Chapitre 6

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J'essaye d'ouvrir les yeux , il fait sombre, ma tête et mon corps sont ballotés dans tous les sens contre de la ferraille, je discerne le bruit d'un moteur d'une voiture à l'odeur d'essence qu'il s'en dégage. J'essaie de me boucher le nez, mais rien à faire, mes mains et pieds sont liés entre eux par des liens.

C'est un vrai cauchemar! Ma parole.
Comment suis-je arrivée dans le coffre d'une voiture ?

La réponse me vient en un éclair. La soirée déguisée, Juan m'apprenant qu'il sait qui je suis, la première piqûre immobilisante, les deux hommes que j'ai assassiné et enfin la fléchette anesthésiante. Je lâche un soupir de frustration et me concentre sur les voix que j'entends à travers la carcasse. J'en distingue deux masculines aux timbres de voix rauque et une autre plus fluette et aiguë celle d'une femme. Il faut absolument que je sorte de là au plus vite, même si je ne sais pas depuis combien de temps le véhicule roule. J'essaie tant bien que mal de me tortiller afin d'attraper le couteau attaché à ma cuisse, mais il n'y est plus. En même tant je m'attendais à quoi ? Qu'on me laisse armés jusqu'aux dents, punaise j'aurais aimé tomber sur des agresseurs débiles. Hélas ce n'est point le cas et à cet instant, je sais pertinemment que ma vie tient sur un fil. Je tente de me calmer en reprenant une respiration constante, mais en vain. Je grogne ma rage, ma colère d'avoir été prise à mon propre jeu, quand une voix résonne dans l'habitacle.

— On dirait bien que notre amie est réveillée.

— Tu as raison mon amour.

Non, impossible que ça soit Carlos et Blanca, pourtant c'est bien leurs voix.
Je savais que je devais me méfier d'elle, mon instinct me le répétait chaque jour, mais je ne l'ai pas écouté et voilà où j'en suis. La haine investit mon corps, mon cœur bat à vive allure, lié à cette trahison et mon aveuglement total.

Il faut que j'ouvre le hayon avant de me prendre une balle en pleine tête. De mes mains nouées, je tâte de tous les côtés possible les pourtours, pour trouver un objet qui puisse trancher les liens, mais après une inspection, je ne trouve rien. Le coffre est vide, ils ont vraiment pensé à tout. Je ferme les yeux, lasse et me concentre, afin de trouver une solution pour m'évader une fois que l'on m'ouvrira, sauf s'ils souhaitent que je crève étouffée. Je ne saurais dire à l'heure actuelle, mais une chose est certaine c'est que la voiture a ralentit et que mon destin va être scellé dans peu de temps.

Le bruit des portières qui claquent m'indique que nous sommes à l'arrêt. Je dois absolument me défendre même si je suis en très mauvaise posture. Je replie mes jambes au maximum, respire un grand coup et attend impatiemment que l'on ouvre.
L'un d'entre eux déverrouille et l'air frais me frappe le visage, cependant je n'ai pas le temps de m'appesantir là-dessus. Je dois me sauver par tous les moyens.

— Allez Sam, on se bouge, maintenant, m'apostrophe Carlos, retenant le coup que je m'apprêtais à envoyer.

Ma mâchoire se contracte à son approche et mes yeux se ferment d'eux même, quand son bras se lève dans les airs pour m'administrer une gifle magistrale. Les yeux larmoyant je le détaille avec froideur, prête à lui cracher au visage. Il rigole en se tenant le ventre et la deuxième tarte me fouette la joue sans que je n'ai pu la voir venir.

L'enfoiré! Je jure devant tous les saints que je le butte en premier, dès que je sors de ce guêpier.

— Stop! Annonce Juan au côté de son frère.

— Putain ! Tu fais chier je commençais juste à m'amuser, rétorque t-il envers son aîné.

