Chapitre 11

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Le véhicule s'immobilise devant un immense escalier, je relève un peu plus la tête sur cette maison de maître entièrement refaite.
Le chauffeur coupe le contact, la silhouette d'Anita se dessine au fur et à mesure de sa descente des escaliers pour nous rejoindre.
Juan vient m'ouvrir la portière, m'aide à défaire mes liens et je sors de l'automobile en rivant mon regard à celui d'Anita que je pensais morte depuis quelques jours. Elle nous accueille le sourire aux lèvres alors que je bous intérieurement .

— Sam, je suis tellement heureuse de te revoir et de te savoir en bonne santé, m'annonce-t-elle en me prenant dans ses bras. 

Je ne peux pas en dire autant pour moi. Je suis trop aveuglée par ses paroles, que quand elle s'écarte de moi ma main se lève dans les airs pour finir sa course sur sa joue. Sa tête tourne sur le côté par la force de mon geste. Anita me fixe sans aucune émotion visible sur son visage alors je prends la parole et décide de m'expliquer.

— Comment as-tu osé me trahir de la sorte ? Personne ne devait connaître mon identité, mais grâce à toi c'est chose faite. On va me rechercher dans la plupart des pays . Explique moi, plutôt pourquoi tu ne m'as pas laissé crever ? Anita!  Éructé-je la mâchoire contractée.

— Je ne savais pas que cela pouvait être aussi dramatique, répond-elle d'un ton cinglant. 

— Ça l'est, je ne sais même pas comment je vais me sortir de ce foutu merdier. 

— D'accord, on va se calmer un peu, m'avertit Juan qui s'est rapproché d'Anita.

— Écoute, je comprends que tu sois écœurée par ce que tu as subi. Cependant, je préfère en discuter à l'intérieur, m'explique t-elle en me tournant le dos.

Anita emprunte les premières marches alors que je n'ai pas bougé de mon emplacement. Après avoir soupiré à plusieurs reprises afin de me calmer, je capitule et décide de la suivre avec Juan à mes côtés.
En pénétrant dans la bâtisse, je découvre une demeure plutôt basique, le stricte minimum se trouve dans chacune des pièces. Seule la pièce à vivre à une apparence chaleureuse, avec ses sofas de velours marron glacé et ses teintes aux murs de couleur crème. Mon hôte du moment m'invite à m'installer sur un des canapé et elle me tend un verre de limonade, que j'accepte. Anita prend une gorgée et entame à nouveau la discussion.

— Je suis désolée pour tout ce que tu as dû subir, seulement les ordres viennent de plus haut que moi. Tu as bien été embauchée pour abattre l'ensemble de la famille Santos, sauf une personne, qui est d'ailleur présente ici, Juan. 

Non, mais c'est une caméra cachée ou quoi?

— OK, pour autant, je ne comprends pas tout, ta mort et surtout que je sois démasquée, annoncé-je en me levant.

— Tout simplement car la personne qui t'a embauché pour effectuer ce contrat, te connais déjà physiquement et que ce sont les ordres. 

— Pardon ! Hormis ma famille, personne ne connaît mon identité ! Mes parents ne sont même pas au courant du métier que j'exerce. 

— En es tu vraiment sûre, Sam? Ou devrais-je plutôt dire.. Sa.

— Non pas un mot de plus Anita, s'il te plaît 

— Très bien, dans ce cas écoute moi et ne me coupe plus la parole jusqu'à la fin de mon récit est-ce clair ? 

Je me rassied et hoche la tête pour enfin comprendre ce qui se trame, même si j'ai envie de tout exploser sur mon passage pour avoir omis certains détails. Elle m'explique qu'elle m'a engagé via une connaissance d'un des plus gros cartels Mexicain, afin d'assouvir sa soif de vengeance. La famille Santos lui a tout pris, jusqu'à kidnapper son fils à la maternité alors qu'il avait été annoncé mort né. Cet enfant que son mari et elle ont eu tant de mal à concevoir. Mais la vérité finit toujours par se savoir et a exploser au grand jour. C'est triste quand on connaît ce qu'a vécu cette femme, la perte de deux êtres chers à son cœur. Mais la suite me laisse sur le cul,  quand elle pointe du doigt l'homme qui m'a enlevé, martyrisé et qui n'est autre que son fils.
Face à cette révélation, je hausse les sourcils d'incompréhension et me tourne vers le dit concerné. 

— Oui, Sam, c'est bien de Juan que je te parles. 

Je les détaille tous les deux et remarque qu'ils ont les mêmes yeux bleu-vert et les mêmes expressions peintes sur leur visage. 

—  Autre chose que tu dois savoir, mon époux n'est pas mort, c'est ce que nous avons fait croire aux Santos.

