MANCHESTER vendredi 17 MAI 1996

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MANCHESTER

vendredi 17 MAI 1996

Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai finalement accepté. Un vieux reste de sentiment, un peu de culpabilité, l’espoir qu’il a changé… Bref je suis là mais je le regrette déjà. Matthew est de ces êtres à qui personne n’arrive à dire non. Sans comprendre comment, on finit par faire exactement ce que lui veut. Et à se demander ensuite pourquoi.

Me voilà donc à Manchester pour fêter son anniversaire. Il m’a fait le coup de l’ex qui regrette, de l’amoureux qui espère se faire pardonner, du bon copain qui ne peut pas passer ce cap douloureux sans mon soutien. Depuis qu’il a quitté Paris, j’échappe à son emprise et il ne le supporte pas. C’est sans doute pour cela qu’il a voulu que je vienne. Pour prouver, à lui-même comme à moi, qu’il me tient toujours sous sa coupe. Je le sais, mais je n’ai pas réussi à dire non. Je me retrouve donc à cette fête, où je n’ai pas vraiment envie d’être.

Pour l’occasion, il a loué le sous-sol d’un pub, accroché quelques ballons, installé une sono dans un coin et invité tous les gens qu’il fréquente. Nous sommes nombreux, hommes et femmes mélangés, de tout âge, de toute couleur et de toute origine. Matthew a toujours fait dans le cosmopolitisme.

Je scrute la foule. Je ne connais personne Je dévisage les invités en me demandant avec lesquels Matthew a déjà couché. La petite brune avec la mini jupe à paillette ? Sûr! Le mec à côté ? Pourquoi pas, il est plutôt mignon. La grande qui rit trop fort ? Probable … Les deux copines qui ne tiennent par la taille et qui ont trop bu ? Aucun doute. La grosse en tailleur là bas qui le reluque ? Certainement, il aime les femmes bien en chair. Le gars barbu qui lui parle ? Qui sait… Matthew est ouvert à toutes les propositions. Il ne dit jamais non, à rien, à personne, à part à la monogamie… Il m’a fallu un peu de temps pour le comprendre, encore plus pour accepter que je ne le changerais pas et à me décider à le quitter. Enfin, pas vraiment puisqu’il fait toujours partie de ma vie et que je

suis là, un verre à la main, dans ce sous-sol enfumé.

J’observe Matthew. Je le vois papillonner de groupes en groupes, heureux d’être au centre de l’attention. Il embrasse les uns, étreint les autres, sourient à tous. L’atmosphère est joyeuse, détendue. Je décide d’arrêter de faire la tête. Personne ne m’a obligé à venir après tout. Si je suis là autant en profiter pour m’amuser. J’attrape un verre. Le cocktail est délicieux, comme je les aime. Je le bois un peu vite et manque de m’étouffer mais rapidement une douce chaleur m’envahit.

Un « Dark’n Stormy », mon cocktail préféré m’informe Matthew qui s’est approché de moi pour me resservir. Ginger beer, rhum épicé et citron vert. Tu m’en diras des nouvelles me murmure-t-il à l’oreille. Il en profite pour m’embrasser dans le cou et je ne sais si c’est sa présence ou l’alcool qui me fait déjà de l’effet mais j’ai la tête qui tourne. Je m’accroche à lui en riant. Il se colle contre moi, ses mains baladeuses remontent le long de ma cuisse, sous ma robe. Je glousse.

Je n’ai plus vraiment le contrôle de mes actes ni de mes pensées. Je flotte. Matthew est ce qui m’arrime à la terre. Un peu comme l’ancre d’un bateau, ou plutôt comme une bite d’amarrage. Je ricane toute seule à cette blague intraduisible. J’ai incontestablement trop bu. Et Matthew en profite pour se coller encore davantage à moi. Je n’ai aucune envie de dire non. Je regretterai demain. Ou pas.

Soudain les lumières s’éteignent. On perçoit des ricanements, des gens qui s’agitent, un peu de fébrilité. Matthew retire sa main de ma culotte, ou elle vient à peine de s’aventurer. Tu ne perds rien pour attendre me murmure-t-il avant de s’éloigner. Je soupire. Je suis déçue.

