Chapitre 17

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Devant la favela, j'avance dans un état second, ma vision est troublée par la chaleur et ma respiration erratique. Je suis à deux doigts de m'écrouler par terre quand plusieurs hommes accourent dans ma direction, en les observant, je vois qu'ils sont de tout âge, des jeunes comme des plus vieux. Un homme s'approche au loin, la foule s'écarte pour lui ouvrir le passage. À travers mes yeux embués, je reconnais l'ombre de l'homme qui s'avance à grand pas. Pedro est à quelques centimètres de moi, il daigne à peine me regarder, cependant, le timbre de sa voix claque dans les airs et donne les ordres à suivre à mon encontre.

Il s'agenouille devant moi le visage fermé de toute émotion. Le chef du quartier demande à ses petits soldats qu'on m'aide à me relever. Face à lui, maintenu par les bras, il affiche enfin une mine réjouie avant de me gifler avec violence mon visage déjà tuméfié, Pedro enchaîne les coups jusqu'à ce que je finisse au sol, la tête baissée à ses pieds.

- Espèce de connard, je vais te faire bouffer tes couilles, marmonné je.

Pedro m'examine de la tête au pieds, silencieux tout en tournant autour de moi tel un vautour prêt à déguster sa proie. Il n'a pas l'air de reconnaître ce qu'il pense être sa victime. Néanmoins, quand il relève ma figure à l'aide d'une poignée de mes cheveux, son expression faciale change. La peur se lit dans ses yeux chocolatés, cependant il fait bonne figure devant ses hommes en gardant son air de psychopathe qui n'augure rien de bon. Ça ne loupe pas, puisque quelques secondes doivent s'écouler avant que celui-ci, me décoche une putain de droite en plein dans l'estomac. Mon corps déjà affaibli ne fait plus le poids. Je m'écroule, sonnée par la puissance du geste, sentant couler et sortir un liquide chaud et jaunâtre de ma bouche.

Le connard, il ne m'a pas loupé, je vais me faire un plaisir de le buter, je vais même prendre un sacré plaisir.

- Aller debout raclure ! Hurle t-il les poings serrés.

Je n'ai pas le temps de m'exécuter, qu'il me donne un coup de pied dans les côtes. Recroquevillée sur moi même, le souffle court et saccadé mes doigts se ferment sur la terre battue. Un désir de vengeance s'empare de moi, lorsqu'il me tire par les bras, me traînant derrière lui comme un vulgaire cleps, mon corps souffre des nombreuses brûlures liées par les différentes surfaces traversées à pied de mon bourreau.

Pedro, continue jusqu'à ce qu'on s'arrête devant la maison où Blanca et moi avions dormi à mon arrivée. Il ouvre la porte d'un coup de pied et me jette comme une malpropre. Il demande à ses gardes de surveiller la bicoque qu'il s'apprête à refermer, hors un de ses hommes lui tient causette. J'en profite alors pour qu'il soit toujours dos à moi pour reprendre mon souffle et puiser le peu d'énergie qu'il me reste. Je m'appuie de mes deux mains sur le carrelage défraîchi, ramène mes jambes afin de me positionner à quatre pattes avant de me redresser même si mes membres menacent de me lâcher à n'importe quel moment . Je m'empresse de saisir mon couteau attachée à ma cuisse camouflée par mon bermuda, puis me dirige vers lui en boitillant, me cachant à l'angle mort de la porte. Pedro toujours en pleine discussion ne se rend même pas compte du danger qu'il le guette. Sa conversation close, il pousse la porte et c'est le moment pour moi d'intervenir si je veux m'en sortir encore en vie.

Je pose la lame affûtée au creux de son cou, tout en lui chuchotant à l'oreille: " fait le moindre bruit et tu es un homme mort Pedro."

- Bien, tu vas lever tes deux mains et avancer tranquillement vers la table, dicté-je.

- Tu ne t'en sortiras pas vivante, prononce-t-il en se dirigeant à l'endroit indiqué.

- La ferme et assis toi ! Craché-je.

Il hésite un instant, mais la tranche de mon couteau qui érafle son épiderme lui fait exécuter mon ordre.

- Bon chien, maintenant dis à tes hommes de dégager du pourtour de l'habitation.

Pedro suit mes règles, hors l'un d'entre eux est réticent et insiste en lui demandant un: "vous êtes sur patron", alors j'appuie plus fort sur sa pomme d'Adam, il lui répond d'un ton ferme que tout est sous contrôle et qu'il va gérer seul la situation. L'homme à l'extérieur prononce un " ok boss ", puis nous entendons ses pas s'éloigner de la maison.

- Ton flingue pose le en évidence sur la table et fait le glisser sur le côté.

Je m'en saisis puis l'oblige à se lever de son siège, je prends sa place et tire une première balle qui vient se loger dans son épaule. Un cri résonne dans la nuit mais personne ne viendra à son secours.

- Alors ça fait quoi d'avoir été si proche du but et de bientôt perdre la vie? Questionné-je prête à enclencher mon second tir.

