À votre arrivée

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Chapitre 1



La première expérience à laquelle vous serez confrontés, à peine descendus de l'avion, au sortir de l'aéroport, est cette moiteur environnante, presque surréaliste, qui vous enveloppera et vous réchauffera instantanément de la tête aux pieds. Elle irradiera dans tout votre corps et vous réaliserez assez vite votre faible capacité à la supporter. Il n'y a qu'à observer, non sans amusement, les touristes sortant de leur hiver métropolitain munis de leurs pulls et anoraks. Ceux-là même qui, à peine débarqués, s'affairent dans de grands gestes précipités et saccadés à ôter leurs différentes couches de vêtements, tel un oignon que l'on serait en train d'éplucher, pour s'en assurer. Les plus avertis auront prévu le teeshirt, quand les autres seront obligés de conserver, par pudeur élémentaire, non sans mal, le vêtement à manches longues avec lequel ils ont voyagé, agrémenté de belles auréoles, tout en rêvant dans une sorte de torpeur à la douche qu'ils prendront bientôt. 


Le deuxième dépaysement qui viendra se greffer dans la foulée est la multitude de bruits que vous pourrez entendre une fois le soleil couché. Un fond sonore très représentatif des tropiques, qui ne vous laissera pas indifférent. Vous en viendrez même à vous demander, parfois avec une certaine crainte, la tête que peuvent avoir ces bestioles pour faire un tel vacarme. J'ai d'ailleurs trouvé ce post sur un forum : « j'aurais besoin de votre aide pour identifier un insecte. Je l'ai localisé approximativement (je ne l'ai pas vu mais je l'entend très bien) dans le petit jardin de rocailles que j'ai sous ma fenêtre. Je n'en dors plus ou presque et très mal. Il commence à faire du bruit à la tombée de la nuit. C'est un bruit simple "hou"...."hou" ..."hou"... enfin une seule syllabe si on peut dire. HYPER régulier et très stressant, parce qu'il s'autorise à de légers décalages dans son tempo, rares mais assez pour m'empêcher de dormir. On dirait presque un bip d'alarme, tellement c'est régulier, mais c'est bien un animal car lorsque je m'approche, il se tait et reprend un peu plus tard. Il doit être petit, car je ne l'ai pas vu, même avec ma lampe torche. Merci beaucoup de votre aide ». 


Comment peut-on imaginer se voir tyranniser de la sorte par un être aussi minuscule, et en arriver à demander de l'aide sur des forums pour s'en débarrasser ? Mais parce que vous ne voyez plus d'autre solution !  À force de nuits blanches et de fatigue qui s'accumulent, il arrive bien souvent que l'on finisse par en perdre son sang-froid au point d'imaginer des réponses abracadabrantes à notre stress, comme la solution radicale d'enflammer son jardin. Mais comme l'on réalise presque aussitôt que le feu pourrait tout aussi bien continuer sa course inexorable vers votre maison faite de béton et de bois, et devant l'incongruité de cette solution, on se met derechef en quête de nouvelles idées. Mais il n'y a en aucune, croyez-moi. Même le jet d'eau ne fait que leur procurer encore plus de joie, entraînant aussitôt une hausse des décibels. 


Non, il n'y a qu'une seule chose à faire, et c'est d'ailleurs le conseil qui lui a été donné. Prendre sa lampe, faire œuvre de patience et rechercher désespérément l'intrus, responsable de son stress, quitte à devoir soulever les blocs de pierre de sa rocaille, un par un et en pleine nuit. C'est ainsi que cette jeune femme est parvenue à localiser son insecte, qui s'est révélé être en réalité un petit crapaud, une espèce protégée que certains lui ont même déconseillé de bouger pour cette raison. Je crois qu'elle n'en a pas tenu compte, soulagée de pouvoir enfin dormir paisiblement, tout en priant  pour que ce dernier ne vive pas en colonie... Ce n'est qu'une anecdote mais elle nous montre à quel point la nature est ici chez elle. 


De mon côté, il m'a fallu un certain temps pour ne plus entendre, pendant la nuit, le « chant » des grenouilles, crapauds, sauterelles, grillons et crickets. Mais je dois avouer que la climatisation a été d'une grande aide en couvrant les mille et un bruits de l'extérieur. J'ai même fini par m'y habituer, au point de trouver dérangeant le silence de nos campagnes françaises lors de mes déplacements estivaux. 

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