Le gâteau fait son entrée, portée par deux filles, perchées sur des talons vertigineux. L’ensemble tangue un peu mais arrive finalement sans encombre sur une des tables. Matthew est là, éclairé par la lueur des bougies. Je le trouve beau, sexy. J’ai envie de lui. Vivement que cette mascarade se termine, que nous puissions reprendre ce que nous n’avons que commencé. Tout le monde se met à chanter dans une cacophonie joyeuse. Il souffle. Tout s’éteint. On applaudit et les lumières se rallument. Ça y est c’est officiel : il a 30 ans. C’est difficile à croire. Ce n’est tellement pas lui. 30 ans, c’est l’âge de la maturité, du sérieux, celui où on se marie, on fait des enfants. On achète une maison, une voiture et un chien, et ou on rentre sagement le soir chez soi, boire une verveine avant de filer au lit.

Maintenant j’en rigole. Et puis qu’est ce que cela veut dire être jeune ? Un chiffre sur une carte d’identité ? Un état d’esprit ? Un mode de vie ? A presque 50 ans, je me sens finalement plus jeune, moins brimée par le regard des autres que lorsque j’avais 20 ans et je tentais de suivre un plan de vie qui n’était pas le mien, avec des échéances que je n’ai jamais su respecter. A 20 ans, les trentenaires sont des gens vieux, à 40 on plaint les cinquantenaires et à 70 on se dit qu’on a encore du temps, qu’il y a plus âgé que soi.

J’étais là, assise sur les marches qui menaient au sous sol du pub, sans penser un instant que, quelques minutes plus tard, ma vie allait basculer. C’est dommage qu’on ne puisse pressentir ces choses là.

J’attends Matthew. Je suis fébrile, un peu ivre, impatiente de reprendre nos petits jeux. Je sais qu’il aime les lieux publics, le risque de se faire surprendre l’excite. Moi aussi quand j’ai bu et qu’il a mis sa main dans ma culotte. Je le vois qui s’approche des filles qui ont apporté son gâteau. Elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau, vêtues de robes courtes comme seules les anglaises osent en porter, perchées sur leurs talons aiguilles. Elles ont le maquillage outrancier de celles qui veulent trop en faire. Je me dis qu’il souhaite sans doute les remercier avant de me rejoindre. Je le vois qui les attrape par la taille toutes les deux, embrasse l’une puis l’autre. De là où je suis, je ne peux qu’observer. Elles se collent contre lui, frétillent, émoustillées. Lui est aux anges. Des mains se baladent. Ils échangent quelques mots et le trio s’éloigne. Et moi ? Je suis jalouse, vexée d’avoir été si vite oubliée. Je suis incapable de réagir. Je me suis faite avoir, comme à chaque fois.

Je ne sais pas que je dois ne pas tout accepter. Surtout l’inacceptable. Matthew est un goujat mal élevé qu’il aurait fallu remettre à sa place. Il n ‘avait pas le droit de me traiter ainsi – personne n’a le droit - mais ça non plus je ne le savais pas encore.

Je suis toujours, sur les marches, comme figée. A chercher comment réagir. Personne n’a rien vu. Je suis seule avec mon humiliation et ma frustration. Je me dis que c’est de ma faute, que je n’aurais pas du venir, que je le connais, que ce n’est hélas pas la première fois qu’il me fait ce genre de coup, qu’une fois encore il m’a berné.

Quelqu’un descend l’escalier. Sans le regarder, je me pousse pour le laisser passer. Je lève la tête. Il est grand, mince, sérieux. C’est ce que je remarque d’abord. Son sérieux. Au milieu de tous ces gens ivres, inconséquents, immatures et volages – les amis de Matthew- il détonne.

Il se tourne vers moi, me demande si je sais où est Matthew. Mon regard se trouble, un nœud se serre dans ma gorge et je sens les larmes me monter aux yeux. Oui, je sais. L’inconnu me dévisage, murmure quelque chose que je n’entend pas et s’éloigne. Tant mieux. Dans ma détresse je préfère être seule. Je n’aime pas me ridiculiser devant témoin. Mais il revient quelques minutes plus tard, un pinte à la main et s’assoit près de moi. Buvez me dit-il. Son accent est chantant. Je prends le verre, avale une gorgée agréablement surprise par l’eau fraîche. Merci. Il me sourit sans rien ajouter. Le bruit ambiant ne rend pas les conversations faciles. Je ne fais pas vraiment attention à cet homme assis à côté de moi, je suis au prise avec mes états d’âme. Que dois je faire ?

