne répondit mais ses mots restèrent inaudibles pour la jeune fille qui courrait désormais vers lui. Alors qu’elle se tenait à présent à quelques mètres, elle continua : « Grand frère ! Je… Je… Que fais-tu ici ? Je ne comprends pas ! ». Il leva la tête et enleva sa capuche, révélant une partie de son visage complètement brûlé. Ses habits déchiraient tombaient en lambeaux et ses yeux étaient blancs.

— Fuis, ordonna-t-il.

— Non… Pourquoi ? Tu ne me reconnais pas ?

— Fuis.

— Grand frère…

— FUIS !

Sur ces mots, il courra droit sur l’adolescente qui se mit à hurler. Le corps de l’homme se transforma en cendre aussitôt qu’il toucha le corps de Yuki qui ne bougeât pas, terrifiée. Son cœur se serra soudainement et elle se sentit tomber à la renverse. Juste avant de toucher le sol, elle se réveilla brusquement, en sueur, et, d’un sursaut elle quitta sa couche. Devant elle, les tentes brûlaient et tout le monde s’afférait à contenir l’incendie. Ne comprenant pas ce qu’il se passe, la jeune fille se tourna vers la tente de Natsumi, qui était en cendre, lorsque des larmes sortirent de ses yeux, imaginant le pire, lorsqu’elle se fit interpeller :

— Yuki ! Vite ! il faut fuir !

Elle reconnut la femme de Koto ainsi que la petite Yui et ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire, Natsumi la secoua ce qui la ramena tout de suite à la réalité :

— Pourquoi tu souris ?! Ne vois-tu pas que tout brûle autour ne nous ?

— Excuse-moi… Je… Je pensais que vous étiez tous…

Elle regarda la jeune fille quelques secondes, puis reprit sur un ton plus posé :

— Ce n’est rien. Bon, nous devons nous enfuir, l’armée d’Ukyo est en train d’attaquer le camp ! Nous devons partir le plus loin possible !

— Et Koto ? Où est-il ?

— Il est parti en première ligne… Les soldats vont nous faire gagner du temps.

— Mais… On ne peut pas partir sans lui ! s’écria Yuki.

— Nous… Nous n’avons pas le choix, bredouilla-t-elle les larmes aux yeux.

— D’accord… répondit-elle voyant la peur dans son regard. Euh… Bon, où allons-nous alors ?

— Le plus loin possible. Koto m’a dit d’aller au nord en cas de problème. Que ce serait plus sûr.

— Maman… Je veux voir papa ! J’ai peur ! pleura Yui.

— Ne t’inquiète pas, tout va bien. Papa nous rejoindra un peu plus tard.

— Nous devrions nous dépêcher. Yui, tiens-moi la main si tu veux, proposa la jeune fille.

— Non ! Je veux papa !

— Yui…

— Partons, nous n’avons perdu que trop de temps.

Les trois filles commencèrent à courir afin de s’échapper de cet enfer de flamme. Alors qu’elles s’éloignaient, laissant toutes leurs affaires, elles rejoignirent un groupe de survivants qui avançaient vers le nord. Il y avait une bonne centaine de personnes, de tout âge, qui tentaient de partir. Natsumi demanda à Yuki de ne pas rester en arrière, et de s’avancer vers le milieu du convoi. Au bout d’une heure de marche, la jeune fille se tourna et aperçut au loin les flammes qui éclairaient la nuit ainsi que des milliers de torches assemblés sur le côté Est du camp. Sans doute l’armée adverse, pensa-t-elle. Elle remarqua alors que de la lumière se rapprochait d’elles a vive allure.

— Regardez ! Il y a quelque chose qui se rapproche ! s’écria-t-elle.

— On dirait des cavaliers ! Regardez toute cette fumée !

Debout sur un chariot, un homme essayait de distinguer ce qui s’approchait d’eux :

— C’est… C’est… Des soldats d’Ukyo ! hurla-t-il. On nous attaque !

— Oh non ! Qu’allons-nous devenir ? cria une autre personne.

— Dépêchez-vous ! Avancer devant ! Vite !

Soudainement, alors que tout le monde s’étaient entraidés, ils se mirent tous à courir dans tous les sens, se bousculant, et pour certains, se battant pour pouvoir avancer plus vite. Dans la cohue, Yuki fut séparée de Natsumi et de Yui lorsqu’un homme la bouscula, la faisant tomber au sol. Les gens marchaient sur son visage et son corps, ne faisant pas attention à elle. Alors qu’elle se sentait écraser de toute part et qu’elle était dans l’impossibilité de se relever, elle remarqua une autre femme qui, comme elle ne semblait immobilisée. Elle s’avança difficilement vers elle se faisant aplatir contre le sol et sentant ses doigts craquer lorsqu’on lui marchait dessus. Elle lui prit le bras :

— Madame ! Madame ! Vous allez bien ? demanda-t-elle.