Carlos soupire agacé avant d'aider son aîné à m'extraire du coffre. J'essaie de me débattre en remuant, néanmoins rien à faire ils sont beaucoup trop forts et je reçois un coup derrière la tête suite à mon comportement et tombe à nouveau dans les ténèbres. Réveillée, par l'eau glacée qui ruisselle sur mon corps, j'ouvre un à un mes yeux. J'ai à peine le temps de reprendre une inspiration, qu'on me balance de la flotte au visage. Je recrache le liquide puis me débats avec toute la force qui émane de mon corps. Une douleur atroce s'empare de mes bras et je découvre avec dégoût que je suis reliée par les poignets à une corde, suspendue à quelques mètres du sol. Je relève la tête, pour connaître qui s'acharne ainsi sur ma personne et découvre Juan face à moi, un rictus mauvais au coin des lèvres. Je maintiens le contact visuel et je reprends un seau d'eau au visage. La colère s'infiltre dans chacun de mes pores, mes doigts bouillonnent d'impatience de l'étrangler, tandis que mon regard noirci de haine.

Ce connard rigole, s'approche et saisit la corde pour me faire descendre à sa hauteur. Il me saisit le menton et je lui crache au visage, il se recule fronce les sourcils me colle un coup de poing dans le ventre avant de s'exprimer.

— Sam, Sam, tu es une vilaine fille et pourtant de toute beauté. Comment en es-tu arrivé à devenir une tueuse?

Je ne réponds rien et préfère sourire à la place pour le provoquer, ce qui fonctionne à merveille car agacé, je reprends un énième seau en pleine figure.

— Réponds ! M'ordonne-t-il les poings serrés.

Je pince mes lèvres, hausse les sourcils et me reprends un coup à l'estomac.

Le salopard, je vais tous les buter, il ne restera plus rien de cette famille de dégénéré.

— J'attends toujours Sam.

Je reprends mon souffle difficilement et rétorque d'une voix saccadée que ma vie ne le concerne pas, avant d'exploser de rire comme une aliénée.

— Je te jure beauté que je vais te faire tout avouer! Éructe-t-il à quelques centimètres de mon visage.

Je fixe la porte face à moi, aucunement touchée par ses révélations. Cependant ça ne l'empêche pas de poursuivre.

— Qui t'as embauché ?

Je garde le silence et un nouveau coup s'abat au niveau de mes côtes. Je serre les dents alors que la douleur est de plus en plus insupportable.

— Ok, tu es sûre de toi, Sam ? Si je fais appel à Carlos, il sera beaucoup moins gentil et tu crèveras sous ses coups, c'est vraiment ce que tu souhaites ? Car franchement je trouve ça dommage d'abîmer une beauté comme toi, or, tu cherches le bâton pour te faire battre.

Je l'observe, mais ne prononce toujours aucun mot. De colère, Juan, me martèle le visage de coups puis quitte la pièce où je me trouve en claquant la porte en ferraille. Je reste seule en visualisant le sang qui s'écoule de mon nez et de ma bouche. Quand un souvenir me percute de plein fouet.

Novembre 2014

Six mois que nous sommes dans ce pays. Nous avons fini par chopper le chef des terroristes. Notre lieutenant, le frappe à coup de poings et de pieds dans les côtes. Rien n'y fait, il ne lâche rien.

Mon chef de section me demande d'intervenir, afin de voir si j'ai des tripes. Je rentre dans la cellule armée d'un couteau de boucher et de mon semi-automatique.
Je m'approche de notre ennemi, puis fait glisser la lame sur l'une de ses joues, une fine fissure se dessine, le sang commence à longer son visage, mais il garde toujours le silence. Je continue le massacre sur sa tronche tel un boucher dépassant un animal mort. La nausée me prend la gorge pourtant je m'acharne sur cet homme sans relâche. Je ne suis plus qu'une femme sans cœur, un démon envoyé par le diable pour accomplir ces méfaits.