Venez me dit il en me montrant d’un signe de la main vers le haut de l’escalier. Pourquoi pas. Je n’ai rien à perdre. Je me lève et le suit.

Nous nous installons autour une table à l’étage, près d’une cheminée où brûle un grand feu. L’atmosphère est cosy, propice aux confidences, comme seuls les pubs anglais savent en créer.

Je vais nous chercher à boire a-t-il dit avant de s’éloigner. Attendez-moi là.

Il revient, pose deux pintes devant nous et se présente. Il s’appelle Paul, c’est un des ami d’enfance de Matthew.

- J’ai beaucoup entendu parler de vous.

- Je croyez pas tout ce qu’il vous a raconté ! Le pire sans doute...

Je n’ose pas lui répondre mais il sait déjà ce que son ami pense de lui. Un gars bien trop sérieux, en couple avec une hystérique et qui ne vit que pour son boulot. Comment, si différents, peuvent-ils être amis ?

Bercé par les crépitements du feu, la chaleur douillette de cette fin de soirée, Il me raconte leur enfance, l’école, les bêtises, leur jeunesse. Et puis les années de lycée, celle de l’université, Oxford où ils ont été reçu tous les deux. Il parle et je l’écoute.

Nous ne nous sommes jamais rencontrés mais nous nous connaissons. Matthew lui a déjà parlé de sa « french girl friend ». Lui non plus ne me dit pas ce qu’il croit savoir de moi. Nous nous entendons bien, tout de suite, comme une évidence. Je ne me demande même pas s’il me plaît. C’est l’ami de Matthew, son meilleur ami. C’est pour l’instant la seule chose qui compte

Je lui retrace mon histoire, comment nous nous sommes rencontrés, la liaison que nous avons eu, ma déception quand j’ai compris que non, il ne serait jamais vraiment mon boy friend.

Il me dit à quel point Matthew est égocentrique, incapable de se rendre compte du mal qu’il peut faire aux gens.

Je lui raconte la honte d’avoir été trompé et de n’avoir pas réagit.

Il me parle des soirées où il l’a attendu en vain,

Je lui confie mon humiliation de ce soir, les deux greluches perchées sur des échasses.

Il me parle d’une fille qui l’a trompé avec lui. Il leur a pardonné. A tous les deux. Je lui avoue ne pas comprendre. Les mystères insondables de l’amour me répond -il.

Pour Matthew ou pour la fille? Je n’ose pas lui poser la question.

Ma colère contre Matthew se nourrit de la sienne. Nous rions ensemble du mal qu’il nous a fait. Et du fait que malgré tout, l’un comme l’autre nous l’aimons. Mais pourquoi donc ? me demande-t-il. C’est une énigme.

Je ris. Je ne sais pas quoi lui objecter. Son charme anglais sans doute. Il rit. Nous ne sommes pas tous comme lui me dit il.

Nous nous moquons, complices.

C’est à ce moment là que le principal sujet de notre conversation apparaît. Son regard scrute la salle, nous aperçoit enfin. Il se précipite vers nous. Il est en colère. Je vous cherche partout ! Vous faites quoi tous les deux ? Il s’énerve. Il est jaloux. Je pouffe. C’est la première fois que je le vois dans un tel état. Je me sens forte, sûr de moi, et je lui demande comment vont ses deux greluches. C’est quoi le rapport ? Demande-t-il. Vous ne pouvez pas rester là tous les deux. Allez venez.

