Chapitre 8

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Enfin seule c'est les doigts tremblants, que je déplie la lettre et lis le contenu. Je reconnais l'écriture d'Anita et mon cœur se serre en imaginant ce qu'elle a dû subir physiquement. Je reprends une goulée d'air puis me lance.

Sam

À l'heure où tu lis cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde, je pars le cœur léger pour retrouver enfin mon grand amour.
Sache une chose, je n'ai pas oublié, ma vengeance auprès de la famille Santos et Blanca qui nous a trahi. Je t'ai versé une somme d'argent sur ton compte, j'ai également prévenu le cartel mexicain, afin qu'ils puissent déjouer certains plans avec leurs hommes infiltrés.
Tu ne seras pas seule.
Je te laisse un code que tu trouveras en bas de mon courrier.
Tu dois absolument le graver sur ma tombe, afin que certains puissent savoir que tu es en vie. Ils te fourniront le matériel nécessaire pour abattre cette fois-ci l'ensemble de ce cartel.
Merci Sam.
On se retrouvera bientôt..

P. S: le code est s 1407. Surtout, n'oublie pas le code et débarrasse toi de cette lettre au plus vite.
Adieu Sam.
Anita.

Je prends alors mon courage à deux mains malgré la douleur et me dirige dans la salle de bain attenante de la chambre. Je déchire la lettre en petits morceaux puis tire la chasse d'eau deux à trois fois, vérifiant bien qu'aucun bout de papier soit collé dans la cuvette. Cependant des questions viennent taroder mon esprit. La famille Santos a lu la lettre, ce qui signifie qui sont au courant pour les plans et qu'ils ne me laisseront jamais me mettre en lien avec les mexicains. Alors pourquoi me remettre ce courrier ? Que comptent t-ils faire ?

Je quitte la salle de bain et tombe nez à nez sur une femme que je n'ai jamais vu, elle se présente à moi en se courbant. Leonor est une domestique d'une quarantaine d'années, de taille moyenne, châtain aux cheveux courts avec des yeux noirs et une peau hâlée. Il dégage d'elle une certaine douceur. Selon ses dires, elle est présente pour m'aider à m'habiller, faire ma toilette et changer mes pansements. Je me pose sur le lit et la laisse faire mes soins. Avant de sortir, elle attrape quelque chose dans son tablier et me glisse l'objet dans la main, un petit couteau. Elle me sourit puis, sans même m'avoir parlé, quitte la chambre. Je suis surprise de cette action et m'exécute en vitesse de le cacher immédiatement dans la taie d'oreiller. Un garde avec un plateau de nourriture en main pénètre à sa suite et le dépose sur le chevet et sort de la pièce.
Je mange le peu de nourriture servie, avant de me rallonger dans le lit en pensant à mon futur plan d'évasion. Du bout de mes doigts je frôle le couteau de chasse laissé un peu plus tôt avant de m'endormir d'épuisement. 

La porte de la chambre claque, je grogne d'agacement et ouvre les yeux. Carlos, un sourire carnassier aux lèvres, se penche vers moi et finit de me réveiller par une bonne paire de gifles.

Putain! Je vais le saigner à blanc ce mec, lui arracher une à une chacune de ses dents avant de lui broyer ses couilles et de lui loger une balle entre les deux yeux.

Carlos m'attrape le bras gauche violemment pour me redresser et me fait valser du lit à une vitesse grand V. Je n'ai d'autre choix que de le suivre en boitillant, retenant mes cris de douleur que j'étouffe volontairement au creux de ma gorge. Il m'amène dans le couloir et quelques minutes plus tard nous franchissons la salle dans laquelle je me trouvais la veille. Lorsque mon regard se promène dans la pièce, je découvre l'aîné de la famille qui patiente sur une chaise en bois. À notre arrivée, il se lève et le cadet m'oblige à m'asseoir tout en me maintenant par les épaules, le tant que Juan m'attache avec des liens pour que je ne puisse plus bouger. 

Une fois que Juan a terminé sa tâche, il se positionne à l'arrière de la chaise en attrapant une poignée de ma chevelure. Son frère reste immobile à sa place le regard indéchiffrable avant de commencer un nouvel interrogatoire. 

— Alors ma belle, ton vrai visage nous est enfin révélé et je peux dire que tu es une femme magnifique, quel dommage pour toi, que tu sois employée pour tuer des personnes dont les têtes sont mises à prix. Mais, passons pour aujourd'hui car tu vas être une gentille fille avec nous et répondre à toutes nos questions. 

Un éclat de rire transgresse mes lèvres avant qu'il ne se transforme en un fou rire. Évidemment, ce n'est pas au goût des deux frères et Juan tire d'un coup fort sur mes cheveux, ma tête bascule en arrière tandis qu'il m'observe un rictus mauvais au coin de sa bouche.

— Oh beauté, je crois que tu as mal entendu ce que vient de te dire Carlos ? Tu vas être sympa avec nous et lui répondre, m'annonce t-il en caressant ma joue.

Il me redresse la tête, et je retrouve de nouveau le visage de Carlos face au mien. 

— Première question ma belle, pour le compte tu travailles ? Me demande t-il en me tenant la gorge.

Quelques minutes s'égrainent sans que je m'exprime. Carlos se contient en contractant sa mâchoire et le coup part à la suite. Ma tête vient heurter le dossier de la chaise, me sonnant par la force qu'il vient d'employer. Ma haine est telle que je remue dans tous les sens pour m'extraire de ce piège, cependant à bout de force j'abandonne préférant lui cracher au visage. Il se l'essuie du revers de la main et réitère sa question.

- Alors j'attends Sam ? 

Tu vas pouvoir patienter longtemps connard car je ne dirais rien. 

