Chapitre 15

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Dans le hall d'accueil de l'hôtel depuis dix minutes j'observe les lieux et le parking, en attendant d'être rejointe par Juan et les ses hommes de main. Nous devons reprendre la route direction Acapulco où nous attend Julian, le mari d'Anita. Des bruits de pas me font me retourner en un éclair et Juan apparaît enfin devant mon champ de vision. Nos regards s'accrochent et il me sourit tout en tentant de déposer une bise sur ma joue. Je le repousse in-extremis en posant une main sur son torse, il paraît déçu cependant je m'en contrefiche. J'ai toujours en travers de la gorge la journée d'hier.

— Tu es prête à partir ? Demande-t-il en me détaillant de la tête aux pieds.

— Oui je vous attendais, réponds-je en me détournant de lui.

—  Bien Maya ne devrait plus tarder. 

— D'accord. 

Cinq minutes plus tard, nous sortons de l'hôtel, dans le silence en épiant le moindre mouvement qui pourrait nous paraître suspect. Maya arrive sur les chapeaux de roue puis descend de la voiture, sourire aux lèvres avant de se jeter dans les bras de Juan, qui la soulève comme une plume, rigolant avec elle. Quand ils finissent par se détacher, elle se tourne vers nous puis nous salue. Une vague de jalousie me submerge et c'est énervée que je grimpe dans la berline en m'installant sur la banquette arrière côté vitre. J'ai besoin qu'on me fiche la paix et de comprendre mon changement d'humeur. Je revois la scène de leur retrouvailles d'à peine quelques minutes et mon cœur se serre face à cette image. Mon cerveau, lui, m'emmène dans un tout autre univers. Celui où je finirai certainement avec une balle dans la tête et mon identité découverte. Je secoue la tête afin de me sortir cette idée morbide de la tête. 

Ils entrent dans la voiture et cette fois-ci c'est un des hommes de mains qui prend le volant. Maya et Juan se retrouvent à l'arrière en ma compagnie. Je décide de faire abstraction à leurs présences, malgré la chaleur du corps de Juan à mes côtés que je perçois. Je reste silencieuse tout le long du trajet en regardant défiler le paysage. Après quelques heures de route, j'aperçois le panneau Acapulco, puis les plages où les gens se précipitent pour faire face à la chaleur. Juan pose sa main délicatement sur ma cuisse, mon corps frémit à ce contact. Je tourne la tête vers lui, en le fixant d'incompréhension. Je retire sa main de ma cuisse, ce qui n'a pas l'air de lui plaire. Il se penche vers moi afin de murmurer dans mon oreille. 

— Sam, arrête de m'ignorer s'il te plaît. J'ai déjà compris hier soir que tu m'en voulais et je m'en excuse.

— Je ne t'ignore pas, je me concentre, rétorqué-je en soupirant.

— C'est pas l'impression que j'ai, m'annonce t-il en contractant sa mâchoire.

À priori mes réponses ne lui plaisent pas et j'en ai la preuve lors de sa répartie.

— Parfait je te laisse tranquille, pour le moment, ah juste pour info, nous arrivons dans à peine cinq minutes chez mon père.

— OK c'est cool.

Juan me fixe un petit moment avant de lâcher un soupir et se tourne vers Maya. Les entendre rire m'exaspère au plus haut point, pourtant, je sais pertinemment que c'est mieux ainsi surtout dans ma situation actuelle. Arrivés chez monsieur Martin, qui nous attend avec trois gardes à l'entrée de sa villa. J'admire les alentours, rien n'a changé en deux ans, la maison est une vraie forteresse et la forêt qui l'entoure la cache de la vue de tout étrangers. Julian Martin s'approche de son fils, le prend dans ses bras,  fait de même avec Maya. Quand vient mon tour, il me sourit et le visage de Juan m'apparaît devant les yeux. La ressemblance entre les deux est impressionnante, ils sont quasi identiques à tout point sauf que l'un a les cheveux grisonnants et les yeux vairons. 

Je lui tends ma main qu'il vient serrer avant de nous inviter à entrer à l'intérieur. Julian passe en premier et nous le suivons. Il nous dirige vers le salon et nous demande de nous installer. Il demande à Maya de prévenir sa mère d'amener des rafraîchissements. D'un hochement de tête, elle s'exécute et quitte la pièce. Cette jeune femme est donc la fille de la cuisinière. J'aurais plutôt cru que c'était la petite amie de Juan, vu le comportement qu'ils ont quand ils sont ensemble. Je suis sortie de mon constat par Julian Martin qui m'interpelle.

— Sam, alors comme ça on se retrouve à nouveau. Je vois que ma femme a fait des merveilles sur toi. Tu es comment dire? Époustouflante. 

— Merci, tout le mérite revient à Anita. Cependant, venons-en au fait et expliquez-moi plutôt la suite de la mission.

— Je vois que tu n'as pas changé et c'est ce que j'apprécie en ta personne. Tu es ici pour éliminer le frère de Blanca. Qui commence sérieusement à se mêler un peu trop de mes affaires. Te souviens-tu de lui ? Questionne t-il en se penchant vers moi.

— Oui on n'oublie jamais un homme au regard meurtrier. 

— C'est vrai, sache que Pedro est manipulateur. Il va toujours vers le plus offrant. Après tout c'est compréhensif c'est l'un des meilleurs chefs de Favela que je puisse connaître, avoue le père de Juan songeur.

Je me remémore la nuit passée dans sa favela et je dois reconnaître qu'il manie ses troupes d'une main de maître. J'ai ressenti une aura malsaine se dégager de cet homme lors de notre rencontre.

