Chapitre 12

7 minutes de lecture

Deux semaines, que je suis clouée dans ce lit à ne rien faire suite au verdict du médecin. Interdiction complète de me lever jusqu'à mon rétablissement total. Tu parles, oui, je ne me suis pas gênée pour le contredire et aujourd'hui, je peux enfin sortir de cette pièce qui commençait sérieusement à m'horripiler. Je retrouve enfin toutes ses sensations qui m'ont tant manqué, comme marcher et utiliser l'ensemble de mes membres. D'ailleurs, je suis tellement heureuse que je nettoie mon arme tel un trésor depuis plus d'une heure. Il me faut l'intervention d'une servante pour que je la lâche enfin. Je me rends à la salle d'eau, fais ma toilette, revêts un jogging et ma paire de tennis, pour par la suite me promener en faisant un petit footing.

Je cours depuis une bonne demi-heure et je suis déjà essoufflée comme si j'avais couru un marathon. Je décide d'en rester là et de continuer à m'aventurer dans les parages en marchant. Sur le chemin du retour, j'entrevois Juan venir dans ma direction. Cela fait une semaine et quatre jours, que je ne l'ai pas vu, depuis qu'il m'a ramené dans cette maison de maître. Il est vêtu d'un bas de jogging gris avec un débardeur blanc, j'aperçois l'ensemble de ses muscles contractés par l'effort. 

Il est vraiment bien foutu le con. 

— Salut beauté, Anita, m'envoie te chercher pour partir à la salle de sport. Elle est située en contre-bas à cinq cents mètres de la maison. 

— OK, mais pourquoi on ne m'a pas donné l'information ? Demandé-je un peu contrariée.

— On te connait, tu n'aurais pas écouter les consignes du médecin, rétorque t-il en m'observant de la tête aux pieds.

— N'importe quoi ! M'offusqué-je en grimaçant.

—  Mais oui bien sûr. Allez viens on va voir se que tu as dans le ventre, rigole t-il en me dépassant.

En pénétrant dans la salle, Juan salue la personne à l'entrée. Il lui réserve un ring de boxe pour une heure. J'appréhende légèrement, quinze jours que je n'ai pas pratiqué de sport. Je ne sais même pas si je vais tenir la cadence vu la course de toute à  l'heure. Une fois sortie du vestiaire je pénètre dans la salle, Juan est déjà en place sur l'estrade sourire en coin. 

— Prêtre à prendre ta dérouillée, ma beauté? M'apostrophe t-il un rictus au coin des lèvres.

— Prête, Mr le frimeur .

Je franchis les cordes et je n'ai pas le temps de me mettre en garde que le combat commence immédiatement. 
Juan m'attaque par surprise, il s'élance sur moi avec aisance et je me prends un coup de pied dans les côtes qui me coupe le souffle.  Il enchaîne tandis que j'ai du mal à riposter lorsqu'il me touche la mâchoire je tombe à genoux, les mains au sol en âge, la respiration saccadée et un goût de métal dans la bouche. Juan se fout de ma gueule, se tordant de rire, chose que je ne supporte pas vis à vis de mon ancien bourreau. La colère me submerge, mon sang pulse dans mes veines et je vois rouge. Je me relève avec difficultés, les muscles à vifs, mes jambes tremblent. Je m'appuie au poteau pour me maintenir, une fois certaines de mes capacités. C'est à mon tour de combattre Juan au centre du ring. Il n'a pas l'occasion de riposter, que j'enchaîne les coups de pieds, de poings ainsi que les clés de bras. Il arrive à en éviter certains, mais mon dernier coup le projette au sol. Juan finit par me demander une pause pendant que je retrouve progressivement mon calme et ma respiration assise en tailleur sur le plancher du ring. 

— Félicitations, je vois que tu as récupéré tes capacités physique et mentale, m'annonce t-il en me tendant sa main pour m'aider à me relever.

—Ouais, merci pour cette séance intensive.

— Avec plaisir ma beauté. 

Je ne relève pas sa dernière remarque trop épuisée pour réagir et rejoins les vestiaires. Une fois changé, je quitte la salle de sports avec mon adversaire, nous nous observons et sommes tous les deux sacrément amochés. On n'y a pas était de mains mortes. Je souris en voyant son visage avec un coquard et le bas de sa lèvre fendue, un beau bleu est en train de se former sur sa joue droite. Je me retiens tout de même de rire franchement, néanmoins la douleur aux côtes m'étant insupportable je me retiens en inspirant et expirant lentement.

— On y va? Me propose t-il en me pointant la pente que nous devons remonter.

 Je hoche la tête et c'est dans un silence apaisant, que nous reprenons la route. Sans nous en rendre compte, nous sommes  devant la demeure et franchissons les portes. Anita qui s'est faufilée derrière nous, sans qu'on s'en aperçoive, nous fait sursauter de peur et ordonne gentiment de nous retourner. Quand elle se rend compte de notre état physique, Anita devient blême, pose une main sur sa bouche évitant un cri de franchir la barrière de ses lèvres. Juan saisit sa mère immédiatement dans ses bras, afin de la rassurer. Elle s'écarte de lui puis d'un regard menaçant s'exprime en nous dévisageant chacun notre tour.