BAM une gifle, cette fois-ci je sens légèrement du sang couler dans ma bouche et sur ma lèvre inférieure. Par pure provocation, je sors alors ma langue et lèche mon sang , ce qui l'énerve d'autant plus Carlos sort alors un canif est me dechire le débardeur que je porte. Mon cœur s'affole, mon estomac se vrille et je gerbe sur ses godasses. Une personne que j'avais complètement oublié pendant notre affrontement, me replace aussi sec, droite comme un piquet sur la chaise et Juan prend le relais de son frère. 

— Tss, Sam, ton comportement commence à m'exaspérer. Tu vas tout nous révéler et immédiatement, sinon je laisse Carlos s'occuper de ton corps, m'ordonne t-il les bras croisés sur son torse.

— Je n'ai rien à vous dire. 

— Très bien, tu en es sûre ? 

Quand Juan me pose cette question, une pensée me traverse l'esprit, Anita, la lettre, je dois me rendre sur sa tombe. Je n'ai pas le temps de revenir sur terre que cette fois ci Carlos me mord la lèvre avant de la suçoter. Bon sang s'il ne s'arrête pas je vais vomir à nouveau.

— Ok, ok, Je vais vous répondre, mais en échange, je veux aller sur la tombe d'Anita. 

Les deux frères se regardent puis explosent de rire, avant de me faire un signe positif de la tête. Mon cerveau est en pleine ébullition puisque je viens finalement de trouver enfin ma porte de sortie. Carlos reprend son interrogatoire et je répond en omettant certains détails.

— Donc pour qui tu exécutes ce contrat.

— Un Cartel .

— Lequel Sam ?

— Mexique

— Précise un peu plus tu veux ?

— Je ne sais pas, on m'a juste contacté.

Juan change de place avec Carlos et continue d'enchaîner en tentant de me déstabiliser.

— Sam, qui exactement au Mexique?
S'agace t-il en appuyant profondément sur la blessure de ma cuisse, une masse liquide rougeâtre en sort pendant que je hurle de douleur.

— Je ne connais pas mon client. Reprends je en reprenant mon souffle.

— Tu mens très mal Sam et nous le savons aussi.

Encore une fois, Juan enfonce de nouveau ses doigts dans ma cuisse, ma blessure devient de plus en plus sanguinolente, je sers les dents en aucun cas je lui laisserais le plaisir de m'entendre crier à nouveau et de penser qu'il a gagné. Un bruit de porte me fait quitter les yeux émeraudes de Juan pour s'ancrer dans ceux de Blanca. En constatant mon état, elle blêmit se mettant une main à la bouche pour retenir un cri. Elle s'approche de moi tremblante, s'apprêtant à me parler. Néanmoins, Carlos pour sa sécurité la retient d'un geste de la main, mais elle n'en fait rien. Blanca repousse ce geste, approche son visage du mien puis s'apprête à parler en se saisissant de mon menton, hors je ne veux pas l'entendre et lui crache dessus. Son joli visage se couvre de sang et de postillon, je m'esclaffe face à l'expression qu'elle m'offre et une nouvelle tarte m'atteint m'achevant pour quelques secondes.. 

Je comprends soudain ce que ressentent les victimes que j'ai cruellement abattu.

Je reviens à moi, la tête me tourne, ma vue est floue et je suis toujours assise et attachée sur mon siège. Quand je redresse le haut de mon corps, Juan est présent dans la pièce, alors que Carlos et Blanca n'y sont plus. Il est installé à califourchon sur une chaise en face de moi et me fixe en silence. Pendant que j'attends ce qu'il va faire ou dire en le regardant de la même manière qu'il le fait. Il se redresse et mon corps se crispe à son contact déjà prêt à recevoir un coup. Cependant une chose étrange se produit, Juan ne me frappe pas, mais s'agenouille au sol puis prend un linge qu'il plonge dans une bassine. Il dépose délicatement le bout de tissu sur mes plaies et me nettoie avec délicatesse, ancrant son regard dans le mien d'un air désolé. 

Pourquoi réagit-il comme ça ?

Je ne veux pas qu'il me touche. J'essaye de bouger, mais je suis trop bien attachée, j'entends juste : "un chut ma beauté, laisse toi faire."
Juan s'applique et la fraîcheur apaise mes membres, une fois lavée, il me détache ensuite de la chaise, me rattrapant de justesse avant que je ne m'effondre au sol. Je me retiens contre son torse. Juan me soulève en passant un bras sous mes genoux et le second à ma taille me portant comme une princesse dans ses bras. Je ferme les yeux épuisés alors qu'il me ramène dans la chambre et me dépose délicatement sur le lit. Encore sonnée par tout ce qu'il vient de se passer, je ne me rends même pas compte de la présence de Leonor dans la chambre. La domestique à les mains posées sur sa bouche, avec une lueur de tristesse qui se reflète dans ses pupilles chocolatées. Elle s'approche de moi et m'aide à me dévêtir de mes vêtements éventrés. Elle se dirige vers la salle de bain, revient avec des produits désinfectants et de nouveaux vêtements propres. Leonor m'aide à m'habiller après avoir pansé mes blessures, puis glisse quelque chose sous mon oreiller.
Elle me regarde une dernière fois, caresse mes cheveux et se volatilise me laissant seule dans cette chambre qui est devenue ma cellule. Je cherche sous le coussin ce qu'elle a planqué et découvre cette fois-ci une arme à feu similaire à la mienne. Malgré les éraflures au visage je souris de nouveau en sachant que cette femme est une infiltrée et qu'elle est là pour m'aider.
Je planque mon arme à un endroit différent du couteau, une fois ceci de fait, je m'endors une bonne fois pour toute heureuse du revirement qui aura lieu, ma vengeance approche et ces chiens vont le payer.

Fin de ce chapitre.

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