Chapitre 4

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Sept heures et demie et impossible de me rendormir avec la chaleur et le soleil, qui tape sur la baie vitrée de la chambre. C'est donc dépitée que je quitte le lit, pour chopper dans l'armoire une tenue légère. Mon choix se porte sur un pantalon en lin kaki et d'un débardeur jaune, j'attrappe mes sous-vêtements et direction la douche. Je profite du silence de la maison pour me paraître de mes artifices.

J'attache mes vrais cheveux en chignon, dépose un filet, enfile ma perruque que je coiffe en queue de cheval et replace mes lentilles. Je sors de la salle d'eau et cherche un nouvel endroit où planquer mes armes, en vain. Je soupire agacée quand la solution m'apparaît enfin au bout de dix minutes. En deux, trois mouvements, je me saisis du scotch armé fourré dans mon sac, ouvre d'un seul trait le dessous du sommier à l'aide d'un couteau, puis glisse mes flingues à l'intérieur avant de refermer le tout.

Une bonne chose de faite, je quitte la chambre pour rejoindre la salle à manger où Anita prend son petit déjeuner. Elle me demande si j'ai bien dormi et j'acquiesce d'un mouvement de tête. Je ne suis déjà pas bavarde en journée, alors le matin, c'est pire...Elle m'invite à m'installer et de me servir ce que je désire manger. J'opte pour un café, un croissant avec un verre de jus d'orange. Tout en mangeant, je remarque que Blanca n'est pas présente, je la cherche du regard et Anita s'en aperçoit. Elle me coupe dans mon observation pour entamer une conversation. Pauvre femme si elle savait comme je m'en cogne de faire amie-amie avec elle.

— Sam, je sais qui tu es sous ton déguisement, ainsi que le motif de ta présence ici.

Je la fixe choquée de son entrée en matière, et écoute attentivement ce qu'elle me révèle.

— Je suis là pour t'aider à exterminer ce cartel et ces ordures. Je suis avant tout Mexicaine et quand je repense à tout ce que j'ai subi ici... j'ai parfois envie de me foutre en l'air. On m'a frappé, violé, humilié, forcé à revendre de la drogue.

— En effet, je vous comprends, m'exprimé-je avec compassion.

Ses yeux émeraudes se voilent d'une pellicule d'eau, tandis que mon corps vibre de rage face à ses aveux.

— J'ai rencontré un jeune et beau garçon quelques mois plus tard, Julian, avec qui j'ai très vite sympathisé. Il passait me voir tous les jours pour m'emmener de la nourriture, de l'eau et au fil des jours nous sommes tombés amoureux. Il était issu d'une riche famille et moi de la rue. Julian m'a sorti de mon enfer et un an après nous étions mariés.

Elle sourit à ses souvenirs, s'essuie les larmes du revers de la main puis reprend avec une lueur sombre dans le regard.

— Ses parents n'étaient pas de cet avis et avaient commandité mon meurtre. Julian s'est alors tourné vers un ami, le père de Carlos et Juan, chef de favela à l'époque. Il nous a apporté son aide, seulement en contre partie, mon mari devait intégrer le réseau. Lors d'un repas quelques années plus tard, une dispute concernant nos familles à explosé, Julian a pris plusieurs balles dans le corps et il est mort sur le coup.

Depuis ce jour funeste, j'ai juré sur sa tombe de le venger.

— je ferais la même chose, mais néanmoins j'ai une question à vous poser, comment avez-vous pu passer outre la mort de votre mari et vous rapprocher de la famille Santos? L'interrogé-je suspicieuse.

— J'ai tout simplement, enfouie la haine que je ressentais envers eux, pour un être qui m'est cher et me suis rapprochée de la mère des garçons. Enfin bref, Sam, si tu es ici, c'est que c'est moi qui t'ai engagé. Je veux obtenir ma vengeance, voir souffrir de mes propres yeux le père Santos. Cet homme n'a aucune pitié, il dicte ses lois et les garçons exécutent les ordres pendant que les habitants souffrent en silence.

— D'accord, alors que la chasse commence, prononcé-je d'une humeur joyeuse.

Anita se saisit de l'une de mes mains, le sourire aux lèvres, avec une expression nouvelle dessinée sur le visage, la joie. Notre discussion cesse quand Blanca s'installe à mes côtés pour le petit déjeuner. Nous bavardons de tout et de rien lorsque toutes nous sommes interrompues, par l'arrivée des frères Santos, pour la sortie initialement prévue. L'hôtesse des lieux les accueillent comme si de rien était, leur propose une boisson chaude qu'ils refusent gentiment.

Carlos, demande si nous sommes prêtes et nous quittons la villa Anita, direction le centre ville de Rio de Janeiro.

Nous voici au cœur de la ville, réputée pour son carnaval et son Christ. Nous visitons différents lieux touristiques plus colorés les uns que les autres et après plus d'une heure et demi de marche, nous nous asseyons en terrasse d'un bar tapas. Le temps d'être servis, j'aperçois Juan qui me dévisage d'une manière étrange, pourtant, je n'ai pas l'impression de le connaître et de l'avoir croisé. Je me creuse la cervelle pour chercher dans mes souvenirs, mais en vain. Alors que notre jeu de regard persiste, nous sursautons en même temps, lorsqu'un coup de feu puis un second résonnent à nos oreilles. Je balaye les alentours et c'est un affolement total qui nous entoure, impossible de connaître la provenance des tirs. Mon cœur s'affole en voyant le nombre de personnes blessées qui tombent au sol en quelques minutes, voire secondes car ce n'est plus une ou deux balles, mais des rafales. Nous devons nous barrer de cet endroit et au plus vite pour nous protéger, cependant je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit, car je suis projetée au sol et qu'un poids compresse ma poitrine, Juan.