Pedro se tient le bras sans pour autant me répondre. Je décide que ce jeu de regard et d'affrontement ne va pas s'éterniser. Je lui demande de récupérer des torchons qui se situent dans un placard à quelques mètres de là où nous sommes en le gardant en ligne de mire. Une fois les bouts de tissu en main, je lui désigne un fauteuil ou il va s'asseoir, je me lève lui lie les poignets et pieds tout en lui enfonçant une serviette dans sa bouche. J'en profite pour réattraper ma lame sous ses yeux exorbités. Face à lui, mon pistolet dans l'autre main, j'admire mon canif d'un sourire pervers. Je virevolte autour de ma proie puis tranche d'un coup sec sa gorge. Le sang gicle de partout et mon euphorie est à son paroxysme.

- Alors mon coco on a perdu son sourire ?

Je continue mon supplice et cette fois-ci avec mon flingue je vise sa paire de couilles ses yeux se révulsent et sa fin est proche. Je continue le carnage jusqu'à le défigurer.

La colère et la haine ont pris le dessus sur mon mental , je continue avec mon couteau lui coupant chacune de ses phalanges avec grand plaisir, le sang gicle de ses doigts. Après m'être déchaînée sur son visage et cou. Je replace mon colt et mon couteau après l'avoir essuyé au préalable sur un torchon. Je vérifie que Pedro ne respire plus, je le regarde une dernière fois droit dans les yeux, son regard s' est éteint. Pedro est mort.

En sortant de la maison, j'ai une petite pensée pour Blanca, mais de courte durée. Dans la pénombre je dois me faufiler pour quitter cet endroit au plus vite et joindre Juan, pour qu'il me récupère au point de rendez-vous. Avant de partir définitivement je laisser une preuve de la puissance de la famille Martin et de mon passage. Je grave sur la porte les initiales de M.J.

Quasiment à mon approche de la sortie de la favela, un homme ivre surgit devant moi.

Il me reconnaît malgré son état , il est prêt à alerter ses comparses cependant je ne lui en laisse pas le temps. Je sors mon flingue et le touche en plein cœur, l'homme tombe au sol dans un bruit sourd. Je me mets à courir le plus vite possible, malgré la douleur de plus en plus forte. Je serre les dents en attrapant le téléphone portable. Juan décroche, je prononce que la mission est réussie, il me prévient qu'il arrive, mais avant de raccrocher j'entends une voix de femme derrière lui que je reconnais. Mon cœur loupe un battement en imaginant avoir été prise pour une conne.

- Juan qui c'est ? Demande-t-elle sur un ton suspect.

- Va te coucher Maya, c'est uniquement le boulot. Rétorque t-il.

Je n'entends pas le reste de la conversation, car de rage le téléphone explose sur le bitume. Je continue ma course malgré les blessures physiques et morales.

J'atteins le point de rencontre vingt bonnes minutes plus tard, la voiture est bien là avec deux hommes et Juan qui patiente à l'extérieur, en m'apercevant il s'avance à grand pas, en lâchant un soupir que je suppose être de soulagement. Néanmoins ma colère est telle que je l'ignore en passant à ses côtés. Juan me stoppe dans mon élan en me retenant par le bras. Je me detourne légèrement les sourcils froncés, tandis que lui blêmit légèrement en me scrutant. Il relâche sa prise furieux en se passant une main dans sa tignasse. Je profite de ce moment pour m'engouffrer dans la berline, reprendre mon souffle et constater les dégâts infligés sur ma peau. Je suis interrompue dans ma contemplation par mon beau brun qui morigène des inepties.

- Putain de merde ! Pourquoi tu as fracassé le téléphone? J'ai eu la frousse de ma vie. Bordel !

Je le fixe en silence, mais ça ne va pas durer longtemps.

- Mensonge! Tu ne vaux pas mieux que le frère de Blanca et tu sais quoi tu es également mort à mes yeux.

- Arrête bordel, je t'assure que tu te trompes, je n'ai rien à me reprocher. Il soupire avant de lever ses billes grises en ma direction.

À d'autre mon coco.

- Sam...

- Boucles là et fous moi la paix, je suis épuisée, le coupé je en fermant un instant les yeux.

Du coin de l'œil, j'aperçois ses mains se serrer tellement fort sur son jean que ses jointures en deviennent blanches. Tant mieux il sait ce que j'ai éprouvé quand je l'ai eu au téléphone en entendant la voix de sa soi-disant amie. Le retour se fait dans le calme et le silence, je remercie intérieurement ces messieurs de respecter ma volonté pendant que mon attention s'est fixé sur le lever du soleil. À l'approche de la villa de Julian Martin, Juan prononce une phrase à laquelle je ne m'attendais pas à entendre

- Un jour prochain tu seras mienne, je peux te le jurer, murmure t-il proche de mon oreille.

Avant de sortir en trombe de la voiture. Je reste éberluée un moment pour contrôler mon cœur se traître qui a décidé de se révolter en pulsant à vive allure. Cependant, je refuse d'y croire préférant fermer les portes de mon âme pour ne pas à avoir affronter l'une de mes plus grandes peurs. L'amour.

Fin de ce chapitre.

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