Aucune réponse. Les cheveux de la femme empiétés sur son visage et Yuki les releva afin de mieux la voir et découvrit ses yeux sans vie. L’air commença alors à manquer et la jeune fille se mit à suffoquer pris d’un vent de panique. Le poids des gens sembla soudainement plus supportable et elle en profita pour se relever. L’air lui entra à nouveau dans les poumons et en prenant une grande inspiration, elle vit les cavaliers foncer sur elle. Elle se tourna brusquement et se mit à courir de toute ses forces sans prendre le temps de s’arrêter. Son sprint dura ce qui lui sembla être une éternité. Les hommes à chevaux tuant tous ceux qui se trouvait devant eux, cela lui permis de gagner assez de temps pour les distancer légèrement. Ses pieds commencèrent alors à lui faire mal, sa respiration se fit haletante et elle se sentit soudainement très fatiguée. Mais ne voulant se retourner, comme pour ne pas voir la menace qui se rapprochait indéniablement, elle continua encore et encore. Fuir, je dois fuir, se répétait-t-elle irrémédiablement. Puis, des bruits de pas se rapprochant de plus en plus, l’obligèrent à se jeter un coup d’œil en arrière. Un cavalier arriva brusquement et lui asséna brutalement un coup de masse à l’épaule. Yuki tomba à la renverse, inconsciente.

La douleur la réveilla soudainement. Assise dans un futon, elle regarda attentivement autour d’elle. C’était une petite pièce composée du strict minimum avec une armoire et son futon au milieu de la pièce. De petites ouvertures sur le haut d’un des murs permettait de voir le temps au dehors. Il faisait jour et le soleil était à son zénith. Néanmoins, elle pouvait entendre et sentir un feu tout près d’elle, qui lui permettait de se réchauffer. La douleur se fit de nouveau vive et elle se regarda plus attentivement. Elle portait de simples habits bien trop grands pour elle ainsi qu’un bandage à l’épaule et sur quelques endroits où elle s’était écorchée. Elle remarqua un nombre important de bleus sur ces bras et ses jambes, sûrement dût aux personnes qui l’avait écrasé. Un bruit se fit entendre de l’autre côté de la porte et elle ne manqua pas de sursauter, laissant échapper un petit cri. Des pas se rapprochèrent alors et un homme ouvra la porte. Il mesurait plus d’un mètre quatre-vingt et ses cheveux étaient longs et noirs mais tenaient dans une posture étrange, comme brisant les lois de la gravité. Ses habits se composé d’un kimono blanc et de sandales et il portait un sabre à sa ceinture. Son visage marqué, le rendait plus vieux qu’il ne devait l’être. Ses petits yeux marrons scrutés la jeune fille ce qui la rendait mal à l’aise. L’homme imposant s’approcha de la jeune fille :

— Te voilà enfin réveillée… dit-il en souriant pour la rassurer, comme s’il avait remarqué qu’il lui avait fait peur.

— Qui… Qui êtes-vous ?! C’est vous qui m’avez…

— Oui. Mon nom est Fubuki. Enchanté de te rencontrer…

— Yuki. Je m’appelle Yuki.

— C’est un bien jolie prénom ça, Yuki.

— Euh… Merci. Comment m’avez-vous trouvée ?

— Ça n’a pas été bien compliqué, je dois dire. L’armée d’Ukyo a totalement anéantit celle de Takuya. J’étais en train de revenir chez moi lorsque j’ai vu les flammes au loin. Je suis donc allé voir… Et je t’ai trouvé, à l’écart dans les bois.

— Dans les bois ?! Mais… Je ne me souviens plus de rien… Juste de l’attaque et…

— Tu t’es peut-être réveillée un court instant, juste assez pour t’éloigner. Toujours est-il que je t’ai ramassé, voilà maintenant quatre jours. Tu avais de multiples blessures et l’épaule déboitée.

— Vous… C’est donc vous qui m’aviez mis ces habits ?!

— Je n’ai pas eu bien le choix, tu sais… Ils sont un peu grand pour toi, mais je n’ai rien d’autre.

— Oh là là… dit-elle en baissant les yeux, le visage rouge de honte. Mais ! s’écria-t-elle soudainement, vous n’avez pas vue, une femme et une petite fille ? J’étais avec elles mais on s’est fait séparer dans la fuite !

— J’ai vue des dizaines de femmes et des dizaines de jeunes filles… Toutes mortes. Qui que ce soit, elles ont sans doute subi le même sort…

— Son mari était en première ligne, pour combattre l’armée ennemie. C’est impossible… Ils ne peuvent pas être tous…

— Il doit être mort aussi. Ne m’as-tu pas entendu ? Takuya et son armée se sont fait massacrer, anéantit, détruite. Les quelques survivants sont soit en fuite, soit toujours en train d’agoniser ou soit prisonniers. Tu as eu de la chance que je te trouve.

Les yeux de Yuki se mirent à briller de plus en plus. Alors qu’elle tenta d’ouvrir la bouche pour répondre, aucun son ne sortit, seulement du vide. Elle se mit à pleurer toutes les larmes de son corps, regrettant de ne pas pouvoir faire plus. Fubuki la regarda un instant, puis il sortit en fermant la porte, laissant la jeune fille seule.

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