— Attends donc depuis le début de ma mission tout est mensonge c'est ça ? L'interrogé-je mécontente.

— En quelques sortes sur certains points mais pas sur tous, laisse moi finir de tout te raconter et tu comprendras mieux.

Anita reprend et je commence à tout saisir, les deux familles étaient indissociables, jusqu'au jour de l'enlèvement de Juan. Le mari d'Anita a découvert le poteau rose, trois ans plus tard, lors d'un dîner chez les Santos. Il s'en est suivi alors un duel entre les deux hommes et son mari a bien failli perdre la vie ce soir-là. Aujourd'hui, encore pour la famille Santos ça reste encore le cas. Cependant, la vérité c'est que le vrai père de Juan est toujours en vie et qu'il échaffaudé un plan avec sa femme, pour faire tomber les Santos et récupérer son fils. 

— Je comprends mieux, mais où est ton époux? La coupé je attentive.

— Mon mari a rejoint le Mexique et il m'a demandé de les surveiller en me rapprochant à nouveau de Rosa qui attendait un enfant, un garçon, ce qui m'a permis également d'avoir un œil sur le mien. J'ai joué mon rôle à merveille et deux ans après la naissance de Carlos, Rosa m'a proposé un soir de garder les garçons. J'ai accepté immédiatement et pour la première fois de ma vie de mère j'ai pu rester quelques heures auprès de mon fils. Je suis restée dans l'ombre jusqu'à la majorité de Juan, ou j'ai fini par tout lui révéler. Au début évidemment, il ne m'a pas cru, mais après une batterie de tests.

— J'ai compris qui était ma vraie mère et pourquoi celle que je considérait comme la meilleure amie de ma mère était toujours au petit soin pour moi, intervient Juan en regardant avec amour la femme assise face à moi.

Waouh, quelle histoire, je suis sidérée. Je ne m'attendais absolument pas à cela.
Anita reprend le cours de la conversation jusqu'au moment qui m'intéresse le plus.

— Sam, tu as déjà travaillé pour mon mari , il détient actuellement le plus grand cartel Mexicain, qui reviendra un jour à Juan, mais voilà, il y a un petit couac dans l'histoire. Le frère de Blanca veut sa part de marché. C'est lui qui a révélé et envoyé plusieurs corbeaux pour informer Roberto de ton arrivée. Il est fou de rage et cherche à connaître le traître qui ose se confronter à lui. Il ne se doute pas que son soi-disant fils aîné est mêlé à toute cette histoire. Juan et Leonor étaient présents à ma demande, pour veiller sur toi et te protéger.

— J'aurais pu me débrouiller seule comme d'habitude, rétorqué-je vexée.

— Je sais, mais nous avons un peu accéléré les choses, Carlos était à deux doigts de tout découvrir. À l'heure où je te parles, nous allons te faire passer pour morte. Juan va ramener le corps d'une femme te ressemblant et défigurée chez les Santos pour le prouver. Quand à toi Sam, une fois que tu seras bien rétablie, je te renvois au Mexique où une autre mission t'attendra. Tu la découvriras là-bas accompagnés de certains de mes hommes. Tu vas à nouveau rencontrer mon mari, qui n'est autre que Julian Martin. 

— C'est ton mari, réponds-je sous le choc.

— Oui, rigole-t-elle avant de reprendre.

— Une fois au Mexique, tu mettras ton plan à exécution afin d'éliminer l'ensemble de la famille Santos et réduire à néant leur cartel. Prépare toi à de l'action. Le jeu de la souris reprend. Je suis certaine que tu vas adorer redevenir ce que tu sais faire le mieux, une tueuse à gages, prononce-t-elle chaleureusement.

Putain, à ces mots, je me sens revivre comme le Phoenix. 

— Est ce que tout est clair pour toi et se plan de te convient-il Sam ? 

— Oui ça l'est. 

— Tu veux toujours effectuer ce contrat ? 

— Plus que tout.

— Heureuse de te l'entendre dire ma belle, maintenant je te laisse avec Juan, qui va te  montrer ta chambre le tant que je préviennes mon médecin.

Juan acquiesce d'un signe de tête, puis s'approche de moi pour m'aider à marcher. Il m'ouvre une pièce où je trouve encore des meubles basiques: un lit double, une armoire et un chevet. Il m'aide à m'allonger sur le matelas sans que je ne m'y attende, il m'embrasse sur le front. Je le regarde surprise tandis qu'il me sourit et quitte la chambre en me lançant un dernier regard.

Je souffle un bon coup et repense à tout ce que m'a révélé Anita. C'est vraiment une histoire invraisemblable, mais le plus fou dans tout cela c'est d'accepter à nouveau ce contrat pour une toute autre personne: Julian Martin, cet homme qui sait manier ses affaires d'une main de fer. 

Fin de ce chapitre.

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