Chapitre 16

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Après une bonne nuit de sommeil, qui m'a permise de remettre mes idées en place.

Je rejoins la salle à manger où je retrouve Julian, le père de Juan. Notre petit-déjeuner terminé nous nous rendons directement à la salle d'entraînement située au sous-sol de la villa. Sur le chemin je reste muette afin de me concentrer, je sais pertinemment que Juan ne m'épargnera pas. Je suis interrompue dans cette dernière réflexion à l'ouverture des portes battantes.

— Prête à encaisser les coups? Me demande mon guide en grimaçant.

— Oui, réponds-je en fixant Juan qui s'échauffe sur le ring.

— Bien, je te laisse le rejoindre dans ce cas, faites attention à vous deux tout de même.

—  Ne vous inquiétez pas.

— Je sais, mais cela ne me plaît pas pour autant. 

— Nous n'avons pas le choix et aucune autre alternative. 

— En effet pourtant j'aurais espéré que ça soit différent, annonce t-il navré.

D'un signe de tête je le remercie et m'avance telle une condamnée à mort vers mon bourreau. Ma veste posée sur le banc et  déchaussée, je grimpe à mon tour sur le tatamis. Juan me dévisage avec tendresse, néanmoins une fois son protège-dents mis en place, son comportement change du tout au tout et je retrouve face à moi un adversaire digne de ce choix.

— Prête. 

— Oui, vas y qu'on en finisse.

Nous nous mettons en position et le combat commence. Juan s'élance à toute vitesse, je n'ai pas le temps de l'esquiver qu'un crochet du droit atterrit dans mon estomac. Je tombe au sol par surprise et le souffle coupé cependant je sais pertinemment qu'il n'a pas mis toute sa force. Je souhaite que tout ceci s'achève au plus vite, alors je me relève en le défiant du regard, un air supérieur peint sur mon visage 

— Putain ! Mais à quoi tu joues ? Crié-je pour qu'il continue.

— Tu ne comprends pas! S'énerve-t-il à son tour en se rapprochant de moi.

— Juan, tu n'as pas le choix.

— Je sais ma beauté.

— Alors suis le plan s'il te plaît, demandé-je d'un ton calme et posé.

Juan se pince l'arrête du nez, soupire à plusieurs reprises et me surprend en enchaînant les coups. Sonnée et aveuglée par le sang, je vois rouge et cherche à contre attaquer, mais une petite voix me rappelle à l'ordre. Je n'ai aucun droit de me défendre résignée, je laisse Juan en finir jusqu'à ce que je me retrouve propulsée à l'autre bout du ring. Mon adversaire s'avance vers moi, m'aide à me relever et colle son corps au mien, contre les cordes. Je vois son poing droit se diriger vers mon visage et à cet instant je sais que notre duel est clos. Je ferme les yeux dans l'attente de recevoir le coup, hors ce n'est pas ses doigts qui me touchent la joue, mais ses lèvres qui se posent sur les miennes. Mon cœur bat la chamade et de doux frissons parcourent mon épiderme. Juan recule, s'apprête à réitérer son geste, mais je le repousse avant de 

quitter le ring. 

— Le combat n'est pas terminé Sam.

— Dans ce cas pourquoi t'es tu arrêté ? 

— Je dois te faire un dessin? M'interroge t-il les bras croisés sur son torse saillant.

— Non, mais tu n'avais pas le droit de me piéger de la sorte, espèce de...

Je n'ai pas le temps de conclure ma phrase que Juan m'envoie un coup de pied latéral au niveau de ma cuisse fragilisée. Je m'écroule face contre terre en hurlant de douleur, avant d'être assommée définitivement par un ultime coup à l'arrière de la nuque. 

Refaisant surface après avoir plongée dans l'obscurité. Je me retrouve allongée sur mon lit, Juan à mes côtés. Il caresse du bout de ses doigts mon visage d'un air peiné avant de se lever et la chambre. Il revient peu de temps après avec des produits désinfectants et une crème contre les hématomes. J'exécute ses consignes en grimaçant légèrement quand mon adversaire du jour s'occupe d'effectuer les soins sur mon corps affublé de bleus. Juan s'arrête dans ses gestes lorsqu'une personne frappe à la porte. Je parviens difficilement à prononcer un "entrer" et Julian pénètre dans ma chambre. Il me fixe quelques minutes avant de se tourner vers son fils sa figure déformée par la colère. 

—  Putain ! Tu ne l'as pas loupé.

— Arrête papa ! Tu crois que je suis satisfait de l'état dans lequel elle se trouve. Et bien, détrompes toi . Ça me bouffe de l'intérieur de la voir ainsi. Dois je te rappeler, que c'était ton plan et non le mien, éructe mon infirmier.