— Putain ! les fils de putes, hurle Carlos à son aîné.

— Calme toi, nos hommes ne sont pas loin, annonce Juan en se relevant légèrement pour visualiser leurs ennemis.

Tandis que je peux enfin respirer.

— C'est bon Carlos ils ne sont plus aussi proche, affirme l'aîné en me tendant sa main pour m'aider à me lever.

Le plus jeune fait de même avec Blanca en nous ordonnant de ne pas bouger de là où nous sommes, avant de s'engouffrer dans la foule suivi de Juan pour poursuivre leur assaillant. Au loin, je distingue leurs hommes de main se joignant à eux et des corps s'effondrer. Fait chier, je me serais bien défoulé! Au bout d'un certain temps, tout s'arrête et le calme fait son retour. Les deux Santos reviennent vers nous et guettent du coin de l'œil, les blessés et si tout danger est totalement écarté. Carlos, décide d'écourter notre visite, préférant nous emmener dans un lieu beaucoup plus sûr, qui n'est autre que leur villa.

Intéressant, je vais peut-être en savoir plus sur leur famille.

Dans le SUV, que conduit Juan, je regarde à travers la vitre arrière le trajet emprunté, afin d'avoir plusieurs repères. Arrivés devant un grand portail en aluminium, où deux gardes armés sont postés, on nous ouvre et ce que je vois me laisse sans voix. Je n'ai jamais vu un tel endroit comme celui-ci, ce n'est pas une villa, mais une forteresse. Les gardes circulent tout autour et je perçois même au loin une forêt entourée de barbelés.

La mission risque d'être beaucoup plus corsée que je ne l'estimais. Je vais devoir en discuter avec Anita et le plus tôt possible. Nous sortons du 4x4 quand une belle femme, d'une cinquantaine d'années, accompagnée d'un homme du même âge, à quelques choses près, s'avancent vers nous. Je suppose, que c'est monsieur et madame Santos les parents de Juan et Carlos.

Tout en observant le couple se rapprocher, je remarque immédiatement à qui ressemble Carlos, c'est le portrait craché de son père et de sa mère, un beau mélange des deux. Quant à Juan, il n'y a que la couleur des cheveux et la carrure imposante de son père.

Madame Santos nous accueille en premier, prenant ses deux fils dans les bras ainsi que Blanca, quant à moi elle me tend sa main en me scrutant de la tête aux pieds.

— Bienvenue mademoiselle, je suppose que vous êtes l'amie de Blanca ? Je suis Rosa et à mes côtés se trouve mon mari Roberto.

— Enchantée madame, je suis Sam, dis-je

en tendant ma main qu'elle serre.

— Quel curieux prénom pour une fille ?

Je souris hypocritement à sa question.

Si tu savais, ce que j'en ai rien à foutre, de ce que tu penses. Je suis ici pour un but bien précis. Si cette vieille bourgeoise à la noix le savait, elle ravalerait très vite son sourire de façade.

— Mère ! Je vous en prie, laissez la donc tranquille, elle vient juste d'arriver et a déjà assisté à une confrontation de gang, intervient Juan.

Je tourne la tête vers lui, surprise de l'entendre. Quant à Carlos, lui il tient fermement Blanca, dans ses bras, en hochant la tête de haut en bas.

Après ces quelques paroles prononcées, leur mère blêmit et demande à ses fils s'ils n'ont rien. Ils se mettent à exploser de rire tous les deux, ce qui n'est pas du tout du goût de leur père resté silencieux, qui en un seul geste de la main, les stoppent net.

Hum, Tiens, tiens.. intéressant, c'est vraiment lui qui détient encore le pouvoir. De mieux en mieux, j'en apprends beaucoup en peu de temps.

Suite à cet échange non verbal, Rosa et Roberto, nous invitent à les suivre dans le salon pour prendre un rafraîchissement. Les deux frères, nous quittent une fois leur bière consommée en compagnie de leur père et nous restons entre femmes. Je ne parle quasiment pas, j'écoute et observe uniquement. De temps en temps, je produis quelques mouvements de tête ou prononce des onomatopées histoire de montrer mon intérêt et ma présence. Le patriarche et ses garçons nous rejoignent un bon moment plus tard, pour nous ramener chez Anita. Nous remercions nos hôtes, mais avant de partir Rosa Santos, nous retient quelques minutes supplémentaires pour nous inviter à une soirée de charité, qu'elle organise ici même, vendredi soir. Elle nous remet les cartons et nous informe que c'est une soirée costumée.

Cette information m'est utile, je vais peut-être pouvoir intervenir plus tôt que je ne le pensais. Blanca, lui indique qu'elle en parlera à sa tante avant de donner une réponse définitive. Enfin de retour, chez Anita, qui nous attend avec impatience, nous franchissons la porte de la villa et nous l'informons de l'invitation à la soirée organisée par la famille Santos. Sa réaction ne se fait pas attendre, elle frappe dans ses mains et sourit, mais ses yeux émeraudes annoncent tout autre chose, la vengeance.

Ce qui n'a pas l'air d'être le cas de Blanca.

Je me méfie depuis le début de cette latino et plus je l'observe et plus mes doutes augmentent.J'espère vraiment pour cette jolie brune, qu'elle ne fera pas foirer le plan car je me chargerais personnellement de son cas.

Fin de ce chapitre.

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