Chapitre 28

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Dans une cellule humide. Assise sur une planche en bois, les coudes posés sur les genoux, ma tête entre les mains, je soupire tout en essayant de comprendre comment j'ai pu me faire attraper pour arriver à la case prison. La porte en fonte à barreaux s'ouvre sur deux personnes. Le geôlier et Juan qui se trouve en face de moi. L'un est vetu de son uniforme tandis que mon beau brun est habillé tee-shirt blanc et d'un jean. Cependant une chose m'interpelle, dans la gestuelle de mon latino, il est serein et m'a l'air de bien connaître l'homme à ses côtés. Je remarque également qu'il porte un cordon avec une carte autour de son cou. Juan pénètre dans ce petit carré qui m'oppresse depuis quelques heures, il fait signe de la tête au garde de s'éloigner et s'installe à mes côtés. Je détaille du coin de l'œil son écusson et c'est la douche froide.

J'y crois pas il fait partie des services secrets, la pilule a du mal à passer.

— Comment vas-tu ? me questionne Juan mal à l’aise tout en épiant chacun de mes mouvements.

— Alors tout ça est de ta faute? demandé-je en montrant de la main cet environnement hostile.

— Je suis désolé ma beauté, c'étaient les ordres.

— De qui bordel?

— Du gouvernement comme tu as dû le constater, je suis un agent infiltré et sous couverture.

— Pourquoi tu m'as caché ça ? prononcé-je à voix basse en me massant les tempes ne comprenant plus rien à cette situation.

Il se lève, se passe une main dans les cheveux, puis ancre son regard de traitre au mien.

— Nous avions besoin d'une personne,

astucieuse, manipulatrice et douée dans plusieurs domaines. C'est toi qu'ils ont choisi tout simplement, pour mener cette mission à bien.

À l'attente de ses derniers mots, mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines, je vois rouge et me contiens pour ne pas lui cracher au visage.

— Dégage de la cellule, espèce de gros connard!! crié-je en me trouvant à quelques centimètres de lui.

— Alexandra d'un tu te calmes et de deux tu me parles sur un autre ton, tu veux ! Je suis ici pour te faire sortir, mais à certaines conditions, m'explique-t-il la colère flamboyant dans ses yeux.

Je vais l'émasculer ce con, il m'a trahi et menti. Mais avant ça je dois temporiser pour écouter son charabia qui m'épuise.

— Bonne réaction de ta part, premièrement, je suis Juan Martin, je ne suis pas chef de cartel, mais agent au gradé rattaché au ministère de la Défense. Deuxièmement, je suis ici pour te proposer un deal, qui te permettra de sortir de cet endroit. Dernier point je suis bel et bien amoureux de toi.

Je le fixe en silence, observant son comportement corporel qui ne montre aucun signe de nervosité, aucun doute il me révèle la vérité. J'expire et inspire à plusieurs reprises, pour canaliser la tension nerveuse en moi et continue d'écouter Juan qui m'expose les conditions. L'une d'entre elle me choque, car c'est grâce à ça que je peux subvenir à mes besoins quotidiens. Quand Juan répète une deuxième fois cette phrase, je reste abasourdie.

— Le deal est simple, plus aucun contrat, tu dois arrêter ce métier.

— Pardon ? Questionne-je, plissant mes paupières sur le coup de la surprise.

— La cellule du gouvernement pour laquelle j'exerce, voudrait que tu deviennes l'une de nos nouvelles recrues. Afin de démanteler un maximum de réseaux tels que les cartels ou trafiquants d'armes et j'en passe. Tu auras tout ce dont tu as besoin, si tu acceptes le règlement bien sûr.

Que faire ou dire ? J'en sais rien putain et ça me stresse.

— J'ai besoin de réfléchir, je ne sais plus quoi penser de tout ça, m'exprime-je sonnée par toutes ses informations.

— Très bien, je comprends, je te laisse deux jours, pas un de plus. Réfléchis bien ma beauté à l'opportunité qu'on te propose, je n'aimerais pas venir te voir dans ce genre d'endroit chaque jour.

Je ne réponds rien et le regarde s'agenouiller devant moi. Juan pose ses mains sur mes jambes, ses émeraudes me suppliant d'accepter l'offre. Cependant ses révélations me restent en travers de la gorge et lorsqu'il tente de m'embrasser, je le repousse.

Juan soupire, se relève, quitte ce coin austère puis me jette un dernier coup d'œil déçu avant de refermer la grille.