Il m’attrape le bras pour m’entraîner avec lui. Je résiste. Je n’ai pas envie de bouger. Et visiblement Paul pas plus que moi. Il s’empare de ma main dans un geste qui se veut tendre, enlace ses doigts au mien. Je croise le regard choqué de Matthew. Il ne comprends pas. J’aime cette sensation, ce pouvoir que je découvre soudain. Non. Ce n’est pas à lui de me dire ce que je dois faire, ou avec qui je dois être. A mon tour j’enlace les doigts de Paul. Nous nous sourions, complices. Matthew ne peut manquer cet échange ni ignorer ce qu’il signifie. Il s’écarte, rouge de colère. Il fulmine mais nous ne comprenons pas ce qu’il marmonne. Est-il jaloux de moi ? De Paul ? En tout cas la situation lui déplaît et son regard furieux résonne comme une douce musique à mes oreilles. Il s’éloigne, retourne à sa fête , dont je doute qu’il profite désormais. Bien fait!

Matthew est reparti mais nos doigts sont toujours enlacés. Pourquoi les séparer ?

Il faut qu’il apprenne m’explique Paul. Ça va lui faire du bien de grandir un peu. Lui aussi semble savourer la réaction de son ami. On n’a pas fini de s’amuser. Viens me dit-il passant au tutoiement. Notre camarade mérite une petite leçon.

Je le suis.

Enlacés, nous descendons l’escalier. Il est beaucoup plus grand que moi. Je ne l’avais pas remarqué jusque là. Son corps est mince et musclé, solide. J’aime cette sensation de sécurité que je ressens à ses côtés.

Pas un instant, je n’ai imaginé que j’allais tomber follement amoureuse de lui. Ce n’est que le meilleur ami du type dont j’ai envie de me venger, et qui, lui aussi visiblement, à des comptes à régler.

Nous dansons étroitement enlacés. Il y a d’autres couples près de nous, mais peu à peu nous sommes seuls au monde. J’aime ses bras autour de moi, la chaleur qui se dégage de son corps. Mon visage arrive à la hauteur de son épaule et je me cache dans son cou. Je sens son souffle dans mes cheveux. Nous évoluons au rythme langoureux de la musique. Je suis bien. Et ce n’est plus lié au traître dark ‘n stormy.

La musique s’interrompt. Nous entendons des rires autour de nous. Nous arrêtons de danser, mais Paul me garde serré contre lui. Je n’ai aucune envie de m’éloigner d’autant plus que je croise le regard plein de rage de Matthew. Je me dresse sur la pointe des pieds pour en informer Paul.

Il nous regarde ? Oh que oui !

Alors il se penche vers moi et, sans me quitter des yeux, il m’embrasse. La douceur de ce baiser me surprend, me fait doucement chavirer. Ses mains entourent mon visage. Il m’embrasse vraiment. Je ferme les yeux. Son corps se rapproche du mien, se colle contre moi. Étonnée, je sens son sexe durcir contre ma hanche. Il a envie de moi. Je me colle davantage à lui. Que sommes nous en train de faire ? Je perds le fil. Nous venger ? Donner une leçon à Matthew ? Ou quoi ?

Paul s’écarte. Je pense qu’il a compris. Il me faut quelques secondes pour saisir le sens de sa remarque. Malgré cela, ses doigts restent enlacés aux miens.

Les invités partent les uns après les autres. La bonne humeur du début a laissé place à l’atmosphère glauque des fins de soirée exagérément arrosées. L’odeur de cigarette ne masque pas totalement celles du vomi et de ceux qui trop ivres pour trouver les toilettes, ont pissé dans les recoins de la salle. Certains comatent vautrés par terre, d’autres continuent à se trémousser au son d’une musique qu’eux seuls entendent dans leur tête. Trop d’alcool. Trop de drogues. Matthew, parait étonnamment sobre. Sobre et furieux. Nous avons gâché sa fête. Je ne serais dire pourquoi mais cela me réjouit.

Le pub a fermé. Nous sommes dehors, dans la rue. Je dois rentrer avec Matthew mais, avant il veut parler à Paul. Seul. J’accepte de m’éloigner un instant, détachant mes doigts de la main qui ne m’a toujours pas lâché. Je suis à Manchester pour le week-end, Nous aurons l’occasion de nous revoir.

Matthew revient vers moi, seul. Sans un mot, il prend la direction de la maison où nous longeons cette nuit. D’autres amis sont rentrés et doivent déjà dormir. Il marche à grands pas. Tout dans son attitude traduit une fureur froide, une rage contenue. Mais que peut-il dire ?