— Qu'attendez vous de moi ?

— De vous deux le terme étant plus approprié. Car Juan n'est pas ici pour rien, c'est lui qui va te faire entrer à nouveau dans le village que dirige Pedro.  

Je me tourne vers Juan qui est assis à ma gauche. Je remarque qu'il écoute notre discussion avec attention. Mais qu'il n'a pas prononcé un seul mot ou donné son avis. Maya me coupe en pleine observation en  revenant avec un plateau chargé de boissons. Elle dispose les verres devant chacune d'entre nous et pose les bouteilles de jus de fruit. Je me saisis de l'une d'entre elle et me sers en guettant du coin de l'œil Juan. Ce que je découvre dans son regard me broie le cœur. Il la fixe de ses deux émeraudes scintillantes d'amour. À cet instant je me sens comme une conne, j'ai envie de lui exploser la tronche à ce connard car il me fait ressentir des sentiments que je m'étais promis de ne pas développer. Je me concentre à nouveau sur Julian, qui vient de s'apercevoir de mon état, il me sourit compatissant face à cette scène que nous offre les deux tourtereaux et reprend la parole. 

— J'en étais où ? Ah oui le plan. Il est assez simple dans le fond. Juan va te déposer blessée, à quelques mètres de la favela. Bien évidemment tu seras armée et après se sera à toi de jouer. 

— D'accord, mais comment voulez vous, que je paraisse blessée ? 

Juan sort de sa béatitude, se met à rire en me fixant, c'est à ce moment là que le souvenir de la salle de sport me revient. 

Juan prend cette fois-ci la parole. 

— Sam te souviens tu de notre combat sur le ring ?

— Oui et il est hors de question que tu me touches à nouveau. 

— Pourtant tu n'auras pas le choix. C'est moi seul qui me chargerai de te toucher. 

— Hors de question ! Julian pouvez-vous trouver une autre personne, prononcé-je hargneuse.

— Malheureusement non, mon fils est le meilleur combattant. 

Putain! Je rêve c'est impossible autrement. Pourtant c'est bien réel en sentant la douleur que je m'inflige en m'enfoncant les ongles dans la chair de mes mains. Je soupire frustrée de ne pas avoir le choix d'affronter à nouveau Juan. 

—  Très bien, dans ce cas quand doit avoir lieu notre combat ? Interrogé-je dépitée 

— Pas ce soir en tout cas. Vous avez besoin de vous reposer l'un comme l'autre. 

— Sam mon père a raison, intervient Juan en se redressant.

Bon sang ! Ce mec a le don de me sortir de mes gonds. J'ai une grande envie de lui exploser sa face de beau gosse.

— Quel dommage… ah, mais oui c'est vrai j'ai oublié que tu étais devin, annoncé je provoquant.

Cette fois-ci c'est lui qui s'emballe, ses doigts se ferment et s'ouvrent aux creux de ses mains formant des poings, il se dirige vers moi, cependant son père le coupe dans son élan.

— Juan ça suffit! Vas ranger tes affaires et profites de ta fin de soirée avant le diner puis indique la chambre de Sam, s'il te plaît ? Lui ordonne son père.

Juan s'exécute une fois que je me suis relevée de mon siège. Il traverse le salon, la salle à manger et franchit les escaliers qui nous mène à l'étage. Il se stoppe devant une porte, me dévisage intensément et prend la parole. 

— Reposes toi bien car demain je n'irais pas de main morte avec toi. Je te demande juste deux choses. La première de ne pas m'en vouloir et la seconde qui est la plus importante pour moi de rester en vie. 

— Merci pour les infos et sache une chose c'est que je risque ma vie chaque jour et tu le sais parfaitement. Sur ce je te laisse aller retrouver Maya, m'exprimé-je en ouvrant la porte.

— Tu ne comprends vraiment rien ma parole! Éructe t-il en m'attrapant par le coude.

— D'une tu me lâche et de deux qu'est-ce que je suis sensée comprendre explique moi, rétorqué-je en me retournant.

— Tu es vraiment aveugle, alors écoute moi bien. Je tiens à toi plus que tu peux le croire, je suis amoureux de toi. Même si à tes yeux je te prouve le contraire. Est-ce que maintenant tu comprends. 

Juan s'est rapproché de moi et dépose sa main sur ma joue que je frappe de la mienne. Il ment pour mieux m'amadouer. 

— Je ne te crois pas et de toute façon, je ne veux pas m'attacher à quelqu'un. 

— Arrête de dire de la merde, alors que tu es jalouse de Maya. Tu te mens à toi même et en ce qui concerne ta vie, dis toi que moi aussi je la risque tous les jours. Les chefs des Cartels sont en guerre permanente. Nous devons nous faire respecter et éliminer le moindre concurrent qui souhaite s'emparer de nos terres, m'énumère t-il en ancrant ses yeux aux miens.

Sans même m'en rendre compte  mon corps lâche les armes et je me rapproche de lui car au fond tout ce qu'il dit me touche. Je pose une main tremblante sur sa joue blessée par mon coup de poing d'hier. A ce contact mon cœur s'emballe et une douce chaleur envahit mon corps. Juan maintient ma main collé à son visage en me fixant intensément. Seulement ma raison me rappelle à l'ordr, je rompt notre lien, qui nous a uni un petit instant et sans un mot de plus, pénètre dans la chambre que je ferme tout comme la veille à l'hôtel. Je clos mes paupières pour reprendre mes esprits. Je ne dois pas craquer, je me dois de rester concentrer afin d'exécuter sans état d'âme ma future victime. 

Fin de ce chapitre.

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