Plus tard dans la soirée, un gardien m'emmène le repas du soir, que je touche à peine. Les paroles de Juan tournent en rond dans ma tête. Je ne sais pas quoi faire, je suis une tueuse à gages, j'ai pris tellement de vies pendant cinq ans. Comment pourrais-je changer ?

Je ne sais pas si en fin de compte, la meilleure solution ne serait pas de croupir et finir ma vie en prison. L'extinction des feux à lieu, peu de temps après, que l'on soit venu récupérer mon plateau. Je m'allonge sur mon lit de fortune et cherche la meilleure solution pour moi encore et encore. Je finis par fermer les yeux d'épuisement et d'incompréhension.

Le lendemain matin, je suis réveillée par le bruit du tonfa, frotté sur la grille de la cellule. Le garde me sourit comme un détraqué mental. Je ne lui prête aucune attention, ce qui l'énerve encore plus. Il ouvre la cellule et pénètre à l'intérieur. Grave erreur de sa part.

Il s'approche beaucoup trop près de moi avec son bâton. Il lève son bras pour me frapper, mais je suis plus rapide et je me saisis du tonfa de mes deux mains, malgré la douleur ressentie, lorsque j'ai ralenti le coup.

J'inverse les rôles, à mon tour, je suis prête à le tabasser. Cependant ma conscience prend le dessus, pour me l'interdire. Je rabaisse mes bras, puis lâche le bâton qui part s'échouer au sol. Un bruit d'applaudissement résonne dans la pièce, je relève la tête et Juan s'avance, il a assisté à toute la scène. Il demande au gardien de sortir. Juan me félicite de son sourire angélique. J'esquisse à mon tour un rictus, avant de lui coller une belle droite le faisant reculer de quelques pas. Le gardien est prêt à intervenir, dans la cellule, mais Juan lui interdit d'un geste de la tête.

— Ok celui-là, je l'ai bien mérité, je le reconnais, alors ma beauté as tu réfléchis cette nuit, à ce que je t'ai proposé ?

— Oui et Non, j'hésite entre rester en prison ou ma liberté. La première option serait la meilleure après tout, c'est là que se trouve ma place non ? Quand penses-tu ? rétorqué-je en le défiant.

— Ne nous fait pas ça, je te veux à mes côtés sans barreaux, ni barrières.

— Mais ça , il fallait y penser avant chéri, m'exprimé-je avec ironie.

Juan fronce ses sourcils en se jetant sur moi à une telle vitesse, que je me retrouve collée au mur, malgré la taille de la cellule. Il se saisit de mon menton afin de m'obliger à le regarder.

— Sam, je ne plaisante pas, quand je te dis, que je te veux à mes côtés.

— Alors on en revient à Sam, Pourquoi Juan, tu me veux tant à tes côtés alors que toi-même, tu m'as trahi ? demandé-je soudain curieuse.

— Je ne t'ai jamais trahi ! Ne confonds pas tout. Je t'aime comme un dingue , je ne supporterais pas de te perdre. J'aime ce que tu es, ton caractère de merde, ton physique, ta personnalité. Maintenant si tu penses le contraire c'est ton problème. Cependant, sache que tout comme toi, j'étais en mission. J'avais pour ordre de te surveiller, de t'aider, mais surtout de ne rien révéler, ne l'oublie pas ma beauté.

— Écoute, il me reste un jour, demain, tu auras ma réponse, en attendant, je ne veux plus te voir Juan, dis je en le repoussant légèrement.

— OK, mais avant que je ne parte, laisse moi embrasser ses lèvres qui me rendent fou sans me repousser cette fois-ci.

Je croise mes bras sur ma poitrine, j'hésite un long moment, avant de prendre la décision. Il réduit de nouveau la distance qui nous sépare et je craque. Juan se colle à mon corps une main sur ma hanche et l'autre à la nuque. Nos bouches et langues se retrouvent et se mélangent à merveille. Je ressens cette envie viscérale d'en avoir plus.

Il rompt notre baiser, sans ajouter quoique ce soit à cette conversation.

Ma décision est prise, c'est lui et moi contre tous. Je suis tombée éperdument amoureuse et je ne souhaite pas le perdre.

Juan quitte la cellule, un sourire au coin de ses lèvres. Je pense qu'il a tout simplement compris, par notre échange de salive et mon regard en biais, la réponse de demain.

J'espère simplement pouvoir contenir mes pulsions meurtrières.

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