Chapitre 13

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Après avoir passé une partie de la nuit à réfléchir, à trouver une autre solution, je dois m'avouer vaincue. Alors en cette belle matinée ensoleillée, j'ai décidé que c'était l'heure des changements. Je vais renaître de mes cendres comme le Phoenix et ça commence par du changement. Une fois apprêtée et mon café ingurgité, je quitte la demeure en compagnie d'une Anita guillerette. Le chauffeur nous dépose devant un salon de coiffure, qui ne paye pas de mine avec des tags peints sur la vitrine de l'établissement. Heureusement que j'ai pris mon arme, malgré les supplications de la mère de Juan.

Installée dans le fauteuil, je m'observe dans le miroir en lâchant un énième soupir, face à Raoul, le coiffeur qui me raconte je ne sais quoi. Si Anita n'était pas présente j'aurai déjà pris la fuite car dans un sens en touchant à mes vrais cheveux, j'ai l'impression de perdre une partie de ma propre identité.  

Néanmoins, ai-je vraiment le choix ? La réponse est non. Ma vie ne tient plus qu'à un fil, on veut ma tête découpée et servie sur un plateau. Je suis sortie de ce raisonnement plutôt glauque par les paroles du coloriste.

Il souhaite faire des mèches blondes et couper mes cheveux au niveau de mes épaules, pour que je puisse encore les attacher. À travers la glace, Anita me fixe attendant mon aval. Je ferme les yeux, souffle un bon coup, avant de les rouvrir à nouveau et de hocher la tête. Raoul tapote dans ses mains et part à la va vite préparer ma coloration.

— Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, tente de me rassurer Anita.

— J'espère pour lui sinon il est mort, annoncé-je assez fort pour effrayer l'homme qui va toucher ma chevelure.

Deux heures après le dernier coup de brosse, je dois admettre que le résultat n'est pas mal du tout, je m'admire les yeux étincelants de joie. 

— Ma chérie cette nouvelle coupe te va à merveille. 

— Merci, Raoul a fait du bon boulot. Il pourra encore vivre quelques années de plus, rétorqué-je en souriant.

— Je vais payer la note, tu n'as qu'à m'attendre dehors, je vois que tu t'impatientes, me précise-t-elle en me désignant la porte.

L'heure de la pause déjeuner est proche, et Anita m'emmène dans un petit restaurant local que gère une de ses connaissances. Nous sommes installées tranquillement et discutons de mon changement physique le temps que nos plats se préparent.

— Tu es magnifique Sam, il me tarde de faire les boutiques avec toi. 

— Merci, mais tu sais que je n'en ai pas franchement envie. 

— Je sais, mais je ne te laisse pas le choix et c'est la dernière étape.

— Oui, je l'avais bien compris, réponds-je en reposant mon verre d'eau.

Nous sommes interrompues dans notre conversation par l'arrivée de nos plats, nous mangeons tranquillement et dans le calme total ce qui me paraît plutôt étrange. Je jette de rapides coups d'œil et j'ai comme un mauvais pressentiment, des frissons me parcourent même le corps. Je décide d'en toucher deux mots à Anita, qui à son tour surveille la salle, j'ai l'impression qu'on nous observe. Nous nous empressons de finir nos assiettes, payons l'addition, laissant sur la table les billets avant de sortir. Une fois à l'extérieur, ce présage ne me quitte plus, Anita décide d'appeler ses hommes de mains pour notre sécurité et nous bifurquons dans une petite ruelle. Mes doutes se révèlent exacts lorsque des bruits de pas dans notre dos se rapprochent. Ma comparse m'observe légèrement inquiète, tandis que je lui souris en lui chuchotant que j'ai mon flingue. Je m'en empare et lui demande de rester en retrait, je sors la sécurité de mon pistolet et laisse l'individu s'approcher. Une fois certaines qu'il soit tout proche, je me retourne arme à la main. L'homme est armé et s'apprête à amorcer son tir, mais je le devance et tire la première. Ma première balle touche son arme, qui tombe au sol, je fais un pas de plus et ma deuxième le touche au niveau de son cœur, pour être vraiment sûre de sa mort, je tire un dernier coup en visant son front. L'inconnu tombe comme une masse au sol, les yeux vitreux et le sang s'écoulant aux différents endroits où je l'ai touché. Je m'approche de ma victime, m'accroupie, positionne mes doigts sur sa carotide, plus aucuns battements de son cœur résonnent dans son cou. L'homme est mort. Je me redresse observe Anita et lui fait signe que nous pouvons reprendre notre chemin, cependant, je dois camoufler mon meurtre. Nous n'avons pas le temps de réagir qu'au loin s'approche une autre personne en courant, je suis prête à tirer de nouveau, mon index posé sur la gâchette, quand je m'aperçois que c'est Juan. J'abaisse mon bras et soupire, il me regarde puis observe l'homme à terre et ne prononce aucun mot. Une fois le corps jeté dans une benne, nous quittons tous les trois la ruelle comme si rien n'était. Juan repart peu de temps après et nous poursuivons notre après-midi avec Anita. Seulement, depuis l'incident mon accompagnatrice n'est pas aussi sereine, je cherche alors à savoir si c'est moi qui lui ai fait peur et lui pose la question dans le doute.