— Est ce que vous pouvez m'expliquer, ce qui vous a pris ? Nous interroge t-elle en tapant du pied.

Juan s'apprête à lui répondre, mais elle le coupe dans sa lancée. 

— Dans le salon, tous les deux et immédiatement ! Éructe elle en mettant une tape à l'arrière du crâne de son fils.

Sans un mot nous la suivons et nous  asseyons sur le sofa.

 — Vous avez vu dans quel état vous êtes ? Non mais je rêve qu'est-ce que vous avez fichu?! Montez vous nettoyer et mettre des affaires propres, nous discuterons de tout ça après, nous avertit-elle en pointant l'escalier. 

Nous partons aux pas de course, sans nous retourner. Devant la porte de ma chambre, Juan m'interpelle pour m'annoncer qu'il a apprécié notre duel avant de poser un baiser sur ma joue. À ces mots, je sens une brusque chaleur me monter au visage sans vraiment en comprendre la raison. Je m'empresse d'ouvrir la porte puis la referme en me collant contre. Je repense à la scène et sensation éprouvée il y a quelques secondes et m'interdit mentalement d'y songer. Ma vie est un vrai foutoir, je suis une cible à abattre. En aucun cas, je ne dois m'autoriser à ressentir ou éprouver quelconque sentiment, même si Juan me trouble au plus haut point. Je dois me ressaisir et rien de mieux qu'une douche froide pour me remettre les idées en place. 
En sortant de la salle de bain, je me passe de la crème contre les coups sur les côtes, en grimaçant légèrement, la douleur s'est intensifiée. Je soupire à plusieurs reprises, afin de canaliser la souffrance ressentie. 
Une fois habillée, il est temps pour moi de rejoindre mon hôte et Juan au salon. 

*********

Assise sur le fauteuil en face de celui d'Anita, je fixe le tableau suspendu au mur en attendant Juan, qui ne tarde pas à descendre. Une fois tous installés, Anita prend la parole. Elle se tourne vers moi et m'annonce que je pars ce week-end, rejoindre son mari. Dans ma tête c'est une explosion de joie, un feu d'artifice. Je vais pouvoir enfin reprendre du service et je boue déjà d'impatience. Anita, me sors de ma rêverie quand elle m'annonce que je ne partirais pas seule. Je la regarde ébahie quand elle nomme la personne qui m'accompagne, bien évidemment, ça devait être lui, Juan.

Putain ! c'est pas possible ça, je suis maudite. Où est passé mon ange gardien ? Que je lui explique ma façon de penser. 

Pourquoi je ne pouvais pas être avec une autre personne ? Hé bien non, dans ta face ma fille, tu vas devoir supporter l'homme qui te trouble. Furieuse de cette annonce, je me redresse prête à quitter la pièce, mais, Anita me stoppe dans mon élan. 

— Sam attend tu veux ? Je vois bien que ce que je t'annonce ne te plais pas. Cependant, Juan n'interfèrera pas dans tes affaires, il sera présent pour te transmettre uniquement les ordres et informations que son père lui communiquera.

— Je préfère ça en effet, j'ai mes techniques d'approche pour aborder les futures victimes, énoncé-je d'un ton plus calme 

— Tu veux dire tes costumes à deux balles, qu'il faudrait peut-être que tu penses à renouveler. N'oublie pas que nous avons réussi à t'attraper Sam. Cette après-midi, tu n'étais pas non plus en si bonne posture contre moi ! Rétorque Juan d'un regard noir. 

— Je sais, Juan, pas besoin de me le répéter! 

— Ça suffit tous les deux ! Vous n'avez pas le choix. Écoute Sam, pour une fois Juan a raison. Tu seras facilement reconnaissable avec tes anciens costumes. Il faut absolument oublier ces déguisements. Nous allons effectuer quelques changements sur toi. 

— Comment ça ? M'exprimé-je vexée par la tournure que prend cette conversation.

—  Teindre tes cheveux, changer de coupe, renouveler ta garde robe et si tu veux bien on s'en occupera de tout ça dès demain. 

Je fixe avec mépris les deux personnes face à moi, avant de quitter le salon et la demeure, sans pour autant avoir donné mon aval. Je refuse d'entendre cette vérité qui, au fond de moi, me fait du mal. J'ai besoin de réfléchir seule. À l'extérieur, je me pose sur un banc et les paroles de Juan et d'Anita s'immiscent dans ma tête. Je ferme les yeux et me masse les tempes afin de tout oublier.
J'ai beau me concentrer pour trouver une autre solution, mais j'admets au final qu'ils ont raison. La famille Santos a réussi à me kidnapper. Sans l'aide de Leonor, de Juan et d'Anita, je ne serais certainement plus de ce monde, mais à six pieds sous terre à l'heure actuelle. Je dois me faire une raison et admettre mes torts. Demain le changement s'opérera ainsi que le début de ma vengeance.

Fin de ce chapitre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Valente Sandra ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0