Chapitre 3

8 minutes de lecture

Réveillée en ce jour de départ, par la voix de Blanca qui m'interpelle à travers la porte. Je me redresse le corps endoloris suite à la nuit de merde que je viens de passer. Je suis restée sur mes gardes, malgré la surveillance des hommes de la favela. Les tirs qui sifflaient dans les airs et les sirènes m'ont empêché de rester sereine, mon cœur battait la chamade dans ma poitrine me provoquant des sueurs froides sur l'ensemble de ma peau. Un instant je me suis crue plongée en pleine guerre. J'ai donc gardé un œil ouvert, prête à intervenir s'il le fallait à la moindre éffraction.

Sortie de mon état de transe par ma colocataire d'un jour qui m'informe que j'ai trente minutes et pas une de plus pour me préparer. Je repousse les draps, file à la salle de bain, m'habille rapidement, vérifie l'état de ma perruque et pose mes lentilles de couleurs. Je me regarde dans le miroir fêlé, tout est en place, c'est parfait. Je retourne dans la chambre, dispose une paire de lunettes de soleil sur le haut de ma tête et j'en profite pour m'armer. Je glisse un couteau sur chacune de mes hanches et mon revolver dans mon sac à main, étant en short et en tee-shirt, ce n'est pas facile de tout camoufler. Je sors comme prévu au bout du temps imparti, récupère mes valises et le sac à dos où mes autres armes sont rangées, comme mon Ak 47 avec son viseur. Je rejoins Blanca à la cuisine, prends un café et une pomme, avant de partir pour une demie-heure de marche.

******************

Toutes les deux à l'aéroport, nous enregistrons nos billets et une hôtesse nous invite à rejoindre la salle d'embarquement. Installées confortablement dans l'avion, qui a décollé depuis vingt minutes. Nous revoyons une dernière fois le plan à suivre avec Blanca, avant notre atterrissage dans moins de trois heures. Elle en profite pour me glisser un billet de retour si la mission devait être abandonnée. Cependant, dans mon esprit, il en est hors de question car cela signifierait que je suis morte. Arrivée, à Rio nous récupérons nos affaires et attendons a l'aérogare la tante de Blanca qui est censée venir nous récupérer. Mais qu'elle fût pas ma surprise de voir se diriger dans notre direction, l'un des pontes du pays. Carlos Santos, lui-même pour venir chercher sa belle à l'aéroport. Lorsqu'il est assez proche de nous, il prend Blanca dans ses bras avant de l'embrasser avec passion parmi la foule de voyageurs. De les voir se comporter de la sorte, un gros doute s'immisce en moi, au sujet de la belle brune que j'accompagne.
Elle va devoir me donner des explications et rapidement. Leur retrouvaille interrompue, Carlos Santos, se tourne vers moi puis m'observe de la tête aux pieds, je maintiens son regard suspicieux sans laisser transparaître la moindre de mes émotions. Je lui adresse un sourire de greluche en le détaillant le plus discrètement possible.
Carlos est identique aux photos. C'est un très bel homme, brun, la peau mate avec des yeux noirs comme de l'encre. Il est plutôt baraqué avec des tatouages, un gravé au cou et d'autres sur son avant bras droit. Mon inspection physique faite, je me mets à examiner ses moindres faits et gestes quand
il s'approche de moi. Il me tend sa main gauche et je glisse la mienne qu'il serre avec force. Il est tant pour moi de jouer mon rôle, celui de la meilleure amie de Blanca. D'ailleurs c'est elle qui fait les présentations à notre place.

— Sam, je te présente mon fiancé, Carlos minaude t-elle.

— Enchantée de vous rencontrez, rétorqué-je en me retenant de grimacer.

Carlos, hoche de la tête, un rictus au bord des lèvres avant de reporter son regard sur sa belle et les quatre hommes qui l'accompagnent. Il nous demande si le vol s'est bien passé, avant de nous ordonner gentiment de le suivre jusqu'à la voiture. Nous arrivons devant un S. U. V noir blindé, le chauffeur sort du véhicule afin d'ouvrir le coffre où nous déposons nos bagages. Nous grimpons par la suite dans le 4x4, direction je le suppose la maison de la tante de Blanca. Je jette un bref coup d'œil au rétro extérieur et remarque que nous sommes suivis de près par un autre véhicule gris du même gabarit.

Le temps de notre trajet, ma future cible me pose une quantité de questions auxquelles je m'oblige de répondre, malgré les supplications de Blanca qui l'avertit de cesser cet interrogatoire. Je la remercie intérieurement et suis soulagée quand le SUV ralentit devant une villa. Une fois le moteur coupé, Carlos, nous aide à sortir de la voiture et à prendre nos sacs, sauf un, que je saisis moi-même.
J'observe l'immense demeure de deux étages en avançant sur le chemin goudronné derrière Blanca. Les murs extérieurs sont peints à la chaux, le jardin est magnifiquement fleuri et les arbres exotiques parfaitement entretenus. Tout en déviant mon regard vers la porte d'entrée, j'aperçois une dame d'une soixantaine d'années environs, en tailleur jaune qui s'avance vers nous d'un pas décidé pour nous accueillir.

— Bonjour, tu dois être Sam? Je suis Anita, la tante de Blanca. Je suis heureuse de t'accueillir chez moi pendant ton séjour.

— Bonjour Anita, oui en effet et merci pour votre invitation, réponds-je avec un sourire de façade.