— Je sais, mais je ne pensais pas que tu l'amocherais autant. Pedro ne va pas avoir grand mal à la tuer si Sam ne peut pas tenir debout, n'oublie pas que dans deux heures et demi, vous êtes censés être devant sa favela. Vous allez faire comment hein?

— Je peux encore tenir, j'ai connu pire comme situation, interviens-je en me redressant.

— Certes, néanmoins, je crains fort que tu puisses achever ta mission avec succès vu ton état. Mon fils peut être parfois un abruti de première se lamente t-il.

— Non, il a exécuté à la perfection vos ordres, vous n'avez aucun reproche à lui faire, prononcé-je lasse du conflit père fils.

Julian me jette un dernier coup d'œil compatissant puis quitte la chambre en silence. Son fils vient s'asseoir à mes côtés, dépose un baiser sur mon front et me demande de me reposer une petite heure avant notre départ.

L'heure de partir est enfin arrivée, c'est avec grande difficulté que je quitte le confort du matelas pour aller me préparer. Heureusement, je peux compter sur l'aide de mon combattant qui me vient au secours en me maintenant contre son flanc afin de m'éviter de m'appuyer sur ma jambe blessée. Une fois dans la salle de bain, je commence ma transformation. Mes lentilles bleu sont positionnées, ma peau est hydratée d'une crème auto bronzante, je n'ai plus qu'à attacher mes cheveux et fixer mes armes autour de mon corps. Pour cela j'ai besoin de Juan que j'appelle à la rescousse. Assise sur le rebord de la baignoire, je l'observe s'atteler à la tâche. Ce muffle en profite même pour caresser et embrasser mes cuisses. La tension entre nous augmente d'un coup, je me laisse faire savourant le moindre de ses touchés. Cependant, je reprends le contrôle en l'écartant d'un geste de la main pour ne surtout pas craquer. Juan se relève en me détaillant de la tête au pieds accolé au mur, je ne lui prête plus aucune attention préférant me concentrer sur la suite des événements.  Néanmoins, il n'a pas dit son dernier mot. Mon beau latino m'emprisonne dans ses bras avant de me retourner face à lui et de s'emparer de mes lèvres. Je le laisse me manipuler à sa guise profitant du bien fait de notre échange baveux. Notre baiser rompu, il est tant pour nous de quitter la pièce avec un arrière-goût d'amertume. Devant la porte de sortie dans le hall, le père de Juan m'interpelle avant que je ne franchisse les portes de la villa. 

—  Sam, je veux que tu accroche cette petite broche en forme de Phoenix, sur toi. 

— Euh, oui, mais pourquoi ? Demandé-je étonnée. 

— C'est un émetteur et disons une sécurité supplémentaire.

— D'accord. Merci, dis-je en le positionnant sur mon tee-shirt.

— De rien et reviens-nous vite à la villa. Allez file maintenant, m'ordonne t-il en m'accompagnant sous le porche.

Je lui souris puis à l'aide de béquilles, je rejoins Juan qui est déjà installé dans la voiture. Une fois la portière claquée, le véhicule file à toute allure alors que le silence règne dans l'habitacle, de mes doigts je frôle la broche que j'ai fixée il y a quelques minutes auparavant afin de me canaliser. Nous sommes plus qu'à quelques kilomètres de la destination, mon sang commence à bouillir dans mes veines tandis qu'au fur et à mesure la tueuse à gages reprend possession de mon corps. Je redeviens celle qui ne craint rien, ni personne prête à 

saigner ma proie et la voir sous mes yeux.

La berline ralentit et le mode assassin est en place. Je revois le plan dans ma tête. Deux kilomètres à pied, seule, pour éviter tout soupçon. Une fois à l'intérieur de la favela, je me rapproche de Pedro et l'abat avant de m'enfuir sans me faire repérer. Je reprends mon souffle et m'apprête à descendre quand Juan me rattrape par le bras, je me détourne vers lui pleines d'interrogations. 

— Promets moi juste de faire attention à toi Pedro et un homme sans scrupule tout comme Carlos. Au moindre ennui je veux que tu fasses sonner mon téléphone trois fois, tu m'entends ? 

— Oui. 

— Je sais que tu es considérée comme l'une des meilleures, mais n'oublie pas que tu es amochée. Je veux te revoir ma beauté alors s'il te plaît n'hésite pas, m'informe t-il avant de m'embrasser.

— Juan… je ne peux pas te le garantir car c'est mon job, néanmoins, je ferai mon possible pour revenir malgré les risques encourus.

Je quitte la voiture sans jeter un regard sur l'homme qui fait battre mon cœur et me dirige droit vers l'enfer, un lieu que j'affectionne. Je ne suis plus qu'à quelques mètres de la favela, la rage et la haine prennent le dessus sur toutes mes autres émotions. Je vois rouge et suis sûre d'une chose, cette nuit des têtes vont tomber. J'espère seulement que je ne ferai pas partie du lot.

Fin de ce chapitre.

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