Chapitre 14

7 minutes de lecture

Le jour de notre départ est arrivé, nous devons prendre l'avion dans trois heures.

Juan est arrivé à la maison sans m'avoir adressé la parole, une seule fois. Je ne comprends pas son attitude changeante soufflant le chaud ou le froid. Néanmoins, tôt ou tard, il va devoir m'adresser la parole. Il ne doit pas oublier, que lui seul, va me donner les directives et les informations sur les futures victimes.

D'ailleurs rien qu'en y songeant, je suis déjà en transe, la chair de poule se propage sur ma peau. Mon excitation est à son comble.

********

Plus d'une heure qu'Anita nous a déposés à l'aéroport. Je patiente nerveusement assise sur un tabouret d'un Starbucks où je déguste un moka tout en observant la foule de touristes. Carlos et ses gardes peuvent intervenir à n'importe quel moment pour me retrouver et je sais parfaitement qu'il n'hésitera pas à m'exécuter sur place. D'autant que Juan est parti s'enregistrer avec deux hommes de main, il ne pourra pas venir m'aider le cas échéant. Lasse de tout ce foutoir, je lâche un soupir quand une notification apparaît sur mon téléphone prépayé. J'ouvre le SMS que Juan vient d'envoyer, il m'informe que je peux m'enregistrer à mon tour. Ni une ni deux, je me lève et saisis mon sac de cabine ainsi que ma valise et pars en direction de la compagnie aérienne pour valider mon billet.

Assise du côté hublot, je regarde les vas et viens des avions sur les pistes avant de reporter mon regard sur les passagers. Le pilote nous annonce que nous allons décoller. J'attache ma ceinture avec enthousiasme, cependant après une heure de vol la réalité me rattrape. Comment va se passer cet aller-retour au Mexique? Sommes-nous réellement attendus ou est-ce un piège que l'on vient de me tendre? Je n'ai pas les réponses à ses questions, mais une chose est certaine, je suis prête à affronter la moindre embûche qui me sera tendue.

Après quatre heures de vol, le train d'atterrissage touche enfin le tarmac. Soulagée que tout se soit bien passée, je choppe mon sac et suis l'une des dernières passagers à descendre. Nous prenons la navette qui nous attend sur la piste, afin d'être déposés au terminal des arrivées. Ma nervosité augmente au fur et à mesure de mon avancée dans le vestibule qui nous mène vers nos bagages. Une fois mes affaires en main, je quitte la salle pour rejoindre mes acolytes qui m'attendent comme convenu après les douanes. Juan et ses deux gardes m'attendent avec à leur côté une ravissante jeune femme. Je plisse les yeux, suspicieuse n'ayant pas eu les renseignements relatifs à son sujet. En tout cas je remarque qu'ils m'ont l'air assez proches et une petite pointe de jalousie s'insinue dans mon cœur. Malgré cela, je préfère ne pas y prêter plus d'attention.

J'avance dans leurs directions, quand soudain, un point rouge apparaît sur le front de la jeune femme. La tension monte en moi. Je lâche mes bagages et cours dans leurs directions, sous les yeux ébahis de Juan qui ne comprend pas mes faits et gestes. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mon sang pulse dans mes veines, mes muscles chauffent dû à l'effort et mon souffle s'accélère. Je sors discrètement mon arme, avant de me jeter sur cette latina que j'amène au sol, l'impact de balle passe à quelques centimètres de nous. Je me redresse et cherche la personne qui vient de tirer. Je le vois surgir de sa planque et courir arme à la main. Je m'apprête à enclencher mon coup, mais une main posée sur mon arme m'en empêche.

Fait chier !

Je regarde l'auteur de ce geste et bien évidemment, il fallait que ça soit lui, Juan. Je suis prête à lui hurler toute ma colère au visage, mais il m'en empêche, déposant son index sur ma bouche. Juan me fixe d'un regard noir avant de me reprocher mon acte.

— Observe les lieux, quelques secondes, si nous sommes pas repérés par ta faute, on aura de la chance.

— Tu ferais bien mieux de me remercier pour avoir sauvé le petit cul de ta petite copine au lieu de me réprimander. Éructé-je en rangeant mon flingue.

Je constate alors que notre assaillant a vraiment semé la panique dans tout l'aéroport. Je me dépêche de faire demi-tour pour récupérer mes bagages dans la cohue générale en rageant contre Juan.

Ce mec me fait vraiment sortir de mes gonds à chaque fois. Nous allons devoir avoir une petite discussion, en sortant de cet endroit devenu une vraie fourmilière.

Pas vu, pas pris, nous sommes maintenant à l'extérieur. La jeune femme que j'ai sauvé, il y a quelques instants se prénomme Maya. Elle se tient fermement au bras de Juan tremblante et blanche comme un linge. Elle a été envoyée pour venir nous récupérer et passer incognito. Je pense que sur le coup, c'est loupé. Maya nous dirige vers une grosse berline, qu'elle ouvre à distance, nous nous empressons de déposer les bagages et surtout de prendre la route rapidement. L'homme de tout à l'heure court toujours. À cette pensée je rage contre Juan, s'il m'avait laissé faire il serait mort. Mais à la place le grand chef s'est interposé.