Anita, salut Carlos puis embrasse sa nièce sur la joue, avant de nous faire pénétrer dans sa demeure. Nous la suivons et la maîtresse des lieux nous fait visiter. Ce que je découvre à l'intérieur est somptueux. Quatre colonnes en marbre blanc surplombent un plafond de plus de trois mètres de haut, les pièces du rez-de-chaussée sont spacieuses et épurées, avec des meubles qui doivent coûter la peau du cul en outre c'est le grand luxe. L'étage se compose de cinq grandes chambres qui disposent chacune de leur propre salle de bain et dressing. Je suis tellement absorbée par la richesse des lieux, qu'Anita m'interpelle à plusieurs reprises afin de me proposer de choisir l'une d'entre elles. J'opte pour celle qui est la plus proche du jardin et de la piscine.

— Quand vous aurez fini de défaire vos valises, rejoignez-moi toutes les deux au salon.

— D'accord, répliqué-je sur le qui vive.

Je ferme le verrou, me rends à la salle de bain, vérifie la tenue de ma perruque et défait par la suite mes sacs. Je profite d'être seule pour chercher un endroit où cacher mes armes pour éviter tout soupçon sur ma personne. Après plus de vingt minutes, aucun endroit dans la pièce ne correspond à mes attentes pour les camoufler. Je jette mon dévolu en dernier recours, pour l'armoire et planque mon sac comme je peux sous mes vêtements. Demain matin, je le changerai de place, pour éviter que le personnel de la maison tombe dessus.

Blanca, vient frapper à ma porte une heure et demie plus tard, je l'invite à entrer et lui demande de me fournir certaines explications sur son changement de comportement. Plus en particulier pour quelle raison, elle a omis de me dire que Carlos était son fiancé. Elle m'explique que c'est son frère qui lui a déconseillé de communiquer cette information car il se méfie de moi. Je trouve ça abracadabrant sachant que c'est leur chef de cartel qui a fait appelle à mes services. Je ferme ma gueule sur ce sujet épineux puisque nous sommes attendus. Néanmoins, je compte bien en reparler prochainement avec elle. Un fois mon antre verrouillé, nous rejoignons l'hôte de la maison dans le salon et Carlos. La tante de Blanca, nous convie à nous asseoir et sert un verre de limonade bien fraîche, à chacun d'entre nous avant d'amorcer la conversation sous les yeux vigilant du futur mari de sa nièce.

Il est vingt heures lorsque Carlos s'apprête à partir, mais Anita l'invite à rester manger auprès de nous. Elle lui propose de solliciter son frère aîné, Juan, pour le dîner. Il accepte volontiers et je valide intérieurement cette proposition, de cette manière je pourrais connaître ma deuxième cible. Cela ne pouvait vraiment pas mieux tomber.
Juan arrive vers vingt et une heure. Ce qui me frappe à son entrée, c'est qu'il n'a rien avoir avec son cadet physiquement. L'aîné est brun, peau mate, le même tatouage au cou, mais aucun trait similaire. Juan a les yeux en amande et verts , comme ceux d'Anita. Il est plus grand et carré. Je sais par le biais de mes sources qu'il est le futur grand chef du cartel. Après un apéritif plutôt convivial, nous passons au souper. Juan s'installe en face de moi et m'observe tout comme son frère l'a fait un peu plus tôt dans l'après-midi. Cependant, je remarque qu'il ne me détaille pas de la même façon et cela me déstabilise légèrement. C'est bien la première fois que ça m'arrive, depuis que je suis une tueuse à gages.

Je ne sais pas pourquoi, mais je pressens que ce contrat ne va pas se dérouler comme je le souhaite.

À la fin du repas, ils nous proposent de venir demain dans la matinée, afin de me faire découvrir la ville et les plages du coin. Nous acceptons leur offre, avant qu'ils nous quittent pour retourner à leur domicile .
J'aide Anita à débarrasser la table et retrouve le confort de ma nouvelle chambre. Je me saisis de mon arme, file en direction de celle de Blanca. Elle ouvre la porte, me sourit et m'autorise à passer d'un geste de la main. Une fois dans la pièce, je sors mon flingue et le pointe dans sa direction en claquant l'abattant de mon pied. De l'endroit où je me trouve je peux lire dans le reflet de ses yeux qu'elle panique. Tandis que j'exulte, c'est fou comme j'aime voir la peur dans les prunelles des personnes que je tiens en ligne de mire.

— Assis toi et explique moi ton rôle dans toute cette mascarade, ordonné-je en lui désignant une chaise.

Blanca s'exécute puis m'explique tout sur sa relation amoureuse, qui selon ses paroles n'en est pas une, puisqu'elle aime un certain Matteo, qui vivrait au Mexique. C'est étrange, car j'ai vraiment du mal à le croire, mais bon, mon flaire peut se tromper après tout. En ce qui concerne Anita, c'est grâce à elle, qu'elle a fait sa rencontre avec les deux frères, suite aux différentes soirées mondaines organisées par leur famille. Elle s'est liée d'amitié avec Carlos puis avec Juan. Le cadet aurait craqué sur elle et quelques mois plus tard, il lui aurait demandé d'être sa promise. J'abaisse mon arme, lui demande si je dois savoir autre chose sans plus aucunes omissions de sa part. Elle me répond par la négative en secouant la tête. Je la fixe intensément et lui annonce cash, qu'au prochain mensonge de sa part, elle et sa tante prendront une balle en pleine tête.
Je suis sans pitié, surtout envers les personnes qui me trahissent.

— C'est bien compris! La sermonné-je en ouvrant la porte de sa chambre.

— Oui, murmure-t-elle en se relevant de son siège pour refermer derrière mon passage.

Allongée sur le matelas plus que confortable, je repense à ce contrat plutôt étrange. Je vais devoir modifier mes plans, pour ne pas risquer ma propre vie à leur dépend. Je n'ai absolument pas confiance en ces deux femmes, ça sens le piège à plein nez.

Fin de ce chapitre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Valente Sandra ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0