— Est ce que tout va bien ? Tu me parais stressée. T'ai-je fais peur ? 

— Non, mais j'ai eu peur pour Juan et toi. 

Je lui souris avant de la prendre dans mes bras, elle est surprise par ma marque d'affection, tout en me rendant mon étreinte.

Nous avons enfin fini les boutiques et personnellement je n'en peux plus, j'ai même eu l'impression à un moment donné être à l'armée. 

" Essaye ça, tourne toi, tiens toi droite et j'en passe.. " 

De retour à la demeure, je remercie Anita, prends mes sacs puis me dirige vers ma chambre. Dans le couloir, je croise Juan qui sort de la sienne, il me fixe intensément, il passe devant moi tout en me frôlant, j'entends à peine ce qu'il vient de prononcer tout bas. " Vraiment magnifique."

Mon cœur rate un ou deux battements, à cette remarque, quand je décide de me retourner, je remarque qu'il est parti. J'ouvre la porte de mon antre, pose les achats sur le lit et file prendre une bonne douche avant l'heure du dîner. Vers vingt et une heure, j'entre dans la salle à manger et remarque qu'il n'y a que deux assiettes posées sur la table. Anita arrive à son tour et m'annonce que Juan sera absent jusqu'à notre départ. Il doit voir certaines choses avec ses soi-disant parents et tenir au courant Blanca de nos futurs projets. 

Nous nous installons et mangeons tranquillement, je me retiens de bailler et Anita s'en aperçoit, elle rigole pendant que je la fixe avec incompréhension. Elle m'annonce qu'elle ne pensait pas que faire les magasins allait m'épuiser à ce point.

Je ris à mon tour et le fou rire nous gagne à toutes les deux, sans même nous en rendre compte, il faut avouer que notre journée a été dès plus mouvementée. Le repas terminé, je me lève puis la quitte afin de rejoindre mon lit  pour reprendre des forces. 

Allongée au chaud sous les draps, mes pensées s'orientent vers Juan, son comportement envers moi, ses sourires et toutes les autres sensations, qu'il me fait ressentir en sa présence. Je n'aime pas ça, car ça signifie que je commence à m'attacher à lui et qu'il sera tôt ou tard en danger si sa fausse famille venait à le découvrir. Je n'ai pas le temps de cogiter sur tout ça que je finis par fermer les yeux. Je m'endors pour la première fois en quelques minutes sereine dans un doux rêve où les meurtres ne font plus partie de mon présent. Je me vois dans un tout autre avenir, ou le bonheur existe, mais une part de moi même me rappelle à l'ordre. Mon beau rêve, qui a si bien commencé, se termine dans une tuerie où j'y perd l'être cher qui fait battre mon cœur secrètement. Je me réveille en sursaut tout en priant pour que ce cauchemar ne se réalise jamais. Après avoir bu un verre d'eau, je me rendors une bonne fois pour toute sans rêve et sans cauchemar.

Fin de ce chapitre.

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