Putain! Ce qu'il m'énerve parfois quand il s'y met avec ses grands airs de mafieux. Je lui balançerai bien mon poing dans sa belle gueule. Oh oui, tu peux me regarder de travers, connard. Nous n'avons pas fini de régler nos comptes. Interrompus par notre jeu de regard par l'arrêt de la voiture. Je détourne mon visage pour observer les alentours. Maya, nous a déposés devant un hôtel à Mexico où nous passerons la nuit avant de rejoindre Acapulco, là où réside Julian Martin, le père de Juan.

A l'accueil de l'hôtel, je suis à deux doigts d'étriper la réceptionniste qui n'a évidemment qu'une réservation pour deux chambres. Il est hors de question que je dorme avec l'un de ces trois hommes qui m'accompagnent. Je préfère être avec Maya ou dormir dans la voiture pour passer ma nuit. Cependant, Juan en décide autrement. Il m'attrape comme un sac à patate, demande aux deux hommes de mains de nous rejoindre devant le numéro de chambre et d'emmener la clé.

— Pose moi par terre immédiatement !

— Non et arrête de me mettre des coups, je ne te lâcherais pas.

Les portes de l'ascenseur de l'hôtel s'ouvrent. Juan me dépose au sol de celui-ci, une fois les portes refermées, il bloque la montée de l'ascenseur.

Je vais le tuer!

— Appuie sur le bouton de l'étage ! Sinon je te jure que tu n'arriveras pas entier dans ta chambre, le menacé-je.

— Non! Je crois même qu'on va y rester un bon moment, tant que tu ne me dis pas pourquoi j'ai l'impression que tu vas me tuer.

Je rêve là, c'est lui qui m'a regardé de travers tout le long du trajet.

— Tu veux vraiment le savoir ?

— Oui.

— Très bien, tu n'es qu'une espèce de connard ! Pourquoi tu ne m'as pas laissé l'achever, bordel?! M'époumoné-je en me rapprochant de lui.

— C'était un des hommes de mon père ! Ce n'était pas Maya qu'il visait mais une personne derrière elle et tu as tout fait foiré ! Contente?

Non frustrée comment je pouvais le savoir sans en être informée? Furieuse je sers les poings car ça me démange de lui en mettre un dans sa tronche pour me l'avoir caché.

— Comment voulais-tu que je le sache ? Tu ne m'as rien dit !

— Désolé OK, j'étais obnubilé dans mes pensées. Je n'ai pas réalisé et quand je t'ai vu courir, j'ai compris trop tard mon erreur.

Mon bras droit se lève et mon poing vient s'abattre sur sa joue de colère.

— Putain ! Pourquoi tu as fait ça, tu veux que je te mette une droite aussi ?

— Essaye et tu es un homme mort ! Si tu m'avais prévenu, je n'aurais pas pris le risque de nous faire repérer. Tu y as réfléchi au moins, ne me réponds pas, je connais déjà la réponse et c'est NON, rétorqué-je en me frottant la main.

— Je suis désolé, annonce t-il en lâchant un soupir.

— Bien la discussion est close, maintenant, fais repartir cet ascenseur s'il te plaît?

Juan actionne le bouton et la cage en métal se remet en route. Arrivée à notre étage, les portes s'ouvrent, je sors comme une furie, je prends les clés d'un des gardes et me dirige droit vers le numéro inscrit sur la clé. J'entends Juan me suivre à vive allure tout en soufflant, j'ouvre et m'apprête à claquer la porte, mais Juan la bloque avec son pied. Il entre et la referme tout en douceur.

— Sors de cette chambre ta présence n'est pas souhaitée !

— Sam, écoute moi au moins, je voulais juste te dire que nous avons rendez-vous demain matin à huit heures devant l'accueil.

— Je serais là à l'heure. Maintenant dégage d'ici !

Juan me fusille de ses prunelles émeraudes avant de se passer les mains dans les cheveux et quitte la chambre. Je le suis du regard, il s'éloigne et se retourne dans ma direction avant de me murmurer : "bonne nuit, ma beauté".

Je claque la porte et respire enfin un bon coup essayant de me calmer. J'ai besoin d'être seule et surtout d'une bonne douche.

Une fois sous l'eau chaude, je me décontracte de plus en plus en oubliant cette journée merdique et ce malentendu avec Juan. J'espère pour lui que ce sera la dernière fois qu'il oublie une information aussi importante. Si cela doit se reproduire , je n'hésiterais pas une seconde fois de lui mettre une autre droite, afin de lui remettre les idées en place. Malgré que cela me touche plus que ça ne le devrait. Cet homme me trouble beaucoup trop et je crains que la moindre erreur de ma part me soit fatale.

Fin du chapitre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Valente Sandra ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0