Je jette un léger coup d'œil à mon chef, en reprenant mon souffle, d'un hochement de tête il m'autorise à en terminer avec notre ennemi. Je sors mon semi-automatique, visse le silencieux puis tire deux coups un au cœur et l'autre dans son crâne, sa tête tape la table, un léger filet de sang sort de ses lèvres avant que son corps se raidisse. Je fixe ma victime sans aucune empathie, quitte la pièce en courant vers les toilettes rendre le contenu de mon estomac.

*************

J'ai dû m'évanouir un court instant car le bruit d'un cliquetis me fait revenir à l'instant présent. Je suis maintenant assise sur une vieille chaise, Blanca face à moi, un plateau disposé dans les mains, contenant de quoi me nettoyer et me nourrir. Je la laisse s'approcher et chuchote un seul mot "Traitre". Elle frémit de peur sans oser me regarder, je la laisse panser mes plaies. Dès lors que ses doigts s'approchent de ma bouche, je lui choppe l'index et le mord jusqu'au sang. Blanca hurle et Carlos entre en trombe dans la pièce, écartant sa belle rapidement. Au vu de la tête qu'il fait et de son regard noir, je pense que je vais morfler comme jamais. Carlos vérifie la main de Blanca et ils sortent de la pièce. Je ne sais depuis combien de temps je me retrouve menottée à ce siège, mais une envie de faire pipi est de plus en plus pressante. Avec le peu de force qu'il me reste, je crie et deux gardes font leurs apparitions dans la salle. Ils me demandent de cesser mes jérémiades alors que j'insiste pour me rendre aux toilettes. L'un des gardes ressort et revient quelques minutes après avec un couteau pour défaire mes liens sauf ceux aux pieds . Il me transporte dans un coin ou un seau est disposé. Je leur demande de se tourner et fait comme je peux pour assouvir mon envie. Une fois chose faite, je me rhabille, saisis l'objet remplit de mon urine, me tourne et leur balance aux visages. Le récipient vide, je frappe le garde le plus proche à plusieurs reprises au niveau de son crâne, il tombe inerte au sol. Le second me saute dessus m'emportant avec lui dans sa chute. Mon corps au-dessus de l'homme de main, je me hisse sur les bras avant de lui sauter les genoux joints en plein dans les testicules. Il hurle de douleur et je profite de ce moment pour ramper et me saisir du flingue de son comparse. Le pistolet entre mes mains, je n'hésite pas un seul instant pour appuyer sur la gâchette. Le tir part et lui aussi tombe à terre sous mes yeux.

Après un bref tour d'horizon, je me penche sur le garde à ma gauche, récupère les clés et défais les derniers liens grâce à un canif que portait un des gardes. Je me relève au plus vite afin de partir de cette pièce maudite.
Je n'ai malheureusement pas le temps, d'aller bien loin, la porte s'ouvre sur un Carlos fou de rage qui de son pistolet me transperce de balles, l'une me touche à l'épaule et l'autre à la jambe, je crie avant de m'échouer au sol. Juan que je n'avais pas vu jusqu'à présent, saisit une poignée de mes cheveux, qu'il tient fermement puis quitte la pièce en me traînant derrière lui. Mon corps souffre des précédents coups, mais ce n'est rien comparé à la montée des marches qui est encore plus rude. Résignée, j'admet ma défaite en me laissant manipuler et ne souhaite plus qu'une seule chose, que les deux frères m'achèvent le plus rapidement possible. Pensant mon heure sonnée, je suis surprise de me sentir soulevée comme une princesse par deux bras fermés. Je ne sais à qui ils appartiennent étant trop faible pour ouvrir mes paupières. Cependant, j'arrive à déceler quelques brides de discussion.

— Carlos va chercher le médecin, il est hors de question qu'elle crève, sans savoir pour qui elle travaille, explique la personne qui me maintient blottie dans ses bras.

Fin de ce chapitre.

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