Je n’ai pas envie de lui faciliter la tâche, même si sa colère me touche. On dirait un petit enfant qui s’est fait piqué son jouet. Un gamin frustré qui réalise qu’il n’est pas le centre de l’univers.

Je revois Paul dès le lendemain. Il passe à la maison où Matthew a invité tous ceux qui n’habitent pas dans le coin, pour nous apporter de quoi manger. Thé, café, crumpets, muffins, et du pain qui ressemble plus à du caoutchouc qu’à une baguette croustillante. C’est encore le temps où on ne trouve pas de boulangerie digne de ce nom en Angleterre, ou à peine arrivé gare du Nord, tout bon français expatrié se précipite dans la première boulangerie venue pour déguster un vrai croissant, sentir l’odeur du pain qui sort du four.

Je pénètre dans la cuisine. Paul est là. Je ne sais pas s’il veut continuer notre petit numéro de la veille. Pour ma part je ne suis pas contre.

Matthew n’est pas encore levé mais il y a foule et chacun se précipite pour attraper à manger avant qu’il n’y ait plus rien. Les morfales. Je n’ai pas vraiment faim, un café suffira. Pour Paul aussi. J’apprends étonnée, qu’il n’aime pas le thé.

- Ils ont failli me reprendre mon passeport commente-t-il, pince sans rire.

- Tu n’auras qu’à utiliser l’autre s’exclame alors Matthew qui vient de nous rejoindre, les cheveux en bataille, les yeux rouges et l’haleine chargée des abus de la veille.

- Ma mère est néerlandaise croit bon d’expliquer Paul. J’ai la double nationalité.

- Tu pourrais même décider de partir et de t’installer là-bas rajoute Matthew qui est visiblement toujours d’aussi mauvaise humeur.

- Je pourrais.

Je ne comprends pas le sens de cette altercation. Il y a de la tension entre eux, et cela ne date clairement pas d’hier. Mais cela n’a sans doute rien arranger.

Paul se rapproche de moi, me prend dans ses bras, m’embrasse. J’ai beau savoir qu’il ne s’agit que d’une mascarade, une vengeance dont je ne perçois pas tous les enjeux mais à laquelle j’accepte bien volontiers de participer, je ne m’en sens pas moins troublée.

Je réponds à son baiser au goût de café.

Il garde son bras autour de ma taille, donne des nouvelles à ceux qui lui en demandent. Nous formons un beau couple. Je lis de l’étonnement dans le regard de certains, ceux qui le connaissent, les amis d’enfance qui l’ont toujours vu avec Janet. Sa femme.

Je sais qu’il n’est pas libre, que ce n’est qu’un jeu, qu’il m’a été simplement prêté pour l’occasion mais je ressent au fond de moi un infime regret, Dommage qu’il ne soit pas vraiment libre.

Il ne m’a jamais menti. Dès notre rencontre je savais qu’il était en couple. Malheureux mais en couple tout de même. Mais ce que je croyais connaître de lui m’a laissé imaginer qu’il y avait dans sa vie, une place à prendre. Lui aussi a sans doute voulu y croire et s’est laissé prendre à son propre jeu.

Ce matin là, dans la cuisine, alors que nous sirotions un énième café en nous racontant la suite de nos vie, j’aurai dû l’interroger sur ses amours, me renseigner sur sa femme. Sur leur histoire. Mais aurais-je pu faire en sorte de ne pas l’aimer ? Quoi de plus triste que de tomber amoureuse d’un homme dont le cœur était déjà pris. Mais a-t-on vraiment le choix ? Je n’ai rien demandé et il ne m’a rien dit. Il ne me parlera jamais de sa femme. Jamais. Il ne la dénigrera pas, ne la critiquera pas, ne l’accusera pas, même quand elle lui fera vivre un enfer. D’une certaine manière il lui est toujours resté loyal. Pas fidèle mais loyal.

Ce matin là, nous n’étions pas encore un couple. Juste deux complices unis dans la vengeance. Matthew était furieux, nous ravis. Pas un instant je n’ai imaginé que cela irait plus loin.

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